Désigner l’Artiste pour la Paix de l’année, c’est saluer le talent artistique d’une personne remarquable, mais c’est surtout souligner la contribution sociale et souvent politique d’une telle personne, elle qui engage ses émotions et sa passion dans un problème qui menace la paix.
(Le texte de l’annonce de la proclamation de l’Artiste pour la Paix de l’année, tel que prononcé par le président lors de la cérémonie du 14 février 2012.)
Vivre en paix, qu’est-ce que ça signifie?
Est-ce seulement vivre dans l’absence de violence immédiate?
C’est d’abord vivre sans être inquiété et c’est surtout se faire prévoyants.
Bien, nous avons des raisons d’être vivement inquiétés.
Centrales thermiques, mines d’uranium, stockage et transit de matières hautement contaminées, exploitation d’hydrocarbures, extractions douteuses, concessions avenir Québec…
Voyez-vous, nul besoin de parler de fractionnement à sous-munitions ou d’avions de chasse, on sent pourtant l’envahissement…
Quand il y a des activités qui présentent des risques inacceptables pour l’environnement, l’industrie se mue en « arme de destruction massive ».
Être pacifiste aujourd’hui, c’est toujours contester le droit que s’accordent certains gouvernements de lancer leurs armées contre leurs voisins, ou de lancer leurs chiens contre leur propre population.
Mais être pacifiste, c’est de plus en plus s’opposer aux entreprises qui lâchent leurs millions, leurs lobbyistes, leurs publicitaires, leurs avocats, leurs charmeurs et leurs machines à l’assaut de ressources qui dorment sous les pieds de celles et de ceux qui n’aspirent qu’à vivre tranquilles. La première paix passe par la paix sociale. La guerre se fait-elle plus sournoise? C’est à y croire.
Les APLP aiment beaucoup les créateurs qui libèrent leur fougue, leur verve et leur prestige pour s’engager dans une cause qui les interpelle.
En 2011, nous avons remaqué la présence de Dominic Champagne sur le terrain.
Comme des milliers de citoyens, il a été dérangé par le tonnerre des camions, des génératrices et des foreuses. Il a été choqué par l’improvisation des bassins d’eaux usées. Il a été insatisfait des réponses brumeuses offertes à ses questionnements. Il s’est indigné du gaspillage d’eau, de la pollution atmosphérique, de la souillure des rivières, de la corruption des esprits. Il a visualisé la grave blessure de milliers de puits dans le paysage. Il s’est gardé méfiant devant les chimères économiques qui risquent de nous offrir à boire un cocktail toxique si nous n’y prenons garde. Comme nous, c’est la terre que nous laisserons à nos petits-enfants qui le préoccupe et le mobilise.
Nous parlons de son cri à réclamer un moratoire sur le gaz de schiste, mais rappelons-nous brièvement la très belle feuille de route artistique de Dominic Champagne.
Car est-il besoin de rappeler qu’il a œuvré pour le théâtre, la télévision et le cirque, qu’il a notamment signé Varekai et LOVE du Cirque du Soleil
Après sa mise en scène du Boss est mort d’Yvon Deschamps, il est revenu à l’avant de la scène culturelle montréalaise l’automne dernier avec HA ha ! … de Réjean Ducharme et son spectacle Tout ça m’assassine où sa capacité de s’indigner est entière.
Comme peuvent en témoigner ses amis artistes ici présents Alexis Martin et Michel Crête.
Il est concepteur d’événements de variété, de sensibilisation, de commémoration, d’instants de prestige.
Très impliqué dans le domaine culturel, il est cofondateur et directeur artistique du Théâtre il va sans dire et enfin il est également professeur et conférencier.
Et combien a-t-il reçu de prix et de distinctions?
Son élan de protestation contre les gaz de schiste a reçu l’appui de nombreux artistes. Nous sommes de ceux-là.
Les APLP sont fiers du travail de sensibilisation entrepris par Dominic Champagne et sont heureux de le nommer Artiste pour la Paix 2011.
Par ce geste de reconnaissance, nous affichons notre soutien à son mouvement et voulons contribuer à garder actif le débat sur cette question en soulignant notamment la venue prochaine du printemps énergétique québécois.
La première paix passe par la paix sociale.
Avant d’entendre Dominic Champagne, l’assistance a pu apprécier un époustouflant numéro de main à main de deux artistes du collectif de cirque les 7 Doigts de la main : Camille et Tristan
Les 7 doigt de la main est un cirque à taille humaine mêlant l’intime au spectaculaire qui vient de remporter, à Paris, la médaille d’or et le prix du Président de la République au Festival Mondial du Cirque de Demain.
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Lors de la même cérémonie, les Artistes pour la Paix ont aussi honoré deux grands artistes: Margie Gillis et Yvon Deschamps
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