Le monde est sur-armé et la paix sous-financée. Je salue la Campagne internationale pour l’abolition de l’arme nucléaire (ICANW.org) pour son travail si engagé et si créatif en poursuite de notre idéal commun d’un monde libéré de l’arme nucléaire.
– Ban Ki-moon, Secrétaire-Général des Nations-Unies
Le 7 décembre, aura lieu un vote crucial à l’ONU. Les Artistes pour la Paix sont vivement préoccupés, compte tenu du vote canadien du 2 novembre dernier, – vote il est vrai enregistré par les fonctionnaires de l’ère Harper encore ignorants de la marche à suivre que leur dictera le ministre Stéphane Dion nommé deux jours après – ; si le Canada répétait le même vote, il ferait mentir l’assertion de Justin Trudeau, réexprimée à la COP 21 à Paris, selon laquelle » le Canada est de retour « .De quoi s’agit-il ? Quatre résolutions ont été déposées, dont la résolution suivante, pourtant endossée par 136 pays (21 abstentions), CONTRE laquelle le Canada a scandaleusement voté, avec 17 autres pays sous la pression des USA ou de la France (petits pays de la Micronésie, Israël, etc.). La résolution de l’ONU portant sur les Conséquences humanitaires des armes nucléaires s’énonçait ainsi :
L’Assemblée générale des Nations-Unies,
Exprimant de nouveau sa vive préoccupation au vu des conséquences catastrophiques des armes nucléaires,
Soulignant que les armes nucléaires, qui ont une capacité de destruction immense et incontrôlable et qui frappent aveuglément, ont des répercussions humanitaires inacceptables, comme le démontre l’expérience de leur utilisation et des essais réalisés par le passé,
Rappelant que de nombreuses résolutions des Nations Unies traduisent la préoccupation suscitée par les conséquences humanitaires des armes nucléaires, notamment la première résolution adoptée par l’Assemblée générale, le 24 janvier 1946,
Rappelant également qu’à la première session extraordinaire qu’elle a consacrée à la question du désarmement en 1978, l’Assemblée générale a souligné que » les armes nucléaires [étaient] celles qui [menaçaient] le plus gravement l’humanité et la survie de la civilisation « ,
Se félicitant que la communauté internationale, de même que le Comité international de la Croix-Rouge et les organisations humanitaires internationales, soient de nouveau décidés et déterminés à s’attaquer aux conséquences catastrophiques des armes nucléaires,
Rappelant que la Conférence des Parties chargée d’examiner le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires en 2010 s’est dite « vivement préoccupée par les conséquences catastrophiques sur le plan humanitaire qu’aurait l’emploi d’armes nucléaires »,
Se félicitant des débats s’appuyant sur des faits sur les effets des explosions nucléaires tenus lors des Conférences sur les incidences humanitaires des armes nucléaires organisées en Norvège en mars 2013, au Mexique en février 2014 et en Autriche en décembre 2014 [grâce à ICANW.org]
Sachant qu’un des principaux messages transmis par les experts et les organisations internationales lors de ces conférences est qu’aucun État ou organe international n’aurait les moyens de faire face à la situation d’urgence humanitaire à laquelle l’explosion d’une arme nucléaire donnerait lieu ni d’apporter l’aide voulue aux victimes,
Convaincue que tous les États ont intérêt à mener des discussions sur les conséquences humanitaires des armes nucléaires afin d’approfondir et de consolider leur compréhension de cette question et se félicitant que la société civile continue à participer à cette réflexion,
Réaffirmant le rôle de la société civile qui, en collaboration avec les gouvernements, sensibilise aux conséquences humanitaires inacceptables des armes nucléaires,
Soulignant que les conséquences catastrophiques des armes nucléaires touchent les gouvernements mais aussi chaque citoyen de notre monde interdépendant et ont des répercussions profondes sur la survie de l’humanité, l’environnement, le développement socio-économique, l’économie des pays et la santé des générations futures,
Affirme qu’il importe pour la survie de l’humanité que les armes nucléaires ne soient plus jamais utilisées, quelles que soient les circonstances;
Souligne que le seul moyen de garantir que les armes nucléaires ne seront plus jamais utilisées est de les éliminer totalement;
Rappelle qu’on ne pourrait faire face de manière adéquate aux effets catastrophiques de l’explosion d’une arme nucléaire, qu’elle résulte d’un accident, d’une erreur de calcul ou d’un acte intentionnel;
Exprime sa ferme conviction qu’une meilleure compréhension des conséquences catastrophiques des armes nucléaires doit être le fondement de toutes les démarches et entreprises de désarmement nucléaire;
Demande à tous les États de prévenir, en appliquant le principe de la responsabilité partagée, l’utilisation d’armes nucléaires, de lutter contre la prolifération verticale et horizontale de ces armes et de procéder au désarmement nucléaire;
Exhorte les États à n’épargner aucun effort pour éliminer totalement la menace que représentent ces armes de destruction massive;
Décide d’inscrire à l’ordre du jour provisoire de sa soixante et onzième session, au titre de la question intitulée » Désarmement général et complet « , la question subsidiaire intitulée » Conséquences humanitaires des armes nucléaires « .
Une réunion s’est tenue à Ottawa du 29 novembre au 1er décembre avec divers groupes spécialistes de la question, dont Pugwash Canada et les Médecins pour la Survie Mondiale. Étaient présents l’Honorable Douglas Roche, madame Tanja Cronberg présidente finnoise de la Middle Powers’ Initiative (par vidéo-conférence), M. Tariq Rauf, un Canadien en charge du désarmement à la SIPRI, le diplomate Bernhard Faustenhammer qui nous a entretenus du Humanitarian Pledge de son très jeune ministre des Affaires étrangères de l’Autriche, Sebastian Kurz et de Maître Bev Delong, de Calgary, la brillante avocate à la tête du Réseau canadien pour l’abolition de l’arme nucléaire.
Y étant aussi, j’ai pu mesurer l’urgence de la situation bien expliquée par le député français Jean-Marie Collin des Parlementaires pour la non-prolifération et le désarmement nucléaire, groupe de l’ONU dirigé par Alyn Ware, et par ICANW.org sur qui on peut toujours compter pour donner l’heure juste (cf. leur dossier www.dontbankonthebomb.com ).
Les Artistes pour la Paix ont donc rédigé une lettre pressante au Ministre des affaires étrangères du Canada [i] pour l’inciter à ne pas se faire complice de l’OTAN et des neuf pays qui possèdent ces armes[ii] ; ils y engagent annuellement plus d’un millier de milliards de dollars en dépenses de renouvellement et de déploiement.
Nous avons plaidé que le Canada pourrait inscrire cette nouvelle décision au moment où crient à l’aide des pays menacés d’anéantissement par le réchauffement climatique, telles les Îles Marshall qui ont en outre servi de cobayes aux tests criminels nucléaires américains. Sachant son attachement aux objectifs ambitieux de la COP21 aux côtés de la ministre des changements climatiques, l’Honorable Catherine McKenna, pourquoi le ministre Dion ne ferait pas d’une pierre deux coups, en proposant de recycler l’argent gaspillé en armes inutiles pour réparer le climat altéré par ces mêmes industries militaires et pétrolières ?
Car lundi le 7 décembre prochain, le ministre sera appelé à revoter au nom du Canada quatre résolutions interreliées à l’Assemblée générale des Nations-Unies: nous espérons que son vote saura alors renier la sinistre ère conservatrice en reflétant l’engagement « sunny ways » de sa présidente de parti[iii], celui de notre premier ministre, des Artistes pour la Paix et du pape François, en faveur d’un monde débarrassé de ces armes immorales et dangereuses, qui pourraient en outre tomber entre des mains terroristes.
L’auteur de ces lignes est vice-président des Artistes pour la Paix et vient d’être réélu membre de l’exécutif de Pugwash Canada (le 29 novembre) et du Réseau canadien pour l’abolition de l’arme nucléaire (le 1er décembre)
[i] Lettre de Guylaine Maroist à l’Honorable Stéphane Dion, 3 décembre 2015
[ii] Les cinq pays du Conseil de Sécurité de l’ONU (USA, Grande-Bretagne, France, Chine et Russie) plus la Corée du Nord, l’Inde, Israël et le Pakistan, ces quatre pays en contravention avec le Traité de Non-Prolifération auquel a pleinement adhéré l’Iran après d’âpres négociations
[iii] Madame Anna Gainey avait répondu à notre question du 3 septembre, envoyée à tous les partis fédéraux, de la façon suivante : «L’objectif du Parti libéral du Canada est l’élimination complète des armes nucléaires. Le désarmement nucléaire n’est pas un projet utopique. Il est plutôt une nécessité engendrée par les risques humanitaires posés par tout degré de prolifération. Le Parti libéral du Canada continuera de s’opposer à toute mesure qui encouragerait la prolifération des armes nucléaires dans le monde et appuie la motion en faveur du désarmement nucléaire adoptée à l’unanimité par le Chambre des communes en 2010. »
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