Introduction du discours du secrétaire des Artistes pour la Paix
J’aimerais d’abord remercier le Mouvement Québec Indépendant et Gilbert Paquette pour l’honneur accordé aux Artistes pour la Paix hissés sur un podium distingué par les présences de Louise Beaudoin, Denis Monière et Daniel Turp. Professeur honoraire reconduit six années au poste de représentant du SPUQ et de la Faculté des Arts à l’UQAM, j’y ai reçu un don de Pierre Péladeau pour la construction du Centre Pierre-Péladeau et collaboré à la rédaction des politiques linguistique et internationale de l’université. Connu par les abonnés à l’Aut’Journal, vous avez peut-être lu mes descriptions de la quarantaine d’artistes gagnants de nos prix Artiste pour la Paix de l’Année depuis 1989, décernés entre autres à Marcelle Ferron, Ginette Noiseux, Simonne Monet-Chartrand et Samian, ainsi que nos hommages à Frédéric Back, Yvon Deschamps, Janette Bertrand, Alanis Obomsawim et Daniel Turp.
Pourquoi Daniel ? Ce n’était pas pour ses recherches respectables en musique qu’on l’a, en pleine COVID 2020, élu « ami des Artistes pour la Paix », mais notamment pour son Opération droits blindés. Elle motiva ses étudiantEs en droit à plaider, devant la Cour fédérale du Canada, une demande de contrôle judiciaire visant à faire annuler les licences d’exportation des 15 milliards de $ de véhicules blindés ontariens vers l’Arabie saoudite. Il a persisté en invoquant le Traité de Commerce des Armes adopté en 2013 à l’ONU, auquel 130 États sont maintenant liés, le Canada depuis le 17 septembre 2019 seulement, et cela n’excuse pas ses exportations constituant de facto des violations flagrantes. 39 groupes, dont l’Alliance de la Fonction Publique et Pugwash Canada, ont co-signé avec les APLP, jour pour jour un an plus tard, auprès du Premier ministre Trudeau, une admonestation à mettre fin à ses livraisons militaires, vu la situation humanitaire dégradée au Yémen et les droits de l’homme (et de la femme) bafoués en Arabie Saoudite; en témoignent depuis douze ans le sort de la famille Badawi et les condamnations à mort multiples par le régime salafiste. N’est-ce pas le moindre que la société civile puisse faire en reconnaissance aux humanitaires tels les Médecins sans frontières de Joanne Liu, la Croix Rouge et le Haut-commissariat des Réfugiés ?
Notre discussion part donc sur une prémisse solide avec le discours de « l’ami de la paix » et professeur émérite de l’Université de Montréal et ses références aux écrits d’André Binette, de Jean-François Payette et de feu mon collègue à l’UQAM Bernard Landry. Bravo aussi à L’Action Nationale et à Robert Laplante pour son édito. Mes observations seront en deux parties, la deuxième portant sur un Québec fort…
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Car la 1ère partie, Un Québec faible politiquement, risque de déplaire
Après notre rappel au ministre des Institutions démocratiques Dominic LeBlanc ayant omis de faire suivre notre volonté exprimée en juin de témoigner à la Commission d’enquête sur l’ingérence étrangère, une excellente analyse de Jean-François Lisée a dévoilé les manigances politiques et l’influence des GAFAM, aussi dénoncée par Alain Saulnier, édité par Écosociété et invité dimanche à Tout le monde en parle. Dans le DEVOIR du 30 octobre, Lisée écrivait :
« Donald Trump avait applaudi les membres du convoi des camionneurs et condamné le gouvernement de « tyrans wokes » ayant traité les manifestants « de manière pire que des trafiquants de drogue ou des assassins » et conclu : « Soit vous appuyez les camionneurs pacifiques, soit vous appuyez les fascistes de gauche. » Il parlait ainsi du gouvernement Trudeau. Il n’a pas changé d’avis depuis. Dans son récent livre publié pendant sa campagne, il relaie la fausse rumeur voulant qu’en plus d’être gauchiste, Justin est le fils de Fidel Castro. (…) Aucune loi, aucun règlement n’empêche des internautes et organisations américaines d’inonder X, Facebook et TikTok de messages négatifs envers leurs adversaires, inventer des fakenews, les propager et amasser de l’argent en ligne sur tout le continent, pour le réinvestir dans leur propagande (…). Dans ce Far West politique qu’est devenu Internet, le pouvoir de cette “arme secrète” est énorme ».
C’est précisément ce que voulaient témoigner à la Commission les APLP : Canadians for tax fairness rapportent que X est devenu no1 des nouvelles canadiennes sur Apple’s Canadian App Store, tandis que les plateformes Meta et Google bloquent nos journaux et télés. Lisée poursuivait : Il s’agit, pense le militant libéral Stephen Maher, de la « principale menace » pesant sur la démocratie canadienne et il a parfaitement raison. Comment Elon Musk, qui a investi une centaine de millions de dollars pour l’élection de Trump, avec ses 167 millions d’abonnés et j’ajoute la plus-value de 32% de Tesla que lui ont procurée les 5 premiers jours de la semaine dernière et l’usage non traçable légalement de ses millions en bitcoins, comment n’imposera-t-il pas l’accession au pouvoir de Pierre Poilièvre, qui s’est opposé à toutes les initiatives visant à réguler les géants du Web ? Pourquoi Trump se priverait des leviers gouvernementaux à sa disposition pour faire pencher la balance dans l’élection canadienne et j’ajoute dans un référendum éventuel pour un Québec indépendant ? » Contraire au vœu du film Conclave, la victoire d’un président pétri de certitudes, prédateur et raciste xénophobe est, selon l’Humanité, une catastrophe pour tous les progressistes de la planète qui croient à un climat et une géopolitique non dégénérés, au féminisme et à la lutte LGBTQIA+, en des conditions de vie et de travail améliorées, en une immigration non diabolisée et en des médias indépendants. Trump a fait un discours en Californie où il annonçait à peu près qu’il allait s’emparer de l’eau du Canada, alors que notre gouvernement tremble devant nos « supposés ennemis » du BRICS et de L’Organisation de coopération de Shanghaï !
Depuis des années, les Artistes pour la Paix ont résolu de faire confiance à l’ONU d’Antonio Guterres, devenue la seule alternative de poids moral, pour contrer les États-Unis intervenus 250 fois un peu partout dans le monde depuis 1991 et armés de 750 bases militaires dans 80 pays, selon l’historien Samir Saul, prof à l’UdeM comme son collègue Michel Seymour. L’ONU et l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient, connu sous le nom UNRWA, travaillent à préparer un monde de justice ouvrant la porte à de petites nations courageuses comme notre Québec, la Palestine, la Catalogne, le Kurdistan, la Kabylie, le Tibet, Haïti, le Liban, Cuba et autres « shit hole countries ».
146 pays avec l’ajout récent de l’Irlande, l’Espagne et la Norvège, ces deux derniers membres de l’OTAN, ont reconnu la Palestine, mais pas le Canada libéral qui a refusé de rencontrer la rapporteuse spéciale de l’ONU sur la Palestine Francesca Albanese. À Montréal et Ottawa la semaine dernière, elle s’est dit scandalisée de nos élites canadiennes et aussi québécoises avec l’ouverture d’un bureau du Québec de la ministre Biron à Tel-Aviv en plein génocide et avec la Caisse de dépôt et placements liées à 90 entreprises en Israël, certaines aux applications militaires. Pourquoi Lisée qui apparaît aux Mordus de politique de Radio-Canada quatre jours/semaine n’a pas trouvé le courage de dénoncer une seule fois en un an le génocide à Gaza qui a fait, selon l’ONU, 55 000 morts et disparus, à 70% femmes et enfants ? Les discussions sans animosité des mordus sont dus au doigté de l’animateur Sébastien Bovet mais hélas aussi au fait qu’ils évitent des sujets brûlants : la députée du Bloc, Monique Pauzé et les communautés autochtones de Kebaowek et de Kitigan plaidant l’article 29.2 de la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones dont Daniel a parlé protestent contre le dépotoir nucléaire projeté à Chalk River par le gouvernement fédéral et l’Ontario qui menace nos eaux potables ? Silence des mordus sur ces nouvelles cruciales.
Dans PRESSE GAUCHE, Bernard Rioux « reproche à Paul Saint-Pierre Plamondon de faire des immigrant·es les boucs émissaires des difficultés de la société québécoise ». Moins pressé que le PQ d’enclencher un référendum, Québec solidaire semble plus favorable à bâtir une solidarité internationaliste, dont la sage évolution prendra des années, surtout si les guerres de l’OTAN continuent à miner notre monde idéalisé, et je t’inclus, Daniel, dans ce notre. Les APLP vont protester dans dix jours contre la réunion des 32 nations de l’OTAN à Montréal, contre leurs pressions envers l’Ukraine et contre le sacrifice de nos programmes sociaux qui ajoutera au budget militaire canadien 13 milliards de $ de plus ANNUELLEMENT, selon Pierre Dubuc. Et ce sera pour des armes offensives, tels nos F-35 et nos frégates Irving/Lockheed Martin, afin de poursuivre la destruction de pays comme la Libye, l’Afghanistan, l’Irak, la Syrie, le Liban, la Palestine (et l’Iran?) en créant plus de vagues d’émigrations…
C’est pourquoi, cher Daniel, je conteste ton inclusion (point 1.1.1) de l’OTAN et du NORAD dans un Québec « indépendant ». Loin d’être des acteurs de paix, ce sont des fauteurs de guerre co-responsables avec la Russie dix fois moins armée, d’une jeunesse ukrainienne décimée depuis deux ans et neuf mois (i). On vous donne rendez-vous au local des travailleurs grecs le 24 novembre de 10 h à 17h avec des participants venus du Canada entier pour protester avec Échec à la guerre et prôner le Traité sur l’Interdiction des Armes Nucléaires ratifié par 73 pays et signé par 50 autres. Merci à UNIDIR et à ICAN.org. Merci aussi à François Avard qui en 2007 usait de son style direct aux dirigeants fédéraux : « Si, au lieu de s’empêtrer dans des engagements internationaux qui nous obligent à jouer à la pute des Américains, le Canada mettait ses énergies à œuvrer pour la paix ? ».
D’autre part, une semaine après les élections américaines, qui peut énumérer la liste des pays prêts à appuyer un Québec indépendant ? Le Royaume-Uni, évidemment pas. L’Espagne et sa Catalogne, le Danemark et son Groenland non plus. La République populaire de Chine a grondé : « Les plus graves dangers qui menacent nos sociétés sont l’extrémisme, le terrorisme et le séparatisme ». L’Inde aux prises avec le Cachemire, n’y comptons pas. La France ? Malgré les réussites de Louise Beaudoin auprès de Mitterrand, Sarkozy et Hollande, Macron a reculé sur le ni-ni.
Cher Daniel, je t’avais écrit ma préoccupation sur l’absence problématique dans ton article d’un chapitre sur les relations à venir avec les onze Premières Nations du Québec, cette absence logique en les considérant membres de facto de ce Québec indépendant à venir, et non comme d’éventuelles adversaires à considérer dans une politique étrangère. Mais ne crois-tu pas cette position trop commode pour être réaliste ? Je termine avec les mots du jeune collaborateur de l’Aut’Journal et prof au CEGEP Terrebonne, Simon Ranville, où il donne le cours d’histoire du Québec intitulé « Perspectives internationales », appuyant le ton positif de ton document en nous engageant à persévérer : « plutôt que de voir les défaites, il faut voir le combat comme fil conducteur, pour créer les moyens d’y parvenir, pour envisager la victoire ».
2e partie très courte – Un Québec fort culturellement
Le Mouton Noir, Presse gauche, le magazine oui je le veux, l’Aut’Journal vantent notre culture d’un Québec fort, quoique j’aie l’impression de réécrire dans Entrée Libre de novembre mon article intitulé l’extraordinaire richesse culturelle haïtienne (ii).
Musicien classique, me séduit le génie de nos interprètes symphoniques, Rafaël Payare, riche de sa culture vénézuélienne à l’Orchestre Symphonique de Montréal, et Yannick Nézet-Séguin à l’Orchestre Métropolitain, à Philadelphie et au Metropolitan Opera de New York, où son ouverture fait découvrir des opéras contemporains écrits par des compositeurs afro-descendants; quelle joie aussi de réentendre, grâce principalement à Simon Leclerc, des artistes tels Harmonium, Richard Séguin, Diane Dufresne, Paul Piché, Beau dommage etc. dans des versions symphoniques.
L’ADISQ a récompensé il y a deux semaines Jean-François Pauzé, auteur-compositeur ayant trouvé en Karl Tremblay son interprète idéal, Charlotte Cardin et Elisapie, tandis que le Musée des Beaux-Arts de Montréal expose Uummaqutik – essence de la vie avec la commissaire Isabella Weetaluktuk et que Terres en Vue a montré sur film la survivance acharnée de l’Inuïte selon ses dires deux fois colonisée Aaju Peter. Les fresques fabuleuses de René Derouin à Val David et son exposition féroce sur les Rapaces sont des cris contre la colonisation.
Au théâtre, Marie-Thérèse Fortin a enflammé la pièce féministe Fanny de Rebecca Deraspe, Kukum de Michel Jean et Joséphine Bacon triomphe au Théâtre du Nouveau-Monde fondé par Jean-Louis Roux, tandis que la métis Dominique Pétin ajoute une signification à Incendies déjà si riche de notre APLP 2006 Wajdi Mouawad.
En littérature, la France qui avait accordé le prix Goncourt 1979 à Antonine Maillet, notre coprésidente d’honneur, accueille avec faste Dany Laferrière, Éric Chacour et Kev Lambert, mais Margaret Atwood m’a raconté avoir dû livrer bataille avec son éditeur Laffont pour lui arracher la permission d’inclure ses longs éloges de Marie-Claire Blais et Gabrielle Roy dans son recueil Questions brûlantes.
Au cinéma et à la télévision, nos Denis Villeneuve, Xavier Dolan, Fabienne Larouche, Martin Duckworth ici présent, Micheline Lanctôt et Monia Chokri nous font vibrer, de même que le documentariste Félix Rose, les soeurs multidisciplinaires Monnet, les comédiennes Karine Vanasse, Florence Longpré, Christine Beaulieu, Évelyne Brochu, Julie Vincent, Louise Marleau, Anne-Élisabeth Bossé, Sylvie Legault et Léane Labrèche‑Dor et bien d’autres.
La danse québécoise enthousiasme le monde entier et Les 7 doigts font rayonner les Cowboys Fringants, comme le Cirque du Soleil, la joie pacifiste des Beatles, grâce à Dominic Champagne : vous lirez sur notre site son discours censuré par la Chambre du Commerce de Montréal il y a deux semaines, ce qui montre hélas un sabotage constant de notre culture fabuleuse par les pouvoirs économiques et politiques.
En conclusion, l’aile jeunesse de notre C.A. tient à proclamer son rêve que le Québec prenne bientôt place à l’ONU comme modèle-phare pour l’humanité entière de Paix et de respect pour l’Environnement.
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