Ukraine et Gaza : paix fragiles préludes à + de guerre?

Par Pierre Jasmin secrétaire général des APLP 13 février

Trois points de vue en cette veille de St-Valentin

habituel rendez-vous APLP de l’Année reporté dans 15 jours exactement

« Les deux grandes nouvelles qui font l’actualité aujourd’hui sont l’affirmation de l’administration Trump que l’Ukraine va devoir abandonner ses ambitions OTANesques et partie de son territoire afin de parvenir à un accord de paix, tandis qu’Israël semble se retirer de son impasse de cessez-le-feu avec le Hamas. » C.J.

 

  1. Ukraine

VUE PAR CAITLIN JOHNSTONE, AARON MATTÉ ET LES APLP

En accord avec tous nos articles depuis février 2022 marqué par l’invasion russe et en contradiction avec les gouvernements des pays de l’OTAN et les médias mainstream, voici le texte de Caitlin Johnstone corroboré par Aaron Matté et nous (i) :

Sur l’Ukraine, le secrétaire américain à la Défense, Pete Hegseth, a déclaré mercredi que les États-Unis « ne croient pas que l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN soit réaliste pour un règlement négocié » et que « le retour de l’Ukraine aux frontières d’avant 2014 [date du retour de la Crimée à la Russie] soit un objectif irréaliste ». Cela survient alors que Trump annonce qu’il est en pourparlers téléphoniques avec Vladimir Poutine pour mettre un terme à la guerre en Ukraine.

L’adhésion à l’OTAN et la reconquête de tous les territoires perdus au profit de la Russie sont les objectifs du président ukrainien Zelensky et des partisans de l’OTAN qui l’adorent dans tout le monde occidental. Dave DeCamp d’Antiwar explique :

La restauration des frontières ukrainiennes d’avant 2014 a été un objectif de guerre du président ukrainien Volodomyr Zelensky, même si certains signes ont montré ces derniers mois qu’il l’a reconnue comme irréaliste. Mais il réclame toujours de fortes garanties de sécurité de la part des États-Unis, qui impliquent le déploiement de troupes, ce que Hegseth a également rejeté :

« Toute garantie de sécurité doit être soutenue par des troupes européennes et non européennes compétentes. Si ces troupes sont déployées en tant que soldats de la paix en Ukraine à un moment donné, elles devraient l’être dans le cadre d’une mission non-OTAN et ne devraient pas être couvertes par l’article 5 », a-t-il déclaré. « Il doit également y avoir une surveillance internationale rigoureuse de la ligne de contact. Pour être clair, dans le cadre de toute garantie de sécurité, aucune troupe américaine ne sera déployée en Ukraine », a ajouté Hegseth.

« Des centaines de milliers de personnes seraient encore en vie si Biden avait voulu le dire il y a trois ans », a écrit Aaron Maté sur Twitter à propos des commentaires de Hegseth [confirmés par Trump en conférene de presse du 13 février]. « Au lieu de cela, Biden a refusé, alimenté une guerre par procuration, présidé à la décimation de l’Ukraine, puis s’est retourné et a déclaré que l’Ukraine n’était de toute façon pas prête à rejoindre l’OTAN. Tout cela n’était que leurre et déception avec un seul objectif, utiliser l’Ukraine pour saigner la Russie. Quiconque a accepté ce désastre épique et cela inclut malheureusement les législateurs et les médias progressistesdevrait se demander si cela en valait la peine.»

Et maintenant, le secrétaire au Trésor américain rencontre Zelenski pour négocier un accord accordant aux États-Unis l’accès aux considérables richesses minérales des terres rares de l’Ukraine non pas pour continuer la guerre, mais pour payer un «bouclier de sécurité » daprès-guerre que les États-Unis fourniraient dans le cadre du plan du président Trump. LUkraine a été brûlée, déchiquetée et méprisée par ses amis de Washington, et maintenant soumise à un projet de mines à ciel ouvert.

Tous nos savants indépendants disaient dès le début de la guerre que cela arriverait. Le professeur John Mearsheimer avait averti en 2015 que l’Occident conduisait l’Ukraine sur une voie irréaliste et que le résultat serait la destruction de l’Ukraine. De nombreux autres experts et analystes ont prévenu que les provocations de l’OTAN conduiraient à un désastre pour l’Ukraine, bien avant le début de la guerre.

Autant de morts qui auraient été facilement évitables. Cette guerre a été provoquée, délibérément, uniquement pour déplacer quelques pièces sur le grand échiquier afin d’aider les États-Unis à assurer leur domination planétaire. Les États-Unis et leurs alliés ont refusé de sortir de ce cauchemar, à la fois avant l’invasion russe et dans les semaines qui ont immédiatement suivi.

Imaginez être un Ukrainien combattant sur la ligne de front en ce moment même, alors que le secrétaire américain à la Défense dit que vous allez perdre votre territoire et que vous ne rejoindrez jamais l’OTAN, pendant que Kiev cède les richesses minérales de terres rares de votre pays à Washington. Je déserterais à toute vitesse.

D’autres mandataires alignés sur les États-Unis en prennent note : c’est ce qui se produit lorsque vous mettez votre pays en jeu pour faire avancer les programmes stratégiques américains. J’espère que Taiwan suit ces événements de près.

Ken Stone et les APLP rappellent l’avertissement il y a des dizaines d’années de Henry Kissinger que notre Premier ministre Justin Trudeau et nos premiers ministres provinciaux devraient entendre, plutôt que se presser à Washington comme des moutons à l’abattoir :

“It may be dangerous to be America’s enemy, but to be America’s friend is fatal.”

  1. Gaza

Après discussions avec Tamara Lorincz (WILPF) et Ken Stone (porte-parole du Réseau pancanadien pour la Paix et la Justice) en après-midi du 12 février, voici une prise de position adoptée en commun avec les Artistes pour la Paix :

AGISSEZ POUR LA PAIX EN REJETANT LES PROJETS DE TRUMP POUR GAZA

Le président américain Trump a menacé que « l’enfer se déchaînerait » à Gaza si le Hamas ne procédait pas au prochain échange de prisonniers prévu ce samedi 15 février. Il a également annoncé un projet américain de « prendre » et de « tenir » Gaza, en expulsant de force sa population civile, en violation flagrante du droit international. Pour sa part, le Hamas a annoncé cette pause en affirmant qu’Israël n’avait pas respecté les termes de l’accord de cessez-le-feu puisque (entre autres choses) il n’avait pas réussi à arrêter les attaques contre les Gazaouis affamés et à leur fournir une aide humanitaire.

L’accord de cessez-le-feu et l’échange de prisonniers à Gaza ont été une réussite notable ayant mis fin à 15 mois de ce que la Cour internationale de Justice a dénoncé comme un génocide israélien contre les Palestiniens vivant à Gaza. Les négociations sur la mise en œuvre de l’accord de cessez-le-feu devraient pouvoir se dérouler rapidement, sans menaces d’intervention américaines. Notre Réseau salue le fait que plusieurs ministres du gouvernement Trudeau aient publiquement dénoncé les menaces scandaleuses de Trump d’annexer l’enclave côtière et de nettoyer ethniquement les Gazaouis. Nous exigeons que le Canada fasse davantage et qu’il :

1) reconnaisse immédiatement l’État palestinien, comme 147 pays des Nations-Unies l’ont fait, et récemment l’Espagne et l’Irlande, contrevenant aux consignes de l’OTAN ;

2) imposer un strict embargo sur les échanges d’armes bilatéraux entre le Canada et Israël ;

3) accélérer le programme de réunification familiale pour les Gazaouis ayant de la famille au Canada ;

4) user de son influence auprès de l’État d’Israël pour rétablir l’acheminement de l’aide aux Gazaouis par l’intermédiaire de l’UNRWA (l’Office de secours et de travaux des Nations Unies) ;

6) supprimer le statut d’organisme de bienfaisance de toutes les organisations au Canada qui collectent des fonds (hors taxes) pour des entités en Israël qui soutiennent les Forces de défense israéliennes et le projet colonial israélien en Palestine ;

7) s’efforcer que la reconstruction de Gaza se poursuive avec les Palestiniens qui y habitent.

Nous constatons qu’on a permis à tort aux États-Unis, qui ont armé le génocide israélien à Gaza, de gérer le processus de paix : les seuls gagnants d’une telle gestion ne pourraient être que les États-Unis et Israël. Nous appelons M. Guterres, secrétaire général de l’ONU, à organiser une conférence de paix, impliquant toutes les parties prenantes du conflit, pour trouver l’accord de paix juste, durable et global auquel l’ONU aspire depuis des décennies.

Enfin, le Mouvement de la jeunesse palestinienne a appelé à une journée internationale d’action ce samedi 15 février, pour « prendre position contre le plan de Trump de nettoyage ethnique de Gaza et exiger que la Jordanie et l’Égypte ne cèdent pas au plan perfide de Trump » de réinstallation des Gazaouis. Nous appelons tous les Canadiens de conscience à se joindre à de telles manifestations publiques afin d’envoyer un message au gouvernement Trudeau pour qu’il agisse maintenant, avant qu’il ne soit trop tard.

MANIFESTEZ CONTRE LE NETTOYAGE ETHNIQUE DE TRUMP !

JORDANIE ET ​​ÉGYPTE, REJETEZ SON PLAN !

#LIBÉREZ LA PALESTINE POUR QU’ELLE VIVE ENFIN EN PAIX 

ACT FOR PEACE BY REJECTING TRUMP’S PLANS FOR GAZA

US President Trump threatened that “all hell would break loose” in Gaza if Hamas did not proceed with the next scheduled prisoner exchange this Saturday, February 15th. He also announced US plans to “take” and “hold” Gaza while forcibly removing its civilian population, in blatant violation of international law. For its part, Hamas announced the pause because it claimed that Israel had not lived up to the terms of the ceasefire agreement since (among other things) it failed to stop attacks on, and to provide humanitarian aid for, the starving Gazans.

The ceasefire agreement and prisoner exchange in Gaza was a notable achievement because it ended 15 months of what the International Court of Justice denounced as an Israeli genocide of the Palestinians living in Gaza. Negotiations over the implementation of the ceasefire agreement should be allowed to proceed apace, without US threats of intervention. Our Network welcomes the fact that several ministers of the Trudeau government have publicly countered Trump’s outrageous threats to annex the coastal enclave and to ethnically cleanse the Gazans. We demand that Canada do more:

1) immediately recognize the Palestinian state, as 147 United Nations did so, recently Spain and Ireland contradicting their NATO guidelines;

2) impose a robust arms embargo on Canada’s two-way arms trade with Israel;

3) expedite the family reunification program for Gazans with family in Canada;

4) use its influence with the State of Israel to restore the provision of aid to Gazans through UNRWA (the United Nations Relief and Works Agency);

5) prohibit Canadians from serving in the IDF and investigate Canadians in the IDF for war crimes;

6) remove the charitable status of all organizations in Canada who raise funds (tax-free) for entities in Israel which support the Israeli Defence Forces and the Israeli colonial project in Palestine;

7) play a role in ensuring that the rebuilding of Gaza goes ahead with the Palestinians in place.

We note that the USA, although arming the Israeli genocide in Gaza, were wrongfully allowed to manage the peace process : its only winners could only be the USA and Israel. We call upon Mr. Guterres, UN Secretary-General, to organize a peace conference, involving all stakeholders to the conflict, in order to find the just, lasting, and comprehensive peace arrangement that the UN has been touting for decades.

Finally, the Palestinian Youth Movement has called for an international day of action this Saturday, February 15, to “take a stand against Trump’s plan for the ethnic cleansing of Gaza, and demand Jordan and Egypt do not give in to Trump’s treacherous plan” to resettle the Gazans. We call on all Canadians of conscience to join such public manifestations in order to send a message to the Trudeau government to act now, before it is too late.

STAND AGAINST TRUMP’S ETHNIC CLEANSING!

JORDAN AND EGYPT, REJECT THE PLAN!

#FREEPALESTINE SO THAT IT FINALLY ATTAINS PEACE!

Deux rappels : https://www.artistespourlapaix.org/declaration-du-contre-sommet-vs-otan/ en accord avec le Canada-Wide Peace and Justice Network, écrit le 24 novembre. Échec à la guerre l’a aussi exprimé le 26 janvier dans Le Devoir dans une déclaration endossée et signée par les Artistes pour la Paix :

Accord de cessez-le-feu ou pas, Israël doit être arrêté! Endossé et signé par un total de 171 organisations et 164 personnalités publiques.

  1. Avertissement de Tamara Lorincz – WILPF

Avec l’imprévisibilité de Trump, on est en droit de se demander s’il s’agit plutôt de paix fragiles préludes à + de guerre. Une note urgente de Tamara Lorincz révèle le 12 février que le Secrétaire général de l’OTAN Mark Rutte comploterait avec le Secrétaire à la Défense américain Peter Hegseth en vue d’une guerre globale commandée par l’OTAN et les États-Unis. Selon leur plan :

  1. Les alliés européens et canadiens de l’OTAN poursuivraient la guerre contre la Russie en Ukraine

  2. Israël poursuivrait sa guerre contre la Palestine et le Liban (Hezbollah) jusqu’en Iran

  3. Les Américains s’en prendraient à la Chine dans l’Extrême-Orient

On trouvera en annexe ci-dessous (ii) les documents, sources des inquiétudes de notre collègue doctorante Tamara, alors que Justin Trudeau et son ministre Bill Blair rôdent en Belgique dans les quartiers de l’OTAN.

ii() Massive increases to military spending and weapons production are being demanded.

US Secretary of Defense Peter Hegseth in Germany (15 mins) on Feb 11: https://www.youtube.com/watch?v=pA6YkfLtFKY

and listen to this (8 minutes) Feb 12:

https://www.dvidshub.net/video/952219/hegseth-delivers-opening-remarks-ukraine-defense-meeting

Finally, NATO Secretary General Mark Rutte (15 mins) Feb 12: https://www.youtube.com/watch?v=yZpDfTEgWfc&t=1429s