C’est parce que la liberté s’exerce dans le va-et-vient entre notre imaginaire, nos valeurs et le réel qu’elle peut tendre vers un but sans qu’il puisse coïncider ni avec nos valeurs ni avec la réalité. Elle ne peut avancer vers un résultat positif que par une double démarche : la connaissance de la nature et de sa nature. Car ni l’une ni l’autre n’obéissent aveuglément.

Mais qu’est-ce que la liberté ?

1- La possibilité à l’infini, sans contrainte ?
Oui ! dans l’imaginaire, non ! dans la réalité.

2- La nécessité d’ouvrir du possible lorsque tout apparaît déterminé et fatal ?
Elle n’a pas le choix si elle veut augmenter son espérance de vie.

3- L’analyse des possibles pour mettre en action le souhaitable ?
Oui ! dans la mesure où les possibles sont « découverts » par la connaissance du réel.

La liberté est la puissance qui crée des possibles dans l’imagination, qui les étudie dans la réalité, qui les filtre à travers son apprentissage avant d’être la puissance de les choisir et de les actualiser.

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Peinture de Louise Boubonnais

La genèse des possibles s’opère elle-même en deux temps :

Dans un premier temps, nous convertissons les données de la réalité en possibilités, car nous pensons toujours que ces données pourraient ne pas être données. Certes, nous avons la capacité de voir le réel autrement, mais nous n’avons pas la capacité de le voir tel qu’il est. L’imaginaire est notre force et notre faiblesse. Le propre de la science, c’est de nous prouver que le réel nous échappe toujours par sa complexité et son intelligence. Nous apprenons de lui, assez durement, qu’il est notre maître incontournable.

Dans un deuxième temps, les possibles réels s’opposent sans cesse aux possibles imaginés à l’infini si bien que la liberté peut « geler » dans l’imaginaire et devenir un tyran. Et pourtant, l’action doit s’insérer dans le temps en marche qui change sans cesse les données de la réalité. Le temps concret nous force à agir, sinon à réagir, sans qu’on puisse parfaitement se synchroniser avec lui.

On peut dire que la fécondité infinie de notre esprit est trop large pour l’étroitesse des fenêtres du temps. Si bien que notre volonté doit prendre la responsabilité de son action bien avant de pouvoir en répondre. Nous sommes condamnés à l’erreur tout en ne pouvant échapper aux conséquences.

Nous sommes toujours responsables, mais rarement coupables. Responsables non par choix, mais parce que les conséquences reviendront sur nous et les autres sans notre permission. Nous sommes coupables dans la mesure où nous pouvions prévoir les conséquences. Néanmoins, nous devenons imputables lorsque les conséquences étaient nettement prévisibles et évitables et que nous avons agi trop peu trop tard.