Publié le 15 février 2024 par PASSBLUE (nouvelles de l’ONU)
Scandaleusement censuré par notre presse dite libre, cet article est une traduction de Pierre Jasmin qui ajoute : Le Devoir du vendredi est muet et nos télévisions ne parlent que de la mort de Navalny. Sa santé était ébranlée par l’empoisonnement sans aucun doute ordonné par Poutine il y a quelques années. Il est mort en une sordide prison où il avait été condamné pour 19 ans pour les gestes pro-nazis de son adolescence à la croix gammée (accusation officielle fondée), mais bien davantage pour ses accusations, elles tout-à-fait fondées sur Poutine et sa corruption oligarque endémique. Les médias occidentaux pleurent un héros absolu, pur démocrate et champion de la liberté pour ses dernières années courageuses.
Une scène après une attaque israélienne dans la ville de Gaza. L’assaut israélien contre Rafah, à la frontière égyptienne, se poursuit alors même que « les États arabes et l’Autorité palestinienne, avec le soutien américain, offrent à Israël un chemin vers la paix. UNRWA/ASHRAF AMRA
La catastrophe à Rafah a commencé.
Au cours des 131 jours terribles qui se sont écoulés depuis l’horrible attaque du Hamas du 7 octobre 2023, nous avons vu 1,8 million de civils palestiniens poussés du nord de Gaza vers le sud et même plus au sud jusqu’à atteindre Rafah, à l’extrême extrémité de la bande. Adultes et enfants ont été bombardés et abattus sans relâche, de toutes les manières – chaque jour – y compris en chemin.
Trente mille Palestiniens ont été tués, dont plus de 12 000 enfants ainsi que des centaines de médecins, infirmières, infirmiers et journalistes – près de 70 000 autres blessés et des milliers d’autres gisent toujours sous les décombres. Nous avons vu des dizaines de milliers de maisons à Gaza ainsi que des hôpitaux, des écoles, des universités, des mosquées et des églises détruits. Nous avons vu des hommes déshabillés et exhibés – beaucoup exécutés – et certains jetés dans des fosses communes.
Le 7 octobre, nous avions condamné l’attaque du Hamas dans le sud d’Israël et la perte de centaines de civils israéliens et autres tués ce jour-là. Nous avions condamné la prise de 240 otages israéliens et autres et nous continuons d’exiger leur libération immédiate et inconditionnelle.
Nous devons également condamner tous les crimes d’Israël.
Nous devons également pleurer les dizaines de milliers de civils palestiniens tués.
Malgré les avertissements de ses alliés américains et européens et de la Cour pénale internationale elle-même, les forces israéliennes ont commencé leur assaut sur Rafah, et leurs dirigeants semblent déterminés à mener une opération terrestre pour évacuer de force les près de deux millions de Palestiniens qui s’y abritent.
Plus de deux millions de Palestiniens n’ont nulle part où aller en sécurité. Face à une autre Nakba – le terme arabe désignant la catastrophe de 1948 – la plupart des réfugiés palestiniens (déjà déplacés à plusieurs reprises) refusent de quitter Gaza, craignant de se voir refuser le droit au retour, qui est un droit inaliénable dont jouissent tous les réfugiés, y compris les réfugiés palestiniens, en vertu du droit international.
Des milliers d’entre eux seront écrasés par l’assaut sanglant d’Israël contre Rafah. Des images de corps déchiquetés – des morts parmi les vivants – ainsi que des centaines de milliers de personnes qui pourraient bientôt mourir de faim sont bien en vue, à la vue du monde entier. Ils s’accrochent à la vie, mais combien de temps pourront-ils endurer la famine et la maladie accélérées par le manque de financement de l’UNRWA, un siège inhumain de quatre mois pratiquement sans nourriture, sans eau ni fournitures médicales, et 14 ans d’un blocus brutal ?
Des familles entières ont été anéanties – des actes plausibles de génocide sont en cours – selon ce qu’affirment un tribunal fédéral américain en Californie et la Cour internationale de Justice de La Haye.
Même si l’on met de côté les décisions de ces tribunaux, Israël reste accusé d’une litanie de crimes de guerre, allant des punitions collectives aux attaques disproportionnées contre la population civile de Gaza, un ajout ignominieux à une liste déjà longue de graves violations des Conventions de Genève à Gaza et en Cisjordanie – que les États-Unis et l’ONU considèrent comme un territoire palestinien occupé.
Quand est-il temps de dire que le droit de légitime défense n’est pas un permis de tuer ?
Quand est-il temps d’arrêter une machine de guerre israélienne devenue folle ?
Quand est-il temps pour l’administration Biden d’exiger un cessez-le-feu maintenant ?!!
Ils ne peuvent pas dire qu’ils ne le savaient pas. C’est sur tous les écrans et dans tous les journaux. Cela transparaît dans les chants des millions de personnes de toutes confessions aux États-Unis et dans le monde qui marchent pour un « Cessez-le-feu maintenant ».
Selon la plupart des témoignages, la campagne militaire d’Israël est un échec ; elle n’atteint aucun de ses trois objectifs déclarés : libérer les otages, détruire le Hamas ou restaurer la sécurité. Même les 100 otages israéliens qui sont rentrés chez eux jusqu’à présent ont été libérés grâce à la diplomatie internationale et non à cause des opérations militaires israéliennes.
La majeure partie du monde s’est tenue aux côtés d’Israël le 7 octobre. Le pays aurait pu remporter une victoire majeure – militairement, politiquement et moralement – s’il avait répondu à l’attaque du Hamas d’une manière conforme au droit international humanitaire. Il aurait pu être efficace pour sauver les civils israéliens, au lieu de punir les civils palestiniens. Il aurait pu exercer son droit de légitime défense, sans violer les règles de proportionnalité et de distinction. Il aurait pu appeler à la reddition et à la poursuite du Hamas et de ses dirigeants devant la Cour pénale internationale.
Israël aurait pu – et peut encore – accepter une offre de reconnaissance mutuelle et de coexistence pacifique de la part des États arabes. C’est un plan qui a bénéficié du soutien du monde arabe et musulman, mais qui pourrait être perdu si les bombardements et le blocus israéliens se poursuivent.
Au lieu de cela, Israël s’enlise dans un bourbier sans victoire possible ; il a « inspiré » davantage d’extrémistes militants des deux côtés ; et détruit sa crédibilité dans le monde.
Sans égard aux avertissements de ses amis et aux menaces de ses ennemis, le régime d’extrême droite le plus extrême de l’histoire d’Israël est déterminé à « poursuivre » une offensive terrestre à Rafah, mettant également en péril ses traités de paix avec ses voisins égyptiens et jordaniens, comme les accords d’Abraham avec ses amis bahreïnis, émiratis et marocains. Cela pourrait même mettre en péril les largesses militaires, financières et diplomatiques inconditionnelles des États-Unis, leur plus proche allié.
Les États arabes et l’Autorité palestinienne, avec le soutien américain, offrent à Israël la voie de la paix. Nous sommes à un point de non-retour.
Le régime israélien actuel mène une guerre apparemment sans fin contre l’ensemble de Gaza. Israël a besoin d’un nouveau leadership pour poursuivre une paix juste et globale avec l’ensemble du monde arabe.
Quatre mois et 75 ans de guerre suffisent.
Il est temps d’instaurer un cessez-le-feu maintenant !!!
Mona Ali Khalil est une avocate internationale de renommée internationale avec 25 ans d’expérience à l’ONU et en d’autres domaines, notamment en tant qu’ancienne juriste principale à l’ONU et à l’Agence Internationale d’Énergie Atomique, avec une expertise dans le maintien et l’imposition de la paix, le désarmement et la lutte contre le terrorisme. Elle est titulaire d’un B.A. et d’une maîtrise en relations internationales de l’Université Harvard, ainsi que d’une maîtrise en service extérieur et un doctorat en droit de l’Université de Georgetown. Affiliée au programme de la Harvard Law School sur le droit international et les conflits armés, elle est la fondatrice et directrice de MAK LAW INTERNATIONAL, un service de conseils stratégiques aidant les gouvernements et les organisations intergouvernementales au service de « Nous, les peuples ».
Pour défendre la Paix dans le monde.
Il faut que nous soyons très très très nombreux. Et ça peut marcher.
Merci on vous soutient … soutenez cette vidéo. C’est pour l’Ukraine… la Syrie… le Moyen-Orient, etc.
https://www.youtube.com/watch?v=mpaqeJSeKVY
Merci, ami de la paix, de nous faire connaître L’ Association Artisans de Paix Meyzieu 9 et le Concert de Paris pour la Paix, initiatives que nous approuvons évidemment de tout coeur, en particulier avec les sons de la Neuvième de Beethoven qui reste le plus puissant hymne à la paix , hymne à la joie.
On aurait pu cependant éviter l’erreur épouvantable de la communiquer, interprétée par Karajan, qui fut membre du parti nazi en Allemagne PENDANT la Seconde guerre mondiale. Wilhelm Furtwängler ne l’était pas…
Merci pour ce que vous faites.
on aurait besoin d’humanistes comme vous, Monique, sur notre C.A.: huit réunions annuelles…
Collègues médecins à Gaza sont épuisés et terrifiés par ce qui les attend 22 février 2024 –
Lorsque j’ai quitté Gaza il y a deux semaines, mes collègues de l’hôpital européen de Khan Younis étaient déjà débordés. Aujourd’hui, ils sont terrifiés à l’idée que ce qui s’est passé à l’hôpital Nasser, tout proche, que les troupes israéliennes ont envahi jeudi dernier et qui a entraîné la mort d’au moins quatre patients, se reproduise dans cet établissement.
Je tremble à l’idée de ce que cela signifierait pour les patients et le personnel médical dont je me suis rapproché pendant les deux semaines où j’ai travaillé là-bas. Je tremble encore plus à la perspective d’une invasion « massive » de la ville de Rafah, où 1,5 million de personnes se sont réfugiées pour se mettre à l’abri de l’assaut militaire dévastateur d’Israël, sachant le carnage que cela entraînerait pour les personnes entassées à Rafah et qui n’ont nulle part où fuir.
Des fonctionnaires des Nations unies et des groupes humanitaires ont lancé de terribles avertissements selon lesquels une invasion israélienne de Rafah entraînerait un « bain de sang ». En effet, plus de 100 personnes ont été tuées à Rafah au cours de la seule journée du 11 février, alors qu’Israël intensifiait ses bombardements. J’ai pu joindre certains de mes collègues et patients de l’époque où j’étais à Gaza, qui ont trouvé refuge à Rafah.
Ils sont terrifiés par ce qui les attend, mais jusqu’à présent, ils sont toujours en vie.
J’étais à Gaza à la tête d’une délégation médicale de cinq personnes. Notre équipe était composée de moi-même (oncologue), de deux chirurgiens, d’un anesthésiste et d’une infirmière.
Il suffisait de regarder dans les yeux de nos collègues de l’hôpital européen de Khan Younis pour comprendre la profondeur de leur épuisement.
Nous nous sommes investis partout où le soutien était nécessaire : soins des plaies, amputations, opérations chirurgicales – même celles qui ne relevaient pas de nos spécialisations.
Mon équipe n’avait jamais été témoin de ce type de blessures dues à des explosifs.
Nous travaillions dans le bourdonnement constant des drones de l’armée israélienne et sous les vibrations des bombardements de plus en plus rapprochés et de plus en plus fréquents.
Le neuvième jour, des éclats d’obus ont tué un homme à l’extérieur de l’hôpital. Le dixième jour, les bombardements ont coupé l’électricité et des dalles de plafond sont tombées sur nous pendant que nous travaillions.
J’ai pensé à la mort à chaque instant, mais cette peur m’a permis de mieux comprendre ce que plus de deux millions de Palestiniens de Gaza ont enduré au cours des quatre derniers mois, la moitié d’entre eux étant des enfants.
Seuls 13 des 36 hôpitaux de Gaza fonctionnent, même partiellement, en raison du ciblage systématique du système de santé de Gaza par l’armée israélienne. Israël a tué plus de 600 travailleurs médicaux, en a blessé près de 800 autres et en a enlevé un grand nombre. Les hôpitaux fonctionnent à 400 % de leur capacité et manquent cruellement de fournitures médicales de base pour soigner les blessés, sans parler des épidémies d’hépatite A, de diarrhée, de gale et de poux.
Compte tenu de l’ampleur des blessures et de l’effondrement quasi total du système médical, des centaines de milliers de patients souffrant de maladies préexistantes n’ont reçu aucun soin.
Avant le début de l’attaque israélienne en octobre, Gaza comptait environ 10 000 patients atteints de cancer. Ceux qui sont encore en vie ne peuvent pas bénéficier de chimiothérapie, d’immunothérapie, de chirurgie, de radiothérapie ou de médicaments contre la douleur.
Il n’y a pas de biopsies ou de scanners pour les nouveaux diagnostics.
J’ai examiné une femme nommée Reem qui avait une masse dans l’utérus. Cette masse, qui donnait à son abdomen l’impression qu’elle était enceinte de triplés à terme, poussait ses poumons vers le haut, l’empêchant de respirer librement.
Il n’existe pas d’outils de diagnostic pour évaluer sa tumeur, ni de chimiothérapie ou de radiothérapie pour la réduire, et encore moins la possibilité de l’enlever chirurgicalement. Je ne me suis jamais sentie aussi impuissant.
Au moins 29 000 personnes ont déjà été tuées à Gaza au cours des quatre derniers mois. 1,7 million de personnes ont été chassées de chez elles ; des dizaines de milliers d’entre elles sont déplacées à l’Hôpital européen.
Les plus chanceux ont trouvé de la place à l’intérieur. Chaque cage d’escalier que j’ai contournée était un abri de fortune. Les rideaux habituellement utilisés pour les examens en salle d’urgence offrent désormais une maigre intimité à une famille entière.
Les tentes s’entassent dans les cours de l’hôpital. La pluie torrentielle pénètre dans les tentes. Les familles se serrent autour de petits feux de bois pour cuisiner ou se réchauffer – quand elles trouvent du bois ou de la nourriture à cuire.
Les enfants sont partout, pieds nus dans la boue, certains se protégeant de la pluie avec les blouses médicales blanches nouvellement données et utilisées pendant le COVID. Je me suis demandé qui avait décidé que les blouses COVID étaient une priorité en cette période de besoin désespéré.
La toux, les éternuements et les autres symptômes d’infection respiratoire sont quasi constants.
De retour aux États-Unis, je suis plus conscient que jamais des petits détails qui font la trame de ma vie et me permettent de me sentir digne. Partager un moment de tendresse avec ma femme ou mes enfants, sans que des dizaines de personnes ne l’entendent. Un oreiller sous ma tête. De l’eau pour tirer la chasse d’eau et me brosser les dents. Une chemise neuve sur la tête.
Les personnes déplacées à l’intérieur de l’hôpital européen que j’ai rencontrées, et celles qui sont déplacées partout ailleurs, sont privées de tout cela.
Lorsque je regarde les informations sur Gaza, je ne vois que l’exploitation de la souffrance ou la représentation de la force et de la résilience. Les deux extrémités de ce spectre sont déshumanisantes.
Les personnes que j’ai soignées, celles que j’ai croisées chaque jour dans les couloirs de l’hôpital et dans la cour, sont plus que des victimes pitoyables ou des exemples héroïques du sumoud palestinien, de la fermeté.
Ce sont des êtres humains à part entière qui ne peuvent plus supporter la douleur. Et ils appellent le monde à prendre des mesures significatives.
J’ai l’intention de retourner à Gaza dès que je le pourrai. D’ici là, j’exhorte le président Biden à faire pression sur Israël pour qu’il mette fin à son invasion imminente de Rafah, qu’il instaure un cessez-le-feu permanent et qu’il permette à l’aide humanitaire d’entrer sans entrave dans la bande de Gaza.
À mon retour, j’espère soigner des gens qui guérissent et se reconstruisent, et non qui s’accrochent à leur survie par le fil le plus ténu. Auteur : Yousef Khelfa, oncologue, vit à Manteca et exerce à Sonora. – 20 février 2024 – Merci à D. Ballereau pour sa chronique quotidienne.