Destructions en représailles débutées à Gaza – Radio-Canada Photo AFP / MOHAMMED ABED
Une vue aérienne montrant des véhicules en feu suite à des tirs de roquettes depuis la bande de Gaza, à Ashkelon, dans le sud d’Israël, le 7 octobre 2023. [Ilan Rosenberg/Reuters]
C’est par une émission spéciale de grande qualité à 16h 20 le 7 octobre que Radio-Canada a fait un point très équilibré sur l’attaque-surprise par les combattants du Hamas sur Israël. Nous reviendrons sur ces entrevues d’une Céline Galipeau un peu dépassée.
D’une part, les vives condamnations unilatérales de l’opération terroriste par les dirigeants occidentaux et leurs propos qu’« Israël a le droit de se défendre », prononcés aussi par la dirigeante européenne Ursula von der Leyen, seraient irréprochables dans leur nature-même; mais lorsqu’ils s’adressent au régime d’extrême-droite Netanyahou, ils font craindre les pires exactions, prévues par la Turquie et la Russie qui ont essayé de les contrer par leur appel à la modération dans la répression israélienne. On ne pouvait pas compter sur Bob Rae, notre représentant canadien à l’ONU pour les imiter.
L’autre danger est de voir le Hezbollah libanais entrer dans la conflagration, ainsi que son commanditaire iranien – on voyait les Iraniens danser dans les rues à la vue à la télévision de l’attaque palestinienne. Le mouvement Hamas ou Harakat al-Muqanam al-Islamiya connu depuis 1987 (depuis 2002, le Canada le considère comme une entité terroriste) règne sans opposition démocratique sur deux millions d’habitants dont plus du tiers vit nettement sous le seuil de pauvreté. Comment ne pas se révolter quand ils s’entassent dans une région coincée entre Israël, l’Égypte et la mer Méditerranée où les navires palestiniens sont à peu près interdits, une superficie bien moindre que l’île de Laval?
Deux anciens diplomates invités, Ferry de Kerckhove et Jean-François Lépine, ont, malgré leur crainte de voir ces actes de guerre de part et d’autre s’étendre, produit une analyse la plus raisonnée possible. Et le lendemain Raymond Saint-Pierre et Sabrina Myre ont poursuivi ce travail de qualité.
En ressort un constat que nul n’attendait une telle attaque coordonnée et sophistiquée le jour du sabbat qui semble avoir pris par surprise les experts-espions pourtant renommés du Mossad. M. Lépine qui était en poste à Jérusalem lorsque la première intifada a éclaté a blâmé l’inertie israélienne, après le meurtre de leur dirigeant Yitzhak Rabin par un extrémiste de droite furieux des accords d’Oslo, car Israël n’a hélas présenté aucune offre conséquente aux dirigeants modérés de Palestine, laissant le champ libre aux islamistes fanatisés de Gaza, rendus furieusement désespérés par les attaques de colons juifs illégaux auteurs de meurtres en Palestine et restés impunis dans les dernières années.
Les deux diplomates craignent une riposte sanglante de la part d’Israël, qui ne viendra sans doute pas avant que les cinquante-trois otages que le Hamas revendique avoir saisis au cours de leur attaque soient libérés. On connaît le prix qu’Israël accorde traditionnellement aux otages, tant civils que militaires ou policiers.
Au lieu de lancer des anathèmes, les dirigeants occidentaux pourraient profiter de cette période entre-deux pour tenter une opération sinon de paix, du moins de suspension des hostilités ?
Montréal, le 9 octobre 2023 — Les Canadiens pour la justice et la paix au Moyen-Orient (CJPMO) appellent Israël et ses alliés à définir leur objectif final, alors que la reprise des violences entre le Hamas et Israël entre dans sa troisième journée. Les appels au cessez-le-feu lancés par CJPMO et d’autres ont été ignorés.
« Même si, après une offensive massive, Israël porte un coup au Hamas, le statu quo se poursuivra malheureusement », affirme Thomas Woodley, président de CJPMO. Les experts du conflit soulignent que tant que les Palestiniens seront privés de leurs droits de la personne et de leur liberté, leur résistance armée à l’occupation belliqueuse et à l’apartheid d’Israël ne pourra que se poursuivre. « Dans l’intérêt des Israéliens et des Palestiniens, les dirigeants mondiaux doivent insister sur un plan qui permette d’espérer un avenir différent », a poursuivi M. Woodley.
Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a déclaré que son pays « s’engageait dans une guerre longue et difficile », qui comprendrait probablement une invasion terrestre de la bande de Gaza, ainsi que des frappes continues depuis la terre et la mer. Le ministre israélien de la défense, Yoav Gallant, a annoncé qu’Israël imposait un « siège complet » à Gaza, coupant l’électricité et bloquant l’entrée de nourriture et de carburant, tout en qualifiant les Palestiniens d’ « animaux humains ». La CJPMO rappelle que les Quatrièmes Conventions de Genève exigent que les belligérants – c’est-à-dire Israël et le Hamas – permettent aux civils de fuir les hostilités, et qu’ils autorisent l’aide humanitaire – nourriture et fournitures médicales – à atteindre les civils pris au piège. À cette fin, le Programme alimentaire mondial des Nations unies a appelé à la mise en place de corridors humanitaires pour acheminer des vivres à Gaza à la suite des frappes aériennes israéliennes.
« Il est naturel de réagir avec horreur et colère aux images d’Israéliens morts et profanés », poursuit M. Woodley. CJPMO note que le droit international dicte que les mouvements de résistance armés doivent faire la distinction entre civils et combattants, et que les attaques du Hamas contre les civils et la prise d’otages civils sont illégales et épouvantables. « Mais une attaque prolongée et brutale d’Israël contre Gaza ne fera qu’accroître le nombre de morts et la misère, et ne fera que renforcer l’hostilité entre les Palestiniens et les Israéliens. » Les vrais amis d’Israël et des Palestiniens insistent sur une fin de partie qui conduirait à un résultat différent, qui établirait la confiance, la sécurité et la liberté à la fois pour les Israéliens et les Palestiniens.
Le CJPMO est également horrifié par le fait que la réponse militaire d’Israël ait impliqué jusqu’à présent un usage indiscriminé de la violence contre des cibles civiles à Gaza. Au cours des deux dernières nuits, des frappes aériennes ont tué des familles entières dans leurs maisons alors qu’elles dormaient. Plus tôt dans la journée, une attaque contre le centre du camp de réfugiés de Jabalya a tué au moins 50 personnes. Plusieurs tours résidentielles, des ambulances et même une école des Nations unies accueillant des familles déplacées ont été directement touchées. CJPMO prévient que dans ce contexte, l’expression par le Canada d’un « soutien total » à Israël sera comprise comme un feu vert pour commettre de nouveaux massacres.
CJPMO rappelle qu’en 2008-2009, lors du lancement de l’opération « Plomb durci », Israël a cherché à affaiblir les capacités militaires du Hamas, à mettre un terme aux tirs de roquettes du Hamas et à détruire les tunnels de contrebande du Hamas. Quinze ans plus tard, Israël est confronté exactement aux mêmes menaces, parce qu’il n’a cherché qu’à réprimer et à dominer les Palestiniens dans l’intervalle. CJPMO affirme que le soutien aveugle soit à la partie israélienne – comme l’ont exprimé récemment de nombreux politiciens canadiens – soit aux Palestiniens est une impasse politique et humanitaire. Des voix nuancées sur le conflit appellent à reconnaître cette réalité et à faire pression sur les deux parties pour qu’elles trouvent un moyen d’aller au-delà de la violence et de trouver une voie vraiment viable.
Pour plus d’informations, veuillez communiquer avec :
Michael Bueckert
Canadiens pour la justice et la paix au Moyen-Orient
Téléphone: 613-315-7947
LCN présente ce matin du 10 une entrevue avec France-Isabelle Langlois d’Amnistie internationale Canada (francophone).
Comme les Artistes pour la Paix, elle condamne l’attaque terroriste du Hamas, un crime de guerre, mais tient à rappeler qu’Israël s’est rendue coupable de telles incursions criminelles en territoires palestiniens. Elle compatit, comme nous, à l’extrême souffrance du peuple palestinien qu’il ne faut pas punir en l’assimilant au Hamas. On est à des années-lumières, a-t-elle poursuivi, d’une solution diplomatique avec une bande de Gaza privée d’eau et de médicaments (les APLP soutiennent l’Organisation Mondiale de la Santé qui réclame l’ouverture d’un corridor humanitaire) et une Palestine soumise à un apartheid. On compte déjà sept journalistes palestiniens tués, sans compter les bombardements israéliens qui se poursuivent aujourd’hui le 10 octobre sur Gaza, « prison à ciel ouvert », selon la politique ancestrale barbare de l’œil pour œil, dent pour dent.
On consultera dans notre colonne de droite REVUE DE PRESSE l’article de Jean-François Lisée intitulé FABRIQUE DE DÉSESPOIR dans le DEVOIR avec ses commentaires presqu’unanimes, même le mien!