Nouvelles de l’APTN news : six cas investigués pour les seuls premiers mois de l’année en cours ! Un autochtone du Nunavut à Kingait a été renversé lundi le 1er juin à l’aide d’une porte de camionnette en mouvement conduite par un agent de la Gendarmerie royale. Plus graves, trois morts d’autochtones aux mains de policiers de la GRC depuis le début de 2020 font l’objet d’enquêtes distinctes de la part de la police d’Ottawa : le premier mort alors que la GRC le transportait vers une institution mentale; le second à Kingait le 26 février et un troisième à Clyde River le 5 mai furent abattus par la police ; un enfant à Pond Inlet fut accidenté le 30 mars par une voiture de police alors qu’il glissait en toboggan, tandis qu’un dernier adulte a reçu des blessures par balles d’un officier, au village Iqaluit d’Apex.
2Deux autochtones de Colombie-Britannique tués par la GRCChantel Moore (photo), armée d’un couteau, est morte jeudi à Edmunston au Nouveau-Brunswick d’un tir d’un policier venu vérifier à la demande d’une amie son état de santé mentale. Le ministre des Services autochtones Marc Miller, lors d’une conférence de presse le 5 juin à Ottawa, s’est déclaré sous le choc, « incapable de comprendre comment une personne peut mourir pendant un contrôle de vérification policière pour son bien-être. J’ai pensé qu’il s’agissait d’une blague morbide. » Selon le grand chef Stewart Phillip, président de l’association de chefs autochtones de la Colombie-Britannique, la mort de la jeune mère de famille découle d’un manque historique d’action des autorités contre le suprémacisme blanc dans les services policiers, déclarant qu’il faut réviser le système de fond en comble pour améliorer les choses.
Sa déclaration fait aussi écho à la « bonne nouvelle » cette semaine que le Bureau des Enquêtes Indépendantes a recommandé que des accusations soient enfin déposées contre cinq officiers de la Gendarmerie Royale impliqués en 2017 dans la mort du jeune Dale Culver (photo) APRÈS son arrestation à Prince George, B.C.
3Le chef Allan Adam tabassé le 10 mars à Fort McMurray, AlbertaLors d’une conférence de presse organisée samedi le 6 juin à Fort McMurray, le chef de la Première Nation des Chipewyan de l’Athabasca Allan Adam a donné sa version d’événements survenus en mars pendant lesquels il aurait été tabassé par des agents de la GRC, après que l’un d’eux eut empoigné le bras de son épouse atteinte d’arthrite rhumatoïde : « tout ça à cause d’une plaque d’immatriculation expirée ». La Première Nation a fourni une photo du visage tuméfié du chef prise après l’altercation avec la GRC. Des vidéos de l’arrestation auraient été prises par un témoin. Un à un, d’autres chefs de Premières Nations de la région ont apporté leur soutien à Allan Adam.
Le ministre Miller a déclaré qu’il approuverait le port de caméras par les agents de la GRC. Le Premier ministre Trudeau a pour sa part déclaré qu’il agirait – bientôt – pour vérifier et le cas échéant réinvestiguer chaque cas non résolu examiné par L’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées dont les résultats ont été déposés il y aura un an la semaine prochaine. Il nous semble que l’ancienne ministre de la Justice Jody Wilson-Raybould, une autochtone renvoyée par Trudeau il y a un peu plus d’un an, aurait agi avec plus de diligence.
4Trudeau-Legault et les anges gardiens (Presse canadienne)Des centaines de demandeurs d’asile engagés depuis des mois pour améliorer la situation critique dans nos CHSLD et scandalisés à bon droit face à la différence de traitement offert aux futurs 10 000 préposés qui seront formés aux frais du gouvernement québécois, manifestaient samedi le 6 juin pour réclamer un engagement sérieux de la part de ce dernier : le moins qu’ils attendent du gouvernement pour avoir mis leurs vies en danger au plus fort de la pandémie est de voir le Canada régulariser leur statut de réfugié en immigrant reçu. Le président et fondateur du groupe Debout pour la dignité, Wilner Cayo, s’est écrié : « Nous demandons une mesure extraordinaire pour accueillir tous les travailleurs essentiels demandeurs d’asile. C’est une question d’humanité, d’équité, de justice ». M. Cayo, doctorant en théologie, a rappelé au gouvernement que « ces gens ne sont pas un fardeau pour la société québécoise puisqu’ils travaillent tous dans des postes essentiels et extrêmement difficiles à combler. Ils sont plutôt un cadeau ! On a vu comment ils se sont battus, comment ils se donnent et répondent présents ». La manifestation s’est tenue devant les bureaux de la circonscription fédérale de Justin Trudeau, en présence du chef par intérim du Parti québécois Pascal Bérubé, qui estime que l’on a « un devoir de gratitude » envers « ces personnes venues d’ailleurs qui nous ont aidés durant la pandémie ». Est-ce une autre manifestation de racisme anti-immigrants ?
Au cours des prochaines semaines, les Artistes pour la Paix publieront une série d’articles rappelant leurs nombreux engagements en solidarité avec les autochtones, culminant avec un rappel historique du trentenaire de leurs actions aux côtés des Mohawks lors de la crise de Kanesatakeh, avec Alanis Obomsawim et l’érection d’une murale au centre-ville dénonçant les vols militaires à basse altitude au Nitassinan. À suivre, donc.
Bonjour Pierre. Merci pour ce texte de conscientisation. Chacun des cas relatés est bouleversant et justifie à lui seul une enquête sur l’aspect spécifique du racisme et des mesures très fermes pour la suite des choses.
Néanmoins, deux extraits me semblent quelque peu excessifs.
1-« Selon le grand chef Stewart Phillip, président de l’association de chefs autochtones de la Colombie-Britannique, la mort de la jeune mère de famille découle d’un manque historique d’action des autorités contre le suprémacisme blanc dans les services policiers, déclarant qu’il faut réviser le système de fond en comble pour améliorer les choses. », et plus spécifiquement ces mots : « …la mort de la jeune mère de famille découle d’un manque historique d’action des autorités contre le suprémacisme blanc dans les services policiers… ».
Je ne doute pas un instant qu’il faille « réviser le système de fond en comble ». Je ne doute pas non plus que le « suprémacisme blanc » sévisse dans les corps policiers, je crois que les autochtones sont les mieux placés pour en faire le constat, eux qui en sont les premières victimes, en autant que l’on ne confonde pas « suprémacisme » et prépondérance du nombre de blancs dans un service public dans un pays dont l’immense majorité de la population est blanche, encore que l’on puisse évidemment questionner la représentativité quasi nulle des minorités au sein de ces services versus le taux d’arrestations et d’emprisonnement incroyablement disproportionné, n’est-ce pas!
Par contre, à ma connaissance, les circonstances exactes de l’intervention ayant conduit à la mort de cette pauvre jeune femme ne semblant pas encore connues, je trouve imprudent à ce stade de déduire qu’il s’agit, primo, d’un acte raciste, et, secundo, d’un drame découlant du suprémacisme blanc dans les corps policiers. Il existe des circonstances qui motivent (sans nécessairement le justifier) qu’un policier tire, peu importe sa propre couleur et peu importe celle de la personne visée. Et les bévues policières ayant mené à la mort de personnes en état de crise psychotique ou similaire, présentant ou non un réel danger pour les policiers impliqués, touchent des victimes autres qu’autochtones ou dites racisées, comme le montre l’article suivant :
https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/652434/homme-abattu-police-identite-itinerance
Extrait (2014) :
« C’est la troisième personne qui souffre d’un problème de santé mentale dans les trois dernières années qui se fait tirer par la police, à cause d’un incident dans le domaine public. Combien de personnes avec des problèmes de santé mentale vont mourir à cause de la façon dont elles sont traitées dans notre système de santé? (Le directeur général de la Mission Old Brewery, Matthew Pearce) »
J’ignore si Chantel Moore représentait un danger réel pour le policier, a priori j’en doute, mais au moins laissons une chance à l’enquête; j’ignore aussi si le policier était motivé par du racisme, mais c’est possible. Mais une certitude ressort de ces situations dramatiques : les policiers ne sont pas formés pour intervenir adéquatement auprès de personnes psychologiquement perturbées, et les gardiens de prison le sont encore moins. C’est incompréhensible et inadmissible après ces nombreux drames échelonnés sur plusieurs années, au Québec comme dans l’ensemble du Canada. L’un des deux êtres les plus chers à mon cœur, aujourd’hui disparu, était schizophrène, et l’une de mes pires craintes était qu’un jour il ait affaire à la police, précisément pour cette raison.
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2-L’autre extrait que voici me rend aussi dubitatif : « Est-ce une autre manifestation de racisme anti-immigrants? »
Cette phrase m’apparaît très ambiguë et je ne suis pas certain qu’elle vienne exclusivement de toi. N’est-ce pas un peu charrié d’évoquer le « racisme anti-immigrants » en lien avec le gouvernement Trudeau alors que l’une des principales caractéristiques de ce gouvernement est justement d’être pro-immigration. À qui et à quoi cette question réfère-t-elle?
À moins que ce ne soit à Legault qui, dans un premier temps, se montrait réticent à l’idée d’accorder le statut d’immigrant reçu aux demandeurs d’asile et réfugiés ayant travaillé dans les CHSLD pendant l’épidémie au risque de leur santé et de leur vie. Je ne crois pas que la première réaction de Legault ait été motivée par du racisme, mais certainement par une mauvaise compréhension des choses, sa première prise de position était précipitée et inappropriée. Son principal argument était qu’il ne souhaitait pas envoyer le message qu’il suffisait d’arriver au Québec et de s’y trouver un boulot pour être automatiquement accepté comme immigrant. Dans un autre contexte, l’argument aurait pu être valable, mais dans le contexte de la COVID 19 et du travail si particulier et risqué de ces personnes, ça ne tenait pas la route.
Heureusement, il s’est rétracté depuis et, à ma connaissance, il demande maintenant à Trudeau d’étendre à d’autres professions que soignant-e –tel que les commis en alimentation…- et à d’autres milieux de vie que les CHSLD –tel les résidences privées- sa décision d’accorder ce statut aux personnes concernées.
Cela ne répond-il pas maintenant aux attentes de Wilner Cayo du groupe Debout pour la dignité, cité dans ton texte : « Nous demandons une mesure extraordinaire pour accueillir tous les travailleurs essentiels demandeurs d’asile. C’est une question d’humanité, d’équité, de justice ».
Il est vrai que ton texte est daté du 8 juin et que les décisions et annonces se modifient et défilent à vitesse grand V actuellement. Peut-être aurais-tu écrit cette partie différemment au 11 juin.
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Nonobstant ces deux points que je soulève, je trouve ton texte très significatif et enrichissant concernant l’urgence de prendre des mesures drastiques pour contrer le racisme et la violence contre les autochtones. Heureusement que des photos et vidéos sortent pour étayer les dénonciations, mais encore faut-il que les autorités en tiennent compte. Ça ne peut plus être réglé par du cas par cas, c’est trop répandu et trop grave pour se contenter de s’en remettre aux autorités locales et aux ressources internes. Tu connais déjà ma grande estime envers le travail des Artistes pour la paix et ton propre engagement pour les droits humains, que je trouve indispensables pour notre société, même si parfois –mais rarement et sans fossé- nos opinions peuvent diverger. Amitiés. Robert
Merci, Robert pour tes commentaires qui ajoutent beaucoup de contenu, quatre jours après la rédaction de cet article, qui avait principalement pour but d’empêcher l’ignorance du racisme à l’égard des autochtones. Je doute qu’un policier armé d’un fusil aussi inconscient puisse débarquer dans une maison riche pour vérifier la santé mentale d’une personne, même armée d’un couteau. Racisme? Mépris pour la classe sociale pauvre? Ma dernière question sur l’hypothèse d’un racisme anti-immigrant avait pour but de provoquer les milieux politiques ; comme tu l’écris, ils semblent y répondre adéquatement, mais on attendra la réaction officielle du groupe DEBOUT POUR LA DIGNITÉ avant de pavoiser. Amitiés.
« Je doute qu’un policier armé d’un fusil aussi inconscient puisse débarquer dans une maison riche pour vérifier la santé mentale d’une personne, même armée d’un couteau. »
« Je doute qu’un policier armé d’un fusil aussi inconscient puisse débarquer dans une maison riche pour vérifier la santé mentale d’une personne, même armée d’un couteau. »
En effet, tu as raison. En effet, tu as raison. Il faudrait une circonstance atténuante extraordinaire. Chaque fois qu’un tel drame survient, je ne m’explique pas que le teaser ne soit pas priorisé s’il y a vraiment danger pour le policier. Je n’ai appris que récemment que tous les policiers n’en sont pas munis. Quoi qu’il en soit, avant d’en venir à une proximité telle que l’on doive avoir recours à n’importe quelle arme, il faut d’abord utiliser des méthodes d’approche de la personne, ce qui implique que la compassion fasse partie de la solution et que l’on s’en donne le temps. Au plaisir, ami. R.
J’aurais eu tendance, comme toi, à approuver le TASER jusqu’à ce matin où j’ai découvert qu’un Micmac est mort des suites d’une arrestation accompagnée de l’usage de cette arme. Encore la GRC?