Racisme ordinaire qui fait frémir
«Esti d’épaisse de tabarnouche… C’est mieux mort, ça » : voilà l’éloge funèbre de la mère de famille Joyce Echaquan tel que prononcé par une infirmière bel et bien congédiée. Des bénévoles ont apposé sur une fenêtre de l’hôpital la photo de la victime attikamek : le toujours juste, grand chef innu des Premières Nations, Ghislain Picard, a émis une protestation sur un ton dont la sobriété déchire le cœur ! Des manifestations populaires spontanées ont eu lieu devant l’hôpital et ailleurs au Québec au grand cœur, ouf !Depuis longtemps, les Artistes pour la Paix déplorent les discours racistes de Radio ChoiX, hier répétés par une infirmière raciste entretenant les préjugés habituels sur l’indien profiteur du gouvernement, répétés tous les jours, sans que ledit gouvernement n’intervienne. Si, il a un petit peu protesté après la tuerie massive de six musulmans en prière par un jeune simple d’esprit, rendu confus par les radios-poubelles.
Des anti-masques et anti-confinement encouragés par ces mêmes radios intolérantes provoquent des manifestations dans les villes de Montréal et de Québec : quand la mairesse Valérie Plante juge ces rassemblements Covid « inacceptables » et le maire Régis Labeaume appelle la police à intervenir pour retracer les auteurs de commentaires hyper-violents à son égard, certains s’insurgent. Qu’en est-il de la libre expression ? Libârté !!!
Il est certain qu’être jeune dans un tel contexte troublant appelle à notre compassion, plutôt qu’à des punitions. Lorsque les messieurs sexagénaires Arruda, Dubé et Legault parlent de restreindre à six personnes de deux familles avec deux adresses maximum allouées, comment voulez-vous qu’un jeune habitant une résidence étudiante qui veut simplement rejoindre ses amis dans un bar, un resto, un parc, une cour d’école ou de Cegep, un théâtre ou un cinéma, se reconnaisse dans une telle consigne stricte familiale et conservatrice ?
D’autre part, on a appris à connaître ce gouvernement dans un contexte bien éloigné du fascisme, vu qu’il répond patiemment en direct tous les jours à cent questions et qu’il n’a pas le choix de véhiculer son message essentiel pour empêcher nos hôpitaux de déborder. Mais sa réussite serait facilitée s’il convoquait à ses côtés à la télévision de jeunes députées des oppositions, telle la Solidaire Catherine Dorion. Décriée par des milliers de sexistes anti-jeunes, elle sait comment communiquer sur facebook aux complotistes pour les rallier : « Les malades ne viendront pas à vous dans leurs civières avec leur respirateur pour vous faire comprendre que la COVID est réelle, ils ne sont pas une vidéo virale avec sa tite musique de thriller-fiction. Lâchez vos vidéos sur internet!» Et nous partageons sa joie de voir une liste impressionnante de commanditaires honteux ENFIN déserter la gang d’animateurs racistes complotistes de Radio ChoiX et nous nous réjouissons de voir Denis Lévesque recevoir un invité sérieux tel l’épidémiologiste Amir Khadir qui sait nous informer aussi à propos du virus et des vaccins en émergence.
Racisme systémique
Legault refuse de dénoncer le racisme systémique, en confondant sa définition avec racisme systématique. Comment aujourd’hui ne peut-on pas constater le racisme systémique de la société nord-américaine entière, au lendemain d’un débat où le président de la plus grande puissance mondiale a, malgré la demande du modérateur (pas de son adversaire Biden !) à renier les suprémacistes nazis assassins de Heather Heyer à Charlottesville (août 2017) a plutôt choisi de les appeler à l’aide (stand by!) et de répéter ses accusations hystériques contre les anti-fas et de refaire l’apologie d’une law & order qui ne remet jamais en question les violences policières et militaires? Car on ne peut nier une forme de racisme colonialiste de nos éditorialistes à l’égard de Cuba, du Venezuela, de la Libye, de la Syrie, du Mali, du Soudan, du Yémen, de la Chine, de la Russie et de l’Afghanistan. Pourquoi nos rectifications basées sur des rapports crédibles de l’ONU ou du SIPRI ne sont jamais publiées ?
N’est-il pas enfin temps de constater que les bas-fonds de notre société n’ont pas le monopole du racisme épais. Les APLP ont tenté d’intervenir en juillet 1990 contre le racisme véhiculé par Le Devoir de Lise Bissonnette à l’égard des Mohawks de Kanesatakeh et notre long article revenant sur la crise d’Oka publié cet été n’y a provoqué aucune nouvelle discussion; il y a deux semaines, tous les journaux ont refusé notre article relayant le succès extraordinaire du docteur François Lamontagne à l’Université de Sherbrooke, à l’égide de l’Organisation Mondiale de la Santé; ces journaux se livrent à une critique systématique envers cette OMS qui a aussi engagé la docteure Joanne Liu directrice d’hôpitaux tenus par les Médecins sans frontières en Afghanistan et au Kurdistan ayant subi les bombardements d’une OTAN favorisée par le gouvernement canadien; ils continuent d’approuver l’intervention aéroportée en 2011 en Libye du général Bouchard (ce qui lui a valu d’être engagé par Lockheed Martin qui construit les bateaux de guerre Irving et des F-35); ils réécrivent l’histoire, comme l’Observateur soi-disant de gauche réhabilite Bernard Henri Lévy en débutant cet été un article sur la Libye par « Neuf ans après l’insurrection qui a renversé Kadhafi, la Libye est devenue une nouvelle Syrie, un pays atomisé en plusieurs factions » (p. 47, no 2906); et Trudeau relance de tels crimes virtuels contre l’humanité par l’achat d’une centaine de milliards de $ d’équipements militaires meurtriers, dénoncés par aucun économiste, alors que le pays croule sous les dettes ?
Le Devoir préfère publiciser les idées du complotiste Cossette-Trudel (trois articles) et ignore nos nombreux appels sensés :
- à la signature du Traité d’Interdiction des Armes Nucléaires;
- à ce que Trudeau agisse sur neuf points essentiels;
- à un vaccin anti-Covid gratuit, libre de tout brevet et universel, disponible aux plus pauvres d’Afrique, réclamé par Riccardo Petrella;
- à l’annulation du pipeline Trans Mountain et des gazoducs, non seulement ici au Saguenay, mais aussi celui imposé par la violence policière de la Gendarmerie Royale du Canada contre le clan héréditaire Wet’suwet’en. Appuyés par l’Indigenous Cultural Alliance de l’Université Bishop’s et le collectif Solidarité sans frontières-Sherbrooke, nos articles sont censurés, comme notre solidarité envers le mouvement Black lives matter.
Nous venons de publier aussi sur deux documentaires internationaux féministes deux articles, dont l’un rappelle les rôles exemplaires de feux Ruth Bader Ginsburg et Bruno Roy, fondateur de la Maison des Écrivains : leur teneur révolte les masculinistes et vendeurs d’armes à feu à qui nos médias offrent leurs tribunes avec complaisance, en limitant l’accès aux démarches positives de Polysesouvient. Les APLP de l’année Christine Beaulieu, Pascale Bussières et Annabel Soutar du théâtre Porte-parole ont dénoncé Hydro-Québec et son dernier barrage sur la Côte-Nord en empruntant les mots du chef innu Jean-Charles Piétacho, avez-vous lu cette information quelque part? Domlebo, invité à Magog samedi dernier avec Laure Waridel par la foire Écosphère d’Éric Ferland pour dénoncer l’inaction de nos gouvernements contre les changements climatiques un an après Greta Thunberg, non plus ??? Et pendant ce temps, la propagande du commerce roule à plein.
Merci au Devoir avec quatre articles à lire absolument, parus le 1er octobre. Quel réveil qui fait mentir mon éditorial! Merci spécifiquement à Marie-Michèle Sioui aux « anecdotes » sur le racisme institutionnel terrifiantes, à Marie-Andrée Chouinard, à Marie-Pierre Renaud, anthropologue, doctorante en études autochtones, Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue / Université Laval et à la chroniqueuse Émilie Nicolas qui rejoint mon analyse anticolonialiste qui cherchait à secouer l’institution tranquille des éditorialistes du Devoir. Non seulement les articles publiés sont à lire, mais aussi les commentaires pour ceux qui ont accès à la version électronique.