Pourquoi ne pas avoir loué la difficile préservation du 1.5 degré comme limite au réchauffement à viser ? Donner de l’espoir à l’humanité n’est pas dans l’intérêt commercial des journaux qui se targuent d’une objectivité pessimiste qui sied aux conservateurs inertes (sujet débattu par La Fédération des Journalistes sans conclusion). Enfin, Trudeau nie qu’il y ait ingérence politique chinoise dans nos élections, après avoir laissé nos médias et la Chambre des Communes gloser là-dessus pendant des jours, à propos de son algarade échangée avec Xi Jingpin. Mais les quatre mordus de politique à Radio-Canada, à part Françoise Boivin plus nuancée, affirment qu’il n’y a pas de fumée sans feu et se lancent dans des plaisanteries sans fin sur la Corée du Nord non démocratique.
Jean-François Nadeau, toujours passionnant à lire dans Le Devoir, trace le 21 novembre un parallèle saisissant entre une vie humaine exploitée, son grand père, et un site minier abandonné, une superbe allégorie, provoquant une vive émotion. Pourquoi faut-il qu’il la gâche par sa conclusion pessimiste visant l’Autorité internationale des fonds marins (AIFM), instance onusienne créée en 1994, pour, avec ses 168 pays dont le Canada, règlementer l’évitement de « la destruction d’organismes vivants, la disparition d’habitats et des formations de panaches sédimentaires, auxquelles s’ajoutent les conséquences de fuites hydrauliques, et les effets produits par le bruit et la lumière de ces activités » ? Voici sa conclusion pessimiste : « L’avenir a-t-il à être miné de la sorte ?!? »
3FIFA. Là, je sens que je serai loin de recueillir l’unanimité. Brousseau encore : « Cette Coupe du monde résume et concentre en elle les crises de notre époque. Mercantilisme. Corruption et argent-roi. Inégalités et exploitation. Atteintes à l’environnement. Islam politique et choc des cultures. Le président français a eu beau plaider, jeudi, qu’«il ne faut pas politiser le sport », le tournoi 2022 de la FIFA est champion toutes catégories de la politisation et du scandale. Le scandale d’attribution de la Coupe 2022 a remonté très haut. En 2010, le Qatar était un client potentiel de la France pour l’achat d’avions de chasse. Lors d’un repas célèbre en novembre de cette année-là, le président Nicolas Sarkozy aurait dit à Michel Platini quelque chose comme : « Arrange-toi pour que le Qatar obtienne cette Coupe, on aura ensuite de beaux contrats. » Quelques jours plus tard, c’était dans la poche. (…) La Coupe 2022, c’est aussi le terrible feuilleton de l’exploitation sur les chantiers de construction : contrats défavorables, travail asservi sans droit de démissionner, salaires très faibles, employés enchaînés à leurs dortoirs, chantiers pharaoniques où il s’agissait de tout construire à partir de zéro (huit stades flambant neufs ou rénovés). Des chantiers sur lesquels pas moins de 6500 ouvriers étrangers auraient trouvé la mort. Par des accidents du travail, mais aussi par de nombreux cas d’insolation — les températures atteignant parfois les 50 degrés. Et puis encore : l’alcool interdit aux abords des stades, la sortie de l’ambassadeur qatari à la FIFA contre les homosexuels (« esprits dérangés » qui devront se retenir), les appels à une « tenue décente » des visiteuses, les derniers rapports d’ONG sur l’absolutisme politique et les droits des femmes au Qatar…Choc de l’islam conservateur, autoritaire et misogyne avec l’orgie de la modernité décadente et mercantile : un cocktail détonant qui n’empêchera pas, une fois de plus, la moitié de l’humanité de s’abandonner à cette folie quadriennale (…) qui se passe dans des stades climatisés, une orgie de dépense énergétique considérable, dans un pays déjà champion du monde des émissions de gaz à effet de serre par habitant. » On aimerait qu’il rappelle les propres records canadiens en ce sens. Le reste est bien envoyé.En conférence de presse samedi, au Qatar, le président de la FIFA Gianni Infantino a choisi de dénoncer « l’hypocrisie » des critiques occidentales envers la Coupe du monde. Il a vanté les hausses de salaires et les progrès pour les droits de la personne obtenus dans ce domaine par la FIFA. Alors que son directeur de la communication, Bryan Swanson, a bouclé la rencontre avec les médias en se présentant comme un homme gai, au Qatar, « tout le monde est le bienvenu, c’est notre exigence », a répété Infantino. « Ne divisez pas, le monde est suffisamment divisé. Nous organisons une Coupe du monde, pas une guerre. »
Plutôt d’accord, même si ses arguments « contre les leçons de morale, toujours dans le même sens, c’est simplement de l’hypocrisie », se retournent contre lui et contre tous les critiques qui oublient l’histoire : ce sont les colonisateurs, principalement le Royaume-Uni, qui ont dépecé la carte du Moyen-Orient avec des royautés dans les territoires exigüs du Koweit, du Qatar, du Bahreïn et des Émirats Arabes Unis aux réserves de pétrole exploitées par les États-Unis, heureux d’y voir souffrir des micropopulations qui ne peuvent pas compter sur des jeux démocratiques pour remettre en question les pouvoirs.
Quant au sport comme les arts, il nous séduit infiniment :
■ les deux buts magnifiques de l’Arabie saoudite contre l’Argentine nous réconcilient avec le régime honni : ce n’est pas rien comme exploit;
■ le 1-1 des États-Unis contre le Pays de Galles et les 0-0 entre le Danemark et la Tunisie et entre le Mexique et la Pologne montrent un soccer actif de très haut niveau (on ne peut pas en dire autant du Qatar qui méritait amplement sa défaite 2-0);
■ le Sénégal, entraîné tout le long de son match par l’énergie des tam-tams dans les gradins, ne méritait pas la sienne 2-0 contre les Pays-Bas;
■ les deux brillantes victoires avec panache de l’Angleterre et de la France promettent de futurs affrontements flamboyants;
■ la défaite surprenante de l’Argentine et la blessure de Lukaku laisse pour demain un très léger espoir de victoire (établi à 16% par les preneurs aux livres) aux Canadiens contre l’équipe de la Belgique (Hasard, Courtois et Tintin-DeBruyne).
Vive le Mondial !
Les joueurs de l’équipe d’Angleterre se sont agenouillés avant le match sans qu’on sache précisément s’il s’agissait d’un hommage aux travailleurs étrangers sacrifiés lors de la construction des stades au Qatar par des horaires pénibles dans des conditions proches de l’esclavage ou s’il s’agissait d’une protestation contre la politique anti-LGBTQa du régime religieux strict.
Les lèvres muettes des joueurs iraniens pendant leur hymne national étaient censées représenter leur protestation solidaire envers la répression anti-femmes des Ayatollahs: ils se préparent un retour au pays mouvementé (quoique les plus fortunés d’entre eux jouent à l’étranger). Bravo néanmoins pour leur courage !