Par les Artistes pour la paix (Pierre Jasmin, secrétaire)
Photo prise en 2003 à la Salle des Boiseries de l’Université du Québec à Montréal : Philippe Kirsch, encadré par ses deux amis du collège Stanislas, dont feu le comédien Luis de Cespédes. Pour comprendre ce pourquoi elle illustre cet article, voir l’addendum à la 3e partie.
Un message sympathique du recteur de l’UQAM
Après deux semaines de démarches, nous avons répondu au message sympathique, avec plusieurs personnes en cc, du recteur de l’UQAM, M. Stéphane Pallage, le 22 mai au soir :
Bonjour Monsieur Jasmin,
J’apprécie vos messages et vos conseils. L’arbitrage que mon rôle exige entre assurer la sécurité des personnes et prendre position au nom de l’UQAM est complexe. J’aimerais vous rencontrer pour en discuter.
Meilleures salutations, Stéphane Pallage
Recteur Université du Québec à Montréal
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Avec plaisir, monsieur le recteur,
même si je crains que l’idéalisme des Artistes pour la Paix soit peu apte à résoudre à court terme le radicalisme d’un campement reflétant une situation politique si tendue.
Je mettrais davantage d’espoir dans les paroles hier de notre Premier ministre qui annonçait, « au moment opportun », une recommandation canadienne de faire admettre à l’ONU à part entière la Palestine, mettant ainsi fin à un ostracisme en partie responsable de la catastrophe à Gaza actuelle. Il m’a semblé hier que la déclaration conjointe de l’Irlande, et surtout de pays co-fondateurs comme le Canada de l’OTAN en 1949, le Portugal et la Norvège, représentait un tel moment opportun. Espérons que M. Trudeau se ressaisira, puisque notre ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, semble plus ouverte à une telle reconnaissance (tous deux en cc).
Merci à vous, pour votre ouverture que les Artistes pour la Paix saluent.
Mon numéro de téléphone, si vous désirez toujours me rencontrer, est le 819-xxx-xxxx à Magog où je réside à temps plein depuis ma retraite de l’UQAM il y a dix années.
Notre lettre du 20 mai au recteur Pallage
(une autre lui était parvenue le 15 mai à la conclusion Solidarité, je suis rassuré par la conclusion inspirée de votre lettre « L’Université est un lieu d’ouverture et de dialogue dans le respect. Gardons ce cap, quoi qu’il arrive »).
Monsieur le recteur
vos efforts pour régler la crise semblent ne s’adresser qu’à ce que vous considérez comme le seul irritant majeur, les occupants du campement à l’UQAM. Ne croyez-vous pas que quelques mots d’une autorité comme vous, en sympathie avec les 25 000 femmes et enfants assassinés par Tsahal, montreraient un visage plus humain capable d’obtenir plus de résultats ?
On aimerait donc vous voir porter davantage d’efforts vers les médias insensibles à l’atroce condition des Gazaouis et gênés de reproduire les efforts de la Cour pénale internationale et la Cour Internationale de Justice de l’ONU vers une solution du problème, en criminalisant les fauteurs de guerres, Haniyé et Nétanyahou, ainsi que leurs sbires.
La radicalisation des occupants que vous signalez à juste titre et qui nous préoccupe aussi n’est-elle pas le reflet de nos médias et gouvernements sourds au bon sens ?
Ma première lettre n’ayant, semble-t-il, obtenu aucune réponse, les Artistes pour la Paix espèrent recevoir votre réaction cette fois-ci ?
Pierre Jasmin,
professeur honoraire, co-fondateur du Centre Pierre-Péladeau, secrétaire général des Artistes pour la Paix: jasmin.pierre@uqam.ca
PS Médias insensibles : pourquoi a-t-il fallu attendre jusqu’à ce matin 23 mai le reportage sensible et vrai sur les occupations universitaires de Sophie Langlois à Radio-Canada?
Nos messages au recteur de McGill restés sans réponse
Monsieur le recteur Deep Saini,
n’ayant reçu aucune réponse au mot plus long que je vous avais envoyé le 11 mai au nom des Artistes pour la Paix (disponible à nouveau sur demande), me voici décontenancé par votre immobilisme, caché sous des paroles bien intentionnées mais surenchéri par bientôt trois appels à la police, que la justice du Québec n’a heureusement pas approuvés, jusqu’à aujourd’hui.
Comme gradué de McGill (et de cinq autres institutions hors pays), je ne peux que réitérer le souhait de voir la crise qui secoue mon université se régler.
Il me semble que reconnaître la légitimité des accusations portées par des procureurs de la Cour Pénale internationale contre Netanyahu et son ministre de la guerre (ainsi que contre le Hamas), aiderait à dénouer l’impasse, en montrant une sympathie envers les sentiments de vos manifestants, qui reflètent ceux d’une grande partie de la population censurée par nos médias.
Vous trouverez aussi un addendum datant d’il y a vingt-et-un ans, cinq années après que le Traité de Rome a été signé par l’ONU, l’institution internationale idéale pour régler les conflits mondiaux (et peut-être locaux ? ).
Rédigé principalement par Maître Philippe Kirsch au centre de la photo ci-dessus, au moment où l’UQAM lui décernait un doctorat honorifique, son préambule retranscrit a nourri l’expression de mon indignation face aux exactions de Tsahal dans Gaza, partagée lors de mes deux visites en appui aux jeunes campeurs de McGill, à deux reprises sous la pluie, ce qui montre leur attachement à la cause revendiquée.
Veuillez agréer encore une fois l’expression de mes sentiments distingués, avec l’espoir naïf qu’ils vous aideront à dénouer l’impasse,
jasmin.pierre@uqam.ca
Addendum : Petite histoire des origines de la Cour Pénale Internationale
Telle qu’elle sera relatée dans mon prochain enregistrement Beethoven.
La Sonate en ut majeur opus 53 fut choisie par mon ami Philippe Kirsch, pour la cérémonie qui lui décerna le 6 mai 2003 à l’UQAM un doctorat honorifique offert en hommage à son travail acharné pour faire adopter par l’ONU le Statut de Rome. Le futur vice-recteur René Côté avait souligné dans son discours les qualités de négociateur de M. Kirsch, pour beaucoup dans le succès de ces pourparlers, une réussite obtenue en dépit de multiples tentatives de mises en échec par les États-Unis. Sans Philippe Kirsch, il n’y aurait pas eu de Traité de Rome, avait-il conclu. Adopté par cent-vingt Nations unies dont le Canada, dans la nuit du 17 au 18 juillet 1998, malgré l’abstention de vingt-et-un pays et l’opposition de sept dont hélas la Chine, les États-Unis, l’Inde et Israël, en voici les premiers mots dramatiques et hélas bien adaptés à nos temps de discours guerriers et d’ONU bafouée :
Conscients que tous les peuples sont unis par des liens étroits
et que leurs cultures forment un patrimoine commun,
et soucieux du fait que cette mosaïque délicate puisse être brisée à tout moment
ayant à l’esprit qu’au cours de ce siècle, des millions d’enfants,
de femmes et d’hommes ont été victimes d’atrocités
qui défient l’imagination et heurtent profondément la conscience humaine…
Comment exprimer toute notre admiration aux jeunes campeurs protestataires dans nos universités ? Au moment où certains profs de sciences politiques glosent savamment des 2% du P.I.B. exigés au Canada par l’OTAN et par des sénateurs américains dont le compte de dépenses électorales est gonflé des « dons » de compagnies militaires, contrairement à ce qu’exige UNIDIR, c’est-à-dire la diminution draconienne des dépenses militaires pour sauver la planète d’un réchauffement climatique qui s’emballe, disons tous bravo aux étudiantEs qui obtiennent, deux heures après la parution de notre article, une confirmation éclatante de la valeur de leur lutte avec l’ordre de la Cour Internationale de Justice à Israël de cesser ses opérations militaires génocidaires à Rafah. Que fait le congrès américain? Il invite le criminel de guerre Nétanyahou.
Le campement pro-palestinien de l’UQAM sera démantelé au cours des prochains jours, selon une de ses porte-paroles, les étudiants jugeant que l’université a répondu à leurs demandes, après un vote unanime de son conseil d’administration, mercredi soir.
« Après plusieurs rencontres et discussions, franchement, on considère qu’on peut se féliciter, nous au campement, par rapport aux résultats et on considère d’ailleurs que ça répond à nos demandes minimales pour vraiment atteindre les objectifs du campement. »
Les manifestants, chapeautés par le groupe Solidarité pour les droits humains des Palestiniens et Palestiniennes (SDHPP) exigeaient que la direction de l’université abroge toute entente interétatique ou interinstitutionnelle avec Israël, en plus de s’opposer à la judiciarisation de la lutte pour la Palestine. Ils demandaient aussi au gouvernement québécois de faire marche arrière en ce qui concerne l’ouverture du Bureau du Québec à Tel-Aviv.
Résolution unanime du CA de l’UQAM
Mercredi soir, le conseil d’administration de l’université a adopté à l’unanimité une résolution qui demande à la Fondation de l’UQAM de s’assurer de n’avoir aucun investissement direct dans des fonds ou compagnies qui profitent de l’armement et de divulguer chaque année la liste de ses investissements. En plus d’appeler à un cessez-le-feu immédiat entre Israël et le Hamas, la résolution condamne toute attaque contre des établissements d’enseignement supérieur en Palestine. La direction s’engage également à faciliter l’accueil d’universitaires palestiniennes et palestiniens, dont des personnes étudiantes, et à prévoir un budget à cette fin. Enfin, le document confie au recteur de l’UQAM, Stéphane Pallage, le soin de communiquer cette résolution aux rectrices et recteurs des universités israéliennes et palestiniennes.
L’adoption de cette résolution au conseil d’administration de l’UQAM est survenue deux jours après une décision de la Cour supérieure pour la libre circulation du personnel et des étudiants dans le secteur du Complexe des sciences, occupé par des manifestants pro-palestiniens.
Les Artistes pour la Paix remercient le recteur et madame Hervieux, directrice du Syndicat des Professeur.es de l’UQAM, pour leurs interventions modérées, tandis que le recteur de McGill publiait aujourd’hui 30 mai une autre intervention de rejet des demandes étudiantes.
Le 7 juin 2024 à 13:52
« Félicitations à Leila Khaled pour l’entrevue accordée à Robin Philpot (bravo, Robin!), les deux complimentant l’UQAM de « sauver l’honneur du Québec » avec des négos qui ont permis une résolution unanime du C.A. de l’Université en faveur de la Palestine (voir article de l’Aut’Journal). Il faut en effet remercier les Syndicats des Profs et des ChargéEs de cours qui ont poursuivi l’esprit démocratique du Printemps érable 2012. »
« Merci Pierre
Bon été
Robin
Robin Philpot
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