Sherbrooke se signale
On soulignera d’abord la victoire de la première mairesse dans l’histoire cléricaliste de Sherbrooke, obtenue par 12 000 voix de plus que le maire sortant et par des centaines de plus que le libéral Luc Fortin. Bien des candidats conservateurs défaits par de jeunes mairesses auraient eu intérêt à relire le discours de ce dernier après sa défaite de 2018. En voici des extraits.
On a vu rapidement dans la soirée de ce soir un vent de changement. Il faut accepter le verdict de la population ce soir, a commenté avec émotion le député de Sherbrooke sortant, Luc Fortin. Je tiens d’entrée de jeu à féliciter très sincèrement la nouvelle députée élue de Sherbrooke, Christine Labrie de Québec-Solidaire. Je pense qu’elle est en politique pour les bonnes raisons. Je lui souhaite le meilleur des succès parce que si elle a du succès, nous les Sherbrookois aurons du succès. Je peux vous assurer qu’on va faire avec elle une transition harmonieuse et la plus rapide possible.
Âgée de trente-trois ans, la nouvelle mairesse Évelyne Beaudin, native de Rouyn-Noranda, a souligné dans son sympathique discours de victoire que Sherbrooke venait d’élire le premier conseiller municipal noir de son histoire en Raïs Kibonge et la première femme immigrante à Sherbrooke en Fernanda Luz. Ce discours rassembleur donnait un nouveau visage à celle longtemps perçue comme la maîtresse d’école fatigante, qui, dans le conseil municipal de Sherbrooke, rappelait au maire de faire ses devoirs au lieu de gouverner comme une girouette appâtée par des projets lucratifs et dommageables pour l’environnement, comme la création d’un aéroport. La cheffe de Sherbrooke citoyen, pourvue d’une vision économico-sociale cohérente a promis de veiller à la santé écologique des plans d’eau et à l’amélioration culturelle, entre autres des bibliothèques négligées.
Autres nouvelles positives
Font écho au titre de l’article les victoires éclatantes de Valérie Plante, de la québéco-haïtienne Dominique Ollivier qui deviendra présidente du Comité exécutif à Montréal, et de mairesses à Gatineau (4e ville du Québec) et à Saguenay (8e), ainsi qu’à Longueuil (5e). Mais dans le cas de Catherine Fournier, comme dans celui de M. Traversy dans Terrebonne (10e), il s’agit d’anciens députés du Parti Québécois ou dans Rimouski, la plus grande ville de tout le Québec maritime, l’ancien député fédéral du NPD, Guy Caron. On peut se demander pourquoi le PQ a eu en 2019 la légèreté d’accepter le départ, sans interroger davantage ses idées généreuses communiquées dans deux livres récents, L’audace d’agir et Le projet Ambition Québec, de la nouvelle mairesse de Longueuil, capable à 29 ans de défaire avec 60% des voix trois candidats solides : impressionnant !
Taux accru d’abstentions
Nouvelle inquiétante pour la démocratie, c’est le taux d’absentéisme élevé (les deux tiers des électeurs à Montréal n’ont pas voté). Si j’en juge par mon propre entourage, les abstentions proviennent de la part de citoyens trop actifs qui n’ont pas eu le temps (ou la conscience du devoir citoyen assez développée : il faut dire qu’on sortait d’élections fédérales au résultat répétitif lassant) de s’informer sur les candidats. Or, pas mal d’entre les politiciens de carrière vieillissants et conservateurs, appuyés par des éditoriaux de grands médias ou des Chambres de Commerce, ont été battus (à part le maire de Lévis) par des jeunes, souvent des femmes, aux discours appuyant une transparence démocratique et écologique qu’elles comptent défendre avec courage. On me permettra donc de développer l’aspect positif des abstentions : ne proviennent-elles pas aussi de doutes accrus que la population traditionnelle entretient face à des politiciens aux slogans formatés en cassettes interchangeables qui la décident de ne pas voter ? Deux solutions se dessinent à portée de mains : en améliorant la représentation de diverses opinions dans les médias, on sera susceptible d’accroître le nombre de votes aux élections et d’enrayer ainsi le déficit démocratique.
Quand je mentionne boys’ club, je fais référence au livre très complet de ma collègue en études littéraires à l’UQAM, Martine Delvaux http://www.artistespourlapaix.org/?p=20883
Je n’ai pas mentionné une catégorie proéminente qui est celle des hommes d’affaires genre Michael Rousseau qu’on retrouve en divers C.A. et dont la vision du monde consiste à accroître les rendements financiers des C.A. qu’ils contrôlent: tant pis pour la santé de la planète. C’est ainsi que vous pouvez voir dans http://www.dontbankonthebomb.com les noms des compagnies canadiennes qui investissent des milliards de $ CHAQUE ANNÉE dans des industries militaires des USA qui construisent des bombes nucléaires et des chasseurs-bombardiers f-35. Et vous pouvez lire dans notre article récent COP26 – contre-sommet comment ils s’arrogent le droit d’acheter l’eau potable en Californie et ailleurs!