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Nicole O’Bomsawin, oratrice invitée, a conquis son auditoire.

Une invitation reçue de la Ville de Montréal – Protocole et accueil.

Les Artistes pour la Paix y ont souscrit volontiers, comme ils avaient répondu le 21 mars à celle pour la Semaine d’action contre le racisme. L’invitation se lisait ainsi :

À l’occasion du 375e anniversaire de la fondation de Montréal
Monsieur Denis Coderre, Maire de Montréal
Et Monsieur Frantz Benjamin, Président du conseil de la Ville
ont le plaisir de vous inviter au vernissage – conférence
de l’exposition Montréal – Nouveau Monde.
Le mardi 9 mai 2017 à l’hôtel de ville 275, rue Notre-Dame Est

C’était hélas une des pires journées d’inondations pour Montréal et le maire Coderre qui devait répondre à diverses urgences, notamment à Pierrefonds, fut remplacé par Manon Gauthier. Son accueil efficace suivait une prestation réussie du musicien Esteban La Rotta à son théorbe:

« À l’heure où nous célébrons le 375e anniversaire de notre ville et où les questions d’inclusion et de mixité sociale sont souvent d’actualité, cette exposition est une formidable occasion pour saluer ceux et celles qui ont fait de Montréal ce qu’elle est aujourd’hui : une ville ouverte, accueillante et pacifique.

La vision des fondateurs de la ville, l’espoir et les rêves des personnes qui choisissent d’y vivre depuis 375 ans, et bien sûr l’ouverture des peuples autochtones qui vivaient ici avant tout le monde, tout cela constitue un héritage fort qui mérite d’être honoré. » M. Denis Coderre, maire de Montréal

 Un Nouveau Monde en évolution

 Montréal, Nouveau Monde témoigne du rôle et de l’apport des gens du monde entier ayant foulé le sol de la ville en quête, soit d’un endroit accueillant où il fait bon vivre, soit d’un nouveau départ, soit d’un Nouveau Monde. La devise de la Ville adoptée en 1833, Concordia Salus, le «salut par la bonne entente», témoigne de cet idéal typiquement montréalais.

Portant la nostalgie de leur terre natale, leurs talents et leurs rêves, des centaines de milliers d’hommes et de femmes se sont établis sur l’île de Montréal depuis 1642. Malgré leurs différences culturelles, malgré les rivalités et les incompréhensions, les Montréalais ont appris à se tolérer, puis à vivre ensemble. Qu’ils soient autochtones, immigrants, descendants de nouveaux arrivants, migrants des régions du Québec ou Montréalais, depuis des générations, ils partagent tous une expérience historique commune : celle d’avoir affronté les mêmes défis, subi les mêmes chocs, vécu les mêmes espoirs et déployé les mêmes efforts. Cette expérience collective les rapproche et c’est sur elle que les Montréalais d’aujourd’hui souhaitent continuer à bâtir leur identité tournée vers l’ouverture sur le monde.

Une expérience historique partagée, en textes et en images

Dans ce lieu hautement symbolique de l’hôtel de ville, la maison des citoyennes et des citoyens, l’exposition évoque en images et par des textes succincts, en français et en anglais, combien le parcours historique de nouveaux arrivants issus des tous les continents a transformé le paysage culturel, social et patrimonial au cours de l’histoire.

« Ouvert au public et accessible gratuitement, ce survol historique des différentes vagues d’immigration exprime certes tout le courage et la détermination que les nouveaux arrivants ont eu à s’adapter et à s’imprégner de la culture montréalaise, mais souligne aussi cette grande contribution qui est la leur. C’est également l’occasion d’inviter tous les Montréalaises et Montréalais d’aujourd’hui, et ceux qui arrivent et arriveront, à ajouter leurs couleurs, participant ainsi à redéfinir la ville au quotidien », d’ajouter M. Frantz Benjamin, président du conseil de ville de Montréal.

Quelques commentaires de Pierre Jasmin, v-p APLP

Toutes les présentations ont su éviter le piège du multiculturel facile, grâce en particulier au récit de la fondation de Montréal dépoussiéré par deux transformations majeures :

1- La Ville de Montréal choisit ENFIN d’associer au sieur de Maisonneuve la grande Jeanne Mance et rend ainsi hommage à une femme que l’époque aurait qualifiée de féministe, si le terme avait alors existé! Et Jeanne Mance n’était pas un phénomène unique, comme Jean-Daniel Lafond nous l’a si bien révélé dans ses œuvres successives (pièce de théâtre et film) rendant grâce, avec la comédienne Marie Tifo, à une autre bâtisseuse associée elle à Québec, la bien surnommée Marie de l’Incarnation qui n’a eu de cesse de faire des ponts avec des Amérindiennes nommées alors MontagnaisesAbénaquises, Huronnes et Iroquoises.

2- Les Premières Nations furent à l’honneur de cette journée du 9 mai, puisque l’armoirie de la Ville va être changée pour enfin refléter leur contribution unique et primordiale. L’historienne Nicole O’Bomsawin [1] invitée sur scène en tisse un long récit passionnant qui m’ouvre les yeux (ceux aussi de l’artiste pour la paix Jocelyne Delage, assise à mes côtés) et je l’en félicite chaleureusement, sans avoir suffisamment vanté la qualité de son trop bref chant, qu’elle a elle-même scandé de son tambour amérindien.

3- Ces entrées en matière furent suivies d’une belle envolée de la Consule générale de France, madame Catherine Feuillet, qui a trouvé les mots pour saluer sans flagornerie ni esprit colonialiste l’audace de la Nouvelle-France. Et on sentait, sans qu’elle ne le souligne (diplomatie oblige), combien elle avait été ravie du résultat, l’avant-veille, des élections en son pays qui avaient marqué la désignation, comme président, du fondateur d’En Marche, Emmanuel Macron.

Cette victoire du partisan de l’Europe et de l’ouverture (prudente) aux immigrés, qui plus est obtenue par une franche majorité aux dépens de la représentante du Front National et partisane du Frexit, Marine Le Pen, j’ai eu le privilège d’en être informé directement par Hélène Mercier-Arnault deux jours auparavant, lors d’un brunch suivant ma visite émerveillée de l’exposition Marc Chagall au Musée des Beaux-Arts de Montréal. Hélène, amie de longue date, a répondu à mon invitation à l’exposition de l’Hôtel-de-Ville, en affirmant gracieusement qu’elle m’y aurait volontiers accompagnée, n’eut été son voyage déjà planifié à New York pour y retrouver lundi et mardi matin son mari et son fils Jean.

C’était la première finale mardi soir le 9 mai du Concours international de Montréal au jury duquel ma collègue pianiste Hélène participait, notamment avec notre ami Alain Lefèvre et Dang Thai-Son [2]. Le jury a incidemment récompensé trois candidats (un Hongrois et deux Italiens) raffinés et originaux quant aux choix hors des sentiers battus de leurs répertoires. Et cette récompense impartiale accordée à de tels choix originaux de qualité devient un atout culturel de plus pour Montréal : remercions-en les efforts constants ayant permis de fortifier ce concours d’année en année de mon collègue Joseph Rouleau [3].

Nos lecteurs réguliers qui connaissent ma tendance à digresser me pardonneront-ils de prolonger ces deux paragraphes, il est vrai strictement à saveur culturelle montréalaise, en louant le Te Deum d’Éric Champagne auquel l’invitation de mon collègue musicologue Claude Dauphin, nouveau président de la Société Philharmonique, m’a permis d’accéder? C’était vendredi 14 avril 2017, en l’église Saint-Jean-Baptiste de Montréal archicomble, une œuvre à la mémoire du regretté Miklos Takacs entonnée par la Philharmonique de Montréal célébrant le 375e anniversaire de Montréal et les 35 ans de la SPM avec qui j’ai eu l’honneur de jouer Beethoven à plusieurs reprises. J’ai été très impressionné par cette première doublement exigeante pour chœur et orchestre assurée par le professionnalisme du jeune chef Pascal Côté qui va bientôt reprendre cette œuvre hautement représentative du grand savoir-faire montréalais au Carnegie Hall de New York le 5 juin prochain.

Conclusion

La Ville de Montréal nous a donné le privilège de faire précéder sa belle cérémonie du 9 mai par

  • une visite du Château Ramezay, avec les commentaires divertissants à saveur nationaliste du sympathique Robert Charette;
  • et surtout par l’explication des différents panneaux de l’exposition en compagnie de l’aimable et si compétente Johane Bergeron, jeune commissaire de l’exposition Montréal nouveau monde, que nous félicitons pour cette réalisation du Centre d’histoire de Montréal, dont le directeur Jean-François Leclerc a assuré la commande du Bureau de la présidence de la ville (375e). Profitez des journées de pluie que la nature nous prodigue pour visiter cette exposition qui vous tend les bras jusqu’au 10 juin et pourquoi pas faire une visite connexe du château Ramezay situé en face de l’Hôtel de Ville ?
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Pendant la période de montage, des écoliers se rassemblent autour de ces images qui leur parlent.

Informations pratiques sur l’exposition

Pour en savoir plus sur l’histoire des Montréalais et Montréalaises qui ont fait Montréal, visitez le site Mémoires des Montréalais : ville.montreal.qc.ca/memoiresdesmontrealais

L’exposition Montréal, Nouveau Monde se déroule du 9 mai au 10 juin 2017, au hall d’honneur de l’hôtel de ville de Montréal. Textes en français et en anglais

Heures d’ouverture de l’exposition :
Du lundi au vendredi de 8 h  à 17 h et le samedi de 12 h à 16 h
275, rue Notre-Dame Est, Montréal (Québec) H2Y 1C6
Métro : Champ-de-Mars

Stationnement payant : édifice Chaussegros-de-Léry, 303, rue Notre-Dame Est
Accès pour personnes à mobilité réduite : entrée  rue Gosford

Pour plus d’information : ville.montreal.qc.ca/hoteldeville


[1] Voici ce que l’Université de Montréal a dit d’elle, en lui remettant un doctorat honorifique en 2011 : anthropologue et muséologue de formation, femme engagée et militante écologiste, consultante autochtone auprès des organisations les plus diverses et conférencière très recherchée dans les institutions d’éducation (des écoles primaires aux universités), conteuse ressuscitant les anciennes légendes, fondatrice du groupe de danse Mikwobait et animatrice d’activités culturelles de conscientisation, longtemps directrice du Musée des Abénakis qu’elle a animé avec un souci pédagogique exemplaire et conseillère dans son Conseil de bande, mère de trois enfants et grand-mère de cinq petits-enfants, madame Nicole Nanatasis O’Bomsawin a lutté sans relâche pour convaincre les gouvernements de mettre sur pied des politiques culturelles davantage conciliables avec les racines amérindiennes du Québec.

[2] Les APLP ont salué le cheminement du pianiste vietnamien en un article célébrant les 40 ans de la fin de la guerre impérialiste : lire http://www.artistespourlapaix.org/?p=7192

[3] Basse de renommée mondiale en particulier au Covent Garden de Londres et en Russie où son interprétation de Boris Godounov de Modeste Moussorgsky fit sensation, Joseph Rouleau a un complexe culturel nommé en son honneur à Matane où il est né. Celui à qui je dois mon poste de professeur à l’UQAM m’a aussi introduit aux Artistes pour la Paix pour que je le remplace à titre de vice-président.