La compassion des Artistes pour la Paix va aux civils syriens, surtout aux réfugiés de l’intérieur, plus nombreux, envers qui Mère Agnès-Mariam de la Croix ne ménage aucun effort d’aide et de réconciliation, grâce au mouvement Mussalaha d’inspiration œcuménique.
Nous appuyons donc sans restrictions l’appel du Prix Nobel irlandais (1976), la grande Mairead Maguire, d’accorder le prochain prix Nobel 2014 à mère Agnès, lui donnant ainsi plus de visibilité et aussi davantage de sécurité dans l’organisation de ses périlleuses missions. Sur la photo, le moment très émouvant du 3 décembre au soir où Mère Agnès-Mariam, catholique melkite, prie au milieu de la communauté canado-syrienne de Montréal qui l’a reçue à l’instigation de M. Amir Maasoumi (à gauche, sur la photo) dans un centre islamique, beau symbole d’unité pour d’autres citoyens qui se déchirent à cause de leurs disparités religieuses.
Les centaines de personnes présentes sont debout car elles s’apprêtent à entonner le Ô Canada le plus fervent auquel j’aie jamais assisté : pour ces immigrants, l’identité canadienne est précieuse puisqu’elle leur permet de ne pas être menacés de retourner dans l’enfer de la guerre qui dévore leur si beau pays d’origine pour lequel ils sont néanmoins prêts à sacrifier leurs biens.
Mère Agnès-Mariam au milieu des drapeaux du Québec, de la Syrie et du Canada au moment où elle s’adresse à la communauté syrienne. Celle que nous aimerions voir devenir prix Nobel de la Paix 2014 a su faire vibrer tous les cœurs. Voici la lettre de Mairead Maguire à l’Institut Nobel:
Mother Agnes Mariam of the Cross (civil name Fadia Laham) and the Mussalaha Reconciliation Initiative in Syria, have been nominated by Mairead Maguire, Nobel Peace Laureate, for the 2014 Nobel Peace Prize. Here’s her letter to the Nobel Institute:
“At a time when the world so desperately needs to see a peaceful way forward to end the bloodshed and conflict in Syria, the Mussalaha initiative stands out as a beacon of hope showing us a better way forward, one which comes from within Syrian Society and expresses the spontaneous desire of the majority of Syrians for a peaceful path, a way forward that departs from violence and embraces a future where differences are resolved in an atmosphere of mutual respect that preserves the historic fraternity of the Syrian people. The Mussalaha initiative is an outstanding example of the resilient spirit of the Syrian people and their innate ability to resolve their difficulties, by themselves, even in the most tragic and exceptional of circumstances, we have a duty to support their work in every way possible.
Mussalaha, which translates as reconciliation, is a community-based non-violent popular initiative stemming from within Syrian civil society. Founded at the community level, it includes members of all Syria’s ethnic and religious communities who are tired of the war. Mussalaha fills a void created by the noise of weapons; it does not side with any of the warring parties, rather it embraces all. The movement says no to the continued loss of life, and yes to a nonviolent solution. The initiative says no to civil war and rejects all forms of sectarian violence and denominational strife. Its founding session was a peace congress held almost two years ago on 25th January, 2012, in the Sahara complex on the Syrian coast.
As a guest of the Mussalaha Initiative I visited Syria in May of 2013 where I met a few of the millions of refugees and internally displaced people whose lives have been torn apart by the ongoing conflict in that country. I learned from those I spoke to, both within the government and in opposition groups, that while there is a legitimate movement calling for long overdue reform in Syria, it is one of peaceful non-violence and that the worst acts of violence are being perpetrated by outside groups who strive to incite inter-communal division and discord. Extremist groups from around the world have converged upon Syria, bent on turning conflict into one of ideological hatred. The Mussalaha Initiative has worked diligently to stem this flow of violence and heal the wounds inflicted on the social fabric of the country.
Over the last two years, the Mussalaha Initiative has worked in mediation and negotiation, often crossing lines of conflict in the most difficult and life threatening of circumstances. Many abducted people have been freed, prisoner swaps facilitated, humanitarian aid supplied without discrimination, evacuation of civilians from conflict zones made possible, and disarmament of local opposition fighters peacefully facilitated. Principle among those who have worked tirelessly for this peace initiative is Mother Agnes Mariam, with courage and conviction she has been an outspoken advocate of peace, a voice seeking justice and one which has consistently called on the international community to recognize the truth with regard to what is happening in Syria. Mother Agnes Mariam’s astute observations which discredited the video evidence offered by the United States, as proof of an alleged chemical gas attack in East Ghouta, contributed to help forestall what would have proven a regionally devastating external military intervention in Syria. This heroic peacemaker has thought nothing of placing her own life on the lines for the sake of others and at great personal risk, she personally brokered a cease-fire between rebels and the Syrian authorities in Moadamiya (Damascus province). This work facilitated the transfer of over 5,000 civilians from a besieged opposition area and included the voluntary surrender of over 500 men, many of whom had been armed opposition combatants.
In making this nomination for the 2014 Nobel Peace Prize, I believe that there is no military or paramilitary solution to the Syrian conflict and only through dialogue and negotiation can peace be reached. We urgently need a peaceful solution to the crisis in Syria. Mother Agnes Mariam and the Mussalaha Initiative in Syria exemplify all that is remarkable about the resilience of humanity when faced with unbelievable adversity. The Mussalaha initiative which unites people of all faiths, and none, and ethnic backgrounds, deserves to be nurtured, supported and fully recognized for the enormous contribution it has made, and continues to make in saving lives, and in directing all Syrians towards the path of peace.
Les guerres restent, malgré tout, des occasions pour que des êtres humains manifestent une certaine forme d’héroïsme et si nous pensons en premier lieu au travail admirable de Mère Agnès-Mariam, deux officiers de l’armée canadienne se sont aussi distingués jusqu’à présent (nous pourrions leur adjoindre le nom de Gordon Vachon):
– le premier est Walter Dorn, professeur à l’emploi du Collège Militaire Royal de Toronto et vice-président de Pugwash Canada, qui se distingue par ses démarches à New York à l’emploi des Nations-Unies pour aider à superviser la destruction des armes chimiques syriennes. Il enseigne pendant la présente session en Colombie-Britannique (Squamish University).
– Scott Cairns voyage entre Damas et la base de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) à La Haye, groupe récemment récompensé par le prix Nobel de la Paix 2013. Selon le site de l’institut Nobel, fondée en 1997 à La Haye, l’OIAC est chargée de mettre en œuvre la Convention sur l’interdiction des armes chimiques (CIAC) signée le 13 janvier 1993. Cette Convention est un rare exemple de succès dans les efforts de désarmement mondial puisqu’elle rassemble 190 pays avec l’adhésion annoncée de la Syrie. Seuls six États, parmi lesquels Israël et la Corée du Nord, ne l’ont pas signée ou ratifiée. Sur la photo, l’officier canadien Scott Cairns, à gauche, aux côtés du Secrétaire général des Nations-Unies Ban Ki-moon et du haut responsable suédois de l’Organisation pour l’Interdiction des armes chimiques, M. Ake Sellestrom.
«Je sais que le prix Nobel de la paix nous aidera dans les mois qui viennent à promouvoir l’universalité de la Convention», a réagi le directeur général de l’OIAC, Ahmet Uzumcu, à la télévision norvégienne NRK. Le comité Nobel norvégien a d’ailleurs enjoint aux rares États réfractaires d’eux aussi prohiber ces armes dévastatrices et invité les grandes puissances militaires, États-Unis et Russie en tête, à accélérer la destruction de leurs stocks, qui aurait dû être complétée en avril 2012. «Les événements en Syrie, où des armes chimiques ont été utilisées, soulignent le besoin d’accroître les efforts pour se débarrasser de telles armes», a déclaré le président du comité, Thorbjoern Jagland.
L’organisation pour laquelle travaille Scott Cairns est sous les feux de l’actualité depuis qu’elle a été chargée par une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU, le 28 septembre, de superviser le démantèlement d’ici au 30 juin 2014 de l’imposant arsenal chimique du régime syrien de Bachar al-Assad.
Frappant aveuglément militaires et civils, les armes chimiques ont montré leurs effets dramatiques cette année en Syrie lors d’une attaque au gaz sarin le 21 août en périphérie de Damas. L’opposition syrienne et l’Occident ont accusé Damas, qui a démenti mais qui, sous la pression de la Russie, a accepté de détruire son arsenal chimique qui serait composé de plus de 1000 tonnes d’armes chimiques, dont 300 tonnes de gaz sarin. La proposition du président russe Vladimir Poutine de placer cet arsenal sous contrôle international en vue d’être démantelé a ensuite permis d’éviter des frappes punitives envisagées par les États-Unis et la France.
«Loin d’être des vestiges du passé, les armes chimiques restent un danger évident et toujours présent», a noté le Secrétaire Général de l’ONU Ban Ki-moon. Une première cargaison de ces armes chimiques a heureusement quitté la Syrie la semaine dernière.
En vue de la Conférence de Genève prévue à la fin du mois de janvier 2014, les Artistes pour la Paix ont écrit au ministre des Affaires étrangères John Baird ainsi qu’au premier ministre Stephen Harper pour tenter d’influencer leur attitude vers moins d’hostilité stérile voire contreproductive envers les présidents syrien et iranien. Voici les arguments utilisés dans cette lettre envoyée le 15 janvier 2014.
Monsieur le ministre,
Nous vous remercions pour votre courriel du 6 janvier qui sans répondre hélas à notre désir de voir le Canada signer le Traité de Commerce des Armes (ONU), n’en énumérait pas moins quelques efforts du Canada pour assurer une aide humanitaire aux réfugiés syriens à l’extérieur, entre autres au Liban et en Jordanie, pays qui en supportent le principal fardeau.
Nous espérons que votre gouvernement conservateur, particulièrement sensible aux organismes religieux de charité, osera suivre les pas audacieux de Brian Mulroney qui, dans les années 80, malgré l’hostilité de la première ministre Thatcher et du président Ronald Reagan, avait accordé à Nelson Mandela sa confiance entière. Mère Agnès-Mariam, dont j’ai eu l’honneur de présider la conférence de presse à Montréal le 3 décembre dernier, mérite pleinement cette confiance.
Votre courriel du 6 janvier se lisait ainsi :
« Le premier ministre Stephen Harper et moi avons condamné les actes continus de brutalité insensée perpétrés par le régime syrien. Nous avons à maintes reprises réclamé que le président Bashar al‑Assad se retire pour faire place à une transition vers une Syrie libre et démocratique qui vit en paix avec ses voisins. Le Canada se joint à la communauté internationale dans la recherche d’une résolution politique pour mettre fin au conflit et soutient une solution pacifique, démocratique et pluraliste pour la Syrie qui protège les droits de toutes les collectivités. Le 16 septembre dernier, la Mission d’enquête des Nations-Unies concernant les allégations d’emploi d’armes chimiques en République arabe syrienne a déposé son rapport. Ce rapport confirme l’ignoble façon dont des armes chimiques ont été utilisées contre des Syriens innocents le 21 août 2013. »
Nous serions d’accord avec l’essentiel de vos propos, d’autant plus que « la brutalité insensée du président Assad » se confirme par les attaques de son aviation militaire sur les populations civiles lors des dernières semaines.
Par contre, votre courriel se poursuit ainsi : « Il [le rapport] fournit de nouvelles preuves pour étayer la conclusion selon laquelle des armes chimiques ont été utilisées de manière inhumaine et aveugle par le régime Assad. » N’ayant pas accès à des preuves crédibles nous permettant d’appuyer votre assertion, nous maintenons notre opinion titrée « La culpabilité (non prouvée) d’Assad mérite-t-elle d’ajouter des bombardements américains et français à la guerre? » exprimée le 30 août dernier sur notre site p=2824 en contre-courant de l’opinion médiatique d’alors. Des rapports motivés par l’argent (journaux dont les propriétaires ont des parts dans les industries d’armement) ou par l’idéologie religieuse (sunnite, en provenance du Qatar ou d’Arabie Saoudite) sont arrivés à la même « conclusion » que la vôtre, réclamant en outre le bombardement de la Syrie. Dieu merci, c’est une « solution » que vous avez la sagesse d’écarter, ce dont nous vous sommes reconnaissants. La lettre de notre présidente, datée du 10 septembre dernier au lendemain de sa nomination, vous incitait à la prudence : « Rappelons enfin que BRITAM, une corporation britannique fabricante d’armes, si on en croit un coulage d’informations à la wikileaks, contemplait le 22 janvier dernier la possibilité de livrer un obus libyen d’arme chimique soviétique aux opposants syriens pour faire croire à la culpabilité du président Assad. La prudence de l’ONU est donc toute indiquée. »
Seymour Hersch du London Review s’étonnait il y a une semaine du peu de méfiance occidentale devant l’influence convergente Salafiste et Wahhabie, jointe à al-Nusra et à d’autres factions islamistes terroristes apparentées à Al-Qeyda, qui viennent de tuer un demi-millier de rebelles syriens motivés par d’autres raisons. Et les gouvernements occidentaux préfèrent toujours réserver leur indignation ciblée au président syrien. Nous vous prions, monsieur le Ministre, de prendre connaissance d’un document essentiel récent par Robert Parry, qui saura peut-être ébranler votre conviction. Malgré l’immense difficulté de recueillir des faits éprouvés dans un pays en proie à une guerre civile si atroce, seuls les faits doivent motiver nos prises de position et les décisions de notre pays. On s’étonne d’ailleurs que le Canada n’ait pas profité du changement de régime en Iran pour rétablir les liens diplomatiques avec ce pays si important à qui la Conférence de paix à Genève ne devrait pas tourner le dos.
Extraits d’un article par Robert Parry, consortiumnews.com
The New York Times has, kind of, admitted that it messed up its big front-page story that used a « vector analysis » to pin the blame for the Aug. 21 Sarin attack on the Syrian government, an assertion that was treated by Official Washington as the slam-dunk proof that President Bashar al-Assad gassed his own people. But you’d be forgiven if you missed the Times’ embarrassing confession, since it was buried on page 8, below the fold, 18 paragraphs into a story under the not-so-eye-catching title, « New Study Refines View Of Sarin Attack in Syria. » But this Times article at least acknowledges what has been widely reported on the Internet, including at Consortiumnews.com, that the Times’ « vector analysis » – showing the reverse flight paths of two missiles intersecting at a Syrian military base – has collapsed… (…)
Even Ake Sellstrom, the head of the United Nations mission investigating chemical weapons use in Syria, challenged the vector analysis during a Dec. 13 UN press conference, citing expert estimates of the missiles’ range at about two kilometers, but his remarks were almost entirely ignored.
In the article’s 18th paragraph, the Times acknowledged its own role in misleading the public, noting that the rockets’ estimated maximum range of three kilometers « would be less than the ranges of more than nine kilometers calculated separately by The New York Times and Human Rights Watch in mid-September. Those estimates had been based in part on connecting reported compass readings for two rockets cited in the United Nations’ initial report on the attacks. »
In other words, the much-ballyhooed « vector analysis » had collapsed under scrutiny, knocking the legs out from under official Washington’s certainty that the Syrian government carried out the Aug. 21 attack which may have killed several hundred civilians including many children.The Times article on Sunday was authored by C.J. Chivers, who along with Rick Gladstone, was a principal writer on the now-discredited Sept. 17 article. (…)
To defuse the crisis, the Syrian government agreed to destroy all its chemical weapons, while still denying any role in the Aug. 21 attack, which it blamed on Syrian rebels apparently trying to create a casus belli that would precipitate a U.S. intervention. With very few exceptions, U.S. news outlets and think tanks mocked the notion of rebel responsibility and joined the Obama administration in expressing virtual certainty that the Assad regime was guilty.
There was almost no U.S. media skepticism on Aug. 30 when the White House stoked the war fever by posting on its Web site what was called a « Government Assessment, » a four-page white paper that blamed the Syrian government for the Sarin attack but presented zero evidence to support the conclusion.(…)
As the war frenzy built in late August and early September, there was a striking absence of U.S. intelligence officials at administration briefings and congressional hearings. The dog-not-barking reason was that someone might have asked a question about whether the U.S. intelligence community was in agreement with the « Government Assessment. » But these strange aspects of the Obama administration’s case were not noted by the major U.S. news media. Then, on Sept. 17 came the New York Times front-page article citing the « vector analysis. » It was the Perry Mason moment. The evidence literally pointed right at the « guilty » party, an elite unit of the Syrian military. Whatever few doubts there were about the Syrian government’s guilt disappeared. From the triumphant view of Official Washington, those of us who had expressed skepticism about the U.S. government’s case could only hang our heads in shame and engage in some Maoist-style self-criticism.
For me, it was like a replay of Iraq-2003. Whenever the U.S. invading force discovered a barrel of chemicals, trumpeted on Fox News as proof of WMD, I’d get e-mails calling me a Saddam Hussein apologist and demanding that I admit that I had been wrong to question President George W. Bush’s WMD claims. Now, there were ugly accusations that I had been carrying water for Bashar al-Assad. But – as John Adams once said – « facts are stubborn things. » And the smug certainty of Official Washington regarding the Syrian Sarin case gradually eroded much as a similar arrogance crumbled a decade ago when Iraq’s alleged WMD stockpiles never materialized.
While it’s still not clear who was responsible for the Aug. 21 deaths outside Damascus – whether a unit of the Syrian military, some radical rebel group or someone mishandling a dangerous payload – the facts should be followed objectively, not simply arranged to achieve a desired political outcome. [For more details, see « NYT Replays Its Iraq Fiasco in Syria. »
En espérant, monsieur le minsitre, que notre éclairage sur ce conflit vous sera d’une quelconque utilité, car nous croyons sincèrement que le travail de destruction des armes chimiques auquel participe le Canada peut avoir un effet d’entraînement contre toutes les armes de destruction massive du Moyen-Orient et éventuellement du monde entier! Nous vous réitérons l’assurance de nos sentiments distingués,
Pierre Jasmin
Vice-président APLP et membre de l’exécutif de Pugwash Canada
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