Le cinéma documentaire est un mariage entre la vie et l’art. Martin Duckworth
« Cette citation exprime ce que j’aime dans le cinéma de Martin et dans son attitude envers la vie. Pour lui, faire des films, c’est autant forger des amitiés durables que créer de l’art. Mon tout premier emploi après mes études en cinéma était avec Martin Duckworth. C’était en 1991, à l’Office national du film du Canada, et j’étais assistant monteur sur le film de Martin sur la première guerre du Golfe, au titre [chargé d’ironie] Peacekeeper at War.
Dès le début, la farouche détermination de Martin à dire la vérité à travers ses films (ainsi que l’histoire fascinante de sa vie), m’avait inspiré. Même si Martin a frôlé la mort dans un accident de voiture au Mexique et a été témoin de carnages en filmant sur les lignes de front de pays déchirés par la guerre dans le monde entier, il est resté optimiste. À travers les épreuves et la mort, Martin a développé un sens aigü de l’aspect précieux de chaque instant de la vie. L’ordinaire devient extraordinaire, dans la vie comme au cinéma. »
Jeremiah Hayes
Chère Audrey, ONF, un film extraordinaire (terme pesé et réfléchi) que le cinéaste Jeremiah Hayes vient de présenter le 19 novembre, est consacré à Audrey Schirmer et Martin Duckworth, qui furent ses mentors au début de sa carrière.
Grand défenseur de la justice et de la paix, Martin Duckworth est l’un des plus importants documentaristes du Québec : fils de la renommée pacifiste Muriel Duckworth morte à cent ans (une partie du film est tourné dans sa vieille maison à Austin sur le bord du Lac Memphrémagog), Martin Duckworth a reçu la plus importante récompense gouvernementale pour le cinéma, le Prix du Québec Albert Tessier 2015, après sa récompense artiste pour la paix de l’année 2003 des mains du président d’alors Paul Klopstock.
Dans ce nouveau film tourné sur quatre années par son camarade de trente ans de militantisme pour la paix, l’octogénaire, assisté de sa fille de 47 ans atteinte d’un trouble du spectre de l’autisme, accompagne sa femme, la photographe et militante Audrey Schirmer, alors qu’elle entre dans la dernière phase de la maladie d’Alzheimer. Les époux s’étaient rencontrés dans une manifestation contre la guerre au Vietnam à la fin des années soixante : il s’agissait du troisième mariage pour Martin qui avait des enfants de ses deux premiers.
Prouvant une résilience et une force saisissantes, cet émouvant portrait biographique permet à Martin Duckworth de revenir, sans filtre, sur des moments personnels et professionnels marquants de leur vie. Dépeignant un parcours marqué par d’incroyables rebondissements et par une cohérence à toute épreuve, Dear Audrey s’écrit davantage au présent qu’au passé, devenant par le fait même le témoignage de l’amour croissant d’un homme pour sa femme que rien ne semble pouvoir séparer.
On peut déjà admirer les bandes-annonces de ce film, dont la version française diffère de l’anglaise, pour notre plus grand bienfait et intérêt. Les magazines people remarqueront qu’on y aperçoit son fils Nicolas, médecin urgentologue et père de trois enfants avec sa femme Évelyne Brochu. Dear Audrey avec sous-titres français sera accessible du 22 au 25 novembre sur le site des Rencontres internationales du documentaire de Montréal.
On peut lire l’article de Bill Brownstein en cliquant ici.
À l’occasion de cette première, Tënk propose en accès libre une rétrospective du grand cinéaste et ardent défenseur de la justice et de la paix Martin Duckworth ! 6 films à voir gratuitement du 19 novembre au 3 décembre dont Plus jamais d’Hiroshima (1984).
Voici sa présentation par Pierre Jasmin dont Nos derniers jours à Moscou tournés par Duckworth pour l’ONF en 1987 sont désormais en ligne depuis cette semaine : https://www.onf.ca/film/nos-derniers-jours-a-moscou/
Plus jamais d’Hiroshima ONF 1984, version abrégée de Les Hibakusha, survivants d’Hiroshima et de Nagasaki, démarre avec une signature poético-virtuose typique du caméraman artiste pour la paix 2003 Martin Duckworth : survolant la baie d’Hiroshima, un oiseau de proie décrit une courbe similaire, selon un témoin présent, à celle empruntée en 1945 par l’avion chargé de sa bombe atomique. Deux ans après If you love this planet de Dre Helen Caldicott censuré par Reagan vu ses conseils aux civils de saboter les bases aériennes nucléaires (officieusement, à cause de ses images atroces de victimes), ce nouveau documentaire contribua à un retournement de situation qui aboutira, un tiers de siècle plus tard, à ce qu’une hibakusha reçoive le Prix Nobel de la Paix pour son travail à l’ICAN afin de faire adopter à l’ONU le Traité sur l’Interdiction des Armes Nucléaires : car vivant dans la honte de survivre à leurs proches massacrés ou rongés par diverses maladies exposées à des traitements inhumains de cobayes, les Hibakusha décidèrent alors, malgré leurs souffrances, d’aller conscientiser le monde à New York aux Nations-Unies et s’écrier dignement, devant des écolières américaines noires sidérées qu’on leur ait caché cela : Plus jamais d’Hiroshima !
Bon cinéma !
TËNK nous envoie les liens pour le film PLUS JAMAIS D’HIROSHIMA :
FR: https://www.tenk.ca/fr/d/partenaires/martin-duckworth/plus-jamais-dhiroshima/free_token:duckworth
Pour No more Hiroshima:
EN : https://www.tenk.ca/en/d/partnerships/martin-duckworth/no-more-hiroshima/free_token:duckworth
Merci à la gentille Naomie Décarie-Daigneault pour l’information