Marches d’espérances de paix le 6 mars

Une négociation de paix ridiculisée par les médias et la guerre s’intensifie

Il y a plus de trois jours, on vous parlait d’une négociation de paix entreprise à la frontière de l’Ukraine et de la Biélorussie. Reconvoquée le 2 mars, cette bonne nouvelle que nous tenons de Jocelyn Coulon interviewé à Radio-Canada n’est pas commentée par nos médias qui préfèrent parler des armes canadiennes qu’on croit utiles (!) à résoudre le conflit. La ministre Mélanie Joly au départ réticente fait de la surenchère.

Et la guerre, après des premiers jours où on se jaugeait mutuellement, semble maintenant enclenchée, avec une succession de morts qui se multiplient, envenimée dans la toile de fond par la mise en alerte des bombes nucléaires russes par le président Poutine le 1^er mars, pendant que tout-à-coup ses chars et ses avions de chasse infligeaient une violence guerrière au pays du président Zelensky, particulièrement en deux villes côtières.

Et la résistance ukrainienne qui semblait risible dans les premiers jours s’organise sérieusement au point de paralyser un convoi de chars russes immobilisés par le sabotage d’un pont, par des communications-radios interceptées, par des attaques de drones turcs et par une pénurie de carburant, preuves de l’imprévoyance d’une troupe de novices envoyés dans cette galère. Des rumeurs courent que de jeunes conscrits russes auraient déserté leurs tanks en Ukraine; on en a vu un remorqué par un instrument aratoire, humiliation cinématographique qui mord la légendaire puissance militaire russe dans son orgueil.

Même en Russie, la situation tourne au vinaigre pour les autorités

Le président Poutine semble de plus en plus isolé de son propre peuple. À cause de son aventurisme militaire désapprouvé, il semble isolé dans les convocations de ses ministres, ainsi que de ses propres militaires (voir photo suivante) qu’il relègue au bout de l’une de ses interminables tables avec laquelle il avait voulu humilier Emmanuel Macron. Mondialement, le meilleur signe de son isolement, c’est la solidarité de toute l’Europe derrière le président ukrainien qui a une stature démocratique infiniment plus forte que ses adversaires Poutine et Loukachenko, président de la Biélorussie.

Autre signe qui ne ment pas, c’est la résistance pacifiste russe. Et six mille arrestations n’ont pu endiguer un fort courant féministe russe dans la rue, dont Voice of Women et WILPF avec les universitaires Tamara Lorincz et Ray Acheson au Canada sont solidaires. Cette résistance a même gagné l’adhésion de quelques hommes d’affaire russes, secoués par les sanctions économiques qui s’accumulent contre Poutine.

Directrice du Théâtre d’État et du centre culturel Vsevolod-Meyerhold de Moscou, Elena Kovalskaya a annoncé sa démission « pour protester contre l’invasion russe de l’Ukraine, car il m’est impossible de travailler pour un meurtrier et de toucher un salaire de lui », allusion directe et courageuse – quand on connaît les risques de représailles auxquelles elle s’expose – à Vladimir Poutine. Dans la foulée, son théâtre a publié un communiqué soutenant sa directrice. « L’agression de la Russie en Ukraine est quelque chose qui est entré en conflit tragique avec notre mission. Nous ne pouvons pas nous taire à ce sujet. »

Robert Lepage, notre artiste pour la Paix 2019, vient d’entrer de Moscou où il a mis en scène le Maître et Margarita une pièce légendaire de Mikhaïl Boulgakov qui depuis près de cent ans fait un pied de nez aux autorités successives. De même François Girard vient d’y signer la mise en scène de Lohengrin. Tous deux rapportent des incidents déchirants.

Malgré la police, il n’est pas exclu que ces mouvements de contestation réussissent à déstabiliser le président russe, mais à la condition que l’OTAN diminue ses provocations irresponsables et que les éléments nazis ukrainiens ne soient pas filmés en train d’attaquer l’armée russe, deux conditions qui recoaliseraient les Russes derrière leur président.

Conclusions d’espérances

André Cloutier, trésorier des Artistes pour la Paix, nous signale qu’à Naples où on donnait Aïda le 27 février au Théâtre San Carlo, l’Humanité rapporte qu’à la fin de la représentation, quand les artistes s’avancent pour recevoir les vivats du public, l’une des interprètes se tourne vers sa voisine, lui attrape la main ; les deux s’avancent et se prennent dans les bras, sans mot dire. La première, la soprano Liudmyla Monastyrska, est ukrainienne ; la seconde, la mezzo-soprano Ekaterina Gubanova, est russe. Leur geste déclenche la folie des spectateurs qui les ovationnent en criant :  Pace ! (paix en italien). L’espace d’un instant, elles ont fait taire le fracas des bombes.

Nous manifesterons dimanche le 6 mars contre la posture guerrière du gouvernement canadien, aux côtés de nos amis d’Échec à la guerre et aux côtés des pacifistes canadiens avec qui nous nous sommes réunis lundi soir lors d’un webinaire convoqué par Tamara Lorincz qui, à deux heures d’avis, avait réussi à rassembler 26 groupes participants dont les APLP, seuls Québécois.

Il s’agit de manifester non pas avec des drapeaux ukrainiens pour le triomphe d’une patrie sur l’autre, mais pour la paix ! Deux raisons solides nous motiveront, l’une expliquée dans un texte publié par l’Aut’Journal hier signé de nos deux noms NON à l’invasion de l’Ukraine ! NON à l’expansion de l’OTAN approuvé avec force par Robin Philpot et nos amis canadiens.

L’autre fait l’objet d’une solide analyse de notre ami Riccardo Petrella qui écrit à Pierre : Bien à toi, Amitiés, Luttons pour la paix, pour changer notre système de nouveau motivé par la théologie de la domination et fondé sur la logique de la guerre.

MANIFESTATION à Montréal, le 6 mars à 13 h
Rassemblement au Parc Lafontaine
coin Cherrier/Parc Lafontaine (métro Sherbrooke)

NON à l’invasion de la Russie en Ukraine !
NON à l’expansion de l’OTAN !