Pierre Jasmin, vice-président des APLP, était le 20 septembre porte-parole francophone désigné pour une cérémonie de signatures du Traité d’interdiction des armes nucléaires devant le Parlement fédéral. Les médias se sont hélas tous donné le mot pour en taire le dépôt aujourd’hui même en Assemblée générale des Nations-Unies par l’ambassadrice du Costa Rica, madame Elayne Whyte-Gomez (voir plus loin). Mentionnons toutefois que Hills Times a publié en ce 20 septembre l’appel au Canada [1] lancé par les organismes membres du Réseau canadien pour l’abolition des armes nucléaires (CNANW) dont le nôtre.
Voici à Ottawa à midi quinze le discours de Pierre, qu’il a fait précéder d’une référence au territoire Algonquin non cédé sur lequel tous devraient marcher en paix et en respect de la terre (n’est-ce pas pourquoi nous sommes ici !). Il a invité la centaine de participants à la cérémonie à signer la grande copie du Traité exposée à la vue de tous et toutes, comme divers groupes l’ont fait en dix villes du Canada.
« Monsieur Trudeau qui êtes à New York aujourd’hui
La dernière fois que j’ai manifesté à Ottawa, c’était il y a vingt-deux mois, fin novembre 2015 et nous étions nombreux à vous féliciter pour votre intention de vous faire le champion de l’Élan global pour la COP21 à Paris, pour une planète verte.
Comment avez-vous pu vieillir autant en 22 mois, trahir autant de vos engagements, faire de beaux discours hélas sans leur donner suite par des lois ? Nous nous attendions, par exemple, à ce que vous mettiez fin aux obscènes subventions à l’extraction des carburants fossiles et à l’appui du Canada aux pipelines de pétrole bitumineux.
Mais le pire, n’est-ce pas votre refus d’appuyer le Traité d’Interdiction des Armes Nucléaires ouvert aux signatures à partir d’aujourd’hui à l’ONU ? Il est temps, c’est même urgent d’interdire l’arme nucléaire, les sanctions n’ayant pas calmé la menace de la Corée du Nord. Et Donald Trump qui vocifère au nom des USA met en péril l’Est asiatique et toute la planète ! Hier, devant l’Assemblée générale des Nations-Unies, il a menacé de destruction un peuple de 25 millions d’humains, une menace rendue possible par la simple existence des armes nucléaires.
Il faut amplifier la parole des peuples et des mouvements pacifistes internationaux. Signez le Traité, monsieur Trudeau. Il y a près de trente ans, je discutais en privé avec votre père sur pas mal de sujets, entre autres sur le Québec à propos duquel on n’était pas d’accord. Mais quant à la paix mondiale, on tombait d’accord sur Mikhaïl Gorbatchev qu’on trouvait héroïque dans sa volonté de paix, dans ses démarches inouïes pour supprimer le Pacte de Varsovie ! Et je disais alors, pourquoi ne pas répondre à la Russie avec la même clairvoyance et supprimer l’OTAN, l’Organisation du Traité d’Atlantique nord ? Vous avez vu l’émission du Point d’avant-hier à Radio-Canada sur la Libye ? Avez-vous vu Joanne Liu, présidente de Médecins sans Frontières, pleurer après sa visite des camps de concentration? Voilà le résultat des bombardements du général canadien Charles Bouchard sur la Libye en 2011. Je suis accompagné par William Sloan qui distribue nos affiches Non à l’OTAN, oui à la PAIX au nom du Mouvement Québécois pour la Paix.
Car c’est l’OTAN qui empêche Trudeau de signer le Traité pourtant endossé par 122 pays, LES DEUX TIERS DES PAYS DU MONDE !!!
M. Trudeau, il y a du monde pas mal plus courageux que vous ici aujourd’hui et qui signent le Traité : je salue la cheffe du Parti Vert, madame Elizabeth May, la sénatrice Marilou McPhedran, le député de Boucherville et chef parlementaire du Bloc Québécois, M. Xavier Barsalou-Duval, mais je remercie particulièrement l’impressionnante délégation de députés du NPD venus signer en masse le Traité.
M. Thomas Mulcair vient de faire un discours éloquent sur la question. Hier en Chambre des Communes, la porte-parole pour les affaires étrangères du NPD, Hélène Laverdière, a posé sa question : pourquoi le Canada ne signe-t-il pas ce Traité et elle a mentionné notre événement d’aujourd’hui. Elle rendra hommage à Stanislav Petrov [2] mort cette année à 77 ans. Ce militaire soviétique avait choisi d’ignorer une attaque de missiles américains en fausse alerte sur son radar, au lieu de commander une riposte immédiate comme il était autorisé et même désigné pour le faire. Ce ne fut là qu’un seul incident parmi tant d’autres semblables illustrant combien l’existence des armes nucléaires est problématique.
Merci à Roméo Saganash dont nous admirons la sagesse, à Alexandre Boulerice, député NPD de Rosemont-La Petite-Patrie à la jeunesse déterminée, merci à Niki Ashton qui fait une campagne formidable à la chefferie, merci à Murray Rankin, Fin Donnelley, Jenny Kwan, Sheri Benson, Robert Aubin, Tracey Ramsey, Brigitte Sansoucy, Marjolaine Boutin-Sweet, Sheila Malcolmson qui ont pris soin d’inscrire leurs noms sur ma feuille! Merci aux adjointes Marie-Ève St-Onge et Jennifer Pedersen qui ont aussi signé le Traité !
Encore merci à ces représentants du peuple, députés, mais aussi à tous ceux et toutes celles qui sont présents avec nous.
Permettez-moi de remercier particulièrement Debbie Grisdale, co-porte-parole et membre aussi du Réseau canadien pour l’abolition de l’arme nucléaire, les Raging Grannies, Earl Turcotte du Groupe 78 et Peggy Mason de l’Institut Rideau (ceasefire.ca) dont les discours si informatifs nous permettent de saisir les nuances dramatiques de la situation présente. Merci surtout à notre nonagénaire ici présent, M. Murray Thomson qui a fait signer par 980 membres de l’Ordre du Canada leur désir d’une convention nucléaire et qui vient de nous relayer le discours du maire de Nagasaki.
Merci à Pugwash Canada et aux organisateurs tel Steven Staples qui ont enregistré la chanson immortelle, si aimée par son fondateur Joseph Rotblat : last night I had the strangest dream, chanson écrite en 1950 par Ed McCurdy.
Merci surtout aux orateurs de ce matin à New York aux Nations-Unies qui ont lancé le Traité:
– le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres,
– le président du Comité international de la Croix Rouge, Peter Maurer,
– la présidente de l’International Campaign for the Annihilation of Nuclear Weapons (ICANW) Béatrice Fihn.
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