Par Pierre Jasmin, secrétaire général des Artistes pour la Paix

Suzi Snyder, coordonnatrice et autrice, si appréciée à www.dontbankonthebomb.com donne les infos cruciales d’ICANW.org; International Campaignto Abolish Nuclear Weapons – dans ce vidéo percutant (en anglais) : https://www.youtube.com/watch?v=6ijCjSEq0Dg&t=94s

Alliées à la lutte permanente des Artistes pour la Paix contre la bombe nucléaire ( i ), voici d’abord trois opinions, dont la troisième s’appuie sur les Nations-Unies, mais sans mentionner l’UNIDIR. Heureusement, il y a les recherches essentielles de deux femmes, Suzi Snyder (ICANW.org) et Mona Ali Khalil (UNPASS BLUE) pour voir plus clair dans l’effort de restructuration du monde. Deux jours après le consternant débat entre les deux candidats officiels à la présidence du pays – de loin- le plus armé sur terre, l’opinion publique semble leur donner raison : ils pourraient bien être les deux pires présidents militaristes élus des États-Unis ou, pour le futur immédiat, les pires candidats potentiels pour 2025-9 !

A few hours after a dismaying debate between the two official candidates for the presidency of the – by far – most armed country on earth, public opinion tends to prove them right: they might be the two worst elected presidents of the United States, as well as terrible candidates for 2025-9. Concerning the ongoing Artists for Peace struggle against the nuclear bomb(i), here are four opinions by allies to our cause. Thanks to the 3rd and 4th opinions for lodging their appeals to the United Nations (UNIDIR).

  1. Pugwash déclaration mondiale du 21 juin ( ii ) :

597 mots avec le mérite de mentionner non seulement les menaces nucléaires échangées par l’OTAN et la Russie, mais aussi celles d’Israël envers Gaza, l’Iran et le Liban.

  1. Project Ploughshare June 28 :

228 mots avec le mérite de mentionner en Nota Bene la foi de Cesar Jaramillo en de petits pays. C. J., Chair Pugwash Canada. Envoi : 28 juin 2024 08:00 Traduction P.J.

Nous vivons une époque périlleuse, mais le Canada reste silencieux sur la prolifération des armes nucléaires. Un grand bravo à Ernie et Doug pour leur excellent article d’opinion qui arrive à point nommé.

Les préoccupations légitimes concernant l’échec du leadership canadien sont dramatiquement aggravées par le fait que ce manque de leadership s’étend au-delà du Canada. Pratiquement tous les dirigeants occidentaux (sans parler des dirigeants d’autres États dotés de l’arme nucléaire) ont collectivement et monumentalement échoué à s’attaquer à la menace nucléaire et continuent de la négliger. Il ne s’agit pas seulement d’un échec dans la lutte contre la menace, mais d’une évolution dans la direction opposée… loin d’un monde exempt d’armes nucléaires. Au lieu de cela, nous assistons à une tendance alarmante vers une rhétorique de plus en plus militariste, ainsi qu’à des appels incessants à une augmentation des dépenses militaires qui rendront le désarmement nucléaire encore plus insaisissable. Certains de ces (sinistres) appels proviennent de l’extérieur du gouvernement et concernent des secteurs influents de la société : https://www.cbc.ca/news/politics/nato-sending-trudeau-joly-business-council-canada-1.7231776

Déjà assez inquiétant que les choses ne s’améliorent pas, elles semblent empirer. Un leadership politique efficace et de haut niveau en faveur du désarmement, qui fait cruellement défaut*, est nécessaire de toute urgence pour inverser cette tendance. Pourtant, à en juger par les récents sondages électoraux, les tendances et les résultats au Canada et à l’étranger – y compris dans les États membres de l’OTAN, il serait difficile d’identifier une source probable d’un tel leadership dans un avenir immédiat.

* NB des États extérieurs aux alliances militaires, comme l’Irlande, le Mexique, le Costa Rica (sans armée !) et l’Autriche, ont, ces dernières années, fortement plaidé en faveur du désarmement nucléaire dans les enceintes multilatérales.

               3- Article Regehr-Roche (iii) :

895 mots par Ernie Regehr, directeur exécutif fondateur de Project Ploughshares et Douglas Roche, ancien sénateur et ambassadeur canadien pour le désarmement.

Le président Vladimir Poutine et d’autres responsables russes menacent à plusieurs reprises d’utiliser des armes nucléaires dans la guerre en Ukraine. La Chine développe rapidement son arsenal de missiles nucléaires. En réponse, les États-Unis signalent leur intention d’augmenter le nombre d’armes nucléaires déployées.

Les accords de désarmement nucléaire se sont effondrés et une nouvelle course aux armements nucléaires est en cours (même si le « club nucléaire » des États en possession de ces armes l’appelle « modernisation »). Une crise nucléaire existentielle aux proportions effrayantes se déroule.

Neuf pays possèdent actuellement environ 12 000 armes nucléaires, dont 90 % sont détenues par la Russie et les États-Unis. Au total, quelque 2 100 armes nucléaires sont maintenues en état d’alerte opérationnelle élevée, ce qui signifie qu’elles peuvent être tirées avec un préavis de 15 minutes. Une seule de ces armes causerait bien plus de dégâts que les bombes atomiques qui ont détruit Hiroshima et Nagasaki en 1945 et tué ensemble environ 214 000 personnes.

En 1970, le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) voit le jour. Comprenant désormais 191 pays, il oblige les États à poursuivre des négociations globales de « bonne foi » en vue de l’élimination des armes nucléaires. Lors de la conférence d’examen du TNP de 2000, tous les États se sont engagés à « s’engager sans équivoque » à parvenir à une élimination totale. Mais au lieu de procéder à des négociations, les États nucléaires ont renoncé à leurs obligations juridiques en vertu du traité et ont ignoré un arrêt unanime de la Cour internationale de Justice en 1996, selon lequel l’emploi ou la menace d’emploi d’armes nucléaires par un État est généralement illégale et que les négociations sur le désarmement nucléaire doivent être conclues.

Deux réunions successives des parties au TNP, en 2015 et 2022, ont échoué. Le nouveau traité START entre les États-Unis et la Russie, qui limite le déploiement d’ogives nucléaires stratégiques à 1 550 de chaque côté, est le seul accord bilatéral de désarmement nucléaire restant, et il expire en 2026. Les négociations visant à prolonger le nouveau traité START ont échoué, chaque partie accusant l’autre pour l’impasse, et ainsi le monde entre dans une jungle nucléaire.

Que disent le Premier ministre et la ministre des Affaires étrangères du Canada à propos de tout cela ? La réponse est rien du tout. Cherchez toute la journée, mais vous constaterez qu’aucun des deux n’a prononcé un seul discours ou une seule déclaration substantielle aux Canadiens sur cette crise la plus grave – la menace d’une catastrophe humanitaire mondiale – à laquelle le monde est confronté depuis la Seconde Guerre mondiale.

Le Canada, en tant que membre du projet Manhattan ainsi que du TNP, a clairement le pouvoir et le devoir de s’exprimer sur ce sujet. Mais le silence assourdissant d’Ottawa n’est rompu que lorsqu’il affirme la caractérisation orwellienne de l’OTAN de ces armes de destruction massive comme la « garantie suprême » de notre sécurité. Le Canada refuse d’adhérer au nouveau Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, qui interdit la possession d’armes nucléaires à ceux qui le signent (70 États ont jusqu’à présent ratifié le traité). Et il a ignoré l’appel désespéré lancé en mars par le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, en faveur d’une action concertée de tous les pays pour réduire le risque d’Armageddon nucléaire.

Dans cette situation mondiale désespérée, le Canada doit faire preuve de la même détermination dont il a fait preuve à d’autres occasions concernant les armes nucléaires. Le Canada a fait preuve de leadership lorsque Lester Pearson a envoyé une mission de maintien de la paix de l’ONU lors de la crise de Suez en 1957, alors que Nikita Khrouchtchev menaçait de lancer des armes nucléaires sur l’Europe occidentale. Nous avons fait preuve de leadership lorsque Pierre E. Trudeau a proposé une stratégie visant à « étouffer » la course aux armements nucléaires en 1978 ; lorsque Brian Mulroney a refusé, en 1985, de participer au programme spatial antimissile américain « Star Wars » ; et lorsque Jean Chrétien a tenu le Canada à l’écart de la guerre en Irak en 2003 en raison d’affirmations mensongères concernant les « armes de destruction massive ».

La crise nucléaire actuelle exige une réaffirmation audacieuse du leadership canadien. Le premier ministre et la ministre des Affaires étrangères ont tous deux le devoir moral et politique de parler directement et régulièrement aux Canadiens de la crise nucléaire à laquelle le monde est confronté, d’élaborer la position du Canada en réponse à cette crise et d’exposer les mesures et les politiques qu’il poursuivra dans les contextes internationaux pour atténuer la crise.

Au minimum, le Canada devrait être une voix de premier plan exhortant les puissances nucléaires, y compris l’alliance nucléaire de l’OTAN, à prendre des engagements mutuels à ne jamais être le premier État à utiliser des armes nucléaires et à retirer toutes les armes nucléaires du statut d’alerte élevée. Le Canada devrait réclamer et surveiller les progrès vers un nouveau traité START et devrait promouvoir un dialogue stratégique intensifié entre les grandes puissances.

Ce leadership doit commencer par le premier ministre. L’incapacité à aborder publiquement la crise nucléaire est un échec choquant de leadership – un échec que ces temps périlleux ne peuvent se permettre.

  1. Mona Ali Khalil (iv) le 27 juin – Sommet du Futur – septembre 2024 par A. Guterres.

Mona Khalil déplore les blocages par le Conseil de Sécurité envers des conflits (Haiti, République Démocratique du Congo, Soudan, Syrie, Afghanistan, Ukraine…), car elle croit aux vertus du R2P (responsabilité onusienne de protéger) qui a hélas, selon nous, donné des résultats militaristes terribles, comme l’OTAN en Libye en 2011. Mais elle a le courage de

1- confirmer l’existence de quatre génocides contre les peuples Darfouri et Yézidis et, avec la Cour de Justice internationale et Oxfam, ceux contre les Rohingyas et les Palestiniens.

2- affirmer que « L’humanité est confrontée à trois menaces existentielles concurrentes, le risque d’une escalade nucléaire, le spectre d’une nouvelle pandémie plus meurtrière et l’accélération de la crise du changement climatique. Elle évoque une 4e représentée par l’intelligence artificielle incontrôlée. Elle plaide enfin pour une renaissance de l’ONU par des femmes. Pourquoi pas UNE secrétaire générale de l’ONU après Guterres?

            5- Suzi Snyder – ICANW.org (v)

Avec le SIPRI, Suzi Snyder révèle courageusement les nouveaux chiffres indécents des dépenses nucléaires militaires mondiales, approchant rapidement pour la seule année 2023 les 100 milliards US$, une augmentation dont les États-Unis sont responsables à 80%. Ce sont par exemple leurs 387 milliards de $ de commandes auprès de 20 compagnies comme Lockheed Martin (favorisée par Trudeau pour la construction de F35 et de frégates d’attaque Irving équipées de missiles), 3000$ à la seconde jetées par la fenêtre pour des armes que personne ne veut voir utilisées et que le T.I.A.N. ratifié par 70 pays cherche à éliminer.

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v Madame Alistair Burnett, ICAN admin@icanw.org