Les Artistes pour la Paix croient plutôt que si Poutine a attaqué, c’est qu’il se sentait traqué par l’encerclement de l’OTAN [1] et de ses trente pays [2] consacrant depuis cinq ans aux dépenses militaires de 16 à 18 fois plus d’argent que la Russie, selon les statistiques du Stockholm International Peace Research Institute (SIPRI) : trente pays responsables de près de 60% des dépenses militaires mondiales, la Russie d’environ 3.5%. CQFD.
Cette hypothèse ne plaît pas au macho Poutine qui déteste plus que tout se voir ridiculisé comme une bête aux abois qui décide de mordre avant que l’inéluctable se produise. Offrons-lui une variante acceptable : plutôt que d’attendre passivement que l’avancée de l’OTAN en Ukraine soit avalisée par le président Zelensky, il a lâchement (oups ! Excusez, stratégiquement, Trump l’en a même félicité !) lancé son attaque meurtrière au moment où l’Europe mal remise du Brexit britannique et où les États-Unis de Biden préoccupés par la Chine et par le harcèlement contre la démocratie américaine des Républicains racistes du même Trump, lui semblaient fragiles. Il n’a certes pas calculé combien sa guerre criminelle allait resouder bien des alliances contre lui.
Et les sanctions économiques du Canada ? Elles n’affectent même pas une portion des gains de Poutine sur la progression du prix de son pétrole et de son gaz depuis le lancement de son attaque…
Quant au riche complexe militaro-industriel-pétrolier, il se frotte les mains de voir le succès de sa propagande facilitée par la guerre : rappelons le nombre effarant par milliers de ses lobbyistes actifs, inscrits auprès du gouvernement de Trudeau. Ce dernier, pour répondre aux craintes des éditorialistes subventionnés par les mêmes industries militaires et pétrolières, seuls autorisés à parler en ces temps de censure, annonce qu’il réfléchit à augmenter ces budgets. Sans aucune opposition des partis dits d’opposition ni des Amigos mordus de politique s’inquiétant tous quatre cet après-midi à la télévision d’état d’une éventuelle invasion russe par l’Arctique, son budget de plus de deux cents milliards de $ jusqu’en 2030 adoptera sans coup férir de nouveaux chasseurs-bombardiers et des frégates Irving-Lockheed Martin équipées de lance-missiles.
Heu, excusez la question malaisée, toutes ces armes qui ont déjà créé 62 millions de réfugiés irakiens, libyens, afghans et syriens, auxquels il faudra bientôt ajouter jusqu’à 7 millions d’Ukrainiens au passif de Poutine, ainsi que les plus de six mille armes nucléaires de Biden (+ la force de frappe nucléaire de Macron + les sous-marins équipés d’engins nucléaires de Johnson) n’ont pas réussi à faire reculer Poutine dans son plan criminel d’envahir un pays frère pour créer un illusoire état-tampon.
Alors à quoi servent-elles au juste ? Les armes et obus sophistiqués, chers et inefficaces, de la sur-armée conventionnelle occidentale restée hors scène dans le présent conflit ont fait gonfler les dépenses militaires mondiales atteignant en 2019 près de 2000 milliards de $ (les chiffres SIPRI 2020 devraient sortir d’une semaine à l’autre). Le complexe militaro-industriel préfère les armements conventionnels démodés fabriqués dans des usines qui en augmentent les coûts sans problème, vu l’exclusivité qu’elles commandent pour certains types d’armes et en plus triplent souvent leurs prix entre la commande et la livraison.
Pourquoi donc les gouvernements les préfèrent-ils, ces armements désuets alors qu’il existe des drones et des armes cybernétiques ? Parce que les usines qui les produisent sont très généreuses avec les caisses électorales des gouvernements occidentaux qu’elles persuadent en outre facilement que leur contribution mortifère résout efficacement le problème du chômage.
Harper et Trudeau ont donc choisi d’y investir un milliard de fois davantage de $ de ce qui aurait pu arrêter la connerie militariste de Poutine, par exemple l’imagination des rues
- des groupes pacifistes russes (dont un journaliste a reçu le dernier Prix Nobel [3]) non subventionnés par la CIA qui a préféré glorifier le néo-nazi Navalny et alerter le monde d’un génocide ouïghour douteux aux racines propagandistes.
- des groupes pacifistes occidentaux, à qui les journaux ne donnent évidemment pas la parole (ce qui augmente leur rayonnement vu leur rareté). Vendredi, à 19h, j’aurai ma seconde entrevue depuis le début de la guerre. Aha ! Tu vois bien, Pierre, que la censure n’existe pas… Heu, s’cusez, c’est encore à la même radio courageuse, Radio CPAM1410 avec Cuccioletta et Ismael !
Je repose la question : qu’est-ce qui aurait pu freiner (sans doute pas arrêter) et discréditer internationalement l’invasion des troupes russes ?
Réponse : les Casques Bleus de l’ONU
Les outils de communication utilisés par les nouveaux Casques Bleus efficaces pour voir avancer les chars ennemis (ils n’existaient pas à la douloureuse époque du Rwanda subie par le général Dallaire) coûtent x millions fois moins que les armes dont on vient de parler. Mais la propagande médiatique (l’argent du complexe militaro-industriel a fait main basse sur l’ensemble des journaux et médias dans les derniers 25 ans) a abondamment illustré les immenses problèmes des armées de l’ONU qui aident, bien plus que ceux des armées qui attaquent ! Exemples : si Haïti a compté auparavant jusqu’à six cent cinquante Casques Bleus canadiens, notre Premier ministre Harper a stoppé cela et n’a même pas voulu en dépêcher après le tremblement de terre catastrophique de 2010.
L’ONU a donc dû dépêcher un contingent du Népal, fortement soupçonné d’avoir introduit le choléra au pays par une étude du professeur français Renaud Piarroux, spécialiste en pathologie infectieuse et tropicale, aussitôt contredite par « le gouvernement (haïtien) qui ne souhaitait pas mettre en difficulté la Mission des Nations unies pour la stabilisation en Haïti (Minustah) avant les élections ». En 2017, des contingents de l’ONU issus du Brésil et de l’Uruguay sont mis en cause par une étude universitaire aussitôt relayée par le New York Times, basée sur des entretiens avec 2 500 Haïtiens vivant près des bases de la Minustah par Sabine Lee, professeure d’histoire à l’université de Birmingham (Royaume-Uni). Les soldats auraient abandonné des centaines d’enfants, appelés petits Minustah et autant de filles-mères se débattant avec la honte sociale, la pauvreté et la difficulté d’élever un enfant seule.
Il n’est certes pas dans mes intentions d’excuser ces comportements sexuels répréhensibles ni d’affirmer que nos soldats canadiens auraient mieux fait. Mais simplement signaler que si les gouvernements du monde entier privilégiaient les Casques Bleus sur leurs propres armées, combien il aurait été facile, dès l’annonce de Poutine déclarant l’autonomie du Donbass et de Donetsk, de mettre aussitôt des Casques bleus pour empêcher ou freiner l’avancée de l’armée russe au-delà des frontières aléatoires de ces territoires russophones. Selon des informations non confirmées, l’Ukraine, mue par la tentation universelle du mieux plutôt que du bien, aurait refusé que ces Casques Bleus soient installés ailleurs qu’à la stricte frontière Ukraine-Russie.
En conclusion, le 29 novembre dernier, une publication de Barbara F. Walter, Lise Morjé Howard et V. Page Fortna affirmait que des décennies de recherches académiques démontrent que le peacekeeping n’est pas seulement un outil pour arrêter les conflits mais il réussit mieux que toute autre opération d’experts, il est efficace pour résoudre des guerres civiles, réduire la violence guerrière et l’empêcher de se répéter et pour reconstruire les institutions d’état. Il protège les vies civiles et réduit les violences sexuelles, tout ceci à un moindre coût ».
On trouvera sur notre site nos nombreux articles documentés sur le sujet positif des Casques Bleus, principalement grâce aux contributions de l’officier Walter Dorn enseignant au Royal Military College de Toronto et expert des Casques Bleus à l’Organisation des Nations-Unies pour qui il a rédigé deux ouvrages remarquables documentant le progrès des outils mis à leur disposition (taper son nom dans le moteur de recherche du site).
Il y a deux jours, j’ai demandé à notre site des Artistes pour la Paix de montrer sur la page d’accueil jusqu’à la fin de la guerre les publicités de deux organismes-clés, la Croix-Rouge et le Haut-Commissariat des Nations-Unies, qui accomplissent un travail considérable, de même que les Médecins sans Frontières et d’autres que nous oublions. Ils nous prouvent admirablement à chaque heure du jour et de la nuit que le cynisme est un abandon de toute humanité : prière de les soutenir car ils nous inspirent.
[1] https://lautjournal.info/20220308/de-lexpansion-de-lotan-la-destruction-de-lukraine
[2] http://www.artistespourlapaix.org/?p=21438 Par le professeur André Jacob
[3] http://www.artistespourlapaix.org/?p=20944 Par Christian Morin, notre webmestre
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