Les Artistes pour la Paix appellent leurs membres montréalais à se rassembler à la gare Jean-Talon (métro du Parc) à 18 heures ce soir 30 janvier 2017 en solidarité avec leurs frères et sœurs musulmans à qui nous offrons nos plus sincères condoléances. Note de Pierre J. le 3 février: les cérémonies de Montréal et de Québec à la mémoire des six personnes assassinées ont montré une population rassemblée derrière leurs élus municipaux et nos deux premiers ministres qui ont tous choisi les mots humbles et compassionnels appropriés. Remarquable aussi, la confession émouvante du député de la circonscription de Sainte-Foy où a eu lieu le drame, Joël Lightbound. Merci à l’Aut’Journal qui vient de publier cet article réécrit sur  http://lautjournal.info/20170203/des-quebecois-quon-tues et l’analyse historique de Robin Philpot en réponse à des racistes anglophones voulant culpabiliser les Québécois : http://lautjournal.info/20170202/le-nouvel-ordre-mondial-frappe-quebec

Après nos six articles en un mois sur l’art de l’inclusion des musulmans (mais aussi des femmes, Premières Nations et LGBTQ: merci particulier à André Jacob, Daniel Gingras et Pierre Jasmin), notre société bien-pensante n’a hélas pas su prévenir l’exclusion brutale par l’assassinat lâche de six membres du Centre culturel islamique de Québec dans la soirée du 29 janvier. Les médias appellent cela « attentat terroriste », ce qui se justifie par la terreur infligée aux musulmans, qui veillent aussi sur huit blessés graves. Mais ne s’agirait-il pas plutôt de « crime haineux extrémiste » ? Le suspect identifié n’est pas un vétéran souffrant de stress post-traumatique, mais un jeune étudiant de l’Université Laval, Alexandre Bissonnette, un individu sans doute fanatisé par des idées racistes, xénophobes, anti-musulmanes, religieuses ou politiques d’extrême-droite…

Cela se passe à Québec dont les radios-poubelles crachent des discours haineux contre imams, femmes voilées, Montréalais de Québec solidaire, artistes du Plateau et immigrants voleurs de jobs. Ce suspect se serait-il senti légitimé à « tuer du musulman », comme l’armée canadienne le fait légalement et peu après le décret du président Trump excluant les immigrants de sept pays musulmans (mais pas de l’Arabie Saoudite d’où provenaient les terroristes du 9/11)?

On peut heureusement se consoler à l’idée que c’est à Québec aussi qu’avait été votée par l’Assemblée Nationale une condamnation sans réserve et unanime de l’islamophobie et des appels à la haine et à la violence contre tout citoyen du Québec, le 1er octobre 2015, à l’incitation de Françoise David: notre article sur www.artistespourlapaix.org/?p=12391 le rappelait, il y a quelques jours. Elle nous manque déjà, une semaine après son retrait de la vie politique.

Les maires de Québec et de Montréal sont intervenus avec de bons discours pour renforcer l’esprit meurtri du vivre-ensemble, en affirmant leur confiance dans le droit et en rassurant par des mesures de sécurité policière autour des mosquées. Le président sortant français Hollande y est allé d’une déclaration intelligente : « C’est l’esprit de paix et d’ouverture des Québécois que les terroristes ont voulu atteindre. »

Quant à Donald J. Trump, s’il soutient que la fermeture des frontières américaines n’est pas dirigée contre les musulmans, ses débordements dans ses discours n’ont-ils pas fait déraper l’Amérique du Nord entière vers l’intolérance ? Il est donc opportun de rappeler l’action mémorable du pasteur Martin Niemöller, au moment où un autre tribun populiste prénommé Adolf, qui venait tout juste d’accéder démocratiquement au pouvoir, identifiait les Juifs comme obstacles à ses visées militaristes et à son idéal du « Make Germany Great Again ! »

niemollerMartin Niemöller, né en 1892, mort en 1984, pasteur luthérien allemand, d’abord hitlérien (lire sur wikipedia et merci à FAIR de nous avoir rappelé son existence) fonde à la fin de l’année 1933 la Ligue d’urgence des pasteurs. Soutenue par des protestants à l’étranger, elle adresse au synode une lettre de protestation contre les mesures d’exclusion et de persécution prises envers les Juifs et envers les pasteurs refusant d’obéir aux nazis. Six mille pasteurs, soit plus d’un tiers des ecclésiastiques protestants allemands, rejoignent ce groupe dissident. Malgré les protestations, Martin Niemöller est déchu de ses fonctions de pasteur et mis prématurément à la retraite au début du mois de novembre 1933. Mais la grande majorité des croyants de sa paroisse décide de lui rester fidèle, et il peut ainsi continuer à prêcher et à assumer ses fonctions de pasteur.

Niemöller est arrêté en 1937, envoyé au camp de Sachsenhausen et transféré en 1941 au camp de concentration de Dachau. Libéré par la chute du régime nazi en 1945, il se consacre jusqu’à sa mort à la reconstruction de l’Église protestante d’Allemagne et prend de plus en plus de distance avec les milieux conservateurs de ses origines pour devenir militant pacifiste. Le contenu ci-dessous est une traduction de celle reconnue définitive par la Fondation Martin Niemöller (avec un addendum de notre cru)..

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Quand le président Trump attaque les Mexicains et les musulmans,
les Artistes pour la Paix ne peuvent pas se taire…