Lettre à l’Honorable François-Philippe Champagne
Ministre des Affaires étrangères du Canada
Le 25 novembre 2019
Monsieur le ministre,
Les Artistes pour la Paix vous félicitent pour votre victoire électorale dans le comté de St-Maurice-Champlain et pour votre nomination comme ministre des Affaires étrangères. Nous prenons d’ailleurs bonne note des mots du Très Honorable Jean Chrétien à votre sujet : « Il a vécu en Angleterre, en Suisse, en Italie, en Corée du Sud aussi et peut-être ailleurs. Il parle plusieurs langues. Il connaît les affaires. C’est un avocat, il a une très bonne formation. Je suis sûr qu’il [connaîtra] du succès. » Vous trouverez sur notre site web (1) un article de Pierre Jasmin, ex-président et aujourd’hui membre honoraire, qui se réjouissait aussi en notre nom.
Une réunion des membres de l’OTAN les 3 et 4 décembre prochains requerra peut-être votre présence à Bruxelles. Nous aimerions vous faire part préalablement de notre humble opinion, semblable à celle que M. Earl Turcotte du Réseau canadien pour l’abolition de l’arme nucléaire – groupe auquel les APLP sont affiliés – vient de soumettre au Premier ministre Trudeau (les parenthèses sont de notre cru) :
« Selon vos intentions exprimées, vous allez redoubler d’efforts pour combattre les changements climatiques – une nécessité morale étant donnée la menace existentielle posée à notre monde et à celui des générations futures. Mais ce que ni moi ni des millions d’autres ne peuvent comprendre c’est pourquoi la même priorité – la même urgence – ne s’applique pas à l’autre menace existentielle qui pèse sur l’humanité – l’annihilation nucléaire (les deux menaces sont inscrites comme priorités absolues par le Secrétaire Général de l’ONU, M. Antonio Guterres). Voici quelques faits indubitables :
Après des décennies de progrès en réductions d’armes nucléaires, un récent bouleversement fait que les neuf états possédant leurs propres armes nucléaires ont décidé de les multiplier et de les moderniser. D’autres, incluant l’Iran, l’Arabie saoudite, la Corée du sud et même le Japon ont signalé qu’ils pourraient bien s’y mettre aussi.
Les États-Unis se sont retirés de l’entente nucléaire avec l’Iran et du Traité des Forces Intermédiaires Nucléaires (INF) avec la Russie et refusent de discuter avec la même Russie du renouvellement du Traité NewSTART, qui expirera en 2021 (tout ceci avec l’approbation militariste de l’OTAN).
La Corée du Nord a annoncé qu’elle se « désintéressait » des pourparlers avec les Américains sur ses armes nucléaires, tandis que l’Inde et le Pakistan s’échangent des menaces de guerre nucléaire.
Les pays armés de bombes nucléaires ont affirmé ne jamais vouloir accéder au Traité d’Interdiction des Armes Nucléaires (TIAN), un instrument historique (boycotté par la ministre Chrystia Freeland) négocié à l’ONU par 122 états en 2017, tandis que les obligations de désarmement contenues dans le Traité de non-prolifération (ONU, 1970) restaient lettres mortes.
Les experts du monde entier avertissent que le risque de déclenchement délibéré ou accidentel d’une arme nucléaire est plus grand aujourd’hui qu’aux plus graves moments de la Guerre Froide (selon le Bulletin des scientifiques atomiques). »
Monsieur le ministre, nous croyons qu’avant d’assister à cette réunion de l’OTAN, une rencontre s’imposerait avec le Secrétaire général de l’ONU qui saura mieux vous conseiller sur la route de la paix, à laquelle nous sommes persuadés que vous et M. Trudeau aimeriez, au meilleur de vos connaissances, accéder.
Bien sûr, nous sommes ouverts à vous rencontrer, si jamais vous étiez disposé à nous accorder cet honneur.
Pacifiquement vôtre,
André Michel, président national
Les Artistes pour la Paix
En fait, le ministre Champagne n’est pas allé à Londres, et on l’en félicite.
On a plutôt assisté à la navrante pantomime sur vidéo de Trudeau se moquant des assistants de Trump à la mâchoire décrochée, vidéo qui a permis aux médias d’échapper à leur responsabilité de débattre de la non-pertinence des dépenses militaires de 100 milliards que le Canada entreprend sous l’ordre d’une OTAN en état de mort cérébrale, selon Macron. Ce dernier devrait en profiter pour sortir la France de l’OTAN et puiser dans les milliards qu’il dépense pour ses armes nucléaires afin de résoudre le problème du financement des retraites.