1-La réforme de l’assurance sociale par les Conservateurs de Stephen Harper est inhumaine, dans sa froide application par logique politique qui punit les régions ne votant pas « conservateur », au Québec et en particulier sur la côte atlantique : il n’est pas étonnant que les chômeurs saisonniers réagissent fortement avec des blocages de routes et des manifestations en Gaspésie et au Nouveau-Brunswick. Ceux qui aiment la paix répressive nous reprocheront d’encore une fois enfourcher le cheval de la solidarité, cette fois envers des travailleurs saisonniers éprouvés, aux tactiques parfois brouillonnes. Mais comment ne pas défendre ceux et celles qui se consacrent aux durs métiers de la pêche, du bucheronnage et du tourisme et qui assurent, en dépit de leur pauvreté d’autonomie et de fierté, la prospérité fragile de ces régions aux beautés inégalées? Les Artistes pour la Paix se portent résolument aux côtés du Mouton Noir, ce mensuel du Bas-du-fleuve qui subsiste depuis des années par une remarquable chaîne de solidarité.
2- On a apprécié que la ministre québécoise du Travail Agnès Maltais aille immédiatement, malgré une importante tempête de neige, protester auprès de la ministre fédérale Finley pour tenter d’infléchir la nouvelle loi privant de leur gagne-pain des dizaines de milliers de familles québécoises et augmentant du même coup leur désespérant recours à l’aide sociale. Mais quelle mouche a piqué encore une fois (on se souvient de son appui à une loi préservant de toute attaque judiciaire le montage brinquebalant de construction du futur amphithéâtre de Québec) la ministre qui a jugé bon, au milieu de la terrible insécurité frappant nos assistés sociaux, de lancer une modification établissant des coupures de millions de $ frappant les plus pauvres de notre société? Quel sens de timing politique! Bref, un bonbon offert à Québec Solidaire qui s’en est régalé à juste titre…
3- Les Artistes pour la Paix avaient diverses raisons de ne pas aimer el presidente Hugo Chavez. Haut gradé d’une armée sud-américaine, les antécédents ne militaient pas en sa faveur, loin de là; sa première tentative de coup d’état comme militaire nous disait de nous méfier de sa propension à agir sur des coups de tête impulsifs, même après qu’il soit finalement arrivé au pouvoir par la voie démocratique. N’ont pas amélioré son image à nos yeux : – ses dépenses militaires excessives des dernières années, – ses alliances avec des dictateurs tel Ahmadinejab, – son incapacité à organiser un parti avec des ministres forts, capables d’organiser une amélioration économique sur des assises rigoureuses et non une inflation catastrophique proche de 20% – et finalement la stupéfiante montée de violences dans les rues de Caracas et ailleurs dans son pays, sans doute reliée à l’incapacité du pouvoir de protéger les femmes, au premier chef.
Mais comment ne pas saluer, comme la représentante de l’UNESCO Michaëlle Jean l’a fait dans son généreux discours du 6 mars dernier à l’UQAM, la solidarité exemplaire de Chavez envers les pays des Caraïbes, en particulier Haïti et Cuba, qui ont pu survivre grâce à la rente pétrolière du Vénézuela décidée par Chavez, et non à cause de la pseudo-charité du Canada et des pays riches ?
Comment ne pas voir que l’exemple de courage anti-impérialiste de Chavez à son arrivée au pouvoir en 1998 a favorisé l’émergence des régimes de Lula au Brésil (2002), de Vasquez en Uruguay, avec un nouveau président exemplaire qui déclare un avoir total de 17 000$ (2004), de Morales en Bolivie (2005), de Correa en Équateur (2008), du retour des sandinistes (version édulcorée) au Nicaragua et d’une présidence moins fasciste en Colombie?
Comment ne pas s’enthousiasmer, comme le fait Pierre Mouterde, saluant en Chavez le tacticien plus que le stratège (lire Hugo Chavez et la révolution bolivarienne), d’un taux de pauvreté passant de 49% en 1998 à 27% aujourd’hui, la misère reculant dans la même période de 27% à 7%? Ces statistiques représentent au-delà des chiffres, le sauvetage et la dignité de centaines de milliers de personnes. Voilà qui fait bien plus que compenser nos réserves exprimées en début d’article!
Et pendant ce temps chez nous grandit le fossé entre le 1% de très riches et les 20% les plus pauvres, qu’on attaque maintenant à coups de réformettes.
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