Partis politiques dépassés, irresponsables et désemparés
Face aux événements de grave importance survenus dans les derniers mois parmi lesquels des températures jusqu’à 49 degrés au Canada, les feux de forêt incontrôlés en Colombie-Britannique et un ouragan de la Nouvelle-Orléans jusqu’à New York et New Jersey inondés, provoquant des dizaines de morts, tandis qu’au Nevada et en Californie, aussi en proie à des feux de forêt dévastateurs, les réservoirs d’eau potable pour des dizaines de millions de citadins s’assèchent, que proposent nos brillants partis politiques ?Rien de non-risible et le 23 août, notre prise de position accordait aux six principaux partis des ÉCHECS échelonnés de 45% (NPD et Bloc québécois), à 30% (Parti Vert), 20% (Libéraux), 5% (conservateurs) et 0 pointé à Maxime Bernier. L’irresponsabilité totale des partis dominants face au réchauffement climatique en était la première raison, étayée par leur incapacité, otages du complexe militaro-industriel [1], d’assumer la défaite lamentable de l’opération Resolute Support de l’OTAN en Agonisthan : aucun chef n’envisage même réduire les dépenses militaires agressives et coûteuses (100 milliards de $) que le ministre de la Défense Harjit Sajjan est en train de gaspiller avec nos impôts pour des frégates armées Irving/Lockheed Martin et pour des chasseurs bombardiers, conçus pour les guerres du XXe siècle (Agonisthan, Libye, Syrie, Irak, Vietnam) qui ont résulté en… 82 millions de réfugiés (UNHCR).
Nous aimons rappeler à nos amis écologistes qu’un premier pas facile serait de réclamer la réaffectation de ces 100 milliards de dollars militaires à des projets verts, parmi lesquels figure la plantation de deux milliards d’arbres (pour laquelle on serait, après deux ans, à un très maigre 0.4% de l’objectif libéral à atteindre en 2030). En 2010, Frédéric Back, prix Hommage des Artistes pour la Paix, participait avec le chancelier de l’UQAM Pierre J. Jeanniot à une cérémonie dédiée à Murray Thomson, ex-directeur de la Canadian University Service Overseas (CUSO) et co-fondateur des Canadiens pour une Convention sur les Armes Nucléaires signée par plus de mille membres de l’Ordre du Canada. Cette année-là, l’Exposition universelle de Shanghaï avait accueilli le cinéaste pacifiste et écologiste, gagnant d’un Oscar et d’une cinquantaine de prix internationaux pour l’homme qui plantait des arbres, à l’aide d’une immense fresque végétale en mosaïculture en avant-plan d’un boisé de 130 000 arbres plantés pour l’occasion par les autorités chinoises. Les partis ont TOUS régressé depuis l’appel de Greta Thurnberg le 24 septembre 2019.
Médias et journalistes manipulés
Le mutisme des six partis à l’égard des dépenses militaires est encouragé par nos médias qui ne publient aucune de nos protestations [2], préférant illustrer à qui mieux mieux les protestations antimasques et antivaccins pour faire croire que toutes manifs politiques procèdent du complotisme et de l’ignorance. Que dire de la question de l’animatrice, choisie par le Canada anglais (CBC), en entrée en matière du débat du 9 septembre ?
Cette otage de la pensée dominante canadienne anglaise, à qui on avait confié l’animation du seul débat des chefs de langue anglaise, renchérissait le lendemain, selon ce qui est rapporté par Boris Proulx (Le Devoir) dont je résume l’article : « Ce n’est pas quelque chose sur quoi j’ai erré sans préparation. C’était une question qui a été approuvée [« vetted », en anglais] par plusieurs échelons dans l’organisation avant d’aller de l’avant », a expliqué la présidente de la firme de sondage Angus Reid, Shachi Kurl qui a pourtant demandé d’entrée de jeu au chef du Bloc québécois : « Vous défendez des législations comme les projets de loi 96 et 21 qui marginalisent les minorités religieuses, anglophones et allophones. Pourquoi votre parti soutient-il ces lois discriminatoires ? »
À cette question aux prémisses inexacts, M. Blanchet a d’abord répondu qu’ainsi injurieusement formulée, la question n’appelait qu’une réfutation, vu que les lois 96 et 21 sont nullement discriminatoires. Le fait que la « journaliste brainwashée ou ignorante » ait alors répété sa question a soulevé la colère justifiée du principal intéressé, heureusement appuyé (mais le lendemain, en français !) par les chefs des partis à Ottawa et par le premier ministre du Québec qui a parlé d’attaque contre la nation québécoise.
Le porte-parole de la production du débat et responsable des questions éditoriales (un groupe de médias comprenant, côté anglophone, APTN, CBC, CTV & Global) a confirmé qu’un « comité éditorial officiel du débat en anglais », composé de chefs de production, de producteurs et de journalistes des quatre médias, avait validé la question. Il en a aussi défendu la pertinence (l’impertinence ?). Au fait de la controverse entourant sa question, Mme Kurl n’a exprimé aucun regret, se justifiant plutôt d’avoir qualifié ces lois de « discriminatoires » en s’appuyant sur un jugement remis en question par un appel à la Cour Suprême.
Parlant jugement, on verra comment M. Trudeau réussira à se dépêtrer des accusations de son ex-ministre de la Justice, Judy Wilson-Raybould, à propos de SNC-Lavalin [3].
Revenons au débat, où suivant le texte de M. Proulx, la cheffe du Parti vert, Annamie Paul, a invité M. Blanchet à « s’éduquer » sur la question du racisme systémique! Son mépris à l’endroit du chef bloquiste aura certainement aidé Mme Paul dans sa circonscription de Toronto-Centre, une plaque tournante du multiculturalisme canadien. Mais il n’aura rien fait pour combler le fossé qui sépare le Québec du reste du Canada sur les enjeux identitaires — et qui semble s’élargir depuis quelques années. D’ailleurs, madame Paul a terminé son plaidoyer final par un lapsus révélateur appelant la population à voter… libéral, provoquant un désarroi de sa traductrice, non au fait de mon article, m’a-t-on dit, car je regardais le débat en anglais. Espérons que l’électorat punira les leaders actuels malhonnêtes.
P.S. Autres imbécilités libérales
On ne veut pas s’acharner sur un parti, mais comme celui-ci caracole en tête des sondages au Québec… voici d’abord une bourde risible, relatée par deux articles du Devoir.
« Au mépris de l’âge des lecteurs, on a mis dans le même sac livres d’histoire, encyclopédies, récits, romans et bandes dessinées, ce qui témoigne d’une méconnaissance totale des livres, alors qu’on s’apprêtait à en mettre certains à l’index et, horreur, à en brûler [et enterrer] d’autres. Et des décideurs ont cautionné tout cela, démontrant hors de tout doute leur incompréhension de ce qu’est l’école et de ce qu’est sa mission. »
Il manque un mot dans cette position raisonnable de mon collègue uqamien Normand Baillargeon : des décideurs du parti libéral, avant que Suzy Kies coprésidente de la COMMISSION DES PEUPLES AUTOCHTONES DU PARTI LIBÉRAL DU CANADA ne démissionne pour ne pas nuire à son chef, avaient affirmé sans peur du ridicule que les personnes « comme elle, qui mémorisent la connaissance transmise oralement, sont plus fiables que les archives écrites ».
Rappelons notre article en février intitulé « Neuf accrocs aux politiques de l’ONU par le Canada – Les Artistes pour la Paix » qui montrent l’ambition du parti libéral de s’aligner sur le complexe militaro-industriel qui a acquis un nombre impressionnant de médias ii bis.
[1] Nos remerciements à Pressenza.com et à Voices of Women qui viennent de republier https://www.pressenza.com/fr/2021/09/militarisme-et-antimilitarisme/
[2] Ce n’est pas nouveau puisque c’était courageusement dénoncé par l’Aut’Journal en 2019 : http://lautjournal.info/20191015/ce-que-les-debats-taisent-au-profit-du-complexe-militaro-industriel
[3] http://www.artistespourlapaix.org/?p=18904 5e paragraphe
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