Le 15 février à l’Hotel de ville de Montréal, la présidente Guylaine Maroist présentait le Prix hommage des APLP à Michel Rivard pour l’ensemble de son engagement pour la justice sociale.
Chaque année les Artistes pour la Paix décernent un prix hommage à un artiste pour l’ensemble de son œuvre. En 40 ans de carrière, Michel Rivard a écrit peu de chansons dites… engagées. Il a rarement évoqué la paix dans son corpus. Sinon pour dire qu’il n’arrive pas à trouver l’inspiration pour écrire une chanson sur la Paix dans sa chanson intitulée «Parlant de la paix».Né à Montréal «d’une famille normale» comme le dit la chanson, cet auteur-compositeur, ce guitariste, ce comédien, ce professeur à Star Académie parle surtout, avec sensibilité et humanité, de la vie des gens ordinaire. C’est vrai qu’il a écrit La complainte du phoque en Alaska. Malgré que ce que le titre peut porter à croire, il ne s’agit pas d’une chanson visionnaire sur les changements climatiques
Alors, pourquoi avons-nous décidé de donner un prix Artistes pour la paix à Michel Rivard? Parce qu’il est l’un des plus grands auteurs-compositeurs-interprètes que le Québec ait connu? Ce serait une raison bien suffisante. Mais nous l’honorons aujourd’hui, d’abord et surtout, pour ses actions, au-delà de son immense travail d’artisan de la chanson.
Depuis ses débuts dans le groupe mythique … la Quenouille bleue – oui, La Quenouille bleue, avant cet autre groupe dont vous avez peut-être entendu parler, Beau Dommage, Michel Rivard fait la promotion de la justice sociale et de la paix par ces actions.
Notamment, il marche. Rappelons-nous la marche contre la guerre d’Irak en 2003 ou plus récemment avec les étudiants en 2012. Il chante aussi. Évoquons le projet collectif Les Yeux de la faim pour la fondation Québec-Afrique en 1985.
En fait, depuis 40 ans, il a chanté des centaines de fois dans des spectacles bénéfices. Difficile d’en trouver un où il n’ait pas été présent. On se rappellera du grand spectacle Amnistie internationale au Stade Olympique en 1988 où il partage la scène avec Bruce Springsteen, Peter Gabriel, Sting, Tracy Chapman et Daniel Lavoie devant 50 000 spectateurs.
Plus près de nous, en 2013, à Lac-Mégantic, non seulement il a participé à un concert bénéfice pour les familles des victimes, mais il leur a écrit une très émouvante chanson. Le 21 septembre dernier, il chantait ici-même pour la Journée internationale de la paix. À 8 heures du matin !! Savez-vous ce que ça représente pour un musicien de performer à 8 heures du matin ? Rien que pour ça, il mérite un trophée.
Pour vous parler de lui, son ami le parolier Pierre Huet.
Pierre Huet, auteur et parolier de nombreuses chansons de Beau Dommage, livra une vision aussi personnelle que caustique d’une amitié qui remonte aux années 60.
Bonjour, mon nom est Pierre Huet. Merci de m’avoir invité à témoigner. Je connais Michel Rivard depuis plus de cinquante ans. Lorsqu’on m’a appris que ce dernier recevait le prix pour l’artiste de la paix de cette année, j’ai été complètement stupéfait. L’artiste pour la paix ? J’ai immédiatement répondu : est-ce qu’on parle du même Michel Rivard ? Peu probable. Parce que le Michel Rivard que je connais est l’homme le plus violent, le plus barbare que je connaisse.Prenez récemment encore : j’ai lancé mon propre livre de souvenirs, et c’est Michel qui en a fait la préface; hé bien il en a immédiatement profité pour s’attaquer sauvagement à ma réputation et en plus a écrit une préface violemment drôle, moins drôle que mon livre quand même; mais quelle démonstration de sauvagerie !
Je repense à notre époque au collège : il était la crainte de tout le monde parce qu’il nous forçait à marcher pliés en deux avec ses fameuses blagues.
Et ce n’est rien : tout ça se passait avant qu’il ne se découvre un talent pour la musique et la chanson. Il s’est mis à faire fuir tout le monde en nous cassant les oreilles en jouant constamment de la guitare. Un violent, je vous dis. Par la suite, il a fait des progrès même si je l’ai vu souvent ,en chantant, se battre pour atteindre une note très haute.
Quand il s’est mis à faire des spectacles, d’abord avec Beau Dommage et ensuite en solo, je l’ai vu régulièrement casser la baraque avec la démonstration de son talent. Et ce n’est pas tout : monsieur en profitait pour briser des cœurs partout sur son passage.
Et ça n’a jamais arrêté depuis : il a continué sur son chemin de violence. Tenez : à une certaine époque où il a traîné un problème aux poumons, je l’ai vu de mes yeux vu se battre contre la toux, et ce devant tout le monde, en plein spectacle. Une vraie honte.
Je conclurai ainsi : faites à votre tête et donnez lui ce prix pour la paix si vous voulez; mais ne venez pas pleurer sur mon épaule si par la suite vous le voyez continuer à le voir triturer des mots et malmener des notes de musique pour arriver à en façonner d’autres chansons extraordinaires.
Paix, Michel.
Après un témoignage de l’auteur-compositeur-interprète Paul Piché, le groupe musical Surkalén interpréta la chanson Libérez le trésor, composée par Michel Rivard.
Surkalén, qui se spécialise dans l’ethno-charango, est composé de Claudio Rojas, Sandra Ulloa, Rony Dávila et María Demacheva.
Michel Rivard se déclara renversé par la prestation de Surkalén et fasciné par toutes les possibilités qui s’offrent dans de nouvelles interprétations.
Les photos sur cette page sont de Jacques Dupont, sauf indication contraire.
Voyez la galerie de photos de l’événement sur cette page. À lire également : les hommages à Samian et Hélène Monette.
Cher Michel, vendredi le 12, à cette merveilleuse soirée que monsieur le maire nous a offerte en hommage à l’homme de paix, apôtre des Nations-Unies, M. Ban Ki-moon, tu m’exprimais ton syndrome de l’imposteur à recevoir notre hommage, ce à quoi je t’avais répondu que le justifiait amplement l’engagement humaniste de ta poésie. Car qui peut savoir, et je répète ma question, dans quelle mesure l’accueil généreux des Québécois envers plus de six mille Syriens est redevable en partie de tes sketches d’humour subtil présentés à la télé, avec ton personnage inspiré par Sol de Marc Favreau, d’immigrant naïf et sympathique jonglant avec sa nouvelle langue française?