- racialement, il érige des murs et déclare illégaux 200 000 Salvadoriens immigrants « to make America great again » ;
- environnementalement, il viole les eaux américaines par les forages pétroliers et gaziers et retire les États-Unis de la politique environnementale de la Conférence de Paris;
- militairement, il augmente [1] les sommes accordées aux bombes nucléaires et au budget militaire américain, qui dépasse les budgets réunis de la Chine, de la Corée du Nord, de la Russie, de la Grande-Bretagne, de la France et de l’Allemagne (consulter SIPRI);
- socialement, il augmente les déductions d’impôt accordées aux plus riches;
- médicalement, il coupe les assurances qui protègeraient les plus pauvres et approuve les manifestants « pro-vie » du 19 janvier de vouloir supprimer l’accès à l’avortement;
- économiquement, il méprise « les pays de merde » moins fortunés, tels Haïti et les pays africains. ETC.
Son influence se transmet au Canada chez la ministre des Affaires étrangères Chrystia Freeland qui permet la vente d’armes à l’Ukraine en dépit des clauses restrictives du Traité sur le commerce des armes (ONU) et chez le ministre de la Défense Harjit Sajjan qui engage des dépenses de 70 milliards de $ avec d’absurdes et coûteux avions de chasse, sans remettre en question le bombardement désastreux par l’OTAN de la Libye (2011).
Et elle s’exerce aussi chez plusieurs Canadiens déséquilibrés : des militaires, accusés de viols et de harcèlements sexistes envers les homosexuels, désertent et joignent les motards criminalisés Hell’s Angels, le lobby pro-armes Tous contre un registre québécois [2] ou le groupe identitaire raciste la Meute.
À l’opposé, des Françaises créent le mouvement balance-ton-porc qui, s’il est tout à fait pertinent pour neutraliser des agresseurs tels Harvey Weinstein, Charles Dutoit et Gilbert Rozon, entraîne des délations, où des hommes se voient accusés et immédiatement condamnés sur les réseaux sociaux, injustement selon Catherine Deneuve, pour des comportements de séduction grossièrement maladroite.
Heureusement, les femmes courageuses qui ont fait démarrer #moiaussi, #EtMaintenant, si bien lancé à Toutlemondeenparle du 14 janvier (EtMaintenant.net regroupe des milliers de personnes qui adhèrent à son message équilibré), réitèrent l’importance primordiale du respect de la Déclaration universelle des Droits de la Personne. Margaret Atwood suggère même d’y ajouter des droits spécifiques aux femmes : « the rights to contraception information (abortion, etc.), to pregnancy and maternal health care » et le droit de vivre dans des sociétés qui bannissent le viol par une meilleure égalité des sexes quant à leurs capacités d’acquérir les moyens de vivre et de lutter contre des religions patriarcales. La Secrétaire générale de la francophonie Michaëlle Jean, à qui on doit tant de fermes discours contre l’excision, et la ministre du Développement international Marie-Claude Bibeau luttent, en dépit de l’indifférence politique, pour une Afrique moins opprimée.
Le mouvement des artistes qui adhèrent à ces valeurs par des œuvres marquantes existe depuis longtemps au Québec :
- l’hommagée APLP2017 Janette Bertrand, à la carrière télévisuelle multiple comparable à celle d’Oprah Winfrey, mais dans une langue qui, si elle avait été comprise par l’ensemble de l’Amérique du Nord, aurait été autant récompensée en $ et en notoriété!
- Lise Payette qui si elle était arrivée en politique au bon moment, face à un macho tel que Donald Trump et non face à Claude et Madeleine Ryan, aurait sans doute triomphé;
- l’APLP1991 Simonne Monet-Chartrand, héroïne pacifiste d’abnégation totale, qui a élevé sept enfants avec un mari tout à son apostolat syndical exemplaire;
- Pauline Julien, dont une des dernières présences en public salua la remise du prix APLP1998 à Ginette Noiseux, fondatrice et directrice de l’Espace GO féministe. Son interprétation iconique de Mommy bouleverse chaque auditeur/trice : félicitons Émile Proulx-Cloutier d’avoir si bien réussi à en transmettre la même qualité dans sa version innue de son extraordinaire récent CD marée haute et aussi pour sa remarquable prestation dans le film digne d’un prix Jutra (pourquoi pas !) Nous sommes les autres !
Et félicitons toutes ces femmes admirables qui se sont illustrées lors de la 75e remise des prix Golden Globe le 7 janvier dernier à Los Angeles [3] :
- Handmaid’s tale a valu à Elisabeth Moss un Golden Globe aussitôt dédié à la Canadienne Margaret Atwood, désignée littéraire de l’année 2017 par Le Devoir, et dont un autre roman Alias Grace a aussi connu un grand succès en série télévisée. Elle vient de retwitter à ses nombreux adeptes les deux articles de l’Aut’journal qui mentionnent les faits que cet article reprend. On peut lire une entrevue à son sujet dans le journal britannique The Guardian en cliquant ici.
- La forme de l’eau, allégorie féministe écolo jouée par l’émouvante Sally Hawkins qui a valu au réalisateur mexicain Guillermo del Toro un Golden globe;
- Lady Bird, de Greta Gerwig avec l’actrice américano-irlandaise Saoirce Ronan;
- The Post [4], avec Meryl Streep personnifiant Katharine Graham, assumant seule le risque de publier les Pentagon papers grâce à l’action héroïque de Daniel Ellsberg révélant les mensonges (faked news?) des présidents américains sur la guerre au Vietnam et sur le nucléaire;
- Three billboards near Ebbing, Missouri mettant en scène une mère de famille au langage fucking fleuri, jouée par l’inénarrable Frances McDormand, applaudie dans la salle par les célèbres Geena Davis et Susan Sarandon (Thelma et Louise);
- The Marvelous Mrs Maisel, une série comique en huit épisodes qui révèle le talent caché d’une, oui, une stand-up comique juive de 1958, jouée par Rachel Brosnahan;
- Big little lies, à la distribution formée des vedettes Laura Dern, Nicole Kidman, Reese Whiterspoon et Shailene Woodley félicitant unanimement le réalisateur Québécois Jean-Marc Vallée.
- Et enfin Oprah Winfrey a livré un discours marquant criant à Trump your time’s up.
Et là où elle a été la plus émouvante, c’est dans son évocation de sa propre mère et de toutes les femmes de ménage revenant épuisées chaque soir d’avoir récuré qui un bureau, qui une maison bourgeoise, forcées de supporter tant d’indignités afin d’obtenir un salaire de misère pour la survie de leurs enfants. Et ces portraits de luttes de classes feraient accuser d’autres de communisme primaire, mais, répétons-le, ont généré une intense émotion, lorsqu’elle a évoqué les destins de Rosa Parks et de Reci Taylor (voir photo), cette dernière qui vient de mourir à 97 ans, violée en Alabama en 1944 par six blancs jamais inquiétés par la justice blanche…
Le combat de revalorisation des plus humbles continue chez nous, pacifistes et féministes unis : rappelons que notre co-présidente d’honneur Antonine Maillet a glorifié la sagouine et l’immigrée anarchiste de la guerre d’Espagne, sa femme de ménage madame Perfecta, que l’anthropologue Serge Bouchard nous a offert les magnifiques oubliées et un portrait du peuple rieur innu et enfin que Samian, APLP2015, dans un rôle d’archéologue, époussette des artéfacts liant les bouts épars de notre histoire créée aussi par des femmes passionnées dans la fresque Hochelaga : terre des âmes de François Girard.
[1] Il a augmenté d‘un treizième (50 autres milliards de $ annuels!) le budget militaire américain (qui passerait de 650 milliards annuels à 700 milliards). Ce treizième représente DIX FOIS le budget total de l’ONU, auquel Nikki Haley vient de décider en outre que les É-U retrancheront 285 millions de $.
[2] http://www.artistespourlapaix.org/?p=14304
[3] http://lautjournal.info/20180111/oprah-winfrey-rayonne-la-75e-remise-des-prix-golden-globe
[4] http://lautjournal.info/20180117/le-post-daniel-ellsberg
Bonjour à vous,
Oui le mouvement des femmes et la pensée féministe sont des alliés des pacifistes, cela depuis le dix-neuvième siècle, si ce n’est avant. L’amélioration des conditions de vie des femmes et l’accès des femmes à des droits antérieurement réservés aux hommes devaient, dès les premières manifestations féministes, augmenter la qualité des relations entre les personnes et entre les Nations. Les féministes ont toujours voulu améliorer le Monde et de ce fait pacifier le Monde. L’amélioration de la condition humaine implique prioritairement l’accession à une Terre pacifiée.
Pascale Camirand
Dans la liste des films à pensée féministe récompensés par un Golden Globe, j’ai oublié l’excellent film I, Tonia. En plus de rétablir la réputation injustement salie de la patineuse olympique Tonia Harding, il dénonce le traitement violent qu’elle a subi de la part de sa mère et de son mari, prisonniers d’une classe sociale sans moyens. Snobée d’autre part par les médias et les juges de patinage qui étaient obnubilés par l’image walt disneyesque de la grâce féminine idéale qu’ils cherchaient à récompenser et qui méprisaient ses travaux de couturière sur ses propres costumes, sans compter ses talents de gymnaste accomplie vus comme trop « masculins », Tonia Harding ne pouvait pas gagner, sauf en approuvant un tel film courageux, car hors cadre: peut-être réussira-t-il à changer nos paramètres et nos préjugés…