PHOTO MIKE BLAKE, ARCHIVES REUTERS. Le réalisateur Hamdan Ballal aux côtés de la coréalisatrice Rachel Szor récompensés à Hollywood par un Oscar en mars 2025

Avant l’aube du 25 mars, Hamdan Ballal, qui venait tourner à nouveau dans le village filmé par No other land, a été attaqué par des colons juifs, particulièrement déchaînés depuis qu’ils savent leurs violences légitimées par l’hystérie génocidaire antipalestinienne de Nétanyahou. L’épuration ethnique par Israël du peuple palestinien, à qui il ne reste que la Cisjordanie et Gaza, est régulièrement dénoncée par l’ONU comme étant illégale au regard du droit international.  

Mais le Canada à qui les Artistes pour la Paix ont encore demandé hier de reconnaître la Palestine comme pays indépendant (comme 75% des pays de l’ONU l’ont fait) semble tolérer les violences israéliennes, qui selon les responsables de la santé de Gaza viennent de faire exploser le bilan à plus de 50 000 morts (sans compter des milliers de disparus). Le Conseil de Sécurité de l’ONU ne peut agir, bloqué par l’absurde et injuste blocage états-unien. 

Radio-Canada, ce matin, raconte bien les événements dramatiques des blessures de Hamdan Ballal au ventre et à la tête aux mains de colons, mais le pire allait survenir plus tard, quand à peine entré dans une ambulance appelée par ses compagnons, il en a été extirpé manu militari par des soldats israéliens qui l’ont emmené dans une destination inconnue. Comment dire notre indignation extrême? 

 

No other land 

 « Il y a deux mois je suis devenu père, et j’espère que ma fille ne vivra pas la même vie que moi, à craindre la violence des colons, les démolitions et les déplacements forcés que ma communauté, Masafer Yatta, subit tous les jours sous l’occupation israélienne. No other land reflète la dure réalité que nous subissons depuis des décennies et face à laquelle nous résistons, tandis que nous appelons à la fin la guerre, à la fin des injustices, à la fin du nettoyage ethnique des Palestiniens. » 

Le co-réalisateur Yuval Abraham prend la parole : « Quand je regarde Basel, je vois mon frère, mais nous ne sommes pas égaux. Nous vivons dans un régime où je suis libre, sous des lois civiles, et Basel est sous des lois militaires qui détruisent sa vie et qu’il ne peut pas contrôler. Il y a un autre chemin, une solution politique sans suprématie ethnique, avec des droits nationaux pour nos deux peuples. Et je dois dire, puisque je suis ici [aux États-Unis], que la politique étrangère de ce pays participe au blocage de ce chemin. Ne voyez-vous pas que mon peuple ne peut être en sécurité que si le peuple de Basel est libre et en sécurité ? » 

L’Oscar du meilleur documentaire a été décerné le 2 mars 2025 à No Other Land, produit par un collectif palestino-israélien, qui suit l’histoire d’un militant palestinien qui se lie d’amitié avec un journaliste israélien pour qu’il l’aide dans sa quête de justice, alors que son village de Masafer Yatta est attaqué en raison de l’occupation israélienne. 

Il s’agit du premier film réalisé par Basel Adra, Hamdan Ballal, Yuval Abraham et Rachel Szor, qui l’ont décrit comme un acte de résistance sur le chemin de la justice. No Other Land reflète la dure réalité qu’ils ont endurée pendant des décennies et à laquelle ils continuent de résister, appelant le monde à prendre des mesures concrètes pour mettre fin à l’injustice et à l’épuration ethnique du peuple palestinien. Malgré le succès du film aux Oscars et sa distribution dans 24 pays, No Other Land n’a pas trouvé de distributeur aux États-Unis “en raison de son sujet” selon le site IMDb. 

Les risques du tournage 

« Nous avons réalisé ce film, Palestiniens et Israéliens, parce qu’ensemble, nos voix sont plus fortes. Ce film puissant couvre une période de quatre ans, de 2019 à 2023, de la vie sous occupation dans la ville. Même s’il a remporté de nombreux prix, notamment le Panorama Audience Award du meilleur documentaire et le Berlinale Documentary Award lors du Festival international du film de Berlin 2024, l’objectif de la production de “No Other Land” n’était “pas le prix lui-même, mais… d’atteindre le cœur des gens. Nous voulons que les gens voient la réalité de ce qui se passe dans notre communauté de Masafer Yatta, dans toute la Cisjordanie et la vie quotidienne sous cette occupation brutale”. 

La réalisation du film comportait pour Basel Adra de nombreux risques, comme l’invasion de sa maison et la confiscation de ses caméras par des soldats israéliens. “Et j’ai été physiquement agressé sur le terrain lorsque je me déplaçais pour filmer ces crimes” a poursuivi Basel Adra dans une entrevue après l’Oscar, une sorte de prévision du cauchemar que vit présentement son collègue Hamdan Ballal.