Pierre Jasmin est membre exécutif de Pugwash Canada et du Réseau canadien pour l’abolition des armes nucléaires, et co-président d’honneur du Mouvement Québécois pour la Paix
Nouvelles de Pugwash
Mouvement créé par les savants Josef Rotblat, Albert Einstein et Bertrand Russell pour avertir le monde de la dangerosité du nucléaire (voir https://pugwashgroup.ca).
Une délégation Pugwash à Moscou a discuté du contrôle des armes
Du 27 au 29 janvier 2019, une délégation Pugwash comprenant le Secrétaire Général Paolo Cotta-Ramusino (2e à partir de la droite sur la photo) a tenu une série de rencontres à Moscou pour discuter de L’AVENIR DU CONTRÔLE DES ARMES, selon un projet Pugwash. Ces rencontres en suivaient d’autres, tenues les 6 et 7 décembre à Moscou pour que la Russie prépare sa diplomatie pour tenter d’éviter la grave déstabilisation à venir.
La rencontre de janvier avec le Ministre russe des Affaires extérieures Sergeï Lavrov (au centre) s’est poursuivie dans les locaux moscovites de l’Institut d’État sur les Relations Internationales, en compagnie notamment du britannique Peter Jenkins, de l’allemand Götz Neuneck et de diverses sommités russes, tous membres des Conférences internationales sur la science et les affaires mondiales Pugwash.
Ces rencontres qui jouissent du sceau du secret se déroulent dans une franche cordialité, celle-ci n’y ayant sans doute pas fait exception, malgré le sombre sujet à l’ordre du jour : le retrait officiel imminent (1er février) par les Américains du Traité des Forces Nucléaires Intermédiaires les liant à la Russie, accusée de ne pas en respecter les clauses. Pugwash déplore évidemment ce retrait drastique et sans justification étayée de la part du président Donald Trump d’un traité qui avait réuni Ronald Reagan et Mikhaïl Gorbatchev en 1992, ainsi que la réaction russe de vouloir s’armer davantage après la déchirure du traité.
Mentionnons que Pugwash pleure la mort de Paul Dewar, député néo-démocrate porte-parole jusqu’en 2015 des Affaires extérieures pour son parti, qui jamais n’a hésité à porter la paix en avant de tous ses objectifs politiques !
Nouvelles du Réseau canadien (CNANW)
Le comité de direction du Réseau canadien pour l’abolition de l’arme nucléaire est vivement préoccupé du nouveau « Rapport sur les agressions russes en Ukraine, Moldavie et Géorgie » par le Canadian House of Commons Standing Committee on National Defence (NDDN). Le professeur de l’Université de Waterloo, Ernie Regehr [1], en a fait une sévère critique, déplorant qu’aucun analyste objectif n’ait été appelé à contrebalancer son contenu propagandiste. C’est d’autant plus déplorable qu’on peut hélas compter sur la ministre des Affaires extérieures Chrystia Freeland pour en rajouter sur l’agressivité antirusse. Le Ministère de la Défense cherche-t-il seulement à justifier l’achat onéreux des F-18 australiens qui commencent à atterrir en sol canadien et surtout les 60 milliards de $ pour des navires de guerre Lockheed Martin/Irving ?
La série de décisions malheureuses par la diplomatie canadienne la transforme en courtisane de l’OTAN et même de Donald Trump, dont elle ose approuver les déchirures des ententes nucléaires signées par ses prédécesseurs. Le retrait unilatéral des États-Unis du Plan d’action global conjoint (PAGC) signé par Obama avec l’Iran doit en partie être imputable pour la décision irresponsable du Canada d’emprisonner au début décembre la directrice de Hua Wei, madame Meng Wanzhou, une action qui a complètement discrédité le Canada aux yeux de la Chine [2].
Toutes les décisions récentes du Canada l’éloignent de l’ONU, par exemple le choix de rejoindre le Groupe de Lima contre le Venezuela de Maduro, plutôt que d’épouser les démarches de paix de l’ONU et du Mexique, pourtant un de nos partenaires de feu l’ALENA.
Médias québécois cois (!) sur la question nucléaire
Si nous déplorons la censure par le Canada anglais d’informations sur les protestations de multiples groupes du Québec à propos des changements climatiques, on assiste à l’inverse pour ce qui est de la question nucléaire. Aucun équivalent ici de la tribune privilégiée dont a joui mon collègue Earl Turcotte du CNANW pendant cinq minutes sur CTV [3]. Pourquoi les bulletins des médias québécois dans leurs bulletins réguliers de nouvelles ne commentent pas, à l’instar du site des Artistes pour la Paix [4], sur le fait que le Bulletin of the Atomic Scientists maintienne à MINUIT MOINS DEUX l’horloge de l’apocalypse nucléaire ?
Quant au Traité pour l’Abolition des Armes Nucléaires [5], appuyé par 122 pays lors de son dépôt le 7 juillet 2017, soixante-dix d’entre eux l’ont signé et seulement vingt l’ont ratifié. Ceci dit, ce processus à l’ONU est toujours très lent et il ne faut pas se décourager.
Un discours apprécié de la part de François Legault
Contrairement au gouvernement libéral 2013-2018 qui digérait mal la victoire en 2012 du Mouvement Sortons le Québec du Nucléaire (avec notamment Philippe Giroul, Guylaine Maroist et Michel Duguay) matérialisée par les ministres Daniel Breton et Martine Ouellette du Parti Québécois, le Premier ministre François Legault n’a pas eu peur de faire une offre totalement justifiée au Premier ministre canadien. Mais Justin Trudeau est resté sourd, préférant dépenser une dizaine de milliards de $ pour le pipeline TransMountain, plutôt que d’offrir un seul cent de subvention qui permettrait à l’énergie hydro-électrique du Québec et du Labrador d’alimenter l’Ontario et l’empêcherait ainsi de rafistoler en banlieue de Toronto des centrales nucléaires coûteuses et très dangereuses pour notre eau potable en aval.
[1] Auteur de Disarming conflict/Why peace cannot be won on the battlefield, 2015, Toronto, Between the lines. M. Regehr O.C. œuvre depuis des décennies à l’ONG Project Ploughshares et pour la Fondation Simons on Peace, Disarmament, International Law and Human Security (B.C.).
[2] http://www.artistespourlapaix.org/?p=15639
[3] https://www.ctvnews.ca/ctv-national-news/video?clipId=1601676
[4] http://www.artistespourlapaix.org/?p=15746
[5] http://lautjournal.info/20171215/onze-militantes-en-faveur-du-desarmement
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