Peut-on rêver d’un jour où dans les cérémonies gouvernementales, on rendra aussi hommage aux pacifistes qui, avant 1939, dénonçaient la bonne entente entre les businessmen internationaux fabricants d’armes ? Herr Krupp jouissant alors de l’appui total des businessmen français méprisait les édits de la Société des Nations (ancêtre de l’ONU) qui interdisaient le réarmement de la Ruhr allemande entrepris par Hitler. Avoir écouté les pacifistes internationalistes aurait épargné la destruction et la soixantaine de millions de morts amenées par la Seconde guerre mondiale.
En Normandie en matinée, le premier ministre Stephen Harper a mangé à la même table que Vladimir Poutine, après avoir déposé une gerbe de fleurs au cimetière canadien de Bény-sur-mer (voir photo), où 2000 hommes à majorité des Canadiens, sont enterrés. C’était au dîner officiel donné par le président français, François Hollande. La France avait décidé d’inviter M. Poutine à l’événement en dépit du désaccord entre le dirigeant russe et ses homologues occidentaux en ce qui concerne la crise en Ukraine. Étonnamment, le premier ministre canadien qui traite habituellement Poutine de nazi (!) a dit appuyer cette décision en raison de l’aide inestimable fournie par l’ancienne Union soviétique aux troupes alliées dans leur lutte contre l’Allemagne nazie (en payant le prix de plus d’une vingtaine de millions de morts).
C’est donc avec le sourire aux lèvres que le président François Hollande a pu déclarer devant la plage d’Ouistreham : « À nous de faire preuve de la même hauteur de vue, de la même audace et bravoure que ceux qui sont venus sur ces plages. Aujourd’hui, les fléaux s’appellent les crimes contre l’humanité, les dérèglements des systèmes financiers, la misère, le chômage de masse. »
Il aurait dû ajouter à cette liste des fléaux « le militarisme » auquel lui-même et le premier ministre Harper donnent hélas sans compter, ce dernier en ressuscitant un projet de bouclier anti-missile contre lequel les Artistes pour la Paix avaient milité avec succès en 2004 auprès du premier ministre Paul Martin. L’expert américain, l’Honorable Philip E. Coyle, senior Science Fellow (Centre for Arms’ Control and Non-Proliferation), consulté lors de la rencontre du 13 mai 2014 à Ottawa au Réseau canadien pour l’abolition des armes nucléaires nous a informés de la supercherie que constitue le projet de bouclier : le moindre essai coûte des centaines de millions de $ et échoue lamentablement à même intercepter un engin dont on connaît la minute et le lieu de lancement!! À un vrai missile qui serait en outre accompagné de dizaines de leurres, un bouclier « efficace » devrait être prêt à opposer des dizaines d’anti-missiles au coût de plusieurs milliards de $, bref une manne pour le complexe militaro-industriel. Pourquoi diable ce projet insensé est-il relancé ? C’est qu’il profite de la terminologie du bouclier vu comme une « défense », alors qu’il ne fait que relancer la course aux armements (et l’hostilité des Chinois entre autres). Ceci a constitué une partie des sujets discutés à la rencontre du conseil d’administration des APLP le 3 juin dernier.
Pierre Jasmin, vice-président APLP et membre de l’exécutif du réseau canadien pour l’abolition des armes nucléaires
Merci au Devoir
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