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Deux raisons à un tel titre : mon admiration pour la carrière d’une femme qui a marqué l’Organisation des Nations-Unies de façon positive et durable; et sa pusillanimité à dénoncer le militarisme des États-Unis (et de l’OTAN et du Canada, complices), à l’origine de la majorité des problèmes contre lesquels il faut reconnaître qu’elle a lutté avec constance.

Le Pacte global, adopté à l’ONU en juillet 2019

Heureux Québécois ayant étudié neuf ans aux États-Unis, en Russie, Autriche et Angleterre, je perçois l’émigration comme un processus douloureux imposé par quelque guerre, dégradation climatique ou surpopulation régionale. Mais le documentaire Passage périlleux, Louise Arbour et l’avenir de la migration présenté par Radio-Canada le 25 janvier 2020 nous informe que les migrants comptent pour environ 3,3% de la population mondiale, 250 à 270 millions d’individus : la plupart ne « menacent » pas les pays riches puisque par exemple, sur les 10 à 12 millions d’Africains migrants, seuls 2% visent l’Europe, les autres le Moyen-Orient ou l’Asie (comme main d’œuvre ou esclaves).

D’abord Haut-Commissaire des Droits de l’Homme, Louise Arbour fut choisie par le Secrétaire-Général des Nations-Unies et ex directeur du Haut-Commissariat pour les Réfugiés (UNHCR – ONU), Antonio Guterres, pour accoucher d’un Pacte non contraignant. Approuvé chez nous par le Premier ministre libéral Trudeau malgré l’opposition des conservateurs, le Pacte veille à ce que la migration soit contrôlée et enregistrée, afin d’éviter les passages périlleux, tels chez nous le fameux chemin Roxham ou aux États-Unis l’horrible séparation d’enfants migrants de leurs familles encagées.

logo-pacte-mondialL’objectif 17 du pacte précise que les États s’engagent « à éliminer toutes les formes de discrimination et à condamner et combattre les expressions, les manifestations et les actes de racisme, de discrimination raciale, de violence et de xénophobie visant tous les migrants », notamment par des « campagnes de sensibilisation» du public. Madame Arbour a accepté le mandat de le diriger, malgré le maigre budget caractéristique de l’ONU et malgré l’opposition croissante des chefs d’état populistes des États-Unis, Hongrie, Israël, Pologne et République tchèque qu’elle n’hésite pas à déclarer « voyous » et qui votent contre le Pacte. Sa diplomatie fera que 152 pays l’approuveront, 12 s’abstiedront, dont l’Autriche, l’Australie et l’Italie : d’autres pays, hélas, comme le Brésil, annoncent sans surprise leur désistement.

Touches québécoises du documentaire

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Un militant de STORM ALLIANCE appose un graffiti anti-immigrants à Québec.

Le documentaire ne s’attarde pas sur les suprématistes blancs ni sur les groupes d’extrême-droite tels Storm Alliance (la photo est néanmoins extraite du film), la Meute et d’autres extrémistes radicalisés et préfère filmer :

  • Louise Arbour, avec son Saint-Bernard, goûter pleinement la solitude de son chalet en pleine nature québécoise
  • et l’immigrant Lamine Foura organiser des fêtes culturelles où les Maghrébins, formant désormais la majorité des nouveaux-venus, célèbrent leur québécitude, grâce à la langue française commune.

 

La mairesse Valérie Plante approuve le Pacte en congrès internationaux, d’autant plus que 70% des immigrants québécois aboutissent à Montréal. Le documentaire dénonce qu’en 2018, 52 705 sont arrivés au Québec qui a par contre ciblé une diminution à 41 800 pour 2019 : on a été témoins cette semaine du cafouillage de l’accueil de réfugiés pourtant dûment parrainés… Sans faire aucune allusion à la loi 21, le documentaire reproduit objectivement le désir du Premier ministre François Legault d’accueillir moins d’immigrants mais de mieux les recevoir, en les équipant des outils nécessaires. Bonne idée de ressusciter deux témoignages du Premier ministre Daniel Johnson sur les immigrants qu’il ne faut surtout pas considérer comme des citoyens de seconde zone. Enfin, notons l’utilisation de la chanson éloquente de Richard Desjardins :

« Nous aurons des corbeilles pleines
de roses noires pour tuer la haine,
des territoires coulés dans nos veines
et des amours qui valent la peine».

Et le militarisme, madame Arbour ? Non à la guerre en Iran !

C’est le point faible du documentaire qui :

  • revient sur le rôle (ambigü) de la procureure en chef du Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie qui a fait condamner à bon droit le président Milosevic, mais sans qu’on l’ait jamais entendue blâmer l’OTAN pour avoir bombardé les civils de la Serbie;
  • cite à deux reprises l’ex-présidente des Médecins sans Frontières, Joanne Liu, fustigeant les pays européens de saisir leur bateau l’Aquarius qui sauvait des vies de migrants en mer Méditerranée où 2275 migrants ont perdu la leur en 2018, sans que le documentaire évoque ses courageuses dénonciations des agressions militaristes de l’OTAN contre la Libye et contre ses hôpitaux en Afghanistan et au Kurdistan.