Par Pierre Jasmin, secrétaire général des Artistes pour la Paix (APLP)
La caricature ci-dessus fait référence aux innombrables lois étatiques républicaines appelant leurs bibliothèques à censurer des livres, en particulier ceux évoquant les droits pour la minorité LGBTQI démonisée par Elon Musk …mais appuyée par les APLP
USA – In GUN we TRUST
Dans les mois précédant la tentative d’assassinat condamnable du 13 juillet 2024 contre l’ancien président Donald Trump en Pennsylvanie, la législature de l’État bloqua un projet de loi du comité démocrate de la Chambre des Représentants de Pennsylvanie interdisant la vente du type de fusil d’assaut utilisé lors de l’attentat. Presque toute la délégation républicaine du Congrès de Pennsylvanie a de plus voté contre le projet de loi visant à établir une interdiction nationale des armes d’assaut, voulue par le président Biden, que le Parti républicain au Sénat américain bloque aussi, à la grande joie de la National Rifle Association très généreuse en subventions aux sénateurs votant du bon bord (voir les films de Michael Moore). Les législateurs républicains de Pennsylvanie ont cité, parmi leurs raisons, des préoccupations constitutionnelles et de faux arguments juridiques, et pourtant la Cour suprême des États-Unis, nommée à majorité par Trump, permettait simultanément qu’une interdiction similaire se poursuive dans un État voisin, avec la dissidence du juge Clarence Thomas, protégeant la possession d’armes par un conjoint coupable de violences et allant jusqu’à interdire l’avortement d’enfants engrossés par leur père ou beau-père.
En Pennsylvanie, pour acheter un fusil comme l’AR-15 utilisé lors de l’attentat, l’âge minimal est de 18 ans ; l’âge requis pour une arme de poing est de 21 ans, un âge que n’atteindra jamais le jeune Thomas Matthew Crooks, perturbé par la propagande politico-culturelle américaine qui prétend régler tous les problèmes par les fusils. Dans la sphère internationale, la simplification outrancière de Nikki Haley, dans son discours du 16 juin à la Convention républicaine, remerciait Trump d’appuyer Israël contre le Hamas, alors que Biden faisait le contraire, selon elle ! Cette grossière simplification sied bien aux chrétiens évangéliques qui croient en un 2e avènement du Christ lors du Jugement Dernier en Israël et en la division du monde entre pays du mal et du bien, même si l’un de ces derniers se rend coupable du terrible génocide par Tsahal du peuple palestinieni.
Nos médias et autres facebook encouragent l’alternative militariste favorisée par cette simplification, en éliminant la zone grise représentée par l’UNRWA, la Cour Internationale de Justice et la Cour Pénale Internationale de l’ONU réclamant l’arrestation non seulement de Nétanyahou, mais aussi de Haniyé, qui a commandé le massacre du 7 octobre.ii
Volonté canadienne de restreindre les armes à feu
L’histoire canadienne est jalonnée de succès, de rétropédalages et de marches en avant, qui ont pour effet positif final de nous distinguer statistiquement pour les homicides et pour les emprisonnements de façon considérable de nos voisins, avec qui nous partageons pourtant la plus grande frontière du monde (et le ROC, leurs programmes violents de télévision…).
En opposition à la richissime National Rifle Association, les APLP avaient appuyé, après la tuerie féminicide de l’École Polytechnique (Montréal, 1989), la Coalition pour le contrôle des armes de Toronto et Polysesouvient de Montréal. Le sénateur et encore président d’honneur des APLP, Jean-Louis Roux, avait persuadé Gérald Beaudoin, pourtant le leader conservateur en Chambre haute, d’adopter en 1995 la première loi C-68 sur le contrôle des armes à feu, le ministre Allan Rock remettant à cette occasion un diplôme d’honneur aux APLP. Une longue parenthèse suivra, avec le règne de Stephen Harper qui verra le recul de la législation. Mais le retour des Libéraux en Chambre des Communes, avec le pèlerinage annuel du 6 décembre à Montréal de Trudeauiii, ragaillardit les députés de l’Assemblée nationale du Québec. Ils votent en 2016 une loi perfectibleiv, assurant tout de même un meilleur contrôle des armes, et les APLP adressent au fédéral une demande d’interdiction de vente d’armes automatiques, comme celles utilisées par les tueurs de Bâton Rouge, Dallas et Orlando.
Une action internationale efficace exigée contre Israël
Les Artistes pour la Paix favorisent l’emprisonnement de Nétanyahou demandé par la Cour Pénale Internationale (irréalisable mais qu’au moins, on sache que l’ONU l’a demandé !). Ils appuient aussi une action concertée contre les armes de guerre, une pétition accessible sur Stopthegenocide@eko.org .
Enfin, on lira notre constat du début d’année partagé par Pressenza.comv :
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iii http://www.artistespourlapaix.org/?p=21231 le Québec, société distincte
iv http://lautjournal.info/20160223/registre-des-armes-feu-les-artistes-pour-la-paix-proposent-des-ameliorations.
v https://www.pressenza.com/fr/2024/01/tradition-pacifiste-quebecoise-mise-a-mal/
Commentaire reçu :
In Georgia, a father bought his teenage son an assault rifle, leading to yet another school shooting tragedy. No child should EVER handle a weapon of war. PERIOD.
Pierre, it is inhumane to witness such violence repeatedly without response.
At Free and Fair Democracy PAC, our BanAssaultRifles.com billboard and letter campaign has sent thousands of messages to Congress demanding change.
Now, we’re working to DEFEAT NRA Republicans and elect gun safety Democrats to Congress and the White House.
Carlo Rovelli: brève rétrospective des agressions armées des États-Unis
En 1999, l’OTAN a bombardé Belgrade pendant 78 jours dans le but de briser la Serbie et de donner naissance à un Kosovo indépendant, qui abrite maintenant une grande base de l’OTAN dans les Balkans.
En 2001, les États-Unis ont envahi l’Afghanistan, entraînant 200 000 morts, un pays dévasté et aucun résultat politique.
En 2002, les États-Unis se sont unilatéralement retirés du Traité sur les missiles anti-balistiques, malgré les objections documentées de la Russie, augmentant de façon spectaculaire le risque nucléaire.
En 2003, les États-Unis et les alliés de l’OTAN ont rejeté l’avis du Conseil de sécurité de l’ONU en faisant la guerre en Irak sous de faux prétextes. L’Irak est maintenant dévasté, aucune véritable pacification politique n’a été réalisée et le parlement élu a une majorité pro-Iran.
En 2004, trahissant leurs engagements, les États-Unis ont poursuivi l’élargissement de l’OTAN, cette fois aux États baltes et aux pays de la région de la mer Noire (Bulgarie et Roumanie) et aux Balkans.
En 2008, malgré les objections urgentes et vigoureuses de la Russie, les États-Unis se sont engagés à étendre l’OTAN à la Géorgie et à l’Ukraine.
En 2011, les États-Unis ont chargé la CIA de renverser Bachar el-Assad, président de la Syrie, un allié de la Russie. La Syrie est dévastée par la guerre. Aucun gain politique réalisé pour les États-Unis.
En 2011, l’OTAN a bombardé la Libye pour renverser Mouammar Kadhafi. Le pays, prospère, pacifique et stable, est maintenant dévasté, en guerre civile, en ruines.
En 2014, les États-Unis ont conspiré avec les forces nationalistes ukrainiennes pour renverser le président ukrainien Viktor Ianoukovitch. Le pays est maintenant dans une guerre amère.
En 2015, les États-Unis ont commencé à placer des missiles anti-balistiques Aegis en Europe de l’Est (Roumanie), à courte distance de la Russie.
En 2016-2020, les États-Unis ont soutenu le gouvernement ukrainien pour saper l’accord de Minsk II, qui jouissait du soutien unanime du Conseil de sécurité de l’ONU. Le pays est maintenant dans une guerre amère.
En 2021, la nouvelle administration Biden a refusé de négocier avec la Russie sur la question de l’élargissement de l’OTAN à l’Ukraine, provoquant l’invasion.
En avril 2022, les États-Unis ont appelé l’Ukraine à se retirer des négociations de paix avec la Russie. Le résultat est la prolongation inutile de la guerre, avec plus de territoire gagné par la Russie.
Après la chute de l’Union soviétique, les États-Unis ont cherché et jusqu’à aujourd’hui cherchent, sans réussir, et même en échouant constamment, un monde unipolaire dirigé par des États-Unis hégémoniques, dans lequel la Russie, la Chine, l’Iran et d’autres grandes nations doivent être soumises.
Dans cet ordre mondial dirigé par les États-Unis (c’est la phrase couramment utilisée aux États-Unis), les États-Unis et les États-Unis seuls déterminent l’utilisation du système bancaire basé sur le dollar, poursuivent l’emplacement de bases militaires américaines à l’étranger, l’étendue de l’adhésion à l’OTAN et le déploiement de systèmes de missiles américains, sans tenir compte de vetos ou du dire d’autres pays.
Cette politique étrangère arrogante a entraîné une guerre constante, des pays dévastés, des millions de morts, une rupture croissante des relations entre le bloc de nations dirigé par les États-Unis – une petite minorité sur la planète et maintenant moins économiquement dominante – et le reste du monde, une montée en flèche mondiale des dépenses militaires, et nous mène lentement vers la Troisième Guerre mondiale.
Des efforts européens avisés sur une décennie pour engager la Russie et la Chine dans une collaboration stratégique économique et politique, soutenus avec enthousiasme par les dirigeants russe et chinois, a été brisé par la féroce opposition américaine, craignant que cela n’ait pu saper la domination américaine.
Est-ce le monde que nous voulons ?
L’Auteur
Carlo Rovelli est un physicien théoricien et philosophe des sciences. Il est l’un des fondateurs de la gravité quantique à boucles (loop quantum gravity). En philosophie des sciences, il s’est intéressé aux relations entre philosophie et sciences. Auteur de plusieurs livres de vulgarisation scientifique, dont le succès international ‘Sept brèves leçons de physique’, puis ‘L’Ordre du temps’.