La violence à Montréal reflète celle de l’OTAN

La violence à Montréal reflète celle de l’OTAN

Par Pierre Jasmin, secrétaire des Artistes pour la Paix

et Izabella Marengo, participante le 24 novembre au Contre-sommet vs l’OTAN

MONTRÉAL BRÛLE-T-ELLE ?

Poilièvre a blâmé Trudeau d’avoir assisté à « un spectacle artistique de Taylor Swift pendant que Montréal brûlait » (sic). La mairesse de Montréal Valérie Plante et son chef de police Fady Dagher ont très bien défendu le 25 novembre la réputation de leur ville en disant avoir contrôlé la violence en ciblant les casseurs qui « ont fait vendredi ce que font depuis toujours les casseurs, c’est-à-dire confisquer une autre cause ». Il s’agissait de la cause anti-OTAN chère à des protagonistes non-violents, tel Échec à la guerre qui était alors dans la rue.

La violence n’est pas que dans les hyperboles conservatrices lassantes, elle est surtout dans la répression absurde par notre classe politique et médiatique des références à la réalité d’un GÉNOCIDE, le plus monstrueux depuis l’Holocauste de la 2^e Guerre mondiale! Et c’est ce qui exaspère les pauvres Palestiniens et leurs alliés, qui doivent subir jour après jour cette énorme injustice tant gouvernementale que médiatique qui ose taire la mort de 55 000 de leurs compatriotes à 70% femmes et enfants, rappelons-le en cette Journée contre la violence faite aux femmes, par des machos fascistes armés! Combien de temps encore nos médias vont tenter de cacher ce génocide perpétré à Gaza, débordant en Palestine et au Liban, exécuté par Tsahal aux ordres de Nétanyahou, surtout après sa dénonciation mondiale par la Cour Internationale de Justice de l’ONU (en janvier) et, enfin!, depuis jeudi, par sa Cour Pénale Internationale (ⁱ) ?

NOTRE CONTRE-SOMMET AUX PROPOS BRÛLANTS DE VÉRITÉ

Comme l’a bien dit la coordonnatrice du Réseau pancanadien pour la Paix et la Justice Janine Solanki, venue de Vancouver pour animer avec Azza Rojbi le Contre-sommet vs l’Assemblée parlementaire de l’OTAN, avec son slogan reproduit sur plusieurs banderoles Non à l’OTAN, oui à la paix, que signifient les dérapages des Trudeau, Poilièvre et autres maquilleurs professionnels ? Ils sont un signe évident de leur désespoir à voir la réalité mondiale leur échapper complètement. En a fait foi la teneur des discours des deux principales oratrices du contre-sommet, Medea Benjamin et Sevim Dagdelen présentées ci-haut, qui ont de plus en plus l’écoute de l’ONU. Le professeur Jeffrey Sachs, qui dirige et enseigne à l’Institut de la Terre de l’université Columbia, est justement consultant spécial auprès du secrétaire général des Nations unies António Guterres. Ce dernier a pu constater à Bakou, avec la fin abrupte de la COP29 dans la nuit du 23 au 24 novembre, combien les pays de l’OTAN, si prêts à gaspiller des centaines de milliards de $ de plus dans leurs guerres en Ukraine et au service du criminel Nétanyahou, se voient condamnés par le Sud-Global entier (sans compter les autres pays du BRICS), pour leur avarice coupable dans un sommet qui a illustré la détérioration écologique du monde. Les Artistes pour la Paix souffrent avec les habitants menacés d’être engloutis par la montée des eaux ou d’être meurtris par des feux de forêts incontrôlables.

Alors quelle consolation ce fut, cette solidarité venue de Vancouver, Winnipeg et Hamilton entre autres, vécue dimanche par nous deux et autres Artistes pour la Paix, Rita, Nadia Alexan, Claude Nicol, Claudio Zanchettin, Marie-France Piché et Martin Duckworth, à qui fut consacré un élément du diaporama des APLP. Merci à Ken Stone et à Tamara Lorincz, aux multiples banderoles et macarons, pour sa présentation si précise grâce aux informations fournies par la WILPF et Voices of Women …de nos monstruosités gouvernementales et celles qu’elle va courageusement chercher jusqu’en Russie même.

DIVERS EXEMPLES DE « MÉSINFORMATIONS »

En conférence de presse lundi, Trudeau a accusé la Russie de violer la Charte de l’ONU (ⁱⁱ) ce que lui-même a fait à répétition (ⁱⁱⁱ). Il s’est vanté devant l’OTAN

• d’avoir doublé le budget canadien des dépenses militaires en moins de dix ans,

• d’avoir l’intention de le redoubler pour atteindre les 2% du PIB réclamés par l’OTAN

• d’avoir engagé 19 milliards de $ d’ « aide » (sic) militaire pour l’Ukraine dont les

souffrances nous sont racontées par l’honnête Marie-Ève Bédard de Radio-Can.

Peut-on engager un dialogue idéologique avec de tels flagrants exemples de soumission au complexe militaro-industriel américain, le seul gagnant de ces dépenses qui tuent là-bas et appauvrissent ici? Nous avons préféré présenter dimanche un diaporama montrant les réactions devant le roi nu (voir le conte de Hans Christian Andersen en 1837), celles :

• de la part des Premières Nations (voir déclaration en sa version française),

• d’enfants telle Greta Thurnberg qui a rassemblé un demi-million de Montréalais,

• de femmes de diverses origines telles les Canado-québécoises Setsuko Thurlow,

Dre Joanne Liu, Chantal Ismé, Elayne White-Gomez ou Bianca Mugyenyi,

• de Black Lives Matter et de Nelson Mandela

• et des Maires pour la Paix et autres maires non contaminés par le mensonge.

La plus éclatante démonstration fut la lecture émotive du poème « ne tuons pas les enfants » (^iv) de l’auteure, conférencière, théologienne et membre du C.A. des APLP Rita Amabili, qui arracha les larmes de l’auditoire, à la manière du docteur palestinien Izzeldin Abuelaish œuvrant pour ses patients à Gaza et en Israël, dont la femme et trois de ses filles furent assassinées par Tsahal : voir le film je ne haïrai point, un message censuré (^v ), en effet, et par les Israéliens et par les partisans du Hamas, accusés par le Tribunal de l’ONU.

Et c’est peut-être le plus beau cadeau qui nous a été fait par les militants du Canada anglais,

d’accepter généreusement toutes nos suggestions de corrections pro-ONU à la version finale de notre déclaration commune, alors qu’ils sont éloignés de notre laïcisme et de l’ONU, liés avec les musulmans naturellement plus affectés par le racisme nord-américain anti-palestinien. Sont-ils allés jusqu’à envisager avec nous et l’ONU la culpabilité du Hamas que même les Canadiens pour la Justice et la Paix au Moyen-Orient se refusent d’envisager quant au massacre du 7 octobre 2023 (^vi) ? On avancerait ainsi vers un cessez-le-feu.

Pour terminer en moins dramatique, voici un exemple grotesque de propagande radio-canadienne qui roulait en boucle dans la bande passante lundi pendant que Trudeau et Poilièvre, cette fois d’accord, s’égosillaient en éructant « qu’il n’y a pas de place pour la violence antisémite comme vendredi dans les rues de Montréal », ainsi que pendant l’émission propagandiste des Mordus (surtout Dimitri et Françoise, moins Michelle). En voici le texte qu’on souhaiterait voir examiné par maître John Philpot présent chez nous dimanche: « Second Cup coupe les ponts avec une franchisée qui aurait tenu des propos antisémites lors d’une manifestation pro-palestinienne à Montréal. » Rien de faux, mais tout est faussé. Car la veille, LCN-Québecor avait montré une hystérique qui arpentait la rue à contre-courant des manifestants en faisant des saluts hitlériens et criant des slogans orduriers anti-juifs afin de discréditer la manif palestinienne; et le reportage de LCN poursuivait en montrant bien l’arrestation de cette travailleuse à l’hôpital Jewish General et la lettre de renvoi par Second Cup qui ne voulait plus rien savoir d’une telle extrémiste proche de Nétanyahou.