Membres du comité organisateur, les Artistes pour la Paix * Marie Saint-Arnaud* et Pierre Jasmin* vous invitent à découvrir le Colloque Pierre-Dansereau, en furetant sur pierredansereau.uqam.ca.
Rappelons que Lucie Sauvé* et Louise Vandelac* nous ont fait l’honneur de se joindre aux Artistes pour la Paix.
La série d’activités du colloque avait pour objectif de rendre hommage à Pierre Dansereau (1911-2011), intellectuel respecté, artiste pour la paix, homme d’engagement et scientifique d’envergure internationale, qui a donné son nom au complexe scientifique de l’UQAM. Pionnier mondial de l’écologie, Pierre Dansereau a laissé un héritage considérable aux chercheurs et aux étudiants en sciences de l’environnement, qui mérite d’être valorisé, célébré et approfondi. Son oeuvre a notamment permis de mettre en évidence le caractère fondamental du rapport entre les êtres humains, leurs sociétés et leur milieu de vie. Elle a également montré la nécessité de prendre conscience de l’impact de l’action humaine sur la nature.
La Semaine Pierre-Dansereau resituait la pensée de Pierre Dansereau dans le contexte des bouleversements actuels et célébrait l’interdisciplinarité en portant un regard sur les défis contemporains.
Renseignements : Marie Saint-Arnaud [st-arnaud.marie@uqam.ca] ou Martine Gariépy [martine.gariepy@hotmail.com] 514-770-5007
Les * renvoient à des biographies ou notes explicatives à la fin de cette présentation.
Le colloque a débuté par la présentation de films sur Pierre Dansereau à la Maison du développement durable mardi soir le 5 mai et s’est poursuivi par le colloque des étudiant-Es en Sciences de l’Environnement le 6 mai.
Nous remercions www.lautjournal.info (voir sa section environnement) qui relaie cet article (moins la relation de la soirée du 8 mai plus récente).
Jeudi 7 mai
au Cœur des Sciences rue du Président Kennedy en face de la Place des Arts
13:40 – 13:50 ACCUEIL ET PRÉSENTATION DU PROGRAMME
13:50 – 14:30 CONFÉRENCE D’OUVERTURE
Pierre Dansereau et les sciences de l’environnement
Jean-Guy Vaillancourt*, Université de Montréal
René Audet, Institut des sciences de l’environnement
14:30 – 15:00 PLANTATION D’UN ARBRE (AMÉLANCHIER GLABRE) EN HOMMAGE À PIERRE DANSEREAU, Cœur des sciences
15:00 – 15:45 CONFÉRENCE – HOMMAGE
Pierre Dansereau, homme de science et de conscience
Paulo Freire Vieira*, Universidad Federal de Santa Catarina
Mauricio Andrés Ribeiro*, Agence nationale de l’eau du Brésil
15:45 – 16:00 TÉMOIGNAGES ET ÉCHANGES
Normand Brunet, Institut des sciences de l’environnement
Marie Saint-Arnaud*, Institut des sciences de l’environnement
Vendredi 8 mai
09:15 – 09:45 CONFÉRENCE – HOMMAGE
Dansereau, écocitoyen et écopédagogue
Par Lucie Sauvé*
9:45 – 10:00 TÉMOIGNAGES ET ÉCHANGES
Louise Vandelac*, Institut des sciences de l’environnement – ISE
Daniel Garneau*, Cartothèque du Service des bibliothèques, UQAM
Marie-Ève Marleau*, Comité pour les droits humains en Amérique latine – CDHAL
10:15 – 12:00 SÉANCE DE COMMUNICATIONS
De la biogéographie aux sciences de l’environnement
Animation : Michel Labrecque, Jardin Botanique de Montréal
« Nos faillites ne sont que celles de notre manque d’imagination »… – Pierre Dansereau
Louise Vandelac*
13:30 – 14:30 TABLE RONDE
Le paysage intérieur et les fondements d’une écologie humaine
Nicolas Reeves*, École de design, Université du Québec à Montréal
14:45 – 16:45 SÉANCE DE COMMUNICATIONS
De l’écodécision à l’écodéveloppement : enjeux éthiques, responsabilité et engagement
Animation : Jean Lebel, Centre de recherches pour le développement international – CRDI
Résoudre des controverses sociales par l’intégration des connaissances locales et techno-scientifiques-interdisciplinaires : une approche souhaitable
Maria de Lourdes Vazquez
Acteurs sociaux, gouvernance et soutenabilité : un cadre d’analyse à partir de la perspective de l’écodéveloppement
Cristián Parker Gumucio
Sur les traces de Dansereau au Brésil : l’écologisme dans les villes?
Luiza Maria Schwarz et Anne Latendresse
L’action collective en temps de crise écologique : défis académiques de la construction sociale des savoirs entre travail social et sciences de l’environnement
Sylvie Jochems, Mélanie Létourneau et Maryse Poisson
Quelle économie pour quelle écologie? La question de la limite et de la valeur
Éric Pineault
16:45 – 17:10 MOTS DE SYNTHÈSE ET DE CLÔTURE
Normand Brunet et le Comité organisateur
17:10 – 17:30 Déplacement vers la Salle Jacques-Hétu (F-3080), Département de musique (1440 Saint-Denis)
17:30 – Cocktail pour les participants au colloque
18:45 – Table ronde – Hommage à l’Artiste pour la paix Pierre Dansereau
8 mai 2015
Pierre Jasmin parle de cette soirée magique
« Quel beau colloque ! Je suis pianiste et professeur retraité du département de musique dont j’aimerais remercier le directeur Denis Morin, pour son accueil.
D’abord quelques mots pour vous expliquer pourquoi nous avons intitulé cette soirée Pierre Dansereau, artiste pour la paix. Les Artistes pour la Paix s’engagent collectivement depuis 32 ans pour la justice sociale et le désarmement et pour un développement viable. Pierre, un de nos membres, préférait l’expression viable, parce que dans viable il y a la vie, première valeur à respecter dans tout projet de développement. On est heureux de compter sur la présence en notre conseil d’administration de Marie Saint-Arnaud, mais aussi de nos membres Louise Vandelac, Lucie Sauvé et Laure Waridel, sans oublier Corinne Gendron qui nous donne des conseils à l’occasion.
À notre spectacle opposé à la guerre d’Irak en 1991, Pierre avait accepté de faire un long discours sur la scène d’un Spectrum rempli avec tous les chefs syndicaux présents, y compris Monique Fitzback qui allait fonder les écoles vertes Brundtland. Car tous avaient été surpris par un spectacle où le propos n’était pas idéologique mais avec Michel Rivard, Geneviève Paris, Dany Turcotte, Maryvonne Kendergian et surtout Arthur Lamothe, Richard et Marie-Claire Séguin, métis, et Florent Vollant, innu, résolument tournés vers de nouveaux paradigmes ; au milieu de tous qui se tenaient la main en cercle avec lui, symbole cher à Richard d’une autorité matricienne non hiérarchique, Pierre avait tant apprécié ce rapport de circularité, à l’image de ses boules de flèches, qu’il nous avait livré un vibrant discours faisant état des puits de pétrole enflammés du Koweït comme vision de fin d’un monde révolu.
Je suis aussi membre de l’exécutif de Pugwash Canada, un organisme international fondé à partir du manifeste Einstein-Russell-Rotblat de 1955; il y a 60 ans, des savants, physiciens nucléaires pour la plupart, remettaient en question le mythe du progrès scientifique inéluctable en conjurant ainsi leurs confrères : « Souvenez-vous de votre humanité et oubliez tout le reste ».
Un quart de siècle après la soirée du Spectrum, il faut crier que le dégradant effet de serre des sables bitumineux qui entraîne le réchauffement climatique n’est pas viable, ni la technique de fracturation pour extraire les gaz ou le pétrole de schiste qui peut entraîner une pollution des nappes phréatiques. Non viables, nos compagnies canadiennes qui ont surexploité les vies de travailleurs indigènes dans des mines ensuite abandonnées en carrières éventrées et en cours d’eau empoisonnés à l’arsenic en Amérique centrale, du Sud et en Afrique : merci à Alain Deneault de nous renseigner, comme le chilien Cristian Parker cet après-midi au colloque. Non viables, les mines d’uranium que les APLP viennent de dénoncer, aux côtés des Cris et des Innus, en participant au Symposium international de Québec sur l’uranium et au Festival de film international sur l’uranium : le prochain sera à Rio de Janeiro, à l’invitation de Marcia Gomes de Oliveira, info@uraniumfilmfestival.org.
Le progrès ne peut plus aller de l’avant sans regarder en arrière. Un pionnier comme Pierre Dansereau nous a fait comprendre l’écologie et la diversité des interactions : un développement viable doit désormais rejeter les solutions faciles tels l’ajout du DDT pour nous débarrasser des mauvais insectes, l’épandage de produits chimiques pour éliminer les mauvaises herbes et les drones pour éliminer les « mauvais » musulmans!!! Le progrès ne signifie plus accumulation de nouvelles technologies, mais sagesse de renoncer au pétrole, aux OGM de Monsanto et aux armes de destruction massive.
Parce qu’il était le premier chercheur à inclure l’humain dans l’équation de l’écologie, Pierre Dansereau a reçu des doctorats honorifiques d’une quinzaine d’universités à travers le monde. Il plaida pour l’austérité joyeuse dans notre monde occidental de richesses, afin de venir en aide aux pays du Tiers-Monde, comme on les appelait alors. Cet idéal fut repris par des Artistes pour la Paix comme Serge Mongeau et Dominique Boisvert sous l’appellation simplicité volontaire et Hervé Kempf, de Reporterre.org, a accueilli à notre suggestion la filiation Dansereau, lorsqu’il parle de sobriété intelligente.
Nous avons eu le privilège d’entendre Paolo Vieira Freire et Mauricio Andrés Ribeiro ouvrir ce colloque en ressuscitant la préoccupation de Pierre de créer un renversement radical de notre conscience rigide dualiste du monde, de nos mentalités de possédants et d’idéologues, pour accueillir une mutation vers une nouvelle culture de compassion et de recherche de spiritualité, bref abandonner notre égoïsme pour un écocentrisme. Je vous invite à lire le manifeste de l’Élan Global sur notre site, dû à la plume de Dominic Champagne, Éric Pineault, Laure Waridel et Annie Roy, entre autres.
On entend d’abord le témoignage de Romain Pollender, homme de théâtre, musicien autodidacte, directeur artistique de Résolu Arts-Sciences et membre du Conseil d’Administration des Artistes pour la Paix. Il nous confie les émotions qu’a suscitées en lui l’entrevue exclusive reçue dans l’intimité de Pierre Dansereau à l’été 2005, une des toutes dernières accordées par Pierre. Romain, homme de théâtre efficace, déride l’assemblée en relatant en détails sa rencontre avec un Pierre curieux du lectorat des jeunes et exultant l’optimisme.
Mireille Dansereau, cinéaste et présidente de Ciné-Plurielles, présente un témoignage personnel sur son oncle, avec la projection d’un tournage inédit révélant l’histoire familiale de l’ancêtre de Pierre au même prénom, docteur exilé en Louisiane et brièvement au Brésil lors de l’insurrection de 1837. Elle nous confie la sollicitude de son oncle à l’égard de son propre métier de cinéaste: sa sensible incursion quasi-onirique dans la lignée familiale nous rend étrangement plus familière la destinée du grand écologiste.
Fernand Dansereau, producteur et réalisateur de films majeurs dont Quelques raisons d’espérer projeté mardi à la Maison du Développement Durable, y va d’anecdotes savoureuses sur le côté « séducteur » de son célèbre cousin, en particulier lors du tournage au Brésil, grâce à cette capacité de Pierre d’entrer en contact avec l’autre auquel il s’intéressait vraiment. Le colloque a révélé combien le pédagogue accrochait ses interlocuteurs et étudiantEs avec ce qui était bien davantage qu’une recette, un véritable humanisme à la recherche de l’humain et combien cette ouverture à l’autre, au point d’apprendre le portugais, a pavé la voie au succès considérable qu’il a remporté au Brésil.
Daniel Garneau, géocartographe et ancien collaborateur de recherche de M. Dansereau pendant 22 ans, y va à son tour de ses souvenirs de ce fabuleux chapitre de sa vie qui hélas s’achève aujourd’hui, puisqu’il a appris que l’austérité a eu raison de son contrat qui le liait à l’UQAM depuis au moins trois décennies.
Marie Saint-Arnaud profite de l’occasion pour lui remettre un livre-souvenir, de même qu’à Christine Guillerm, qui a tant aidé à l’organisation du colloque. Les René Audet, Normand Brunet et autres indispensables organisateurs, en particulier étudiants, saluent la salle et on regrette l’absence pour des raisons incontrôlables d’Isabel Orellana et de Martine Gariépy qu’on remercie pour leur dévouement.
« Daniel, tu as choisi près de cent cinquante diapositives parmi les vingt-deux mille léguées à l’UQAM par Pierre, qui aimait rivaliser avec le talent de peintre de son épouse Françoise en collectionnant ces photos, qu’il a classées à la manière d’un botaniste. Cette sélection, qui sera projetée pendant mon interprétation de 2 préludes de Bach et d’une sonate de Beethoven, parcourt les Amérique de l’Argentine à la Terre de Baffin et aux Territoires du Nord-Ouest, en passant par le Brésil, le Pérou, l’Équateur, les îles Galapagos, le Guatemala, le Venezuela, le Mexique…, l’Océanie de la Nouvelle-Zélande à la Nouvelle-Calédonie, et je triche en allant jusqu’à Hawaï et Tahiti, l’Afrique du Ghana et du Kenya à la Tunisie, en passant par le Congo, le Rwanda…, l’Europe de la Russie au Portugal jusqu’aux Açores, en passant par la France, l’Espagne, la République tchèque, Malte…, l’Asie du Japon et de la Chine et bien sûr, le Québec, où Pierre a beaucoup photographié sa Gaspésie chérie.
Pour animer le diaporama évoqué, j’ai choisi trois œuvres lumineuses, car c’est le souvenir que tous gardent de cet être souriant et visionnaire, naviguant à l’aise dans sa grande maison d’Outremont en haut avec son jardin aux fleurs abondantes ou dans ses bureaux à l’UQAM ou même dans sa petite maison à Percé, assez haut perchée pour percevoir la lumière typique de la mer. Justement, nous avons parmi nous Marie Dansereau, sa nièce qui nous a accueillis dans la maison de Percé à l’été 95, si je me souviens bien, puis veillé sur lui et Françoise dans les dernières années de leur vie commune de 84 ans…
Au retour d’une de nos expéditions à deux, Pierre et moi, à Coin du Banc où on courait nus sur la plage (Romain nous a parlé de ses escapades à Baie Saint-Paul!), il dessinait de petites fleurs dans la maison de Percé, sous l’œil amusé et indulgent de Françoise Masson, alors que je travaillais mes préludes de Bach. Je lui ai révélé la magie du chiffre 14 (B, 2e lettre de l’alphabet représente le chiffre 2, A=1, C=3, H=8, le total fait 14), un chiffre fétiche aussi chez les maçons qui aiment construire des escaliers de 14 marches comme Bach aimaient les structures de 14 mesures ou les sujets de 14 notes. Pour mes interprétations, l’analyse du nombre de mesures est primordiale, vu mon attachement au phénomène énergique du suprarythme, qu’il serait trop long de vous expliquer ici.
Le prélude en ut majeur, si connu, ouvre avec simplicité et grandeur ses 48 préludes et fugues qui explorent deux fois chaque tonalité, majeure et mineure. Le prélude en sol majeur représente une cascade de joie de 58 secondes. Quant au Beethoven, les Français ont longtemps rebaptisé la sonate Waldstein, sonate « aurore », afin de rendre grâce à cette œuvre révolutionnaire des Lumières, qui a déconcerté les contemporains classiques. En effet, ceux-ci étaient habitués à une discipline dans le choix des tonalités avec une impression de sculptures rigoureuses, chères à Glenn Gould, qui d’ailleurs détestait la Waldstein. Or cette œuvre, un peu antérieure à la symphonie Pastorale et au concerto pour violon, qui provient des rares moments sexuellement heureux de Beethoven, explore tant de chemins colorés, qu’on peut la croire précurseur de l’impressionnisme, ou en tout cas révélatrice des origines flamandes de van Gogh, pardon van Beethoven!
Il faut retenir davantage, à mon avis, cet aspect que sa virtuosité évoquée par tant de musicologues qui négligent l’aspect méditatif en suspense du 2e mouvement. Représentant l’aurore d’une pensée, cette introduction entrecoupée de silences verra s’interrompre le défilé des photos de Pierre qui reprendra au 3e mouvement.
J’ai joué cette sonate à deux reprises en 77 et 81 à Positano en Italie pour le pianiste Wilhelm Kempff, voisin du cinéaste et metteur en scène Franco Zeffirelli, un autre spécialiste de la lumière. Kempff m’a révélé que ce dernier mouvement s’inspire d’un chant folklorique suédois se réjouissant de l’arrivée du printemps, on l’a assez attendu cette année : Frühling, ist ge-kommen, chante Beethoven à de multiples reprises tout au long de ce mouvement, à l’image joyeuse de Pierre Dansereau réitérant son espérance.
- Allegro con brio
- Introduzione: adagio molto
- Rondo : allegretto moderato – Prestissimo »
Quelques aperçus des communications
PIERRE DANSEREAU, HOMME DE SCIENCE ET DE CONSCIENCE
Paulo Freire Vieira, Universidade Federal de Santa Catarina
Mauricio Andrés Ribeiro, Agence nationale de l’eau du Brésil
Nous allons dresser un bilan cursif du cheminement de Pierre Dansereau comme chercheur-éducateur et citoyen du monde – y compris les investigations qu’il a animées pendant ses séjours au Brésil. L’intention est de jeter un regard panoramique sur l’ampleur, la cohérence et l’originalité de son œuvre, qui dépasse largement les frontières de la science pour toucher à la réflexion philosophique, à l’art et, encore plus loin, à la quête spirituelle. Nous partageons notre empreinte personnelle dans l’appropriation de ses idées et les souvenirs des tranches de vie qu’on a goûtées ensemble plusieurs fois, au Brésil et aussi au Québec. Nous voulons surtout faire ressortir, outre le rayonnement de son œuvre parmi plusieurs chercheurs brésiliens, notre perception selon laquelle Pierre Dansereau était à la fois un homme de science et de conscience. Précurseur éminent du débat sur les limites biosphériques de la croissance matérielle des années 1970, il prônait une éthique écologique, inspirée de l’écologie humaine systémique, qui serait en mesure de guider les démarches d’écodécision dans les champs de la planification et de la gestion du développement. Finalement, il a toujours cultivé une âme d’artiste. Son sentiment d’émerveillement devant la beauté de la nature était une composante indissociable de sa façon d’être au monde, d’interagir avec ses semblables et de partager – comme écrivain et photographe inspiré – son espoir en la régénération de la culture moderne par le biais d’une austérité joyeuse.
DE LA BIOGÉOGRAPHIE AUX SCIENCES DE L’ENVIRONNEMENT
Animation : Michel Labrecque, Jardin Botanique de Montréal
Un darwinien tranquille et conséquent
Jacques Schroeder
La traversée du XXe siècle par Pierre Dansereau présente d’étonnantes similitudes avec celle de Charles Darwin pour le siècle précédent. Il s’agit ici de mettre en évidence et de donner un sens à ce jeu de concordances dont l’aboutissement chez l’un et l’autre est d’inscrire l’humain dans la matérialité du monde. Pour y arriver Pierre Dansereau part des constats obligés que l’élaboration de sa sociologie végétale a induits. S’y retrouve le concept énoncé par Darwin de « sympathie de plus en plus élargie » que Dansereau enrichit d’un corollaire, celui de la « solidarité biologique ». Ces fonctions positives sont ainsi instituées tels les moteurs du vivant et non comme « la loi du plus fort » qu’affectionnent les lecteurs pressés et réducteurs de Darwin, soit depuis Spencer les penseurs essentialistes en quête d’absolu. Lire aujourd’hui Pierre Dansereau ou l’écouter (grâce aux nombreux enregistrements dont on dispose) reste une activité pertinente et tonique. Car au-delà du fait de nous aider à mieux comprendre nos rapports aux autres et au monde, ses idées équivalent à «un phare qui suggère la bonne conduite…» (L-E Hamelin). Il devient ainsi possible de prendre du recul vis-à-vis du Zeitgeist actuel qui nous focalise autour du débilitant « fantasme de l’homme autoconstruit ». Telle une rose des vents, la pensée de Pierre Dansereau étend son efficacité heuristique autant à l’horizontale qu’à la verticale du « paysage intérieur » de chacun, s’il s’y réfère. Que cela soit le scientifique dont les travaux affûtent notre compréhension du réel ou chacun d’entre nous désirant embellir son mode de penser le monde « que nous ne traversons qu’une fois » (S. J. Gould).
« Nos faillites ne sont que celles de notre manque d’imagination »… – Pierre Dansereau
Louise Vandelac
Dès 1970, soucieux de décloisonner les connaissances et d’en faire la symbiose, Pierre Dansereau a tenté de conjuguer les savoirs et de renouveler les cadres théoriques, méthodologiques et les pratiques de recherche et d’intervention afin d’analyser l’enchevêtrement des facteurs à l’origine de la dégradation accélérée des écosystèmes et les enjeux qui s’y jouent. Il considérait que l’écologie permettrait surtout d’opérer des percées conceptuelles, révolutionnant les savoirs, d’où son intérêt pour les sciences de l’environnement, ce champ d’intégration visant à appréhender les interactions dynamiques entre sociétés et systèmes écologiques pour tenter d’éclairer et de résoudre les grands problèmes environnementaux. En prenant en compte ses idées, et suite aux études du NCSE regroupant 1000 programmes universitaires en environnement aux États-Unis, aussi bien qu’aux travaux menés à la Commission canadienne pour l’UNESCO et au sein du Réseau des Maisons des Sciences de l’Homme en France, nous examinerons: l’importance stratégique des approches intersectorielles en sciences de l’environnement, en évoquant certaines percées conceptuelles porteuses; les nécessités de recadrer et de soutenir les sciences humaines et sociales pour opérer ces percées conceptuelles et “faire naître du nouveau” pour reprendre les termes d’Hannah Arendt; et finalement, l’impératif d’approches intersectorielles critiques face à certains enjeux technoscientifiques s’apprêtant manifestement à redessiner l’avenir commun.
LE PAYSAGE INTÉRIEUR ET LES FONDEMENTS D’UNE ÉCOLOGIE HUMAINE
L’œuvre de Pierre Dansereau nous parle de cette Terre des Hommes qui souffre de ses paysages dominés à cause d’une catastrophe écologique sans précédents, qui met en péril la vie. L’être humain s’est aliéné de sa propre condition d’être vivant. Il s’est placé au centre de la Nature, dit Dansereau, en investissant ses pouvoirs de rationalité et en privilégiant la suprématie au lieu de l’intégration dans les systèmes de vie. Sa forme de vie a dégradé les liens Homme-Société-Nature. L’être humain est en mal de vivre. L’écologie humaine nous parle d’un homo sapiens transformé en homo demens par l’ambition, la cupidité et l’avidité. Il a accumulé des connaissances qui ont augmenté son pouvoir, mais il a parcelé et brisé le lien qui les relie et a négligé ou ignoré l’intégration de la diversité de savoirs existants. Il a bâti un monde où des conditions nocives pour sa santé mentale et physique et pour les systèmes de vie se sont imposées comme un mal nécessaire, souligne Pierre Dansereau. « Les paysages transformés par les sociétés humaines portent aujourd’hui la marque de cette escalade où la volonté de puissance a fait autant de dommages qu’elle a maitrisé de ressources », nous dit-il. Les paysages réels et les paysages imaginaires sont en rupture. L’être humain et les sociétés sont malades du progrès. « L’illuminisme de la raison a éloigné l’être humain du savoir de la vie. » Mais les opportunités sont cependant ouvertes pour se rebâtir : la crise écologique actuelle constitue un enjeu civilisatoire qui permet de confronter le paradigme dominant et la rationalité de la modernité. Il s’agit d’une conjoncture qui fait appel au dialogue entre les sciences biophysiques et sociales pour construire « une épistémologie des absences » (savoirs relégués, méprisés ou ignorés) et pour valoriser la réalité au delà des données factuelles, à partir aussi de l’imaginaire et de l’émergent, brisant la vision linéaire du temps et la fuite vers le futur, en valorisant le présent. Le contexte de crise est une opportunité pour la reconstruction de nouveaux imaginaires sociaux et d’un nouveau sujet politique, conscient et actif assumant ses droits et responsabilités éco-sociales, un être humain et des collectifs qui épanouissent ses dimensions cognitives, sociales, morales, éthiques, esthétiques, symboliques, spirituelles, qui apprennent à faire, à agir, à être et à vivre ensemble, en renouant en toute dignité et responsabilité avec la vie.
DE L’ÉCODÉCISION À L’ÉCODÉVELOPPEMENT: ENJEUX ÉTHIQUES, RESPONSABILITÉ ET ENGAGEMENT
Animation : Jean Lebel, Centre de recherches pour le développement international – CRDI
Résoudre des controverses sociales par l’intégration des connaissances locales et techno-scientifiques-interdisciplinaires : une approche souhaitable
Maria de Lourdes Vazquez
Des sites miniers à restaurer, des déversements d’hydrocarbures qui inquiètent, des réserves en eau douce de la planète à préserver, une forêt à gérer, des énergies renouvelables à favoriser, des emplois à conserver, une adaptation aux changements climatiques à démarrer: le tout dans un même territoire qui abrite autant des ressources naturelles que des êtres humains. Voilà les ingrédients de controverses sociales complexes et actuelles. Face à ces controverses, des critères et des indicateurs de développement durable peuvent être conçus. Des connaissances en modélisation, en analyse spatiale, en génie, en sciences politiques ou en biologie, par exemple, peuvent être mises ensemble pour analyser un même problème. En plus, pour favoriser le développement durable, la connaissance locale doit être mise de l’avant, comme le souligne le Principe 22 de la Déclaration de Rio sur l’environnement et le développement (1992). Pour inclure cette connaissance, il faut également appliquer le Principe 10 de la même déclaration : la participation. Nous proposons une approche transversale entre méthodes, modules, préoccupations, espaces et concepts comme façon de résoudre une controverse sociale à partir d’une analyse socioculturelle, économique et environnementale. En agissant ainsi, nous adhérons à un des principes qui ont guidé le travail de Pierre Dansereau : faire converger les différents savoirs. Ceci nous guide et nous anime à continuer de travailler pour conserver un environnement où l’humain et tous les autres éléments de la nature puissent vivre en harmonie.
Acteurs sociaux, éthique, gouvernance et soutenabilité : un cadre d’analyse à partir de la perspective de l’écodéveloppement
Cristián Parker Gumucio
Les acteurs sociaux construisent la gouvernance environnementale et une analyse correcte de ce phénomène peut aider à améliorer les chances du changement vers l’écodéveloppement. Dans le cadre des modèles néolibéraux, la gouvernance environnementale a conduit à l’incorporation des acteurs privés. À l’importance de la participation des entreprises, notamment transnationales, s’oppose le rôle accru des acteurs de la base, c’est-à-dire les communautés locales et les groupes affectés par les mégaprojets miniers ou électriques et leurs impacts environnementaux et sociaux. Ces nouvelles conditions dans lesquelles émergent de nouveaux partenaires stratégiques doivent être analysées à la lumière de l’analyse politique, de l’analyse éthique et des nouvelles approches pour les acteurs sociaux. Maintenant, les acteurs pertinents concernent non seulement le gouvernement, les acteurs politiques et les entreprises, mais aussi les acteurs socio-environnementaux et les experts dans leurs divers rôles. Cette nouvelle situation exige une perspective renouvelée de démarche écosociale et éco-éthique. En examinant les relations de pouvoir et les conflits, on doit surmonter l’approche classique des parties prenantes ou «stakeholders». En arrière-plan de la lutte pour les modèles de développement durable et de l’éco-alternative on peut déceler les représentations sociales des acteurs stratégiques sur les questions environnementales et étiques relatives aux mégaprojets. Les conflits ne sont pas simplement le fruit de contradictions d’intérêts mais aussi des confrontations des visions du développement écologique et éthique. Cet article considère des expériences et des études empiriques réalisées en Amérique du Sud en appui au cadre d’analyse proposé.
Sur les traces de Dansereau au Brésil : l’écologisme dans les villes?
Luiza Maria Schwarz et Anne Latendresse
Celui qui a été qualifié d’«écologiste aux pieds nus » a laissé des traces importantes au Brésil. Dès son premier séjour en 1945-1946, il enseigne la géographie dans un contexte où cette discipline est encore balbutiante dans le milieu universitaire. Il contribue ainsi à la formation de jeunes étudiants qui deviennent parmi les premiers disciples au Brésil de sa pensée écologiste. De plus, à titre de chercheur, il devient membre du Conselho Nacional de Geografia et collabore avec la Division botanique du Museu Nacional du Rio de Janeiro, et publie de nombreux articles. Nul doute que Dansereau contribue à l’avancement des connaissances dans le domaine de la biogéographie et de la botanique au Brésil. Mais qu’en est-il de sa pensée écologique ? Au-delà de la contribution de Paulo Freire Vieira et Maurício Andrés Ribeiro, qui publient Ecologia Humana, Ética e Educação: a mensagem de Pierre Dansereau en 1999, et Maria Cristina de Araripe Sucupira Neves qui, en 2007, réalise un film intitulé O Pensamento Ecológico de Pierre Dansereau, il est légitime de se demander si sa pensée a traversé les enceintes universitaires pour atteindre les villes, dans un pays où près de 85 % de la population est urbaine. Alors qu’à la suite du Sommet de la Terre de nombreuses municipalités adoptaient leur agenda 21, qu’en est-il de son approche? Permet-elle d’aller au-delà du paradigme hégémonique du développement durable ? Offre-t-elle une prise concrète pour expérimenter un autre rapport entre la ville, la nature et les citoyens et citoyennes?
L’action collective en temps de crise écologique : pistes d’articulation entre travail social et sciences de l’environnement
Sylvie Jochems, Mélanie Létourneau et Maryse Poisson
Le travail social a pour objet les pratiques sociales notamment celles de l’intervention auprès d’individus, de familles, de petits groupes et de collectivités. Au cours de son développement, le travail social s’est inspiré de différentes disciplines (psychologie, psychiatrie, sociologie, anthropologie, etc.) sur lesquelles il a basé ses analyses des problèmes sociaux (pauvreté, troubles mentaux, violence, itinérance, et autres) afin d’articuler ses méthodologies de l’intervention. Or, il s’intéresse au rapport entre l’humain et son environnement. Des pratiques de théorisation qui prennent en compte les interrelations entre environnement social et environnement physique et naturel s’exercent déjà en milieux anglophones, comme en témoignent plusieurs travaux, mais très peu au Québec. L’intérêt pour l’intégration et l’articulation des facteurs écologiques aux objets d’analyse “classiques” en travail social ouvre de nouveaux champs d’analyse et de pratique pour la discipline du travail social. Déjà, certains projets de recherche et d’enseignement – tel que le projet Ecominga amazonica – font appel aux théories et pratiques du travail social pour enrichir leur démarche interdisciplinaire. Cela démontre la pertinence d’entrevoir des pistes d’articulation théoriques et pratiques entre le travail social et les sciences de l’environnement. Cette communication a ainsi pour objectif de contribuer à cette articulation. Pour ce faire, nous partagerons bien sûr ce qui a été fait dans le cadre de nos recherches respectives : Sur quelles bases théoriques peut-on s’appuyer pour définir le problème socio-écologique? À quels cadres théoriques sur l’action collective avons-nous recours pour conceptualiser les problèmes de recherche? Quelle est la contribution potentielle des connaissances développées en travail social pour les sciences de l’environnement, et inversement?
Quelle économie pour quelle écologie? La question de la limite et de la valeur
Éric Pineault
Après plusieurs décennies de recherches écologiques, Pierre Dansereau était venu à la conclusion que l’avenir de l’humanité serait marqué par la nécessité de « consentir à de multiples contraintes avant que nous ne soyons obligés de nous y soumettre ». Il reformulait ainsi la « question de la limite » qui est au cœur des réflexions sur le rapport société/nature qui marque les sciences de l’environnement. Cette question s’exprime d’une double manière, premièrement comment découvrir et reconnaître des limites environnementales aux pratiques économiques des sociétés humaines et ensuite, comment instituer une politique et/ou une culture qui régule ces activités afin qu’elles se tiennent à l’intérieur de ces limites. Question interdisciplinaire où les transgressions épistémiques sont constantes, parfois elles sont fécondes, mais elles débouchent aussi sur un réductionnisme problématique Nous souhaitons examiner comment cette question des limites se déploie dans les rencontres contemporaines entre économie et écologie à travers le prisme de « l’institution de la valeur » comme le qualifie Orléan. Actuellement la rencontre économie et écologie est marquée par une tension entre des langages contrastés de la valeur, langage monétaire qui simplifie le réel par la réduction quantitative et des langages qui, au contraire, se maintiennent dans l’espace du irréductiblement qualitatif, mais par le détour du discours mythopoétique ou éthique de la valeur intrinsèque. Nous accordons à Spash que le langage monétaire ne réussit pas toujours à instituer de véritables limites, qu’il peut participer d’une économicisation de la nature. Alors, comment penser l’institution de la valeur intrinsèque dans une société sécularisée où prédomine un langage structuré par les catégories de la science. Pouvons-nous inventer une « économie de la limite », en dialogue avec l’écologie, et effective dans une économie monétaire de production moderne?
Biographies
Fernand Dansereau entre à l’Office national du film en 1955 pour assumer tour à tour les diverses fonctions du cinéma: animateur à l’écran, scénariste, réalisateur, producteur et finalement responsable de la production française. Depuis 1968, il exerce son métier dans le secteur privé. Il a réalisé une cinquantaine de films de court et long métrage. Il en a produit près d’une centaine, dont certains célèbres films québécois (Pour la suite du monde, Golden Gloves, Les bûcherons de la Manouane). À la télévision, on lui doit l’écriture pour Le Parc des Braves, l’adaptation des Filles de Caleb (Émilie) et les scénarios des séries Shehaweh et Caserne 24. Il a présidé l’Institut québécois du cinéma et l’Institut national de l’image et du son. En 2005, le gouvernement du Québec lui remet le prix Albert Tessier pour l’ensemble de sa carrière. Il reçoit en 2007 le prix hommage du Festival des films du monde et en 2009, le prix Jutra Hommage pour l’ensemble de sa carrière.
Mireille Dansereau présente son premier court métrage Moi un jour, en 1967, à l’Exposition Universelle de Montréal, avant d’entreprendre ses études au Royal College of Art de Londres en Angleterre : elle y reçoit le Premier prix du National Student Film Festival en 1969. De retour au pays, elle réalise La vie rêvée qui lance sa carrière en 1972 en lui méritant plusieurs prix, à Toronto et à l’international. Suivent plusieurs films, documentaires et fictions, toujours en quête de sens et en mouvement dans le temps, dont L’Arrache-cœur en 1979 et Le sourd dans la ville en 1987, d’après le roman de Marie-Claire Blais, sélectionné en compétition au Festival de Venise. Avec Entre elle et moi en 1992, son film le plus personnel consacré à sa mère joaillière Madeleine Dansereau, elle découvre la vidéo légère et trouve sa véritable indépendance comme cinéaste. L’année 2014 marque la sortie du 25ième film de Mireille Dansereau, intitulé Le Pier, produit de manière indépendante, comme la plupart de ses films.
Paulo Freire Vieira est un professeur-titulaire et chercheur brésilien émérite attaché au Programme de Doctorat en Sociologie Politique de l’Université Fédérale de Santa Catarina (PPGSP) et au Conseil National de la Recherche Scientifique et Technologique, maintenant Directeur de l’Unité de Recherche transdisciplinaire en Environnement et Développement. Il a complété des études universitaires de Philosophie et Pédagogie au Brésil. Il détient un Doctorat d’Etat ès Sciences Humaines à la Faculté des Sciences Sociales de l’Université de Munich, Allemagne (1983), a accompli des stages de recherche au niveau du post-doctorat à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, à Paris, et au Centre Internationale de Coopération en Recherche Agronomique pour le Développement (Unité de Recherche Gestion de Ressources Naturelles Renouvelables-Environnement), et est Maître de Conférences à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (Centre de Recherches sur le Brésil Contemporain / Programme de Formation Doctorale « Recherches Comparatives sur le Développement »).
Daniel Garneau possède un esprit scientifique toujours en recherche, doublé d’un talent pour la photographie de terrain. Après un Baccalauréat spécialisé en Géographie de l’Université du Québec à Montréal en 1977, il obtient en 1981 une Maîtrise en Sciences de l’Environnement, toujours à l’UQAM dont il ira chercher en 2000 le diplôme d’Études Supérieures Spécialisées en Systèmes d’Information Géographique. De 1982 à 2004, à titre de géographe-cartographe, il collabore étroitement aux recherches du professeur Pierre Dansereau, gagnant sa confiance comme assistant dévoué. Il conçoit et réalise de nombreuses cartes et figures pour plusieurs de ses prestigieuses publications. Depuis 2005, Daniel Garneau est géographe-cartographe rattaché à la cartothèque du Service des bibliothèques de l’UQAM.
Pierre Jasmin, professeur à l’Université du Québec à Montréal de 1981 à 2014, y dirige le Département de musique, initiant la construction de ses locaux actuels et du Centre Pierre-Péladeau, y nommant son premier professeur de musique populaire, Gaston Rochon, et suggérant Mikis Theodorakis comme docteur honorifique (1998). Sa composition Compagnon des Amérique, sur un poème de Gaston Miron, gagne un prix Saint Jean-Baptiste décerné en 1978 par un jury présidé par Lionel Daunais. Diplômé d’institutions supérieures de six pays: Université de Caen, McGill, Royal College of Music de Londres, Univ. of Southern California, Univ. de Vienne et Conservatoire de Moscou, il fut nommé président d’honneur des classes de maître de Bohême du sud. Auteur des notes musicographiques pour huit enregistrements Deutsche Grammophon du pianiste Pogorelich, il écrit Notes d’espoir d’un joueur de piano (éditions Triptyque), finaliste meilleur livre de l’année aux prix Opus. Membre des exécutifs des Artistes pour la Paix (auteur d’une centaine d’articles sur www.artistespourlapaix.org), de Pugwash Canada (www.pugwashgroup.ca) et du Réseau canadien pour l’abolition de l’arme nucléaire (www.cnanw.ca), porteur d’eau à Eau-Secours et admis au Cercle universel des ambassadeurs de paix (Genève), il participe à une Flottille de Paix en Croatie en 1994 (le Point, Radio-Canada), joue en 1995 et 2007 pour le Dr Akiba alors maire de Hiroshima et fondateur des Maires pour la Paix, cofonde le Mouvement Sortons le Québec du Nucléaire en 2008 et représente le Canada à Berlin à la 59e conférence internationale Pugwash sur la science et les affaires mondiales (2011).
Les Artistes pour la Paix voient le jour à Montréal en 1983 à l’égide de l’organisme international Performing artists for nuclear disarmament. Ils soutiennent l’idéal d’une paix durable par le désarmement, la justice sociale et le respect de la nature qu’ils défendent aux côtés des Amérindiens et des écologistes. Une assemblée annuelle souveraine élit un conseil d’administration de treize membres de diverses disciplines, dont la présidence est confiée notamment au comédien Jean-Louis Roux, à l’écrivaine Antonine Maillet (co-présidente d’honneur avec Richard Séguin), au pianiste Pierre Jasmin et à la cinéaste Guylaine Maroist. Chaque Saint-Valentin voit unE artiste pour la paix de l’année désignéE tels Chloé Sainte-Marie, Anaïs Barbeau-Lavalette, Wajdi Mouawad, Dominic Champagne, les 7 doigts de la main, Florent Vollant, les regrettées Marcelle Ferron, Myra Cree, Simonne Monet-Chartrand ainsi que divers membres honorés : Alanis Obomsawin, Raôul Duguay, Raymond Lévesque, Gilles Vigneault, Yvon Deschamps et les regrettés Hélène Pedneault et Frédéric Back…
Spectacles, concerts, expositions et encans d’œuvres d’art, conférences, soirées de poésie, tables rondes, films, mémoires, lettres ou envois massifs adressés aux ministères de la Défense et des Affaires étrangères, articles et prises de position sur le site www.artistespourlapaix.org militent de concert avec Pugwash Canada, le traité d’Ottawa sur les mines anti-personnel et le Réseau canadien pour l’abolition de l’arme nucléaire, pour la diminution des dépenses militaires tant nationales que mondiales et pour l’abolition des armes de destruction massive.
Ayant recommandé dès 1990 la dissolution de l’OTAN en même temps que celle du Pacte de Varsovie, les APLP épousent les idéaux de l’ONU, de l’UNESCO et de l’UNICEF en s’inspirant du rapport Brundtland sur le développement viable Notre avenir à tous (1986) et de l’Enquête populaire canadienne sur la paix et la sécurité (1992) qu’ils ont co-organisée. Ils prônent avec Oxfam et Amnistie internationale le monitoring du trafic international d’armements et l’abrogation des abris fiscaux et du secret bancaire. Ils viennent de participer les 15 et 16 avril au Symposium international de Québec sur l’uranium (voir http://artistespourlapaix.org/?p=7114) dont ils ont endossé l’importante déclaration (voir http://uranium2015.com/ ).
Marie-Ève Marleau est coordonnatrice du Comité pour les droits humains en Amérique latine et agente de recherche au Centre de recherche en éducation et formation relatives à l’environnement et à l’écocitoyenneté (Centr’ERE) de l’Université du Québec à Montréal (UQAM). Diplômée de la maîtrise en éducation de l’UQAM, elle a mené une recherche sur les processus de prise de conscience et d’agir environnemental et l’apport de l’éducation relative à l’environnement à ces processus. C’est dans ce cadre qu’elle a eu un entretien en profondeur avec monsieur Pierre Dansereau. Depuis une dizaine d’année, elle s’intéresse aux questions de droits humains et des impacts socio-écologiques des mégaprojets extractifs dans les Amériques et aux processus de résistance et de mobilisation sociale.
Éric Pineault est détenteur d’un doctorat en sciences économiques et sociologie de l’École des Hautes Études en Sciences Sociales (ÉHESS) à Paris et de l’Université du Québec à Montréal. Il est professeur au département de sociologie de l’Université du Québec à Montréal, directeur de recherche à la Chaire de recherche du Canada sur la mondialisation, la citoyenneté et la démocratie ainsi que membre du Collectif d’analyse de la financiarisation du capitalisme avancé (CAFCA). Il s’intéresse à l’économie financière, à l’économie des ressources naturelles, à la question de la transition écologique et aux transformations générales du capitalisme avancé.
Maryse Poisson détient un baccalauréat en travail social et est candidate à la maîtrise en sciences de l’environnement à l’UQAM. Elle est assistante de recherche au Centr’ERE (Centre de recherche en éducation relative à l’environnement et à l’écocitoyenneté). Son projet de mémoire propose de s’intéresser aux pratiques de coordination entre autochtones et non-autochtones au sein des mouvements sociaux qui se positionnent par rapport aux controverses environnementales, notamment face au développement et au transport des hydrocarbures au Québec. Maryse est également passionnée par les questions de démocratie et de justice environnementale. Elle est impliquée au sein du Groupe de recherche en intérêt public de l’UQAM (GRIP) et du comité environnemental de la Ligue des droits et libertés.
Romain (Raymond) Pollander, dramaturge (finaliste pour l’obtention du Prix Siminovitch 2005), poète, compositeur, metteur en scène, vulgarisateur scientifique (lauréat du Prix Michael Smith pour la promotion des sciences et de l’éducation 1994), comédien/scripteur au spectacle Coup de cœur pour la paix du 10 novembre 2014 au festival Coup de cœur francophone, a écrit, depuis une trentaine d’années, plus de cinquante œuvres théâtrales et poétiques, des contes et des romans. Son vibrant hommage du 16 février 2015 à la Chapelle Historique du Bon-Pasteur à l’égard de son maître Paul Buissonneau a fait vibrer tous les spectateurs qui l’ont ovationné. Il a animé ADN@Z, une série de dix-sept épisodes sur la génétique pour la télé canadienne, ainsi que L’Aventure de l’Univers à la première chaîne Radio-Canada. Il a aussi fondé Le Jardin Spectaculaire, véritable maison de la culture scientifique au Jardin Botanique de Montréal, destinée à la vulgarisation des sciences auprès des jeunes par les arts.
Nicolas Reeves est architecte et physicien de formation. Il enseigne à l’Université du Québec à Montréal. Sa pratique est considérée comme emblématique des arts médiatiques québécois et canadiens. Son œuvre se caractérise par une utilisation hautement poétique des sciences et des technologies. Directeur scientifique de l’Institut Hexagram de recherche-création de 2001 à 2008, vice-président de la Société des Arts Technologiques [SAT] de 1998 à 2008, il dirige le laboratoire de design NXI Gestatio qui a produit des œuvres reconnues telles la Harpe à Nuages, la Sonde Méridienne ou le programme de recherche Aérostabiles, un ensemble d’automates cubiques volants dotés d’un ordinateur de bord leur permettant de développer des comportements autonomes. Il poursuit également une recherche en morphologie urbaine qui l’a amené à s’intéresser aux bidonvilles, vus comme un programme pour la ville future, et a participé à un documentaire plusieurs fois primé sur le sujet. Il a présenté ses installations et prononcé des conférences sur quatre continents.
Mauricio Andrés Ribeiro est un architecte, professeur, chercheur, et auteur brésilien. Il a, entre autres, occupé les postes de Chercheur visitant à l’Institut Indien d’Administration, Bangalore (1977-1978) ; Secrétaire municipal à l’environnement, Belo Horizonte (1990-1992) ; Expert en technologie au Programme régional sur les établissements humains de la CEPAL, Mexique (1991) ; Membre de l’Association Internationale de Recherche sur la Paix (IPRA) (1994-1996) ; Président de la Fondation de l’Environnement de Minas Gerais (1995-1998) ; Conseiller au Conseil National pour l’Environnement, Brasilia (1995-1998 et 2002-2015) ; Vice-président de la Fondation Cité de la Paix, Brasilia (1987-1997) ; Directeur du Conseil National pour l’Environnement (2001-2002) ; Conseiller à l’Agence Nationale des Eaux, Brasilia (2003-2015) ; et Professeur à la formation Holistique de Base à la UNIPAZ, Université de la Paix. Il est également auteur des livres Ecologizar (avec une introduction par Pierre Dansereau), Tesouros da India, Meio Ambiente & Evolução Humana.
Marie Saint-Arnaud est chercheure associée au Centre de recherche en éducation et formation relatives à l’environnement et à l’écocitoyenneté et chargée de cours à l’Institut des sciences de l’environnement de l’UQAM. Elle détient une maîtrise et un doctorat en sciences de l’environnement de l’UQAM. Elle a notamment réalisé ses recherches sous la supervision de Pierre Dansereau et d’Yves Bergeron et développé une expertise dans le domaine de la foresterie autochtone. Ce champ de recherche et d’intervention est en émergence au Canada et ailleurs dans le monde, dans un contexte où l’aménagement intégré des forêts doit de plus en plus tenir compte de la participation des communautés locales. Marie détient une formation interdisciplinaire en biologie, environnement, foresterie et ethnologie. Elle a collaboré avec plusieurs Premières Nations (Algonquins, Cris, Innus, Naskapis, Inuits) et œuvré au sein d’une diversité d’organisations associées aux problématiques environnementales en milieu autochtone. En 2012, elle a remporté le Prix Lucie Samson-Turcotte décerné par l’Université Laval pour la meilleure thèse en éducation relative à l’environnement réalisée depuis 2008. En tant que spécialiste autochtone, elle a réalisé une quinzaine de mandats pour la certification FSC (Forest Stewardship Council) des territoires forestiers. Elle participe activement à la vie académique de l’Institut des sciences de l’environnement comme membre des comités des programmes de maîtrise et de doctorat, chargée de cours et superviseure à l’encadrement des étudiants.
Lucie Sauvé est professeure titulaire au Département de didactique de la Faculté des sciences de l’éducation de l’Université du Québec à Montréal. Elle est directrice du Centre de recherche en éducation et formation relatives à l’environnement et à l’écocitoyenneté et membre de l’Institut des sciences de l’environnement. Elle dirige la revue internationale Éducation relative à l’environnement – Regards, Recherches, Réflexions. Ses principaux domaines de spécialisation ont trait aux dimensions critique et politique de l’éducation, aux dynamiques de mobilisation citoyenne en matière d’environnement et d’écodéveloppement, à l’éducation relative à la santé environnementale, à l’éducation scientifique et technologique et aux enjeux de la formation des éducateurs et des leaders communautaires. Durant plus de 20 ans, Lucie Sauvé a dirigé d’importants projets de collaboration interuniversitaire et d’action écosociale en Amérique latine. Depuis 2011, elle coordonne le Collectif scientifique sur la question du gaz de schiste au Québec, regroupant 170 membres de divers horizons disciplinaires.
Jean-Guy Vaillancourt est professeur titulaire de sociologie à l’Université de Montréal, où il a été directeur, puis administrateur du département de sociologie. Ses recherches en sociologie de l’environnement et en écosociologie ont surtout porté sur le mouvement vert, sur l’énergie, sur les changements climatiques et sur le développement durable. En sociologie des religions, il est un spécialiste reconnu des mouvements religieux de droite et de gauche, et du Vatican. Son ouvrage, Papal Power, a été acclamé comme une contribution majeure sur la papauté contemporaine. Ses recherches sur les aspects sociaux des problèmes environnementaux ont fait de lui un des principaux experts québécois des sciences sociales de l’environnement. Il a publié vingt-cinq ouvrages ou numéros spéciaux de revues académiques, en plus d’innombrables articles, chapitres de livres et recensions critiques dans des domaines aussi variés que l’écosociologie, la sociologie de la paix, les mouvements sociaux et les organisations, et la religiologie.
Louise Vandelac est professeure titulaire à l’Institut des sciences de l’environnement et au Département de sociologie de l’UQAM. Également co-directrice de VertigO, la revue scientifique électronique interdisciplinaire en sciences de l’environnement, Louise Vandelac préside la Commission Sciences naturelles, humaines et sociales de la Commission canadienne pour l’UNESCO, et siège aux Conseils scientifiques internationaux du Réseau des Maisons de recherche de sciences humaines en France et des universités Caen et de Strasbourg. Chercheure au CINBIOSE (écosanté), au Réseau Ne3Ls (nanotechnologies) et à l’international au CRIIGEN (Centre de recherche et d’information indépendant génie génétique), au Pôle Risques (MRSH, Un. Caen), au TITNT (The International Team on Nanosafety), ses recherches actuelles portent sur les perturbateurs endocriniens/politiques publiques (IRSC), l’écologie des toits urbains (CRSH), les NBIC/TKS (FSH), Economics for the Anthropocene (CRSH). Intronisée au Cercle des Phénix de l’environnement, elle a reçu un Doctorat honoris causa en droit et le Prix Multidisciplinarité Jacques-Rousseau de l’ACFAS, FQRSC, FQRNT, FRSQ.
GAÏA – PRESSE 19 mai 2015
Pierre Dansereau, la fibre de l’écocitoyen
19 mai 2015
Par Éliane Brisebois
Journaliste indépendante et candidate à la maîtrise en sciences de l’environnement de l’UQAM
« La récente période (2000-2002) connaît des années noires. La fibre de l’éthique écologique s’est affaiblie. L’hystérie antiterroriste a obnubilé des urgences écologiques telles que la lutte à la pauvreté. » Malgré toutes les raisons d’espérer, c’est un cri du cœur que lançait Pierre Dansereau dans un texte publié en 2002 dans Le Devoir à l’aube du Sommet mondial pour le développement durable de Johannesbourg, qui avait lieu la même année.
Mais de ce triste constat sur la situation globale fait par Dansereau à la fin de sa carrière, ressort ce qui l’a toujours préoccupé : l’humain faisant partie de la nature, il faut aborder chaque problématique dans son entièreté avec ses dimensions biophysiques et sociales, d’où le fait de considérer la lutte à la pauvreté comme une urgence écologique. Le constat est lourd, mais l’espoir pointe. Car il ressort aussi de ce texte de Dansereau un appel à l’action, à devenir des écocitoyens, à s’engager pour le changement.
C’est cette fibre d’écopédagogue et d’écocitoyen qui le poussait à dire que «la crise mondiale est aussi une crise de l’éducation». Lucie Sauvé, professeure au Département de didactique de l’UQAM et directrice du Centre de recherche en éducation et formation relatives à l’environnement et à l’écocitoyenneté, le soulignait dans sa conférence hommage du dernier jour de colloque de la Semaine Pierre-Dansereau en sciences de l’environnement qui s’est tenue du 5 au 8 mai dernier.
Pierre Dansereau (1911-2011) a été un pionnier de l’écologie, un scientifique chevronné, mais aussi un humaniste, qui a toujours considéré l’humain comme faisant partie intégrante des écosystèmes. En témoigne son fameux modèle de la « Boule-de-flèches » qui comprend les niveaux « Investissement » et « Contrôle » dont les humains sont souvent les acteurs dans les écosystèmes. Son œuvre et l’homme exceptionnel qu’il a été ont été célébrés lors de la semaine qui lui a été consacrée à l’UQAM. L’événement, organisé par l’Institut des sciences de l’environnement (ISE) de l’UQAM, a surtout été l’occasion de pousser la réflexion sur l’orientation des sciences de l’environnement d’aujourd’hui à la lumière de sa pensée. La journée de colloque scientifique du vendredi 8 mai, riche en contenu, a permis d’entendre de nombreuses communications qui ont réactualisé l’œuvre de Dansereau.
En quête de questions
Dansereau a toujours été un homme de son temps, mais il importe de situer dans leur époque les différents morceaux de son œuvre qui est le fruit d’un parcours de près de 70 années de travail. C’est du moins ce que défend Nicolas Milot, professeur associé à l’ISE, qui, avec ses collègues Isabel Orellana et Tom Berryman, a décidé d’intégrer l’œuvre de Dansereau au corpus du cours de tronc commun de la maîtrise en sciences de l’environnement dont ils sont les professeurs responsables. En quelque sorte, ils répondent à une question posée par un étudiant de biologie lors du Colloque des étudiant-e-s des cycles supérieurs en sciences de l’environnement qui s’est tenu le 6 mai : pourquoi n’entendons-nous pas plus parler de Dansereau pendant nos études ?
La relecture de La terre des hommes et le paysage intérieur a permis à M. Milot de retenir une des dernières phrases de cette œuvre phare : «Ceux qui ont plus de talent pour les questions que pour les réponses ont grand besoin de travailler avec ceux qui sont immédiatement anxieux de trouver des solutions.» «Et si on utilisait Dansereau dans l’enseignement comme quelqu’un qui nous pose des questions sur un tas de sujets ?» en a finalement conclu Nicolas Milot. Les questionnements de Dansereau sur l’«objet» environnement, la complexité, l’éthique, entre autres, serviront d’introduction aux étudiants nouvellement arrivés à la maîtrise en sciences de l’environnement, soutient-il.
Intégrer le paysage intérieur
L’idée du «paysage intérieur», cette métaphore qu’utilisait Dansereau pour parler de l’intégration de l’humain à l’environnement, a été évoquée à de nombreuses reprises lors du colloque. Comme l’a résumé Pascal Galvani, directeur des programmes d’études supérieures en psychosociologie à l’Université du Québec à Rimouski, ne venant pas tous du même milieu, le paysage intérieur, c’est aussi «ce que nous avons intégré de l’environnement».
Les chercheurs Sebastian Weissenberger (ISE)et Mélinda Noblet (UQAR), dans leur présentation sur «la résilience climatique dans une perspective systémique», ont affirmé que, bien que Dansereau n’ait pas abordé la notion clé de résilience, il leur fallait garder à l’esprit, en référence au «paysage intérieur», «les concepts pensés par Dansereau pour pousser la réflexion [en cette ère] de l’anthropocène, où l’humain modifie de manière jusqu’alors inconnue l’environnement, pour voir ce qu’on peut faire de tout ce pouvoir de transformation de l’environnement que l’on ne maîtrise pas».
Ces deux chercheurs, tout comme Dansereau, préconisent le travail de recherche en interdisciplinarité et en intersectorialité. À ce sujet, Louise Vandelac, professeure à l’ISE et au Département de sociologie de l’UQAM, a voulu signaler l’influence des «travaux précurseurs marqués par l’interdisciplinarité et l’intersectorialité de Pierre Dansereau qui ont, encore aujourd’hui, des échos très largement partagés en termes de perspectives». Elle a alors présenté l’étendue des groupes de recherches interdisciplinaires dans plusieurs coins du globe. En tant que présidente de la Commission Sciences naturelles, humaines et sociales de la Commission canadienne pour l’UNESCO, elle a affirmé avoir proposé la création d’un groupe de travail sur l’intersectorialité,qui a une «valeur ajoutée pour appréhender les grands enjeux auxquels nous sommes confrontés».
Car comme l’exposait René Audet, directeur de l’ISE, dans la conférence d’ouverture de la journée du 7 mai, les problèmes complexes environnementaux sont de plus en complexes, voire «wicked», comme les qualifie la langue anglaise. Il faut ainsi que les chercheurs se tournent vers un nouveau mode de production de connaissances en phase avec la société dans laquelle elles sont produites.
Cela doit mener « de l’écodécision à l’écodéveloppement », comme s’intitulait le dernier bloc de communication du colloque. Un tel processus implique des enjeux éthiques, de responsabilité et d’engagement. Que cela concerne des controverses sociales entourant des projets à grands impacts sur l’environnement, comme des projets miniers, par exemple, du travail social en temps de crise écologique ou la recherche de réponses à la question «quelle économie pour quelle écologie?» (Éric Pineault, professeur en sociologie de l’UQAM), Pierre Dansereau nous inviterait sûrement à poser un regard différent sur la nature et à adopter une volonté d’agir teintée d’«austérité joyeuse».
La Semaine Pierre-Dansereau s’est terminée dans la volupté de la musique de Bach et de Beethoven lors d’un récital hommage du pianiste et professeur retraité de l’UQAM Pierre Jasmin. Le récital fut magnifiquement accompagné d’une projection de photos prises lors des nombreux voyages autour du monde de Pierre Dansereau.
(Référence au cas : http://www.ledevoir.com/environnement/actualites-sur-l-environnement/8068/raisons-d-esperer-volonte-d-agir)
Source : GaïaPresse
Bon matin Pierre,
J’ai lu avec intérêt ton texte sur la Semaine Pierre Dansereau. Que de gens pertinents ayant collaboré avec Dansereau y sont allés de leur perspective ! La communication qui m’a le plus interpellée est celle de Éric Pineault sur les liens entre économie et écologie. Je suis présentement très préoccupée par les rouages de l’économie et par les groupes de réflexion de droite qui pensent le monde de demain. Nous ne devons pas croire que la situation actuelle est le fruit d’interactions chaotiques entre des individus. Et justement la Semaine Pierre Dansereau semble avoir mis de l’avant cette évidence: c’est nous qui choisissons l’usage que nous faisons de la nature… nous CHOISISSONS… ILS ET ELLES CHOISISSENT.
Encore une fois tu ouvres ma conscience sur le Monde. Ce que j’adore. Non que je n’étais pas déjà consciente. Mais d’être informée sur les sujets qui préoccupent les APLPs de plus près développe chez-moi une pensée planétaire et un éveil pour le concept américain de « global justice » utilisé par les éthiciennes Américaines.
Les Éditions du Remue-Ménage ont en préparation un livre sur l’ « écoféminisme », une branche de la philosophie féministe. Le collectif d’auteures semble avec des difficultés. Espérons cependant que ce projet ne tombera pas… Il sera un clou de plus planté dans ce réseau d’approches alternatives au néolibéralisme qui pense progrès et qui oublie rareté.
Bonne journée!
Pascale