L’image du sang parle fort en notre période de Coronavirus
Nous ne reviendrons pas sur notre dizaine d’articles écrits depuis un an en défense du directeur de l’Organisation Mondiale de la Santé (ONU), M. Tedros Adhanom Ghebreyesus, que le Canada influencé indûment par les accusations sinophobes de Trump, n’a finalement écouté que bien tard. Nous nous sommes alliés avec Riccardo Petrella et l’Agora des Habitants de la Terre pour protester contre la cupidité rapace des Big Pharmas occidentales, contraire à la politique généreuse de distribution mondiale des vaccins chinois. Dans les subconscients racistes, restent « le virus chinois » et la participation de la québécoise Joanne Liu à l’enquête de l’OMS sur l’origine du virus, même si la piste d’une attaque virale délibérée de l’Institut de virologie de Wuhan est écartée.Avec ses 1.3 million d’étudiants universitaires sans frais d’inscription, la Chine est devenue la puissance scientifique numéro un au monde, ce qui attise la jalousie des (im)puissances occidentales qui par exemple s’attaquent à la technologie 5G de Huawei ou dénigrent les panneaux solaires chinois, même s’ils aideraient grandement à la diminution de productions d’électricité dépendantes d’extractions d’énergies fossiles. La rancœur sinophobe de Trump visait en outre « toutes les médecines socialistes » du monde, y compris – attaquée par Biden dans sa campagne contre Bernie Sanders – celle du Canada. Intéressant de noter qu’elle fut fondée par Tommy Douglas, beau-père de Donald Sutherland qui a personnifié en 1977 l’étranger le plus vanté par le gouvernement chinois, le célèbre docteur Norman Béthune, que le Canada et la Chine devraient encore célébrer!
Le souvenir d’une belle relation amoureuse sur trois continents avec une Chinoise, entre mes 27 à 36 ans, motive sans doute l’énergie que je mets à pourfendre le racisme sinophobe. Mais attention, je reste très prudent face aux menaces proférées par le parti communiste chinois contre les libertés à Hong Kong et à Taiwan d’où origine mon nouvel ordinateur qui a remplacé celui qui a succombé à des attaques de virus non identifiées mais qui devraient se poursuivre à la suite d’articles contredisant la propagande gouvernementale.
Un acte canadien sinophobe : Meng Wanzhou toujours retenue prisonnière
Effectuée par un Trudeau tremblant de peur devant Trump, l’incarcération abusive de la no 2 de Huawei, madame Meng Wanzhou perdure encore, même si Biden négocie avec l’Iran pour rétablir le JCPoA, entente selon laquelle les Iraniens renoncent sous supervision de l’Agence Internationale d’Énergie Atomique [1] (ONU) à enrichir leur uranium pour les empêcher, malgré les doutes d’Israël et de l’Arabie Saoudite, de fabriquer une bombe nucléaire. Quant à l’accusation de Trump empêchant le retour en Chine de madame Meng (que les Artistes pour la Paix ont réclamé dès les premiers jours de décembre 2018), elle ne visait qu’une opération bancaire faite par madame Meng AVANT que les États-Unis aient unilatéralement rompu le pacte JCPoA, forçant de multiples pays à ne plus transiger avec l’Iran. Si le Canada et ses alliés affirment que Michael Kovrig et Michael Spavor sont détenus en représailles à l’arrestation de Meng Wanzhou et que les accusations d’atteinte à la sécurité nationale portées par la Chine contre nos deux Canadiens sont fausses, l’ambassadeur chinois au Canada Cong Peiwu souligne avec raison le fait préalable incontournable « que Meng Wanzhou est arbitrairement détenue depuis plus de deux ans, malgré le fait qu’elle n’a violé aucune loi canadienne. C’est là une illustration précise d’arrestation ou de détention arbitraire de ressortissants étrangers ».
Une motion sinophobe exagérée dont il faudrait appliquer la rigueur au Canada
Le 22 février, la Chambre des communes a adopté à l’unanimité une motion déclarant que «la République populaire de Chine s’est livrée à des actions correspondant à ce que prévoit la résolution 260 de l’Assemblée générale des Nations unies, couramment appelée “convention sur le génocide”, dont la mise en place de camps de détention et de mesures visant à prévenir les naissances à l’égard des Ouïghours et autres musulmans turciques».
Lors du dépôt de sa motion, le critique conservateur en matière d’affaires étrangères, Michael Chong, a déclaré : « L’heure est à la clarté morale. » Pourtant, aux yeux d’Alisa Lombard, avocate principale sur les actions collectives proposées concernant la stérilisation forcée de femmes et de filles autochtones au Canada et Samir Shaheen-Hussain, urgentologue pédiatrique et professeur adjoint (Université McGill), cette « clarté morale » nous fait cruellement défaut pour reconnaître que nos communautés autochtones se sont vu imposer des mesures très similaires destinées à empêcher les naissances pendant des décennies. À la fin de 2018, le Comité des Nations unies contre la torture a reconnu que « la stérilisation forcée […] de femmes et de filles autochtones depuis les années 1970, y compris des cas survenus récemment » au Canada, est une forme de torture. La députée NPD Niki Ashton (qui a refusé de voter la motion pour le moins hypocrite du Parlement; ne devrait-on pas balayer sa cour avant d’accuser celle des voisins ?) avait soulevé antérieurement cet enjeu à la Chambre des communes, affirmant : « Soyons clairs. Cela s’apparente à un génocide. » Et pourtant, aucune motion formelle sur notre génocide n’a été adoptée et le racisme systémique anti-autochtone et les pratiques discriminatoires qui se poursuivent jusqu’à ce jour perpétuent un climat général de misogynie et de violence sexiste, face au rôle même de mères : en témoigne la mort brutale de Joyce Echaquan après avoir subi les insultes racistes et sexistes de membres du personnel de la santé à l’hôpital de Joliette heureusement forcés de démissionner depuis. Le Canada doit reconnaître officiellement cette violence genrée qu’il a infligée aux femmes et aux filles autochtones et inuites de chez nous. Rappelons en contrepartie que l’ambassadeur Cong Peiwu, a qualifié de « fictions » les accusations que des millions de personnes dans des camps de détention soient soumises au travail forcé et à la stérilisation dans son pays (voir mon article intitulé Propagande et faits pro-Ouïghours).
Comme anti-nucléaires, pourquoi faire preuve de si peu de sévérité envers la Chine ?
En fait, parmi les neuf pays qui brandissent les armes nucléaires, la Chine a adopté la politique de loin la plus mesurée. J’ai écrit cette information cruciale lors du webinaire pro-chinois suivi par 400 spectateurs organisé par World Beyond War et Hamilton Stop the War Coalition le 1er mars dernier. Car membre de Pugwash, j’ai pu consulter le mémoire du professeur à la retraite Zhenqiang Pan de l’Institut d’Études stratégiques (National Defense University PLA, Beijing, China) qui rappelle le ferme engagement de son pays de ne jamais recourir en premier à l’usage d’armes nucléaires. Il va plus loin que l’engagement russe ou nord-coréen (et bien sûr du non-engagement américain, malgré les nouvelles pressions exercées sur Biden). L’engagement chinois s’accentue par les termes « en aucune circonstance » pour marquer qu’ « absolue, inconditionnelle et claire comme le cristal, il affirme que ses bombes nucléaires ne jouent qu’un rôle défensif contre toute attaque nucléaire à son égard ». Pour bien marquer sa différence avec l’OTAN et la Russie qui brandissent constamment la menace nucléaire et s’étaient engagés dans une surenchère paranoïde jusqu’à 70 000 bombes, la Chine est le pays qui cible un nombre restreint de villes mondiales et a conduit le moins de tests parmi les cinq puissances permanentes du Conseil de sécurité. Elle ne développe aucune bombe nucléaire tactique, qu’elle considère comme une arme potentielle de champs de bataille, en séparant sa politique d’armes nucléaires de tout plan stratégique militaire. Elle maintient ses ogives nucléaires à l’écart de ses missiles balistiques intercontinentaux, contrairement à plus de mille bombes mondiales placées à l’heure actuelle en alerte launch-on-warning, selon la théorie appliquée par 8 pays de destruction mutuelle assurée (résumée sous l’expressif vocable MAD).
Bref, la Chine demeure conforme à sa vocation millénaire d’« empire du milieu ».
[1] À l’invitation de mon collègue de Pugwash Tariq Rauf, j’ai pu assister le 23 février à un webinaire mettant en vedette le directeur général de l’AIEA, l’argentin Rafael Mariano Grossi. Il revenait tout juste d’une mission en initiative personnelle en Iran, afin de rencontrer les responsables iraniens de la sécurité nucléaire. Initiative courageuse quand on sait que cinq ingénieurs nucléaires principaux iraniens ont été assassinés depuis 2010 et qu’un des assassins a avoué à la TV ses liens avec le Mossad israélien.
Lorsque j’ai écrit que » la Chine a conduit le moins de tests parmi les cinq puissances permanentes du Conseil de sécurité », j’aurais dû souligner que la plupart de ses tests des années 60 et 70 ont eu lieu au Xinjiang, y entraînant une forte pollution radioactive.