Michalchuk, président de l’Association des Ukrainiens unis Canadiens.
Désinformations aggravées des médias canadiens pro-guerre
Radio-Canada, dans sa bande passante, choisit de faire la promotion d’un article de la Presse canadienne illustrant la défense par le président de la Fédération nationale ukrainienne du Canada, Jurij Klufas, du vétéran de la Seconde Guerre mondiale, membre d’une unité de la Waffen SS récemment salué comme un héros au Parlement canadien. Pour M. Klufas, le traitement qui est réservé à M. Hunka est injuste. « Le vétéran gentleman (sic) était un soldat, selon lui, combattant pour l’Ukraine. »
Accordons à l’article de reproduire l’opinion d’Ivan Katchanovski, professeur ukraino-canadien de sciences politiques à l’Université d’Ottawa, selon qui « les actions de la division Waffen-SS Galicie de M. Hunka ont été minimisées au Canada. Ses admirateurs ont tenté de présenter la division comme une force patriotique ukrainienne, en dépit du fait qu’elle a collaboré avec les nazis et a été impliquée dans diverses atrocités, notamment le meurtre de Juifs, d’Ukrainiens et de Polonais ».
Un rapport de commission de 1986 sur les criminels de guerre vivant au Canada a révélé qu’environ 600 anciens membres de la division Waffen SS vivaient au Canada à l’époque. Mais le juge Jules Deschênes, qui présidait la commission, a déclaré que l’appartenance à la division ne constituait pas en soi un crime et que « les accusations de crimes de guerre contre les membres de la division de Galicie n’ont jamais été fondées, ni en 1950, lorsqu’elles ont été déposées pour la première fois, ni en 1984 lors de leur renouvellement, ou encore devant cette commission ». Cette honteuse défense dissimule les efforts pourtant signalés par l’article de groupes juifs dénonçant l’existence d’au moins deux monuments canadiens dédiés à la division, à Oakville, en Ontario, et à Edmonton.
En réponse à des questions sur M. Hunka, le Congrès ukrainien canadien (UCC) a déclaré jeudi que le peuple de l’Ukraine moderne, y compris sa population juive, a subi des occupations successives par « des empires et des colonisateurs étrangers » remontant à des siècles. Frank Sysyn, professeur d’histoire à l’Université de l’Alberta, affirme qu’il est exact de dire que M. Hunka n’était pas un nazi, même s’il combattait pour l’Allemagne nazie, car les non-Allemands n’étaient pas autorisés à se joindre au parti. (…) « La plupart de nos immigrants italiens des années 1950, s’ils étaient des hommes d’un certain âge, avaient probablement servi dans l’armée italienne et combattu pour l’Italie fasciste », a déclaré M. Sysyn, membre de l’Institut canadien d’études ukrainiennes.
John-Paul Himka, professeur émérite de l’Université de l’Alberta et auteur d’un livre sur les Ukrainiens et la Shoah, a déclaré que bon nombre des jeunes hommes qui ont rejoint la division de Galicie en 1943 étaient motivés par les atrocités dont ils avaient été témoins sous l’occupation soviétique. (…) Mais il reproche à la communauté ukrainienne de ne pas avoir pleinement reconnu et abordé l’histoire du pays pendant la Seconde Guerre mondiale, y compris ses liens avec les nazis.
Enfin, M. Klufas attribue le fait que M. Hunka soit qualifié de nazi à la « désinformation russe » (ce que le Premier ministre a presque confirmé), en répétant dans l’article : « Le fait qu’il était un soldat ne signifie pas qu’il était un nazi ». Il a également soutenu qu’il n’y avait rien de mal (sic) à ce que le Parlement applaudisse un homme « qui s’est battu pour son pays ». Cependant, il a admis que ce n’était « peut-être pas correct » dans les circonstances, étant donné que les gens présents ne saisissaient pas complètement la nature de leur geste (re-sic, une affirmation qui disqualifie l’ensemble de nos représentants politiques fédéraux : espérons que certains d’entre eux protesteront).
Minimum d’objectivité réclamé par les Artistes pour la Paix
LE DEVOIR a publié le 30 septembre un article intitulé CACHER L’HISTOIRE par Konrad Yakabuski[i] qui en dépit du titre, y contribue grandement. C’est pourquoi Les Artistes pour la Paix ont exigé du Devoir qu’il fasse preuve d’un minimum d’objectivité en publiant électroniquement notre commentaire suivant, afin justement d’éviter la dissimulation d’un grand pan des engagements historiques ukrainiens:
Outré par l’affaire Hunka si mal traitée par les médias qui veulent empêcher les Canadiens de connaître les sacrifices consentis par plus de 4 millions d’Ukrainiens pendant la seconde guerre mondiale qui ont combattu dans l’Armée rouge pour vaincre les Nazis allemands (pour les APLP, sans doute la dernière guerre qui puisse être justifiée, vu l’existence des bombes nucléaires), voici un résumé de la position de Glenn Michalchuk, porte-parole de l’Alliance pour la Paix de Winnipeg (traduction APLP – Pierre Jasmin):
« Plus de guerre et d’armes ne sont pas la voie vers la paix », a-t-il adressé comme message à monsieur le Secrétaire général de l’OTAN et au ministre canadien de la Défense. Les répercussions de la guerre en Ukraine ont interrompu l’acheminement d’énergies et d’aliments à des populations éprouvant des famines. La paix ne semble être l’objectif ni de Zelensky ni de l’idéologie nationaliste réactionnaire du gouvernement ukrainien, responsable de huit années d’une guerre civile dans le Donbass qui a causé 14 000 morts et causé un million d’exilés : un conflit causé par la révolution du Maidan de 2014 (voir plusieurs articles des APLP) profitant à la stratégie américaine forçant l’Ukraine à rester dans sa zone d’influence, tandis que les accords onusiens de Minsk étaient bafoués par Merkel, Poroshenko et Macron qui en étaient pourtant les instigateurs.
Glenn Michalchuk conclut : « Le gouvernement canadien, sous l’influence de Chrystia Freeland, a encouragé « l’émergence d’une guerre entre la démocratie et l’autocratie, en utilisant l’Ukraine par procuration pour une guerre froide, qui refuse tous les appels à la négociation. Nous encourageons toutes personnes à contacter leur député fédéral pour qu’ils appuient un cessez-le-feu et des négociations de paix ».
On trouvera sur www.artistespourlapaix.org une quinzaine de propositions internationales de cessez-le-feu et de négociations d’autant plus importantes qu’elles ont TOUTES été censurées par les médias principaux canadiens, à l’exception courageuse de l’Aut’Journal, de Pressenza.com et de Presse-toi à gauche que nous remercions.
[i] https://www.ledevoir.com/opinion/chroniques/799097/chronique-cacher-histoire?
Pour comprendre les atrocités commises par la division SS Galicie, on lira du juriste Philippe Sands, entre autres RETOUR À LEMBERG (ou Lviv de nos jours) et The RATLINE: LOVE, LIES AND JUSTICE ON THE TRAIL OF A NAZI FUGITIVE: il s’agit du gouverneur nazi de Lemberg, Otto baron de Wächter félicité par le Reichsführer Himmler pour avoir facilement recruté des Ukrainiens dans sa division SS Galicie qui a procédé à « l’exécution de masse » de 50 000 Juifs de Galicie et à l’évacuation vers les camps de concentration polonais de 434 329 autres.
Ces faits révoltants côtoient des côtés sentimentaux racoleurs des livres de Sands dont l’un fut nommé favori des Français (d’extrême-droite?) en 2020 (Albin Michel), car il raconte sans vergogne l’histoire sentimentale mouvementée de Charlotte et Otto qui remercient profusément Lemberg pour son hospitalité bien meilleure que l’Italie (où ils avaient voyagé pour obtenir de Pie XII un pardon!), et même que Salzburg, Vienne et Berlin où la sympathie nazie des citoyens était moindre.
En appui à notre héros Glenn Michalchuk et surtout en dégoût face aux tentatives de nos médias et des chefs ukrainiens canadiens de relativiser la nocivité du nazi Hunka ovationné par la vice-première ministre Chrystia Freeland et notre Chambre des Communes au complet, on lira deux romans historiques par le juriste américain Philippe Sands, auteur de RETOUR À LEMBERG ainsi que de THE RATLINE : LOVE, LIES AND JUSTICE ON THE TRAIL OF A NAZI FUGITIVE. Il s’agit du gouverneur de Lemberg (Lwow, ou Lviv de nos jours, une des seules villes bombardées par les Russes à l’ouest de Kyiv, à cause de ses entrepôts d’armes?); Otto baron de Wächter fut félicité par les autorités nazies allemandes Hans Franck et le Reichsführer Himmler pour avoir créé la fameuse Division SS de Galicie (en laquelle Hunka s’enrôla). La Division et Otto von Wächter procédèrent à l’« exécution de masse » de 50 000 Juifs de Galicie et à la déportation vers les camps de concentration polonais de 434 329 autres, un exploit qui fit redoubler les félicitations de ses deux Sturmführer déjà mentionnés.
Doit-on recommander ces livres, dont l’un a gagné le prix MEILLEUR LIVRE DE L’ANNÉE LORS DES BRITISH BOOK AWARDS de 2017? N’est-ce pas nauséeux de raconter avec délectation les « bons côtés sentimentaux » du couple Charlotte-Otto et de leur famille qui ont voyagé clandestinement après la guerre en Italie afin d’obtenir un pardon du pape Pie XII dont ils connaissaient la « clémence » puisque le pape fut élu en 1939 pour temporiser avec les autorités fascistes? Il est révélateur que Charlotte et Otto garderont les « plus beaux souvenirs » de Lemperg, meilleurs que ceux de Pologne, de Berlin, de Salzbourg et de Vienne où ils séjournèrent dans de splendides maisons. Et la nausée persiste quand M. Sands raconte, sans relativiser par une note rectificatrice, les remerciements du shah d’Iran pour le rôle joué par la CIA qui lui avait permis (sic) de rester (re-sic) au pouvoir en 1953 et de « se débarrasser d’un Premier ministre un peu gauchiste ». Il y avait là un antépisode du plus révoltant acte mondial d’extrême-droite où la CIA allait financer de 1957 à 1979 la cruelle SAVAK iranienne, coupable d’avoir trucidé toute l’opposition civile laissant le champ libre aux Ayatollahs dont la CIA peut être « remerciée » d’avoir autant pavé le chemin qu’aux Talibans qu’elle finança en Afghanistan en 1996.
Un merci à ma logeuse et grande amie de Paris 2022 avec ce livre dans sa bibliothèque.
En août, la Maison Blanche avait demandé au Congrès une « aide militaire » et économique supplémentaire de 24 milliards de dollars à l’Ukraine, lors de la visite à Washington du président Zelensky. Mais même au Sénat, où l’Ukraine bénéficie d’un large soutien bipartisan, les appropriateurs ont ramené ce montant à 6 milliards de dollars. Ce montant comprenait 1,5 milliard de dollars de fonds de reconstitution des stocks américains et 1,5 milliard de dollars supplémentaires pour l’initiative d’assistance à la sécurité de l’Ukraine, qui permet au Pentagone de placer des fonds et des contrats pour que des fabricants de matériel de défense construisent des systèmes d’armes pour Kiev à long terme. Mais 6 milliards de dollars supplémentaires pour l’Ukraine se sont révélés être une barre trop haute pour les membres Trumpiens du caucus républicain mené par le sénateur McCarthy, dont le bluff pour éviter au pays de tomber en faillite technique risque de le voir perdre son leadership. Même si une forte majorité bipartite de la Chambre soutient toujours « l’aide » militaire à l’Ukraine, environ la moitié du caucus républicain de la Chambre s’y oppose désormais. Comme le président Glenn Michalchuk de l’Association des Ukrainiens Canadiens, les Artistes pour la Paix se sont toujours opposés à envoyer des armes puisqu’elles tombent souvent dans des mains fanatiques nazies ou dans des systèmes de corruption auxquels même les Polonais de droite ne veulent plus contribuer.
Correction (j’ai vraiment besoin d’unE assistantE!)
Philippe Sands serait un juriste franco-britannique.