dont les Artistes pour la Paix 23 juin

À l’Université de Sherbrooke, des étudiantEs encouragés par la FEUS, leur association syndicalei (comme les étudiantEs manifestants de l’UQAM l’étaient par la leur), campent depuis plus d’un mois sous la pluie, hors de tout confort en pleine canicule, pour exprimer leur douleur face aux massacres qui se poursuivent dans la Bande de Gaza. Si leur recteur a initialement exprimé une réelle sympathie par des mots touchants tels « la direction de l’UdeS est sensible aux souffrances vécues par les membres de sa communauté touchés directement ou indirectement par le conflit à Gaza et réitère son souhait d’un cessez-le-feu immédiat », on comprend mal, sauf par des influences d’argent, comment il peut cette semaine manifester son impatience de « ne constater aucune ouverture réelle de la part des personnes manifestantes » et d’affirmer, dans la foulée : « le lien de confiance est actuellement rompu dans le dialogue avec les représentantes et représentants du campement, alors que des méfaits ont été perpétrés sur le campus », mais sans apporter aucun exemple précis des dits méfaits (La Tribune), alors que les horreurs infligées à Gaza se poursuivent en crescendo.

Claude Saint-Jarre, nouvellement élu au C.A. des Artistes pour la Paix, a directement communiqué notre sympathie aux manifestants sherbrookois et permis que soit utilisé notre logo dans leur liste d’appuis, avec en outre un rappel de notre article clé (ii) qui rappelle la difficile émergence du Traité de Rome, signé par l’ONU, l’institution internationale idéale pour régler les conflits mondiaux. En notre époque, on constate combien les arbitres sportifs se font de plus en plus contester par les joueurs : il en va de même de l’ONU, malmenée même par notre gouvernement qui avait pourtant eu le courage d’appuyer contre la Chine, l’Inde et les États-Unis la fondation de la Cour Pénale internationale. Cette dernière a émis un mandat d’arrêt contre Netanyahu et son ministre de la guerre (ainsi que contre le Hamas), une décision appuyée par une grande partie de la population, hélas censurée par nos médias.

D’autres jeunes courageux, membres du Collectif Désinvestir pour la Palestine, ont érigé depuis hier un nouveau campement au square Victoria, en plein secteur financier de Montréal, pour demander à la Caisse de Dépôt et Placement du Québec de retirer ses investissements dans les entreprises appuyant la guerre de Nétanyahou. Le chef de guerre est de plus en plus déconsidéré à la Knesset et dans les rues de Tel-Aviv, entre autres par les familles des otages lui reprochant ses bombardements indiscriminés. On félicite Radio-Canada, une fois n’est pas coutume, d’avoir laissé s’exprimer le porte-parole Benoît Allard aux nouvelles de ce matin : notre pays redeviendrait-il démocratique? M. Allard a aussi fustigé la décision sans cœur d’ouvrir un bureau par la ministre de la CAQ Martine Biron.

Voici, par ailleurs, un autre exemple de courage :

Les Independant Jewish Voices (IJV), avec qui nous avions rendu hommage posthume à notre amie, militante pro-palestinienne Lorraine Guay (1943-2022), ont déterré des actes criminels de fondations canadiennes, jouissant de déductions fiscales et coupables d’aide militaire à Israël dans les huit derniers mois. Leur communiqué est intitulé :
Des organisations caritatives canadiennes financent des crimes de guerre
Les dons de bienfaisance subventionnés par le contribuable sont un moyen pour les Canadien.ne.s de contribuer à leur communauté et aux causes qui leur tiennent à cœur. Ils présentent également l’avantage d’être assortis de reçus fiscaux, ce qui permet aux donateurs et donatrices de payer moins d’impôts sur leur déclaration annuelle en échange de leur contribution au bien commun. C’est du moins ce qui est censé être le cas.
Entre 2018 et 2022, les Canadien.ne.s ont donné environ 53,9 milliards de dollars à des organismes de bienfaisance enregistrés, dont plus d’un milliard à des bénéficiaires basés en Israël. Alors que le génocide israélien à Gaza fait rage, il faut interroger nos responsables gouvernementaux : où va cet argent et à quelles fins ?

Voix juives indépendantes font depuis longtemps pression sur le gouvernement canadien pour qu’il prenne des mesures à l’égard des organisations caritatives qui soutiennent les violations des droits de l’homme commises par Israël à l’encontre des Palestinien.ne.s, en mettant notamment l’accent sur le Fonds national juif du Canada. Plus récemment, l’organisation Just Peace Advocates et le Dr Miles Howe, membre de VJI, ont découvert un réseau d’organisations caritatives canadiennes qui acheminent des fonds vers certaines des organisations les plus violentes, voire génocidaires, d’Israël. Mizrachi Canada soutient une longue liste d’organisations « caritatives israéliennes », tels

– le groupe Women in Green, qui confisque activement des terres palestiniennes et mène une campagne pour planter des drapeaux israéliens dans la bande de Gaza;

– la fondation Duvdevan, qui soutient une unité militaire israélienne clandestine tristement célèbre pour ses assassinats de Palestiniens;

– et enfin le groupe d’extrême droite Im Tirtzu, qui se vante publiquement d’empêcher les camions d’aide désespérément nécessaires pour nourrir et étancher la soif des Gazaouis, aux prises avec une canicule sévère.

Nous ne pouvons pas laisser cette situation perdurer. En tant que Canadiens, nous demandons à la ministre du Revenu national, Marie-Claude Bibeau (à qui les Artistes pour la Paix ont écrit), de veiller à ce qu’immédiatement:

  1. le statut d’organisme de bienfaisance de la Mizrachi Organization of Canada soit

RÉVOQUÉ ;

  1. UNE ENQUÊTE soit instituée sur le statut de tous les organismes de bienfaisance

canadiens qui versent des fonds en Israël en guerre, afin de révoquer les permis de ceux qui soutiennent la colonisation israélienne de territoires palestiniens et l’armée israélienne soupçonnée d’actes génocidaires ;

  1. D’INSTITUER des mesures pour empêcher d’autres organisations de s’engager dans de telles activités à l’avenir.

P.J. secrétaire

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i LA FEUS LANCE UN APPEL À LA NÉGOCIATION Sherbrooke, le 18 juin 2024. – La Fédération étudiante de l’Université de Sherbrooke (FEUS) lance un appel à la négociation pour dénouer l’impasse entre le campement et la direction de l’Université de Sherbrooke. Bien que la FEUS appuie la présence du campement, elle se positionne depuis le début du conflit en faveur de la négociation. Selon Gabriel Lemelin, coordonnateur aux affaires externes de la Fédération, « le campement a été très discipliné. Il a respecté les directives de la sécurité. Il s’appuie sur des principes démocratiques et des actions uniquement pacifistes. L’Université ne peut suspendre la négociation en raison d’inscriptions à la craie qui se lavent facilement. Utiliser cette raison pour menacer des membres de la communauté étudiante de réprimandes nous apparaît irresponsable. Nous voulons à tout prix que la négociation se poursuive de bonne foi pour éviter que le conflit s’envenime encore davantage. » Pour aider à dénouer l’impasse, la FEUS est même prête à s’impliquer davantage. Selon Gabriel Lemelin, « notre rôle a toujours été de négocier avec le rectorat différents mandats donnés par nos personnes cotisantes. Nous croyons que la FEUS, de par ce rôle, peut faciliter la médiation et l’obtention d’un compromis aux bénéfices de toutes les parties impliquées. » La FEUS regroupe 11 associations étudiantes du premier cycle de l’Université de Sherbrooke et compte plus de 14 000 personnes cotisantes. Son mandat est notamment de défendre et représenter les intérêts de la communauté étudiante. Pour information : Gabriel Lemelin, coordonnateur aux affaires externes Fédération étudiante de l’Université de Sherbrooke externe-feus@usherbrooke.ca 819 821-7655

ii https://www.artistespourlapaix.org/nos-appels-aux-recteurs-de-luqam-et-de-mcgill/

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ADDENDUM

L’auteur de l’article vient de co-signer l’appel suivant qu’il n’avait pas reçu :
Le monde académique interpelle le CNRS contre l’anéantissement de l’enseignement supérieur et de la recherche à Gaza
15 mai 2024 Près de 2000 chercheurs, étudiants, enseignants-chercheurs, personnels administratifs de toutes les universités et laboratoires, affiliés ou non au CNRS signent:
https://www.humanite.fr/en-debat/cnrs/le-monde-academique-interpelle-le-cnrs-contre-laneantissement-de-lenseignement-superieur-et-de-la-recherche-a-gaza
La lettre restée ouverte souhaite atteindre les 2000 signatures: