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Des professeurs de musique à temps partiel n’ont pas accès à la prestation canadienne d’urgence. Photo Radio-Canada / Josée Ducharme

Au Québec

Le Premier ministre François Legault était fier, à juste titre, de découvrir en fin de semaine les statistiques d’un organisme indépendant montrant que parmi les soixante et quelque états et provinces d’Amérique du Nord, le Québec est largement en tête du respect de la distanciation sociale par sa population. Remarquons que contrairement à ce que d’autres (comme Trump) feraient, il ne s’en attribue pas le mérite, alors qu’il serait en droit de le faire, vu sa maîtrise du dossier démontrée par ses six conférences de presse hebdomadaires étayées de faits médicaux avérés (merci à la ministre McCann et au docteur Arruda) et bien suivies par la population à la télé chaque jour à 13 heures.

Le Premier ministre du Canada Justin Trudeau impose aussi le respect vu le travail que son gouvernement accomplit pour instaurer un revenu minimal en cette période troublée par la COVID-19 et vu son calme face aux injures de son opposition conservatrice : Scheer a fait au nom du Parti conservateur un discours dénonçant la taxe carbone et les coupures libérales « aux œuvres caricatives religieuses » : on croirait entendre un discours évangélique à la Trump, opposé à la justice fiscale et à la prestation canadienne d’urgence. Or, il s’agit d’un bon programme qui a besoin d’un effort par ce gouvernement néolibéral pour réussir un programme pour tous d’inspiration socialiste.

Une des lacunes du programme expliquée aujourd’hui par Radio-Canada, avec sa photo bien choisie ci-haut, présente la situation de chorales évidemment empêchées de répétitions, avec leurs pianistes ou organistes professionnels accompagnateurs pigistes ; ces derniers, en recevant de leur paroisse ou de leur école ne serait-ce que quelques dizaines de dollars par mois, se voient ainsi disqualifiés de l’aide fédérale à 2000$ par mois. Le président Luc Fortin de La Guilde des Musiciens et Musiciennes du Québec a témoigné vendredi devant le Comité permanent des finances, à Ottawa, ayant bon espoir que sa défense des membres de son syndicat a su convaincre les responsables. On s’ennuie de la musique qui adoucit les mœurs…

Au Nouveau-Brunswick

L’organisme Carrefour pour elles du Nouveau-Brunswick qui vient en aide aux femmes et aux familles fuyant des violences conjugales et/ou familiales lance un cri d’alarme puisque ses levées de fonds en partie organisées au printemps ne peuvent avoir lieu vu la COVID-19: $70 000 est le montant auquel l’organisme communautaire aspire pour continuer ses services essentiels dans une province où les statistiques de ces violences augmentent autant, sinon plus qu’ailleurs. La somme indiquée, cruciale, ne représente pourtant qu’un millionième de l’argent que le Ministère de la Défense consacre aux frégates d’attaque Irving/Lockheed Martin (Irving qui a fait l’objet d’un article dans le Monde Diplomatique par Alain Deneault avec qui nous sommes en contact). Aujourd’hui, le vénérable sénateur Douglas Roche, collègue de Pierre Jasmin à Pugwash Canada, a vu publié par Hill Times son appel à ce que Trudeau coupe le ministère de la Défense de 10% immédiatement, pour affecter l’argent à la lutte au coronavirus, dans un article où il a tenu à reproduire la photo du Secrétaire général de l’ONU.

L’ONU lance un cri d’alarme général

(AFP) « Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a lancé dimanche un appel mondial à protéger les femmes et jeunes filles à la maison, alors que le confinement provoqué par la pandémie de COVID-19 exacerbe les violences conjugales et dans les familles. La violence ne se cantonne pas aux champs de bataille, a-t-il souligné dans un communiqué et une vidéo en anglais sous-titrée en français, arabe, espagnol, chinois ou russe, en rappelant son appel récent à un cessez-le-feu sur tous les théâtres de guerre pour mieux lutter contre la maladie. Malheureusement, de nombreuses femmes et jeunes filles se retrouvent particulièrement exposées à la violence précisément là où elles devraient en être protégées. Dans leurs propres foyers. C’est la raison pour laquelle je lance aujourd’hui un nouvel appel pour la paix à la maison, dans les foyers, à travers le monde entier. Ces dernières semaines, tandis que s’aggravaient les pressions économiques et sociales et que la peur s’installait, le monde a connu une horrible flambée de violence domestique, a déploré le chef de l’ONU. J’engage tous les gouvernements à prendre des mesures de prévention de la violence contre les femmes et à prévoir des recours pour les victimes dans le cadre de leur plan d’action national face à la COVID-19, a-t-il ajouté. En réclamant que la justice continue de poursuivre les coupables, Antonio Guterres a notamment demandé la mise en place de systèmes d’alerte d’urgence dans les pharmacies et les magasins d’alimentation, seules enseignes à rester ouvertes dans de nombreux pays. Il faut faire en sorte que les femmes puissent demander de l’aide de manière sûre, sans que ceux qui les maltraitent s’en rendent compte, a-t-il insisté.

Selon l’ONU, qui dit ne pas être en mesure à ce stade de quantifier le nombre de femmes ou jeunes filles subissant dans le monde des violences familiales en raison du confinement, une femme sur trois expérimente la violence durant sa vie. Aujourd’hui, avec la pandémie, de nombreuses femmes sont prises au piège dans leur maison avec leur agresseur et le phénomène peut concerner tous les pays, constatent les Nations unies. »

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) distingue quatre grandes catégories de féminicides, soit les crimes d’honneur, les crimes liés à la dot, les féminicides commis par une personne n’ayant aucun lien avec la victime et enfin les féminicides intimes. L’Observatoire canadien du féminicide pour la justice et la responsabilisation (OCFJR) estime que, de janvier à novembre 2019, 118 meurtres de femmes ou de filles étaient en fait des féminicides, tous types confondus. De ce nombre, plus de la moitié avaient été commis par un partenaire ou un ex-partenaire. De plus, le confinement augmente les agressions incestueuses, aussi à l’endroit des jeunes garçons ou adolescents, alors que les Centres d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuelles (CALACS) n’ont pas les ressources nécessaires pour rendre justice à toutes les plaintes qui leur sont adressées. Car au Canada, comme ailleurs dans le monde, c’est aux mains d’un partenaire intime que les femmes meurent le plus souvent, avec néanmoins les très notables exceptions des 1200 femmes et filles autochtones disparues ou assassinées qui révèlent une sadique exception d’ordre colonialiste.

Censure de l’ONU

Dans un commentaire publié à la suite de notre pétition relayant l’appel au cessez-le-feu du Secrétaire Général , Pierre Jasmin expose le silence à propos de l’ONU, révélateur d’une mentalité encore militariste antirusse et antichinoise du Devoir des 4 et 5 avril. Aujourd’hui, il constate que si l’Agence France-Presse exprime son remords par la phrase « rappelant son appel récent à un cessez-le-feu sur tous les théâtres de guerre pour mieux lutter contre la maladie », la France entière, tant la droite qu’une certaine gauche intellectuelle, semble censurer l’ONU.

Le Paris Match de Lagardère, proche du complexe militaro-industriel, ne consacre dans l’édition du 2 avril AUCUNE ligne ni photo au cessez-le-feu lancé par l’ONU à la fin mars. Des pages et des pages sur les baleines à protéger n’y relaient aucune des actions de Greenpeace, ni aucune solution préconisée par l’ONU, et son dossier sur les animaux domestiques illustre la fondation Brigitte Bardot (d’extrême-droite), au lieu de signaler les agences de l’ONU, comme le faisait notre deuxième section dans cet article.

L’OBS du même 2 avril, soi-disant de gauche, fait de grands éditos sur ce que la planète devrait faire, en ne mentionnant pas une seule fois l’ONU ! On préfère relayer le discours du pape (au demeurant excellent) ou vénérer le professeur Didier Raoult au rang de 2e personnalité préférée des Français (baromètre Odoxa) pour sa chloroquine encore non testée et, depuis le numéro à la gloire posthume de Jean Daniel, on accueille le va-t-en guerre Bernard-Henri Lévy. Triste gauche !