L’engagement écologique de Derouin est célèbre dans ses Jardins du Précambrien, peuplés de sculptures du monde haïtien, ainsi que dans la création de la page de garde [1] des deux mémoires APLP adressés au BAPE en 2016 pour stopper un projet de pipeline Enbridge sous le fleuve Saint-Laurent : on salue le travail de Marie Saint-Arnaud qui, avec un nouveau dossier Centr’Ère/UQAM, dénonce l’absurde projet GNL-Saguenay, auquel le BAPE vient d’accorder une retentissante note d’échec. Derouin se voit filmé à part égale lors de son séjour au Mexique, indigné en 2017 par la volonté de l’ex-président Donald Trump – rapace super-riche mangeant les appauvris qu’il traite de voleurs, violeurs et drogués – de couper l’Amérique en deux par un mur raciste. Toujours émerveillé de la débrouillardise du peuple mexicain qui sait se réinventer, même dans des circonstances difficiles, Derouin n’hésite pas en retour à dénoncer la société yankee de rapaces organisés en mafias criminelles profitant des paradis fiscaux. Il estime ne pas vouloir faire œuvre de propagande mais plutôt habiter pleinement une société, ce qui le force à l’interroger à la lueur de ses œuvres antérieures sur les migrants, symbolisés par la mouvance des trains transcontinentaux. Affirmant que le seul avenir de l’humanité est d’apprendre à vivre ensemble, il exprime avec force son engagement et se solidarise de tous les membres de la société américaine qu’il considère une et indivise, selon l’image prégnante véhiculée par Bolivar.
S’estimant choyé par de nombreuses galeries qui vendent ses tableaux et lui permettent ainsi de bien vivre de son métier, René Derouin considère de son devoir civique supplémentaire, grâce à une équipe d’assistants dévoués tel Guy Davidson, de s’attaquer à « des murales semblables à des films, en ce sens qu’elles ne comportent pas un centre mais habitent un espace perceptible gratuitement tout au long par un public déambulatoire …d’enfants curieux ». Témoignage accompagné de commentaires éclairants du professeur d’art à l’UQAM Gilles Lapointe, ne ratez pas ce documentaire à propos d’un immense artiste, intransigeant et admirable de dignité, qui persévère dans la création à 85 ans, appuyé par sa femme Jeanne Molleur, artiste inébranlable avec qui il a commencé à collaborer en 1967 et à qui il rend grâce.
[1] Une linogravure de Derouin illustrait la couverture de l’ouvrage collectif J’ÉCRIS FLEUVE, sous la direction d’Isabelle Miron et de Vincent Lambert (éditions Leméac 2015) où on trouve des textes des APLP Yvon Rivard, feu Frédéric Back, Pierre Ouellet, Jean Bédard et Lucie Sauvé. Voir aussi : http://lautjournal.info/20160422/refuser-energie-est-un-geste-concret-pour-la-paix
Reçu d’Yvon Rivard:
Merci pour ce texte
qui nous rappelle
via l’oeuvre de Derouin
que notre Amérique n’est pas qu’étatsunienne.
Yvon