1 – Démocrates américains …pro-guerriers ukrainiens
Le président américain Biden, lors du sommet de l’OTAN en juillet, a appuyé la demande du secrétaire-général militariste Stoltenberg de hausser les budgets militaires à 3% du PIB des trente-et-une nations membres, au détriment de leurs dépenses sociales PHOTO REUTERS / KEVIN LAMARQUE
Le 10 août 2023, le président Biden vient de réclamer au Congrès 13 milliards de $ pour l’envoi de plus d’armes à l’armée ukrainienne : veut-il faire oublier l’échec de sa « grande contre-offensive » vantée par les médias aux titres « triomphants » au sujet des kilomètres grignotés sur une défense russe « démotivée par l’épisode du groupe Wagner »? La réclamation est transmise sans trompettes par un courrier de la directrice du Bureau du budget de la Maison-Blanche (OMB), Shalanda Young, « requérant 8,5 milliards de $ supplémentaires pour une assistance économique, humanitaire et sécuritaire, destinée à l’Ukraine, mais aussi aux autres pays et populations vulnérables du monde entier touchés par l’invasion brutale et non provoquée (sic ! un mensonge répété) de l’Ukraine par la Russie», précise-t-elle dans une lettre adressée au président républicain de la Chambre des représentants, Kevin McCarthy. Trump en profitera-t-il pour répéter sa vantardise de pouvoir régler cette guerre en un seul coup de téléphone à Poutine et ainsi gagner des millions de votes de la part de religieux crédules? Les démocrates complices de l’OTAN pourraient en ce caus s’acheminer vers une défaite électorale contre un bandit rusé, accusé de crimes divers, mais toujours appuyé par une droite chrétienne fanatique anti-avortement et pro-armes locales et par les juges qu’il a nommés à la Cour Suprême.
2 – Au Canada, les pro-nucléaires attaquent sur trois fronts
Enhardis par la montée de la droite militariste, les pro-nucléaires attaquent maintenant sur trois fronts que Les Artistes pour la Paix veulent contrer avec l’aide des peuples algonquins, du Ralliement contre la pollution radioactive, de Ginette Charbonneau, de Lucie Massé, de Simon Daigle, de Gordon Edwards et de Frank Greening :
- L’expansion de l’énergie nucléaire et du développement de petits réacteurs nucléaires modulaires encore fictifs avance, même contre une vive opposition politique de la part de la cheffe du Parti vert, Elizabeth May, de la députée libérale Jenica Atwin, du député du Bloc Québécois Mario Simard et du député néo-démocrate Alexandre Boulerice qui se joignaient il y a trois mois à des représentants de la société civile pour exprimer leurs graves préoccupations à leur sujet. Lors d’une conférence de presse non partisane à l’Amphithéâtre national de la presse, les quatre parlementaires avaient demandé en vain à Ottawa de faire une pause dans le financement fédéral pour développer des RNM encore expérimentaux, jusqu’à ce que le Parlement et des experts scientifiques indépendants aient examiné ces plans de manière critique.
Au lieu de quoi, le gouvernement Trudeau a débloqué un milliard de $ à la demande des provinces conservatrices Nouveau-Brunswick, Ontario et Saskatchewan pour ces projets aux polluants radioactifs qui se dissémineraient à travers le pays entier (comment récolter leurs déchets radioactifs???). S’ils étaient « réalisables », ce serait à bien plus longue échéance que les éoliennes et panneaux photovoltaïques d’énergie solaire qui pourraient dès aujourd’hui servir à contrer les changements climatiques responsables d’un été d’inondations et de feux de forêts mortels. « Les promesses du lobby nucléaire de nouveaux réacteurs abordables capables de lutter contre le changement climatique sont toujours conditionnées aux subventions gouvernementales, à la réduction de la sécurité et à la limitation du droit du public à l’information« , a déclaré Shawn-Patrick Stensil de Greenpeace. « Il est inapproprié pour la Commission Canadienne de Sécurité Nucléaire de faire pression au nom de l’industrie qu’elle réglemente », a-t-il ajouté. On peut consulter sur notre site nos démêlés fréquents avec la CCSN dont le S représente plutôt suintements que sécurité.
- Un projet de dépotoir toxique à Chalk River avance aussi, hélas : la CCSN a clairement exprimé son soutien à la construction d’un NSDF sur le site de Chalk River, lors de l’audience publique de janvier 2022 (voir CMD : 22-H7): « Le personnel de la CCSN recommande à la Commission d’approuver la demande des LNC de construire le NSDF et de modifier le permis d’exploitation des LCR en incluant 2 nouvelles conditions de permis propres à l’installation. Le personnel de la CCSN recommande également que la Commission détermine que l’obligation de consulter en vertu de l’article 35 de la Loi constitutionnelle de 1982 a été remplie de manière appropriée et adéquate » (sic).
Ce à quoi s’objecte l’opinion raisonnable de Gordon Edwards cofondateur de la Coalition canadienne pour la responsabilité nucléaire :
« Le mégadépotoir proposé est une opération d’enfouissement glorifiée, à un kilomètre de la rivière des Outaouais, conçue pour contenir « à perpétuité » un million de mètres cubes de déchets radioactifs dits « de faible activité ». Les radionucléides comprennent des produits de fission comme l’iode-129 et le technétium-99, des produits d’activation comme le tritium, le carbone-14, le plutonium et d’autres actinides transuraniens, ainsi que des matières toxiques comme du plomb et de l’amiante. Appelée par euphémisme une installation d’élimination près de la surface (Near Surface Disposal Facility), l’installation proposée a été contestée par plus d’une centaine de municipalités en aval – dont la ville de Montréal – ainsi que par les peuples algonquins détenteurs traditionnels des droits sur les terres sur lesquelles le complexe nucléaire de Chalk River est situé, ainsi que sur les eaux de la rivière des Outaouais. En plus des chefs, des aînés, des conseillers, des chercheurs et des avocats de trois communautés algonquines – la Première Nation de Kebaowek, Kitigan Zibi Anishinabeg et la Première Nation de Barriere Lake, étaient présents des représentants des parlementaires fédéraux, des maires de collectivités locales, des conseillers municipaux d’Ottawa et des représentants des organisations non gouvernementales suivantes : Garde-rivière des Outaouais, Grennspace Alliance of Canada’s Capital, Ecology Ottawa, Ottawa River Institute, Canadian Coalition for Nuclear Responsibility, Association canadienne du droit de l’environnement, The Atomic Photographers’ Guild, First United Church Water Care Allies, Old Fort William Cottagers’ Association, Ottawa Charter of Conseil des Canadiens, Fondation Sierra Club Canada, Pontiac Environmental Protection, Friends of the Earth, Ottawa Raging Grannies, Canadian Parks and Wilderness Society (Ottawa Valley), Biodiversity Conservancy International, Bonnechere River Watershed Project, Council of Canadians Regional, Coalition contre les décharges nucléaires sur la rivière des Outaouais, Conseil de la paix de la capitale nationale.
Représentants des communautés autochtones sur le projet Chalk River réunis le 10 août 2023. PHOTO : RADIO-CANADA / PATRICK LOUISEIZE
La présentation du 10 août 2023 des Premières Nations était fort claire :
« L’obligation de consulter n’a pas été remplie ; il n’y a pas suffisamment d’informations pour évaluer les effets environnementaux du NSDF ou, à titre subsidiaire, le NSDF est susceptible de causer des effets environnementaux négatifs importants. La JUSTIFICATION doit être transmise au lieutenant-gouverneur en conseil, comme l’exige la Loi canadienne sur l’évaluation environnementale (2012) (« LCEE 2012 »). Les renseignements sont insuffisants pour déterminer que les LNC « prendront des dispositions adéquates pour la protection de l’environnement, la santé et la sécurité des personnes et le maintien de la sécurité nationale et les mesures nécessaires pour mettre en œuvre les obligations internationales auxquelles le Canada a souscrit », comme l’exige la Loi sur le nucléaire (Loi sur la sécurité et le contrôle NSCA ); enfin, les obligations aux titres de la Loi sur la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones LC 2021, ch. 14 (UNDRIP et UNDA 2021) n’ont pas été remplies ». Ces obligations de l’ONU avaient été rappelées au gouvernement canadien par les Artistes pour la Paix.
- Censuré par MÉTA et Facebook qui refusent de payer leurs droits aux journalistes tels que la loi C-18 les y oblige, appuyée par la coalition des partis libéral, Bloc Québécois, NPD et Parti Vert – à laquelle s’oppose le chef conservateur Poilièvre qui compare la loi à celles de Corée du Nord -, TVA-Québecor nous donne l’information utile que l’ancienne ministre des Ressources naturelles et actuelle dirigeante de Climat Québec, Martine Ouellet, critique fermement l’idée de réactiver la centrale nucléaire Gentilly-2 : « C’est hallucinant de voir un PDG d’Hydro-Québec à 9 jours de son arrivée en poste vouloir relancer le nucléaire au Québec. […] Utiliser la transition énergétique pour justifier un retour au nucléaire, c’est de l’écoblanchiment pur et simple. […] La centrale nucléaire Gentilly 2 doit poursuivre son démantèlement et Michael Sabia est bel et bien le loup dans la bergerie. » Que dire aussi de l’influence affairiste du ministre Pierre Fitzgibbon ?
Téléquébec devrait reprogrammer le film de notre ex-présidente des Artistes pour la Paix, Guylaine Maroist, GENTILLY OR NOT TO BE, accessible via les Productions de la Ruelle. Ce documentaire nous transporte en France, en Allemagne, aux États-Unis, en Angleterre et au Japon où les plus grands spécialistes du monde se prononcent. En parallèle de son enquête, la cinéaste documentariste Guylaine Maroist y suit des citoyens qui s’opposent au projet de réfection de la centrale Gentilly-2 : Gordon Edwards, le médecin Éric Notebaert et le physicien nucléaire Michel Duguay, convaincus de la nécessité sécuritaire de fermer l’unique réacteur nucléaire alors en fonction au Québec.
À surveiller pour contrer les opinions bellicistes qui prétendent que le Canada devrait bâtir des bombes nucléaires amies comme les bombes à sousmunitions…
I am shocked and horrified at the duplicity and subterfuge in which the nuclear industry is engaged. The same people who work in the industry seem to be appointed to the regulatory body as though there is no conflict of interest – where has honesty and good governance gone?
Le commentaire ci-haut de la docteure Dale Dewar, très respectée en Saskatchewan pourtant province conservatrice, confirme nos oppositions au nucléaire auxquelles s’ajoute l’envoi, par notre ami montréalais Gordon, de l’article suivant :
Par Brigitte Trahan, Le Nouvelliste, 11 août 2023
« Le téléphone de Gordon Edwards ne dérougit pas. Entre deux appels qui lui parviennent de journalistes des quatre coins du Canada, il accepte à brûle-pourpoint de nous accorder une longue entrevue concernant l’idée du PGD d’Hydro-Québec, Michael Sabia, de réaliser une étude pour relancer la centrale nucléaire de Gentilly-2.
Ça bouge, ces jours-ci, dans le domaine nucléaire, au Canada. Entre cette nouvelle sur Gentilly-2 et l’audience qui s’est tenue jeudi à Ottawa sur le projet d’enfouir un million de mètres cubes de déchets radioactifs et non radioactifs à un kilomètre de la rivière des Outaouais, puis ce scandale de la contamination radioactive à Port Hope, le président du Regroupement pour la surveillance du nucléaire est en grande demande et ses journées, fort bien remplies.
Malgré ses 83 ans, dans une forme splendide, le militant fait flèche de tout bois pour continuer sa lutte amorcée en 1974 contre le nucléaire. Gentilly-2 est un dossier qu’il connaît très bien aussi pour avoir soutenu les efforts des groupes environnementaux régionaux, dont le Mouvement vert de la Mauricie, qui réclamaient la fermeture de la centrale nucléaire de Bécancour en 2012.
Pénaliser les futures générations
« Les gens font la promotion de l’énergie nucléaire sans la voir de manière différente des autres formes d’énergie. Or, il ne s’agit pas juste d’une autre technologie. Le produit principal d’un réacteur nucléaire n’est pas l’électricité, mais des déchets de haut niveau, incluant le plutonium qui perdure très longtemps dans l’environnement, soit des centaines de milliers, voire des millions d’années, tandis que l’électricité produite, elle, n’est disponible que pour quelques décennies. Vous n’avez qu’une minuscule production d’énergie, mais les générations futures vont être aux prises avec les déchets pour toujours », résume-t-il.
De la centrale électrique aux bombes
« Les déchets radioactifs ne sont pas de simples composés chimiques que l’on peut incinérer. Ce sont des atomes, des éléments et on ne peut ni les détruire, ni les neutraliser », poursuit le spécialiste, des déchets qui ne causeront pas la fin du monde, mais qui peuvent engendrer de graves maladies, dont des cancers.
Toutefois, le plus gros danger pour la planète, précise-t-il, c’est ce qui est produit par les centrales, le plutonium, car il sert à faire des armes nucléaires. Le plutonium possède une demi-vie de 24 000 ans, dit-il « Nous créons quelque chose qui n’existe pas dans la nature, car on n’extrait pas le plutonium du sol. C’est l’humain qui le fabrique dans les réacteurs nucléaires ».
Une des options les plus coûteuses
Pour répondre à l’argument économique voulant que l’énergie nucléaire soit nécessaire pour répondre aux besoins énergétiques de la population, Gordon Edwards précise que « le nucléaire représente une des options les plus dispendieuses ». En misant sur elle, « vous allez vous ruiner », assure-t-il. Hydro-Québec, si elle y revient, « miserait sur le mauvais cheval », croit-il.
« Des études sérieuses démontrent que les éoliennes et l’énergie solaire sont de trois à quatre fois moins coûteuses que le nucléaire, et ça prend trois à quatre fois moins de temps à les déployer. »
Gordon Edwards affirme que la centrale Gentilly-2 n’a «jamais fait de sens sur le plan financier».
Stabilité du réseau?
L’argument voulant que la centrale apportait de la stabilité au réseau électrique n’est pas valable, selon lui. « Ils n’avaient jamais soulevé ce prétexte avant. Ils devaient trouver une raison pour la garder ouverte. C’était l’installation de production électrique la plus coûteuse », affirme-t-il.
Une solution de rechange
Il existe des solutions pour faire la transition énergétique sans le nucléaire, affirme Gordon Edwards. Se basant sur les recherches de Ralph Torrie, un expert en énergie renouvelable, M. Edwards signale entre autres que « si tous les systèmes électriques servant à chauffer les bâtiments au Québec étaient convertis en systèmes de thermopompes, nous économiserions tellement d’électricité qu’on pourrait faire fonctionner tout le secteur québécois du transport à l’électricité sans avoir à ajouter de réacteur nucléaire ».
Excellent article de Gordon Edwards sur le projet anachronique de refaire le réacteur nucléaire Gentilly-2. Bravo Gordon!