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Photo : Olga Maltseva / AFP

Six mois de guerre larvée

Depuis la fin février, à l’instar du pape et du Secrétaire général de l’ONU, les Artistes pour la Paix ont appelé chaque semaine à des négociations entre d’une part, une Russie certes coupable d’une invasion illégale mais défendant néanmoins les russophones persécutés du Donbass, et d’autre part, une Ukraine menacée que nous appuyions, mais pas les révolutionnaires néonazis du Maïdan ayant renversé le gouvernement dûment élu en 2014 : malgré la censure des médias, nous avons rapporté les contradictions du gouvernement Zelensky appelant à la guerre totale, riche de dizaines de milliards de dollars de produits militaires américains et canadiens. Et nous avons, à l’instar d’Échec à la guerre, appelé à la désescalade guerrière.

Jusqu’à présent, Poutine réclamait avec raison pour le Donbass un statut d’autonomie à l’intérieur de l’Ukraine, bref une version améliorée du traité de Minsk que nos démocraties occidentales n’ont honteusement jamais fait respecter et même sciemment saboté (l’ex-ministre conservateur John Baird sous Harper, filmé dans les rues de Kyiv en 2014). Et c’est sans doute pourquoi la majorité du monde, l’Inde, la Chine et le Sud (Afrique et Amériques), avait refusé de condamner l’invasion russe et d’appuyer l’OTAN.

Nouvelle conjoncture

À l’annonce effectuée cette nuit par Vladimir Poutine de la mobilisation partielle de 300 000 réservistes dont le statut passe sans préavis de volontaires à militaires professionnels, peut-être le père de famille sur la photo ci-dessus n’est-il pas encore visé par cette mesure qui ne touche que « 1,1 % des ressources mobilisables », selon le ministre russe de la défense Sergheï Choïgou qui a avoué 6000 soldats russes tués depuis le début du conflit; mais ce père sait qu’il sera le prochain sur la liste complète qui couvrirait tous les hommes de 18 à 65 ans, d’où les avions remplis de pseudo-touristes russes mâles quittant leur pays.

Décidément, Poutine donne l’impression de jouer son va-tout, une sorte de stratégie découlant d’un regard froid sur l’impasse de l’invasion dont il semble vouloir planifier une nouvelle stratégie de la dernière chance, avec davantage d’interventions guerrières, car il se voit acculé au mur sur trois plans : la désapprobation à l’intérieur de la Russie, l’offensive réactive de l’OTAN et les pertes sur le terrain, où il cherche à s’assurer quelque soutien par cinq référendums dont on sait les résultats d’avance rejetés par l’Occident.

Il n’y a aucun doute que la menace du président Poutine risque de générer des conséquences catastrophiques. Au lieu d’en prendre acte, la réplique des États-Unis et de l’OTAN patauge dans son bourbier guerrier habituel et répond à la menace par des menaces. Ne serait-il pas temps de sortir des ornières créées par l’esprit de conquête et d’envisager des négociations ? Ne serait-il pas plus sage de suivre la voie diplomatique sérieuse lancée par un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Wang Wenbin, lors d’une conférence de presse tenue peu de temps après l’annonce funeste de Poutine ?

« Nous appelons les parties concernées à mettre en place un cessez-le-feu à travers le dialogue et la consultation, et à trouver une solution qui règle les préoccupations sécuritaires légitimes de toutes les parties dès que possible ».

Pour nous, les Artistes pour la paix, cela semble une position sensée et responsable, susceptible de mettre les pieds dans l’étrier de recherches de solutions.

Immondes chantages nucléaires

Le président de la Russie Vladimir Poutine a réitéré ses menaces totalement inacceptables de recourir à l’arme nucléaire si « l’intégrité du territoire » de son pays était menacée. Or, il tiendra vendredi cinq référendums pour rattacher cinq régions de l’Ukraine à la Russie. S’il réussit, ne serait-ce qu’au Louhansk et au Donetsk (succès prévisibles même sans trucage du vote), ses menaces impliqueraient alors directement sa guerre en Ukraine.

Comment réagir fermement, sans surenchère guerrière, contre une telle menace indécente ?

La seule manière responsable serait pour le Canada d’appuyer le Traité sur l’Interdiction des Armes Nucléaires, comme plus de 66 pays l’ont ratifié. Ils ont en juin dernier fermement condamné TOUTE MENACE NUCLÉAIRE QU’ELLE SOIT EXPLICITE OU IMPLICITE, INDÉPENDAMMENT DE TOUTE CIRCONSTANCE.  Selon Beatrice Fihn d’ICAN.org, d’autres pays s’apprêtent à ratifier ce traité dès demain et on sait que le secrétaire général de l’ONU approuve le TIAN.

Nous prions donc à nouveau le Canada de renoncer à cette menace inacceptable qu’il brandit par son adhésion totale aux politiques et aux opérations militaires de l’OTAN.