La Flottille de la liberté pour Gaza avec Dre Nimâ Machouf
Par les Artistes pour la Paix, secrétaire P. Jasmin, 17 avril
PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE
L’épidémiologiste et femme politique canadienne d’origine iranienne, docteure en santé publique de l’Université de Montréal et spécialisée en santé internationale et maladies infectieuses Nimâ Machouf, le Dr Gligor Delev et l’infirmier Jean-Pierre Roy Valdebenito embarqueront en Turquie avec des centaines de collègues sur des navires d’aide humanitaire contenant 5500 tonnes de matériel de première nécessité aux Palestiniens – nourriture, trousses chirurgicales, d’accouchement etc.
Pour s’assurer que la Flottille de la liberté ne connaisse pas le sort des flottilles précédentes depuis 2008 bloquées par Tsahal (une d’elle envahie par des soldats israéliens qui ont même ouvert le feu), celle-ci compte sur un battage médiatique modeste, vu le parti pris des médias nord-américains pro-Tsahal et anti-Palestiniens, et sur des demandes d’aide habiles sans provocation de madame Machouf adressées à la ministre des Affaires étrangères Mélanie Joly et à la ministre provinciale Martine Biron, celle qui a ouvert en cachette une mission commerciale à Tel-Aviv en plein génocide israélien.
La candidate NPD qui a chauffé les fesses aux dernières élections dans Laurier-Ste-Marie à Steven Guilbeault, celui qui prétend être ministre canadien de l’Environnement et du Changement climatique en ayant permis le gazoduc anti-Wet’suwet’en ainsi que le doublement du pipeline de pétrole de sables bitumineux (y aura-t-il assez de place pour des pétroliers dans le détroit de Vancouver pour en acheminer l’exportation sans risque d’accidents?), celle qui est aussi l’épouse d’Amir Khadir, avec qui les Artistes pour la Paix ont gagné le combat contre le nucléaire au Québec en 2011[i], a tissé au cours des années un réseau de soutiens fidèles et déterminés.
La Presse, dans un article de Louise Leduc, en nomme quatre :
- Isabelle Langlois, directrice générale d’ Amnistie internationale Canada franco-
phone, a rappelé que les crimes de guerre commis par le Hamas le 7 octobre ne permettent pas au gouvernement israélien « d’en commettre à son tour. Il y a un problème avec notre système de démocratie internationale. On demande au Canada de reprendre son rôle de leader qu’il a joué dans le passé».
- « En ce moment, à Gaza, un très grand nombre d’amputations doivent être faites,
souvent sur des enfants, à cause du manque de matériel approprié pour procéder à des chirurgies moins drastiques », a dénoncé le Dr Ghassan Boubez, chirurgien orthopédique québécois d’origine palestinienne (lire notre article d’hier [ii]).
- Ellen Gabriel, militante connue lors de la crise de Kanesatakeh en 1990 et artiste
Kanien’kehá:ka qui vient de recevoir le grand prix du Conseil des Arts de Montréal, soutient l’expédition. Devant les médias, elle a rappelé qu’on devrait « nourrir les enfants, pas les tuer. Je n’arrive pas à imaginer ce que ça doit être à Gaza, de penser que personne ne se soucie d’eux », ajoutant qu’on devrait être en train d’investir « dans la paix, dans notre jeunesse plutôt que dans la guerre », une autre critique du budget libéral censurée par nos médias[iii].
- La Dre Sophie Zhang, médecin de famille et cofondatrice du groupe Médecins du
Québec contre le génocide à Gaza, dit qu’après la publication d’une lettre d’appui aux Palestiniens dans La Presse, 610 médecins ont signé la déclaration. « Plutôt qu’un cessez-le-feu, tel que voté par le Conseil de sécurité de l’ONU, Israël a procédé il y a deux semaines à la destruction totale de l’Hôpital Al-Shifa, le plus grand établissement de santé de Gaza. Devant les yeux du monde entier, des milliers de Palestiniens y ont été tués ou blessés, incluant des médecins et des travailleurs de la santé. Plutôt qu’un libre passage à l’acheminement d’aide humanitaire, Israël continue à cibler des véhicules humanitaires, dont celui de World Central Kitchen, dont 7 travailleurs ont été massacrés et parmi eux, un Québécois de 33 ans, Jacob Flickinger, » voir le témoignage émouvant de sa mère.
Samedi prochain, à 13 h sur la colline du Parlement, à Ottawa, ce groupe de médecins organise une manifestation de type die-in pour réclamer « la cessation des attaques ciblées sur l’infrastructure et le personnel de santé, la fin du blocus illégal, qui empêche l’entrée de fournitures médicales, médicaments et équipements de soins et un accès immédiat à l’eau potable et un libre passage à l’acheminement de nourriture et d’aide humanitaire ».
Hélas, le Canada échoue « à exercer une pression significative sur Israël pour mettre fin au siège et permettre l’entrée de l’aide humanitaire, » dénonce Nimâ Machouf.
[ii] https://www.artistespourlapaix.org/le-recteur-de-luniversite-de-glasgow-vs-les-facilitateurs-de-genocide/
[iii] http://www.artistespourlapaix.org/le-canada-gaspillera-vos-milliards/
Quatre Québécois et un Canadien et des centaines d’autres personnes, essentiellement des humanitaires issus de près de 40 pays dans le monde, devaient prendre part à cette mission destinée à rompre le blocus israélien et à acheminer à la population de Gaza 5500 tonnes de nourriture et de fournitures médicales à l’aide d’une Flottille de la Liberté : elle vient d’échouer quand Israël a appliqué une pression contre la Guinée-Bissau qui arborait son drapeau sur deux des trois bateaux et la Flottille a hélas dû rester en rade en Turquie. Mais la docteure Nimâ Machouf affirme sur Radio-Canada que ce n’est que partie remise pour mai et plaide que le fait d’entraver leur mission est illégal en vertu du droit international, ce qui semble peu émouvoir le Premier ministre Trudeau. Et pourtant il pourrait être accusé de complicité dans un génocide par la Cour Internationale de Justice, comme on l’a exposé dans un article antérieur.
Pierre Jasmin
secrétaire des Artistes pour la Paix
27 avril 23h