La liberté n’aurait aucun mouvement pour nous détacher des faits, pour désirer le désirable, pour l’imaginer possible et le réaliser, si elle n’était pas animée par l’amour. Sans l’amour, la conscience libre serait inerte et resterait inanimée.
C’est le désir de rencontre d’une autre conscience qui m’oblige à rompre l’indifférence, à rechercher une présence créatrice, à m’inspirer de ses œuvres, même les plus petites, pour qu’avec plusieurs foyers de libertés engagées, le monde s’améliore.
L’amour est animé de valeurs : brûler de justice, brûler de prendre soin, brûler de connaître, de partager, brûler de beauté… Tout cela n’existe qu’entre deux pôles liés par une énergie extraordinaire : le pôle des je et le pôle des tu. L’amour nous pousse à réaliser (rendre réel) l’élan, car l’autre est là et nous sommes attirés l’un vers l’autre comme s’il en était de notre existence que l’autre existe. L’amour naît dans l’intervalle qui nous sépare de l’autre, il nous tient séparés (le respect), il nous tient unis (la compassion). La compassion, c’est-à-dire la conscience que l’autre me fait exister dans la mesure où je le fais exister. L’amour est cette énergie qui nous sort du néant de l’indifférence pour nous donner de l’être, c’est-à-dire de l’élan.
Ici, il nous faut comprendre que seule la maladie peut mener à la santé. L’équilibre parfait est la mort. L’amour est un déséquilibre, une maladie qui peut nous guérir de l’ennui, de l’indifférence, de l’inanition. C’est parce que c’est une maladie que la guérison n’est pas assurée. Mon guide : la liberté croissante que se donnent les personnes qui s’aiment, liberté croissante qu’on remarque à leur capacité de se réaliser, de se créer en créant.
Pour que la rencontre soit possible, il faut la présence, cet acte avant l’acte. La présence est l’état de l’être qui n’est Source que dans la mesure où il fait boire, et il ne peut faire boire que s’il boit lui-même à la Source de l’autre. La Valeur est le liant des êtres.
Bref l’amour est une méta valeur. L’amour, c’est la valeur se voulant par et pour l’autre, car autrement l’être est sans plaisir, sans joie et ne vaut rien. Il est impossible de récuser la valeur des êtres que nous aimons (qu’il soit un chat ou le monde entier). Si humble soit l’être aimé, il vaut tout, car sans lui, l’être est sans valeur, ou ce qui revient au même, l’être est sans l’amour, l’être est sans vie et n’intéresse personne.
Or, il arrive que si l’être n’intéresse personne, il devient un objet de haine. Il n’y a pas de place dans la vie pour l’indifférence; sans l’amour, on se met à haïr le simple fait qu’il y ait de l’être. On est mobilisé à anéantir l’être.
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