« Pillages, pénurie de tout, hôpitaux fermés… Des responsables de l’ONU ont décrit lundi une situation de « désespoir » humanitaire en Haïti […] Des manifestations, des barrages routiers et des scènes de pillage traversent le pays […] Haïti a malheureusement atteint un nouveau degré de désespoir, a déclaré Valerie Guarnieri, directrice exécutive adjointe du Programme alimentaire mondial (PAM). Alors que le prix du panier alimentaire moyen a grimpé de 52 % en un an, nous nous attendons à ce que la sécurité alimentaire se détériore encore cette année […] Le travail des humanitaires est de plus en plus dangereux. L’ONU a d’ailleurs décidé d’évacuer son personnel non essentiel […] Une crise économique, une crise des gangs et une crise politique ont convergé pour créer une catastrophe humanitaire […] L’état de siège depuis plus d’une semaine du terminal pétrolier de Varreux, le plus important du pays, bloqué par des gangs, a créé une pénurie à travers le pays et conduit à la fermeture d’hôpitaux[…] Le Conseil de sécurité avait adopté une résolution demandant aux États membres de l’ONU d’interdire le transfert d’armes légères aux gangs sévissant en Haïti, sans aller jusqu’à décider d’un embargo[…] Si la violence des gangs n’est pas stoppée, il ne sera pas possible de stabiliser le pays […] L’ONU estime qu’au moins 1,5 million de personnes ont été directement impactées par les récentes violences des gangs, a souligné Helen La Lime. Avec les violences basées sur le genre, et en particulier le viol, utilisées de façon systématique. »
Ce scénario du désespoir et de l’anarchie (dans le pire sens du mot) est déterministe, il permet de voir ce que sera n’importe quel avenir de n’importe quel pays à partir du moment où sa gouvernance (qu’elle soit de constitution démocratique ou autoritaire) a perdu toute crédibilité. Aucune gouvernance n’est possible sous l’égide unique de la répression, de l’inégalité sociale extrême et de la manipulation de masse. Lorsque la confiance atteint le point zéro, que l’anomie sociale touche son point de rupture et que la population n’a plus rien à perdre, c’est la désorganisation, c’est-à-dire la loi des armes individuelles ou de gangs. Les États-Unis, la Russie, l’Iran, la Syrie, et bien d’autres sont assez proches de leur point de rupture. La montée de l’extrême droite populiste est un signe avant-coureur, car elle démontre la réactivité d’une partie importante de la population devenue totalement manipulable. Lorsque cette population prendra conscience qu’elle a été trompée, elle cessera d’être gouvernable par son « gourou » sans être gouvernable par une autorité légitime. Et c’est inévitable, car la conscience est fondamentalement incorruptible et au réveil, elle vit un moment de révolte tout azimut.
Arrivée à « l’état d’Haïti », comment la population (et n’importe quelle population) divisée en factions et retournée contre elle-même peut-elle établir une démocratie d’avenir ? Il nous faut réfléchir en profondeur sur la liberté de paix.
Merci infiniment, Jean, pour cet article réaliste sur la situation épouvantable d’Haïti. Votre avertissement que les choix guerriers de nos gouvernements influencés par l’extrême-droite pourraient nous faire tomber dans la même situation donne froid dans le dos. Agissons solidairement pour la paix tant que nous en avons la liberté, avant d’être obligés de nous révolter pour la paix…