1- Génocides
Aujourd’hui 24 avril, le centenaire du génocide arménien est commémoré à Erevan, en présence entre autres des présidents François Hollande et Vladimir Poutine.
Les Artistes pour la Paix ont un devoir de mémoire, particulièrement devant une de nos chères observatrices, la musicienne Sylva Balassanian qui, née au Liban et formée à Paris à l’Institut Alfred-Cortot, fut pianiste invitée à la Salle Dag Hammarskjold du siège de l’Organisation des Nations unies (ONU), à New York. Elle nous séduit au Québec, ces dernières années, par ses chansons, dont certaines engagées pour la paix (on l’a entendue le 10 novembre dernier) sous le nom de Lady Sylva: allez sur Facebook Lady Sylva entendre l’émouvante Adana, avec les mots de Sophie Faucher ou sa chanson Salam, la paix. Sylva sera au théâtre Outremont dans moins d’un mois!
Et nous n’oublierons jamais la présence au sein du C.A. des APLP pendant une vingtaine d’années de Maryvonne Kendergi, musicologue (elle détestait ce terme !), autoproclamée « grand-mère des Artistes pour la Paix » (n’est-ce pas, Richard Séguin ?). Fondatrice de la Société de Musique Contemporaine du Québec, Grande Montréalaise et présidente du jury des Prix du Québec, Maryvonne Kendergian, dans les dernières années de sa vie, a revendiqué très haut son vrai nom, révélateur de ses origines. Elle est d’ailleurs née en 1915, en plein génocide, et on imagine la circonstance de la marche vers la Syrie libératrice de ses parents, embarrassés de ce beau fardeau qui allait faire résonner leur nom très haut en Amérique ! Voici une photo de cette grande dame qui m’avait accompagné à Sainte-Adèle pour un récital Bach. On reconnaît, sur la photo, Jacques Parizeau et son épouse Lisette Lapointe, de même que le président du Bloc, Daniel Paillé et le coloré maire de Ste-Adèle, et notre jovial hôte Pierre Péladeau.
Avec d’autres raisons personnelles d’être pro-arménien (le parrain de ma fille aînée est Avo Kouyoumdjian, doyen de la performance musicale à l’Université de Vienne), je veux surtout évoquer la présence cet après-midi, à l’émission spéciale de commémoration du génocide de Patrick Masbourian à Radio-Canada, de la chanteuse Karen Young qui chantera en arménien : elle est notre APLP 2003 !
Au Canada, la motion « reconnaissant le génocide arménien » et « condamnant cet acte comme crime contre l’humanité » fut adoptée en 2004 par la Chambre des communes par un vote de 153 pour et 68 contre. Pour la première fois cette année, le président allemand vient de reconnaître le « génocide » arménien, en écho à la déclaration courageuse du pape François le 12 avril dernier, suivie par le Parlement Européen et par l’Autriche, et il a admis une « coresponsabilité » de l’Allemagne alors alliée des Turcs durant la Première Guerre mondiale, comme l’Autriche.
Recep Tayyip Erdogan, président turc, a présenté ses condoléances pour les victimes en 2014 mais ne comptons pas sur lui pour reconnaître le génocide. Plus gênante, l’attitude d’Obama qui ne prononcera probablement pas le mot génocide, d’ailleurs reconnu par seulement 24 nations à travers le monde, afin de préserver les liens américains militaristes avec la Turquie : on sait que l’OTAN y maintient des bombes nucléaires ! D’autant plus gênante, l’omission d’Obama, que 43 des 50 États américains ont reconnu le génocide, de même que la Chambre des représentants.
Le mot « génocide » est un néologisme façonné en 1944 par Raphael Lemkin, conseiller d’origine juive polonaise au Secrétariat américain à la Guerre, pour décrire la Shoah, extermination systématique des juifs d’Europe par l’Allemagne nazie. Aux dernières nouvelles, le président Hassan Rohani a finalement reconnu le génocide juif au nom de l’Iran, alors que son prédécesseur Ahmadinejab s’y refusait.
La Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide de l’ONU a reconnu officiellement deux autres tentatives de génocides : au Rwanda et à Srebrenica, le massacre de huit mille Bosniaques.
2- Réfugiés
Huffington Post rapporte aujourd’hui que le président Hollande a inscrit les commémorations à Erevan dans l’actualité tragique du Moyen-Orient, souhaitant que le souvenir de l' »horreur » du génocide arménien permette d' »empêcher qu’une autre horreur ne se répète ou ne se reproduise. C’est pourquoi il était important d’être ici, à Erevan, pour appeler à la défense de toutes les minorités et notamment des chrétiens d’Orient », a-t-il souligné, dénonçant « une entreprise méthodique et systématique d’éradication ». Si « les musulmans en sont par leur nombre les premières victimes », elle frappe selon lui « toute la mosaïque de peuples, de religions, de cette région ». François Hollande a évoqué parmi ces « minorités menacées par l’exil, l’asservissement et la mort », les chrétiens d’Orient, « les Arméniens de Syrie, les Turkmènes, les Kurdes, les Shabaks », fustigeant la « barbarie des terroristes de Daech », l’acronyme arabe de l’organisation État islamique.
Si le président souligne avec raison cette actualité tragique, QUELLE HYPOCRISIE dans la non-reconnaissance de sa propre responsabilité, en particulier quand il a appuyé Bernard-Henry Lévy et ses conseils à Sarkozy de bombarder la Libye! Aujourd’hui même, l’Aut’Journal que nous remercions publie notre opinion : « Je me demande sincèrement si le général canadien qui, en commandant en 2011 la mission confiée par l’ONU de protéger Benghazi des exactions du dictateur Kadhafi, l’a détournée en opération militaire qui a démoli le gouvernement libyen entier, va bien dormir cette nuit, après ce naufrage de huit cents personnes (victimes en majorité Libyennes) et l’exécution d’une trentaine de Chrétiens par l’Armée Islamique, LA MÊME JOURNÉE! Et on ne parle pas des conséquences sur le Soudan, la Somalie (son attaque contre l’ONU et l’UNICEF), le Kénya (plus d’une centaine d’étudiantEs chrétienNes assassinéEs) et le Yémen, vu la dissémination des armes libyennes non détruites par l’OTAN entre les mains islamistes Shebabs et Boko Haram…
Le Canada vend pour quinze milliards de $ des véhicules militaires blindés à l’Arabie Saoudite qui a financé al-Qaïda et nourri le fanatisme de l’Armée Islamique avec ses prêches wahabites, qui bombarde depuis des semaines avec la bénédiction des pays occidentaux le Yémen, y provoquant un millier de morts et 150 000 déplacés! Certains d’entre eux seront hélas appelés à joindre les rangs des réfugiés de la Méditerranée…
Et nos commentateurs télévisuels applaudissent encore l’idée de mettre l’argent canadien, plutôt que dans le soutien à la coopération internationale, dans des opérations militaires qui coûtent des milliards de $ et bombardent l’Afghanistan, la Libye, l’Irak, la Syrie ?
On envisage le même genre d’opérations en Ukraine à la rescousse d’un gouvernement dont les accointances néo-nazies ont exécuté trois députés pro-russes dans la dernière semaine?
On laisse, sans donner la moindre place médiatique aux objections sensées, le budget conservateur augmenter les dépenses militaires de 3% par année, tout en se lavant les mains des drames humains qu’elles provoquent indirectement, en refusant quelques millions de $ de plus pour les malheureux réfugiés que nos guerriers pour le pétrole augmentent, en démolissant leurs pays et leurs maisons?
Dans leur couverture sur les affreux naufrages au large de la Libye, les médias ont invité des dizaines de spécialistes gouvernementaux ou de diverses ONG à apporter leurs solutions, en évitant bien soigneusement de laisser la parole aux pacifistes. Honte aux médias ! Appel à nos lecteurs pour aller sur les réseaux sociaux svp !
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