AFace à l’ennemi commun que constitue le Covid-19, le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a lancé lundi le 23 mars un appel à un cessez-le-feu mondial. Selon lui, il faut à mettre un terme au fléau de la guerre et lutter contre cette pandémie qui ravage le monde. La furie avec laquelle s’abat le virus montre bien que se faire la guerre est une folie. C’est la raison pour laquelle j’appelle aujourd’hui à un cessez-le-feu immédiat, partout dans le monde, a déclaré M. Guterres lors d’un point de presse virtuel depuis New York. L’heure est venue de laisser les conflits armés derrière nous pour concentrer nos efforts sur le véritable combat de nos vies.
BExtraits du discours du Secrétaire-Général des Nations-Unies Antonio Guterres« Une crise humaine qui fait appel à notre solidarité »
19 mars 2020 – « Nous sommes confrontés à une crise sanitaire planétaire comme l’Organisation des Nations Unies n’en a jamais connue en 75 ans d’histoire – une crise qui propage la souffrance dans toute l’humanité et bouleverse la vie de tout un chacun. Cette crise est avant tout une crise humaine qui fait appel à notre solidarité. La famille humaine est en proie à l’angoisse et le tissu social se déchire. Les gens souffrent, sont malades, ont peur. Les mesures prises au niveau national ne permettront pas de remédier à la crise, dont l’ampleur et la complexité ont un caractère international.
L’heure exige que les grandes économies de la planète mènent une action coordonnée, décisive et innovante. Les pays les plus pauvres et les personnes les plus vulnérables – en particulier les femmes – seront les plus durement touchés.
Les dirigeants du G20 ont décidé pour répondre aux défis prodigieux posés par la pandémie de COVID-19 de tenir un sommet d’urgence la semaine prochaine auquel je me réjouis de participer. Le message principal que je souhaite transmettre est clair : dans cette situation sans précédent, les règles normales ne s’appliquent plus. Il ne sert à rien de recourir aux outils ordinaires dans une période aussi extraordinaire. Face à cette crise unique, nous devons faire preuve de créativité, et l’effort de lutte doit être proportionnel à la gravité de la situation.
Le monde est devant un ennemi commun. Nous sommes en guerre contre un virus. Le COVID-19 tue des gens tout en frappant au cœur l’économie réelle, à savoir le commerce, les chaînes d’approvisionnement, les entreprises, les emplois. Des villes et des pays entiers sont confinés. On ferme les frontières. Les entreprises luttent pour leur survie et les familles ont le plus grand mal à s’adapter.
Toutefois, en nous obligeant à agir, cette crise nous offre une occasion unique. Si nous prenons les mesures qu’il faut, la reprise pourrait emprunter une voie plus durable et plus inclusive. Mais si les politiques sont mal coordonnées, les inégalités déjà insoutenables risquent de s’enraciner et de s’aggraver encore, et les gains durement acquis en matière de développement et dans la lutte contre la pauvreté seront réduits à néant.
Je demande aux dirigeants du monde entier d’unir leurs forces et d’agir de toute urgence et de façon coordonnée face à cette crise planétaire en distinguant trois grands domaines d’action.
1- D’abord, l’urgence sanitaire
De nombreux pays ne sont déjà plus en mesure de prendre en charge même les cas bénins dans leurs établissements de santé spécialisés, beaucoup étant incapables de répondre aux énormes besoins des personnes âgées. Même dans les pays les plus riches, les systèmes de santé cèdent sous la pression.
Les dépenses de santé doivent être augmentées immédiatement afin de faire face à l’urgence et à l’augmentation de la demande, d’étendre le dépistage, de renforcer les installations, de soutenir le personnel de santé et d’assurer les approvisionnements nécessaires, dans le plein respect des droits de la personne et sans stigmatisation.
Nous avons la preuve que le virus peut être contenu. Il doit l’être absolument.
Si nous laissons le virus se propager comme une traînée de poudre, en particulier dans les régions les plus vulnérables du monde, ce sont des millions de personnes qui pourraient mourir.
En outre, les pays doivent cesser d’élaborer chacun de leur côté leur propre stratégie sanitaire et s’employer à définir une stratégie qui permette, en toute transparence, une action mondiale coordonnée, susceptible notamment d’aider les pays les moins aptes à faire face à la crise.
Les gouvernements doivent soutenir sans réserve l’effort multilatéral de lutte contre le virus, mené par L’ORGANISATION MONDIALE DE LA SANTÉ, dont les demandes doivent être pleinement satisfaites.
Ce que la catastrophe sanitaire montre à l’évidence, c’est que nous ne sommes pas plus forts que le système de santé le plus faible. La solidarité mondiale n’est pas seulement un impératif moral, elle est dans l’intérêt de toutes et tous.
2- Les conséquences sociales et les solutions pour une reprise
Contrairement à la crise financière de 2008, l’injection de capitaux dans le seul secteur financier ne résoudra pas la crise. Il ne s’agit pas d’une crise bancaire, et les banques doivent effectivement faire partie de la solution. Il ne s’agit pas non plus d’un choc d’ajustement de l’offre et de la demande : c’est une crise qui affecte la société dans sa globalité. La liquidité du système financier doit être garantie, et les banques doivent tirer parti de leur résilience pour aider leurs clients. Mais n’oublions pas qu’il s’agit avant tout d’une crise humaine. Il faut nous intéresser en priorité aux personnes –aux travailleurs à bas salaire, aux petites et moyennes entreprises, aux plus vulnérables.
Cela implique des mesures de soutien salarial et de protection sociale, des mesures en matière d’assurances et des mesures visant à prévenir les faillites et les pertes d’emplois. Il faut également prendre des mesures fiscales et monétaires afin que le fardeau de la crise ne retombe pas sur celles et ceux qui ont le moins les moyens de le supporter. La reprise ne doit pas se faire sur le dos des plus pauvres – et nous ne pouvons pas créer une légion de nouveaux pauvres.
Les dirigeants du G20 ont décidé de protéger leurs citoyens et leurs économies en réduisant à zéro les taux d’intérêt. Nous devons faire de même pour les pays les plus vulnérables du village planétaire et alléger le fardeau de leur dette. Le Fonds monétaire international, la Banque mondiale et les autres institutions financières internationales ont un rôle crucial à jouer sur ce plan.
Nous devons résister à la tentation du protectionnisme. L’heure est venue de démanteler les barrières commerciales et de rétablir les chaînes d’approvisionnement. Nous devons nous attaquer aux effets de cette crise sur les femmes. Aux quatre coins du monde, les femmes en supportent le fardeau de façon disproportionnée, aussi bien chez elles qu’au travail.
Les enfants paient également un lourd tribut. Plus de 800 millions d’enfants ne sont plus scolarisés à l’heure actuelle, alors même que beaucoup d’entre eux dépendent de l’école pour se nourrir. Nous devons faire en sorte que tous les enfants puissent manger et poursuivre leur scolarité sur un pied d’égalité – en comblant la fracture numérique et en réduisant les coûts d’accès à Internet.
Alors que la vie des gens est bouleversée et que beaucoup se retrouvent isolés et désemparés, nous devons empêcher que la pandémie ne débouche sur une crise de santé mentale. Et les jeunes seront les plus menacés à cet égard.
Le monde doit continuer d’apporter son appui aux programmes destinés aux plus vulnérables, notamment dans le cadre des plans d’intervention humanitaire et d’aide aux réfugiés coordonnés par l’ONU. L’aide humanitaire ne doit pas être sacrifiée.
3- Il nous incombe de nous « rétablir au mieux »
Ce que la crise financière de 2008 a démontré, c’est que les pays dotés de systèmes de protection sociale solides étaient ceux qui avaient souffert le moins de ses effets et qui s’étaient rétablis le plus rapidement. Nous devons en tirer les leçons et veiller à ce que la crise actuelle marque un tournant pour la préparation aux urgences sanitaires et pour l’investissement dans les services publics essentiels du XXIème siècle et la fourniture de biens publics mondiaux.
Nous avons un cadre d’actions – LE PROGRAMME DE DÉVELOPPEMENT DURABLE À L’HORIZON 2030 ET L’ACCORD DE PARIS SUR LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES.
NOUS DEVONS TENIR NOS PROMESSES POUR LES POPULATIONS ET LA PLANÈTE.
PLUS QUE JAMAIS, NOUS AVONS BESOIN DE SOLIDARITÉ, D’ESPOIR ET DE VOLONTÉ POLITIQUE POUR SURMONTER ENSEMBLE CETTE CRISE TERRIBLE. »
L’appel de l’ONU, en particulier de l’OMS, arrive à point nommé. Merci aux Ami-e-s du Monde Diplomatique qui ont diffusé mon article déplorant une critique française intitulée « Ce que les crises épidémiques révèlent des dérives de l’Organisation Mondiale de la Santé ». Publiée le 20 mars par l’agence de presse internationale pressenza, qui d’habitude a le très grand mérite de nous donner des informations cruciales ignorées par notre presse officielle, la critique française n’était pas que négative, puisqu’elle louait d’abord avec raison le travail de son directeur, l’Éthiopien Tedros Adhanom Ghebreyesus, s’inquiétant « de la dangerosité, ainsi que des niveaux alarmants de l’inaction (…) dans un monde où le fossé économique et sanitaire ne cesse de se creuser (aussi bien entre le Nord et le Sud qu’au sein des pays). »
Mais la critique concluait que l’OMS avait « tardé avant de déclarer, le 11 mars, l’alerte pandémique pour le coronavirus (Covid 19)», ignorant bien d’autres communiqués de presse urgents de l’OMS dont celui du 3 mars : « La pénurie d’équipements de protection individuelle met en danger le personnel soignant dans le monde entier. Appel de l’OMS aux gouvernements et aux fabricants en faveur d’une augmentation de 40% de la production face à une demande mondiale croissante ! »
L’article aurait mieux fait de dénoncer plutôt l’inaction des gouvernements occidentaux qui préfèrent subventionner leur production militaire (les États-Unis consacrent plus de la moitié de leur budget à l’armement), alors que l’OMS/ONU doit survivre avec $2 milliards annuels : aujourd’hui 25 mars, le gouvernement canadien a réussi après une nuit de tractations à voter 82 milliards de $ d’aide matérielle aux Canadiens dont le gagne-pain est anéanti par les conséquences du COVID19. C’est bien, mais souvenons-nous que le même gouvernement avait réussi à allouer sans contestation (sauf de notre part) $70 milliards pour des navires de guerre Irving/Lockheed Martin et à voter $12,6 + 4.5 milliards (malgré l’opposition de trois partis et d’une grande partie des Premières Nations) pour le pipeline TransMountain. Trudeau a-t-il réagi au communiqué du 3 mars ? En tout cas, les statistiques révèlent que nos deux provinces les plus conservatrices, l’Alberta et l’Ontario, ayant coupé leurs dépenses en santé, soutiennent mal la comparaison avec le Québec qui compte sur 35 respirateurs artificiels par 100 000 habitants, tandis que l’Alberta n’en compte que 14 et que l’Ontario de Doug Ford ferme la marche des provinces avec 12 ! (statistiques de Radio-Canada, 25 mars)
OOOOOOOOOOOOOOuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii !
Ce texte fait du bien !
Merci !
Pascale Camirand
https://news.un.org/fr/story/2020/03/1065192
C’est un article de l’ONU qui fait état des choix de plusieurs groupes armés dans le monde… des pas encourageants
Pascale