Petit papier écrit ce dimanche 24 juillet, en repensant à tout cet art que nous faisons ensemble.
La beauté souvent cachée de notre art.
L’étonnement en art et dans la vie
Portraits in-Eyes de Juliette Binoche
Un jour, je suis allé voir l’exposition de Juliette Binoche – Portraits in-Eyes – à la Cinémathèque du Québec. Juliette Binoche était là pour signer son livre. Je me suis mis en file et me suis demandé lequel de ses portraits je voulais lui faire signer. J’ai choisi celui d’elle-même en Béatrice Saulnier, dans le film de Chantal Akerman, Un Divan à Nerw-York, 1996. En m’approchant de la table où elle se trouvait pour signer, au centre de cette très grande salle d’exposition, je me demandais, quel mot je vais lui dire, pour qu’elle me regarde et qu’elle m’écrive quelque chose de particulier ? Je ne sais pourquoi, le mot qui m’est venu à dire a été celui-ci : l’étonnement. Juliette Binoche a regardé la page ouverte sur Béatrice Saulnier, m’a regardé, a écrit : Pour Guy, Avez-vous tenté d’être/ d’écrire sous le regard étonné ? Oui, oui l’étonnement est le premier pas vers nous-mêmes. Bien à vous, Juliette Binoche.
G.D. 13 janvier 2009
Livre d’or de l’exposition Portraits in-Eyes de Juliette Binoche
Une amie venue participer à l’université populaire quart monde a écrit ce commentaire dans le livre d’or : Merci, Madame Binoche de nous partager votre espace intérieur. C’est avec émotion que j’ai vu ces visages. Vous nous faites réfléchir et changer notre regard sur nous. Ces livres d’or sont aussi très révélateurs sur nos regards et nos façons de nous laisser regarder.
Nicole, a écrit ce mot, je crois me souvenir.
G.D. 26 janvier 2009
Encore un autre jour – le 28 juin 2016 – nous faisons le vernissage de notre petite exposition d’amis de l’art ensemble chez Leonidas de l’avenue du Parc. Parmi tous nos tableaux, il y a celui de Margo : un portrait de Juliette Binoche. J’ai fait le lien avec l’exposition Portraits-in-Eyes, mais Margo m’a dit ne pas avoir vu cette exposition. Étranges, ces chemins et cette Juliette qui hante nos esprits !
Il y a beaucoup à dire sur tous ces portraits que l’on porte.
Les Fenêtres ouvertes ou fermées
Celui qui regarde du dehors à travers une fenêtre ouverte, ne voit jamais autant de choses que celui qui regarde une fenêtre fermée. Il n’est pas d’objet plus profond, plus mystérieux, plus fécond, plus ténébreux, plus éblouissant qu’une fenêtre éclairée d’une chandelle. Ce qu’on peut voir au soleil est toujours moins intéressant que ce qui se passe derrière une vitre. Dans ce trou noir ou lumineux vit la vie, rêve la vie, souffre la vie. Par-delà des vagues de toits, j’aperçois une femme mûre, ridée déjà, pauvre, toujours penchée sur quelque chose, et qui ne sort jamais. Avec son visage, avec son vêtement, avec son geste, avec presque rien, j’ai refait l’histoire de cette femme, ou plutôt sa légende, et quelquefois je me la raconte à moi-même en pleurant. Si c’eût été un pauvre vieux homme, j’aurais refait la sienne tout aussi aisément. Et je me couche, fier d’avoir vécu et souffert dans d’autres que moi-même. Peut-être me direz-vous: « Es-tu sûr que cette légende soit la vraie ? » Qu’importe ce que peut être la réalité placée hors de moi, si elle m’a aidé à vivre, à sentir que je suis et ce que je suis ?
Beaudelaire, Le spleen de Paris, Les fenêtres.
Repris en 1864 sous le titre Petits poèmes en prose
Impressions que me donnent tous ces collages et dessins sur de petits papiers à plier en forme de triptyque que nous avons fait en atelier d’art au Y, sur le thème de la paix, jeudi dernier 21 juillet 2016, en pensant au kiosque des Artistes pour la paix qui nous invite à venir au Forum social mondial en aout prochain.
J’ai été frappé, étonné, de regarder, de manipuler, de photographier, d’entrer un peu ou de sortir de la vie de tous ces petits tableaux ouverts et fermés que les uns et les autres nous avons fait avec ce petit papier à plier en forme de triptyque, ou de fenêtre avec des volets ouverts ou fermés, dans l’atelier d’images et de mots sur la paix, plus précisément pour dire (ou se laisser effleurer, ou pénétrer, ou déranger, ou aimer ou juste agacer par cette question) Ce qui manque à ce monde pour vivre en paix.
Le cercle de parole et de vie
Ce matin en rêve, je me suis levé avec une autre image, celle du cercle. Chaque personnage (y compris moi) avait un cercle qui était de lui, lui en fait. Il ne pouvait pas s’en défaire, même s’il ne prétendait s’en servir que comme un napperon pour faire son travail, ou un tapis pour se coucher. Chaque cercle était différent d’un autre. Que tu l’aimes ou pas, c’est le tien. Tu peux essayer de l’effacer ou de le colorier un peu plus. Tu vis dedans, tu vis avec.
Allant d’un étonnement à l’autre. Qu’est-ce que ce serait de faire un atelier d’art et d’écriture où le support serait un morceau de papier ou de carton coupé en cercle avec un Exacto ? Écrire, dessiner comme on fait un Mandala, en spirale, en cercle ouvert ou fermé. Ce serait certes différent de ce que l’on fait en rectangle et en carré.
Quand on pense aux musiciens, sur quelles sortes de lignes écrivent-ils leur musique, quand ils ont les yeux fermés ?
Dans l’histoire de la peinture et de la sculpture certains artistes ont travaillé en cercle, produit des médaillons. Il est dit que c’était une manière de faire un.
On accorde beaucoup d’importance à ce qui apparaît sur le papier, à l’oeuvre qui se fait, pas assez semble-t-il au support imposé ou inventé qu’on utilise pour réaliser cette oeuvre, qu’il soit visible ou imaginé. Dans certaines cultures, on écrit de droite à gauche, ou de bas en haut. Qu’en résulte-t-il pour soi et dans notre communication avec les autres ?
Guy Demers
24 juillet 2016
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