Les premières démocraties sont nées en juillet 1776 aux États-Unis et en 1789, en France (on ne retient pas, puisque nous sommes pacifistes, la date de 1793 qui est celle de la décapitation de Louis XVI et de Marie-Antoinette d’Autriche). Retenons 1804, date de la proclamation de la république haïtienne par Toussaint Louverture, même si elle a connu des assauts colonialistes et racistes qui en ont mis fin trop rapidement et de façon sanglante; et cela se poursuit de nos jours par les armes encore acheminées par les États-unis aux chefs de gangs qui mettent la république à sang.
Ces trois dates sont antérieures de deux siècles et quart au spectacle affligeant et anachronique que les festivités du couronnement du roi Charles III nous servent en ce 6 mai 2023. Les commentateurs asservis de Radio-Canada en proclament LA MODERNITÉ, alors que l’énorme banderole anglaise qui surplombe la procession se lit Happy and glorious et non PEACEFUL reign! On mange de la quiche végétarienne, mais en portant des habits d’hermine et les casques de la garde royale sont en peaux d’ours.
Les Artistes pour la Paix endossent le slogan Pas de souverain du Québec, mais un Québec souverain, qu’il soit affirmé à l’intérieur ou à l’extérieur du Canada par le Bloc Québécois qui écrit avec raison : L’occasion était idéale de mettre fin à ce cirque désuet. Mais le Canada a choisi de perpétuer ce symbole inutile et coûteux.
Nous endossons pleinement le vote de l’Assemblée nationale tenu cette semaine pour débarrasser le Québec de la tutelle gênante et coûteuse d’un lieutenant-gouverneur qui approuve toutes les lois, sans quoi elles ne sont pas considérées. On se souvient des dépenses insensées de l’ex-lieutenante-générale.
Pour nous, c’est un énorme scandale qui devrait être puni d’une amende considérable que la police britannique ait saisi des centaines de pancartes républicaines : NOT MY KING. Cela ne nous étonne guère dans un pays qui se targue d’être garant de la liberté de presse mais censure les appels à la négociation pour sauver les Ukrainiens en leur envoyant d’autre part des obus à uranium appauvri; on en connaît le désastreux aspect létal qui a décimé des générations d’habitants de Falloujah lors de l’invasion par Tony Blair et George Bush de l’Iraq, déclarée illégale par les Nations-Unies.
Félicitons le rédacteur-en-chef du DEVOIR Brian Myles, une fois n’est pas coutume, pour son article du 6 mai[i] dont nous citons les extraits suivants avec lesquels nous sommes en entier accord :
S’il y a une constante dans l’histoire du Canada, c’est bien qu’il est mû par l’urgence d’attendre. Le rapatriement unilatéral de la Constitution, en 1982, ne nous a pas débarrassés de la monarchie, une institution qui coûte annuellement environ 58 millions de dollars et une fortune inestimable en perte de crédibilité pour un pays qui se gargarise du respect des droits individuels et de son adhésion aux idéaux démocratiques, deux vertus absentes de la lourde histoire de la monarchie et de son jumeau, le colonialisme.
Alors que de « petites » nations fières et grandes comme la Barbade ont déjà réussi à s’affranchir de la monarchie, et que la Nouvelle-Zélande, l’Australie, le Belize et la Jamaïque songent à en faire autant, le Canada avale à grandes gorgées le Kool-Aid du sang bleu.
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