Dany Laferrière est un homme de paix et de médiation. Choisi pour présider le jury international du prestigieux (et pauvre) Festival des Films du Monde en cette année 2015, il a incité le Maire de Montréal, Denis Coderre, à enterrer la hache de guerre et à se présenter à l’ouverture officielle du festival de Serge Losique. C’est que Dany croit en la vertu d’un tel festival et espère voir un quarantième anniversaire célébré, l’an prochain, avec un faste ou en tout cas un lustre retrouvé et approprié à sa très grande valeur artistique et humanitaire, puisque le festival a toujours accordé une grande place aux continents asiatique, africain et sud-américain.
Dany ne s’identifie pas comme Artiste pour la Paix, officiellement du moins (il est venu à deux ou trois de nos célébrations de la Saint-Valentin et a animé la soirée sur les écocides de février 2008 à l’UQAM avec Louise Vandelac). Sans doute n’est-il pas membre non plus d’aucun des plus de mille partis qui se sont présentés au premier tour des élections en Haïti il y a deux semaines. Indépendant et fier Dany, que nous aimons depuis longtemps, si longtemps que nous ne souvenons plus de quelle de ses œuvres nous avons extrait la citation suivante :
Nous sommes cette génération qui refuse qu’on tue un poulet dans un film, alors que nous nous asseyons tranquillement devant la télé pour regarder la guerre. Naturellement nous ne sommes pas d’accord mais que faisons-nous pour dire notre désaccord? Pas grand-chose. Et quand nous le clamons ce désaccord, on nous répond, par la bouche des experts en géographie, en économie, en histoire et en stratégie militaire, que c’est plus compliqué que nous le croyions. En fait ce n’est pas du tout compliqué : (…) la guerre est une si bonne affaire qu’il faut l’entretenir constamment. Souffler sur le feu. Un gouvernement en guerre ne connaît pas d’opposition. C’est aussi bon pour les marchands d’armes. C’est surtout bon pour tout système qui se nourrit de la peur de son peuple ou du pétrole de l’ennemi qu’il s’est inventé. En somme, c’est bon pour tout le monde, sauf pour les petits soldats qui vont crever sans même savoir pourquoi. Et la plus sinistre plaisanterie de l’État c’est encore de faire la guerre au nom de la paix.
Plusieurs centaines d’invités se pressaient autour de l’immortel qui a lu des extraits de son discours de réception à l’Académie Française en ce vendredi 12 juin 2015. Guylaine et Pierre se sont entretenus avec Dany, toujours aussi aimable, avec la ministre de la Culture Hélène David et son mari ainsi qu’avec Françoise David, Gilles Duceppe et son épouse, Denis Coderre et son épouse, la directrice de la SODEC Monique Simard, le député libéral Emmanuel Dubourg, l’animatrice de télévision Marie-Claude Barrette et son époux et brièvement avec Nathalie Bondil qui nous a procuré des affiches créées par le musée en solidarité, après les tragiques événements de Charlie-Hebdo et de l’Hyper-Cacher.
L’émouvant film la terre et l’ombre (la tierra y la sombra) de César Acevedo (caméra d’or du festival de Cannes 2015) met en scène des coupeurs de canne non payés depuis des semaines: espérons que ce film ne sera pas prémonitoire…
Dernière heure: le film du Français Philippe Ramos Fou d’amour gagne le Grand Prix du FFM, le court-métrage canadien La voce du réalisateur David Uloth et de la scénariste Chloé Cinq-Mars le Prix du public et le Premier Prix du FFM dans sa catégorie, alors que la comédienne suédoise Malin Buskapour remporte le Prix d’interprétation féminine pour The Girl King de Mika Kaurismäki d’après un scénario originellement de Michel Marc Bouchard: on se souvient de Céline Bonnier, meveilleuse dans la version TNM.
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