Café l’Amère à boire, au 2049 Rue Saint-Denis, par Pierre Jasmin, porteur d’eau et v-p des Artistes pour la Paix
Mise en contexte. Ce qui n’est que le point 4 de cette communication fut brutalement illustré par un reportage à RDI la veille, d’où est tirée la photo-choc chapeautant cet article (merci à Claudio Zanchettin pour cette information vitale). Encore une photo sensationnaliste du Tiers-Monde, demanderez-vous? Non, il s’agit de la réalité de la réserve de Keshachewan dans le comté représenté aux Communes par l’excellent député Charlie Angus (NPD) qui fait des pieds et des mains pour combattre la situation de pauvreté et d’insalubrité de ces autochtones nichés au bord de la baie d’Hudson, en Ontario mais à proximité du Québec. Cette enfant et bien d’autres souffrent de gales sans doute causées par des moisissures dans des logements totalement insalubres et du non-accès à de l’eau potable, car plus du quart des communautés autochtones au Canada n’ont pas accès à de l’eau potable; elles font bouillir leur eau puisée en des sources souvent insalubres!
Bonjour! Si je suis parmi vous, c’est grâce à toi, Raôul Duguay, qui a enregistré le CD J’ai soif et fondé les porteurs d’eau auxquels je suis très fier de m’être joint il y a quelques années. Accompagné de Daniel Gingras, je salue la présidente Martine Chatelain et l’amie Monique Rondeau.Disciple de Jean-Sébastien Bach – Bach=ruisseau, en allemand, il signait son nom (B=2, A=1, C=3 et H= 8, le tout=14) constamment dans son œuvre par des structures de 14 notes ou de 14 mesures -, je vous présente aujourd’hui quatorze raisons majeures pour lesquelles les APLP interviennent aux côtés d’Eau-Secours. Parce que :
- L’eau devient de + en + un enjeu de guerre: on le constate en Palestine où les Israéliens se réservent au moins douze fois plus d’eau qu’aux citoyens palestiniens, dont les oliviers et champs cultivés souffrent de manque d’eau aggravé (voir illustration en annexe 1). Les fleuves issus des neiges moins éternelles qu’on le croyait, l’Himalaya en Asie et le Kilimandjaro en Afrique, diminuent constamment de débit, ce qui laisse présager encore plus de tensions entre le Pakistan, le Bengladesh et l’Inde, et encore plus de guerres et de famines avec des millions de morts au Soudan et au Sud-Soudan[1].
- L’eau est à protéger contre l’industrie nucléaire et c’est ce que nous avons fait en lançant un signal d’alarme contre la centrale nucléaire de Chalk River qui relâchait du tritium dans l’Outaouais, donc dans la source d’eau potable pour des millions de Québécois. Grâce à Louise Vandelac, nous avons fait une série de conférences le 6 février 2008 présidées par l’écrivain Dany Laferrière pour dénoncer le fait que le premier ministre Harper s’arrogeait le droit de démettre de ses fonctions la présidente de la Commission canadienne de sécurité nucléaire. Nous avons lancé le collectif Sortir le Québec du nucléaire, grâce à des artistes comme Diane Dufresne et Martin Petit et le coordonnateur Philippe Giroul ici présent, avec l’objectif réussi en 2012 de fermer la centrale de Bécancour (voir le film Gentilly or not to be).
- Nous sommes très fiers à Eau-Secours d’avoir eu comme membre militant (les APLP lui ont décerné un hommage en 2010) le grand Frédéric Back qui a légué au Québec l’homme qui plantait des arbres et vous vous souvenez de cette extraordinaire scène où de la jeune forêt plantée, jaillit un ruisseau vigoureux à l’origine de la revitalisation de tout un village. Ce thème a été exploité non seulement par l’écrivain Jean Giono, mais aussi par Marcel Pagnol dans Manon des sources et dans le film français, ancêtre de nos films écologiques, le soleil des eaux de celui qu’Albert Camus a appelé le plus grand poète français du XXe siècle, René Char. Évidemment, de Frédéric Back on se souviendra aussi de son film le fleuve aux grandes eaux, de 1993, et au Québec de Pierre Perreault et de sa trilogie des Voitures d’eau à l’Île-aux-Coudres.
- Toutes nos Premières Nations appellent à protéger la Terre-Mère (selon les interprétations panthéistes amérindiennes, en particulier mohawks) et l’eau : plus du quart des communautés autochtones n’ont pas d’eau courante et doivent faire bouillir leur eau qui rend malades leurs enfants. Je viens d’entendre à la radio l’information heureuse que 8,4 milliards de $[2] seront consacrés en cinq ans aux Premières Nations! Or vous savez qu’elles sont au premier rang de la lutte contre les assauts répétés de projets industriels et pétroliers dommageables. Nous étions en octobre 2014 de la grande manifestation à Cacouna, dans le Bas-Saint-Laurent, avec la poète Natasha Kanopé Fontaine, contre l’érection d’un terminal pétrolier devant la pouponnière des bélugas. C’est notamment avec les écrivains Isabelle Miron, Mélissa Grégoire et Yvon Rivard, un véritable combat Éros vs Thanatos que les APLP mènent, aussi avec des émissions à Musimax telles que les années écolo, une réalisation de Pierre-Alexis Jasmin supervisée par Guylaine Maroist[3].
- Les APLP sont alliés à divers autres groupes écologiques: Équiterre, David Suzuki, Nature Québec, Greenpeace, Coule pas chez nous, société pour Vaincre la Pollution (Daniel Green est ici), l’Association Québécoise de Lutte contre la Pollution Atmosphérique d’André Bélisle qui a publié un recueil de caricatures didactiques sur le combat contre la pollution. Nous accordons notre confiance à des enseignants de l’UQAM spécialisés en environnement, tels feu Pierre Dansereau, Louise Vandelac, Lucie Sauvé, Isabel Orellana, Marie-France Marcotte, René Audet, Normand Brunet, Marie Saint-Arnaud et Corinne Gendron récemment décorée de la Légion d’Honneur.
- Féministes, nous sommes comme Laure Waridel adeptes de la pensée globale et de l’agir local : nous adhérons au Projet Écosphère d’Éric Ferland et avons manifesté en faveur de l’Élan global aux côtés d’Annie Roy et Pierre Allard de l’Action Terroriste Socialement Acceptable et nous préparons le Forum Social Mondial, un rassemblement altermondialiste qui a démarré au Brésil il y a trente ans et qui aura lieu, avec nos APLP Gisèle Comtois et Laurence Chessex à Montréal du 9 au 14 août prochain.
- Les APLP ont manifesté dans la rue à Ottawa il y a un peu plus de trois mois pour appuyer l’objectif de la COP21 (ONU), voulant limiter le réchauffement climatique mondial à moins de 2 degrés, moins de 1,5 degrés, a même renchéri la ministre canadienne de l’environnement Catherine McKenna! Car il en va de la survie de plusieurs pays insulaires du Pacifique et d’autres comme le Bengladesh, menacés d’inondations massives dues à la fonte des glaces des pôles, ainsi que de pays centrafricains, asiatiques ou sud-américains en proie à l’opposé à des sécheresses record.
- L’exploitation du pétrole des sables bitumineux de la Saskatchewan et de l’Alberta est universellement reconnue comme la source majeure de l’aggravation du réchauffement climatique et nous la dénonçons dans nos écrits : d’abord cause principale du retrait du Canada de l’entente de Kyoto, elle va à l’encontre de la réussite des objectifs nationaux affirmés avec peu de précision à Paris en décembre par le gouvernement Trudeau. Mike Peters, Director of Natural Resources and Environment with Global Public Affairs, présente ses calculs ce matin selon lesquels le Canada ne rencontrerait même pas la moitié de ses objectifs énoncés à la COP21.
- La société albertaine TransCanada veut construire un pipeline qui traverserait le Québec d’ouest en est pour acheminer le pétrole de l’Ouest canadien, et même du pétrole américain du Dakota, vers le Nouveau-Brunswick afin de l’exporter. Il y a trois mois, une étude par l’École Polytechnique, commandée par le ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles, a révélé que la construction d’un pipeline le long du fleuve Saint-Laurent serait très risquée pour ses berges instables, ainsi que pour plus de 800 rivières que traverserait le pipeline.
- L’ONU et son Secrétaire général Ban Ki-moon que nous avons applaudi au Marché Bonsecours le 12 février dernier à l’invitation du maire de Montréal, avaient consacré la Journée internationale de la Paix du 21 septembre 2014 à la lutte contre les changements climatiques. Nous nous étions alors retrouvés dans la rue à Montréal avec Stéphane Dion et son chien Kyoto, co-manifestants. À titre de ministre des Affaires étrangères, il a grandement contribué au succès de la COP21, aussi relatif soit-il.
- Revenons à M. Coderre qui a groupé 82 maires contre la construction du pipeline, déclenchant en janvier un tollé dans l’ouest avec la chef conservatrice Rona Ambrose et son lieutenant Gérard Deltell accusant le fédéraliste Coderre de «trahir l’unité nationale», alors qu’il avait simplement déclaré, ce dont nous l’avons chaleureusement félicité : « On doit penser en termes de protection de l’eau et on doit très certainement penser en termes de protection civile et de sécurité ». Le 15 février dernier, il recevait les APLP à l’Hôtel-de-Ville : notre vice-présidente Judi Richards, l’auteur-compositeur-interprète Michel Rivard dont on connaît la chanson le goût de l’eau et Samian, notre Artiste pour la Paix de l’année : son rap Plan Nord avait dénoncé en 2012 le plan Charest et sa dévastation programmée de la nature des Premières Nations attikamekh, algonquines, huronne-wendat, crie et innue.
- Julie Gelfand, commissaire à l’environnement et au développement durable du Canada, constatait à la télévision de Radio-Canada que l’Office National de l’Énergie, l’organisme fédéral chargé d’évaluer le projet Énergie Est, n’était pas en mesure de s’assurer que les suivis qu’il recommande sont effectués par les compagnies pétrolières, vu que le gouvernement Harper a considérablement affaibli le processus d’évaluation environnementale, en limitant la participation du public et en excluant les changements climatiques du mandat de l’ONE.
- Au Québec, même si le premier ministre Couillard a déclaré vouloir défendre Anticosti contre l’exploitation de pétrole – après le film de Dominic Champagne, notre APLP2011 opposant des gaz de schiste et de la fracturation polluante, avait-il le choix? -, il estime que nous devrions être moins intolérants puisque l’ONU a établi un horizon de trente ans pour sevrer la population mondiale de sa dépendance au pétrole. Or, ce ne sont pas les opposants comme nous qui sommes radicaux, mais la science et ses données objectives alarmistes quant à l’état de la planète : lisez les données du groupe américain, maintenant international, 350.org par Bill McKibben avec qui je partageais une tribune en juin dernier à la TOHU devant une salle comble de Projet Écosphère.
- Enfin au Québec aussi, le projet Énergie Est fait l’objet d’une évaluation du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement. Nous étions intervenus au BAPE dans le dossier des mines d’uranium, avec un résultat positif en juillet dernier. Grâce à Isabelle Miron, Lucie Sauvé et Marie Saint-Arnaud, nous allons bientôt y présenter un autre mémoire pour protéger notre environnement, notre eau. Notre confiance a été encore une fois ébranlée envers le gouvernement du Québec qui, selon l’excellent journaliste du Devoir, Alexandre Schields « a accordé récemment une subvention de 1,7 million de dollars au géant pétrolier albertain Suncor (PetroCanada), important exploitant de pétrole des sables bitumineux qui fait aussi la promotion des projets de pipelines. Les fonds publics ont été octroyés dans le cadre du programme ÉcoPerformance, mis sur pied afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre au Québec.» Proprement scandaleux, quand les études scientifiques démontrant la nocivité des sables bitumineux avaient vu leurs sources de financement universitaires charcutées par le gouvernement Harper. M. Couillard, donnez 1.7 million de $ à Eau Secours! et vous verrez les émissions de gaz à effet de serre chuter!
En conclusion, n’oublions jamais que la résistance aux exploiteurs destructeurs de notre écologie s’effectue par le ralliement à des groupes militants tel qu’EAU SECOURS!, car même si les gouvernements donnent les permis, ce sont les communautés par leur vigilance (mais aussi hélas par leur apathie) qui donnent la permission.
Merci à chacune d’entre vous d’être ici et ne négligez aucun moyen d’informer nos concitoyens des enjeux. Mouillez-vous pour la cause! Encouragez le site des APLP. Je vous (une soixantaine de personnes) laisse sur une pensée de « l’activiste » anishinaabe Winona Laduke :
[1] Mille enfants meurent chaque jour dans le monde des suites de maladies liées à l’eau et à l’hygiène, pourtant faciles à éviter. D’autre part, les inondations représentent 70% des décès liés à des catastrophes naturelles. L’accès à l’eau pour tous, objectif de développement durable (ODD) fixé par le Programme des Nations Unies pour le développement (Pnud) pour 2030 est encore loin. Aujourd’hui, 1,8 milliard de personnes sont encore privées d’eau propre à la consommation et 700 millions n’ont aucun accès à l’eau.
[2] Dont 2 milliards spécifiquement pour résoudre ce problème de manque d’accès à l’eau potable
[3] on est satisfait de voir le budget libéral promettre 1,9 milliard de $ pour la culture, dont une part appréciable à Radio-Canada.
Lu par la comédienne Alexandrine Agostini, voici le Manifeste du 22 mars, journée mondiale de l’eau par la Coalition Eau Secours!
Parce que
- L’eau est essentielle à la vie et à la santé des végétaux, des animaux et des humains.
- L’eau ne peut être remplacée par aucun autre produit.
- L’eau est en quantité limitée, fragile et menacée partout sur Terre.
- L’accès à l’eau est très inégalement réparti partout.
- L’augmentation de la population mondiale et de ses besoins en nourriture, produits manufacturés et industriels fait bondir la demande en eau.
- L’agriculture (engrais, pesticides, herbicides, etc.), la production des médicaments, la pétrochimie, la fabrication des biens de consommation polluent de plus en plus d’eau.
- L’eau est un bien collectif et public que personne ne devrait pouvoir s’approprier, embouteiller, vendre ou gérer pour faire des profits.
- Le droit à l’eau devrait être reconnu partout.
* * * *
- Les accords internationaux de commerce permettent aux multinationales de poursuivre des gouvernements qui tentent de protéger l’eau, comme ce fut le cas de Lone Pine Ressources contre le gouvernement du Canada.
- Le bassin du Saint-Laurent et des Grand-Lacs, qui fournit l’eau potable à 40 millions de personnes, subit des pressions de plus en plus grandes.
* * * *
- Nos lois et règlements ne protègent pas suffisamment l’eau, comme en témoigne le récent « flushgate » à Montréal.
- Nos ressources en eau et nos nappes souterraines ne sont pas assez étudiées.
- Nos déchets et nos égouts sont encore trop souvent sources de pollution de l’eau.
- Nous n’avons toujours pas de solutions efficaces pour nettoyer l’eau souillée comme celle de Mégantic ou des lagunes de Mercier.
- L’éventuel passage des hydrocarbures par oléoducs, trains et navires menace encore notre fleuve et plus de 800 rivières et cours d’eau.
* * * *
- Nos victoires et celles de nos partenaires des dernières années (échec de l’installation d’un port pétrolier à Cacouna, remise en question de l’exploitation des hydrocarbures à Anticosti, rejet de la fluoration de l’eau par des municipalités, etc. bien qu’importantes, sont fragiles, car nous ne pouvons pas nous fier aux déclarations de nos dirigeants, désormais déguisés en vert, sous couvert d’« acceptabilité sociale ».
- De plus en plus de citoyens, regroupés dans des organisations locales, régionales ou nationales et des coalitions d’organisations citoyennes sonnent l’alarme, mènent de luttes pour la protection de l’eau.
- Les organisations qui défendent le bien commun sont menacées par des coupures de subventions et un projet de loi qui désirent les associer à des lobbys.
Nous, Porteuses et Porteurs d’eau de même que tous les membres de la Coalition québécoise pour une gestion responsable de l’eau, Eau Secours!
- Exhortons le gouvernement du Québec, tous ses ministres et ses députés de tenir compte de l’eau dans l’ensemble de leurs décisions; la volonté politique et l’octroi de ressources humaines et financières pour le faire doivent être au rendez-vous.
- Demandons que le règlement sur le prélèvement des eaux et leur protection soit entièrement revu; qu’à la Politique nationale de l’eau soient associés des lois et des règlements qui assurent une réelle défense de l’eau afin de mettre fin à l’actuel malstrom de juridictions contradictoires.
- Exigeons aussi que la future politique énergétique du Québec tienne compte de la protection et de la pérennité des ressources en eau, ici et ailleurs.
À l’occasion de la Journée mondiale de l’eau, nous invitons la population du Québec à être vigilante devant toutes les politiques qui concernent l’eau, à s’informer et à joindre Eau Secours! Bref, à se mouiller.
Le CA des Artistes pour la Paix a signé (14 signatures !)
Annexe 1
Annexe 2
Annexe 3
Déclaration sur l’eau douce
Science et Paix & Pugwash Canada
Table ronde d’experts sur l’eau douce, un projet sur des questions globales, 8-9 novembre 2008
L’eau douce, élément crucial et très limité, représente le fondement de la santé de l’écosystème, de la sécurité sociale et économique du Canada. L’eau maintient la vie. Elle a un lien spirituel profond, interne et externe, avec toutes nos communautés religieuses et aborigènes. Elle définit notre identité nationale. Or, les Canadiens la considèrent comme une chose acquise.
Nous constatons des changements relativement à cette précieuse ressource renouvelable. Des manques d’eau douce surviennent plus fréquemment, les grands glaciers disparaissent graduellement et les problèmes de pollution s’aggravent. Nous sommes témoins de changements inquiétants dans le paysage de nos régions nordiques; lacs et rivières sont pollués, ou menacés.
Le traitement abusif de nos ressources aquatiques met en péril la santé de nos citoyens, menace la magnifique biodiversité de notre pays et est un danger pour le bien-être de notre nation. Plusieurs communautés aborigènes vivent dans des conditions de pauvreté du tiers-monde – elles doivent toujours faire bouillir leur eau pour la rendre potable. Dans plusieurs régions, nous échouons au test du développement durable par les abus et la surexploitation de cette ressource. Dans certaines régions du Canada, nous sommes à la croisée des chemins, au-delà de laquelle il n’y aura plus de retour.
Nous pouvons ramener à la vie nos lacs, rivières et nappes phréatiques menacés, générer des solutions innovatrices à nos problèmes d’eau, protéger la santé de nos citoyens, et mettre en place une prospérité économique et sociale – mais il faut à la base, des écosystèmes d’eau douce en santé. Pour accomplir cela, il nous faudra une gestion vigoureuse et éclairée. Les Canadiens devront travailler ensemble. À tous les niveaux des gouvernements, il nous faudra un leadership qui permettra d’instaurer des actions locales coordonnées à l’échelle régionale et nationale. De plus le Canada devra, dans son propre intérêt, œuvrer au niveau international afin d’alléger la crise mondiale de l’eau.
Principaux défis
- La gouvernance de l’eau au Canada est sévèrement fragmentée et sans coordination entre les différents paliers des gouvernements.
- La gouvernance de l’eau ne porte pas attention aux principes écologiques de base.
- L’eau douce est menacée par l’érosion de nos politiques scientifiques, par la réduction draconienne des programmes de recherches/collectes de données, et par une moindre attention portée aux précautions régulatrices et à la surveillance formelle.
- Il y a un problème de communication entre les scientifiques et les membres élus du parlement, dû principalement à leur vécu respectif; ce fossé culturel devra être comblé pour que le Canada puisse prospérer à l’ère où les décisions doivent être basées sur de la science bien fondée.
- Il n’y a pas de rôle précis pour les citoyens dans le cadre actuel de la gouvernance de l’eau, ou d’appui suffisant pour les groupes qui se préoccupent de la conservation à l’échelle de bassin versant.
- Le climat sur notre continent change rapidement, ce qui aura des conséquences significatives sur les cycles de l’eau ainsi que sur la gestion des ressources d’eau douce.
- Au niveau planétaire, le Canada a sa part dans la responsabilité collective en ce qui concerne l’accès à l’eau propre et son hygiène.
Faire face aux défis
NOUS RÉCLAMONS DE TOUS LES GOUVERNEMENTS AU CANADA QU’ILS
- transcendent les barrières juridiques qui ont fait obstacle au progrès;
- priorisent une gestion participative à la gouvernance des ressources d’eau douce, en y engageant villes et municipalités, peuples aborigènes, divers usagers et la société civile;
- mettent en place les alternatives connues afin de réduire l’utilisation de l’eau douce, les transformant éventuellement en pratiques courantes;
- gèrent les risques de façon à aider à notre adaptation au changement rapide du climat, à l’augmentation de la population et à l’étalement urbain, protégeant ainsi notre bien-être économique, social et environnemental;
- entament un dialogue plus large afin de développer une vision commune d’une STRATÉGIE PAN-CANADIENNE DE L’EAU DOUCE, basée sur certains principes-clés: une éthique de conservation, mettant à son centre les citoyens, l’eau comme fiducie publique et l’approche par bassin versant.
L’eau doit être une fiducie publique et non pas une marchandise. L’approche classique traditionnelle tend à manipuler les systèmes naturels. Les lignes de partage des eaux coïncident rarement avec les frontières politiques. Une approche de gestion par bassin versant saura reconnaître le bon fonctionnement d’un écosystème comme l’assurance que la nature continuera de fournir à la société les biens et services écologiques qui lui sont essentiels; de même, elle appréciera les interactions complexes entre le système hydrologique naturel et les activités humaines. Nous devrions satisfaire les besoins humains, agricoles et industriels par l’efficacité, la récupération/réutilisation et la conservation. Le mandat des gouvernements est de protéger et de préserver les ressources d’eau douce pour les besoins et la jouissance de tous les canadiens et canadiennes.
NOUS DEMANDONS AU GOUVERNEMENT FÉDÉRAL:
D’assumer les responsabilités qui lui sont propres en priorisant les actions suivantes:
- Protéger la santé humaine — assurer la protection de l’eau potable dans tout le Canada.
- Stimuler une économie bleue — lier le financement de projets pour les infrastructures d’eau potable, eaux de pluies et des eaux usées à ceux qui font place à la conservation, au rendement et à l’innovation.
- Gérer efficacement les problèmes transfrontaliers de l’eau — protéger les intérêts à long terme du Canada; reconnaître et gérer l’exportation “virtuelle” de l’eau.
- Maintenir l’eau en place — interdire les prélèvements massifs d’eau hors des bassins du Canada.
- Protéger les écosystèmes; renforcer les cadres règlementaires — développer des mesures efficaces pour protéger et maintenir les besoins en eau de la nature. Développer une politique fédérale sur l’eau douce intégrée à UNE STRATÉGIE PAN-CANADIENNE DE L’EAU DOUCE.
- Respecter les populations aborigènes — honorer les droits aborigènes sur l’eau.
- Améliorer le savoir — investir en science et en surveillance; amener l’adaptation au changement climatique au centre de nos politiques sur l’eau.
- Ré-établir le leadership canadien dans la recherche et la surveillance internationale de l’eau — maintenir et raffermir le rôle du Canada dans les agences des Nations Unies; restaurer le statut du Canada comme l’un des centres mondiaux de la recherche sur l’eau.
- Inciter les provinces à collaborer envers une réforme de la gestion des ressources en eau douce, fondée sur une meilleure compréhension des liens entre les enjeux économiques, sociaux et les régimes hydrologiques.
- Diriger son aide à l’étranger de façon à amoindrir les crises d’eau douce, pour notre propre intérêt et au nom de notre responsabilité planétaire.
- Au niveau international, promouvoir le concept de l’eau comme fiducie publique, selon laquelle la distribution équitable de l’eau est essentielle à la satisfaction des besoins personnels et domestiques de base.
NOUS APPELONS LES PREMIERS MINISTRES CANADIENS ET PARLEMENTAIRES PROVINCIAUX/TERRITORIAUX À:
- montrer du leadership et de la coopération en bâtissant sur les efforts en cours, dans le contexte d’une stratégie pancanadienne de l’eau douce;
- créer, avec le gouvernement fédéral, un plan spécifique de gestion par bassin versant pour chacun des bassins des cinq fleuves majeurs du Canada;
- répondre à la crise du changement climatique par la création d’un plan pan-canadien de conservation de l’eau douce qui inclurait aussi des plans pour la préparation à des sécheresses et la protection contre les inondations;
- faire la promotion de méthodes moins dommageables d’utilisation/usages en lien avec l’eau douce;
- planifier pour la protection des sources d’eau douce, le calcul de la disponibilité d’eau, le suivi et les rapports, l’éducation et la communication.
PARTICIPANTS SOUTENANT LA DÉCLARATION
Oliver Brandes, Director, POLIS Project on Ecological Governance, University of Victoria
Robert Sandford, Director, Western Watersheds Climate Research Collaborative, Chair, Canadian Partnership United Nations Water for Life Decade
Gordon Young, Ph.D., Former Coordinator, United Nations World Water Assessment Programme and President-Elect, International Association of Hydrological Sciences
Maude Barlow, National Chairperson, Council of Canadians; United Nations Senior Adviser on Water
Ralph Pentland, President, Ralbet Enterprises; Acting Chairman Canadian Water Issues Council
David Brooks, Ph.D., Senior Adviser on Water, Friends of the Earth
Jennifer McKay, LLB, Ph.D., Director, Centre for Comparative Water Policies and Laws; University of South Australia, Fulbright Scholar
Marc Hudon, Director, Great Lakes and St-Lawrence program on transboundary water issues, Nature Quebec
Bert McInnis, Ph.D., Principle, What If?Technologies Inc.
DLO Mendis, formerly Technical Adviser, Ministry of Planning and Economic Affairs, Sri Lanka; President, Sri Lanka Pugwash Group
James Bruce, D.E.S., D.Sc., O.C., FRSC, Chair, Expert Panel on Groundwater, Council of Canadian Academies, and first Director of Canada Centre for Inland Waters, Burlington
Stephen Scharper, Ph.D., Associate Professor, Centre for Environment and Centre for the Study of Religion, University of Toronto
John Smol, Ph.D., FRSC, Queen’s University; Professor, Queen’s University, holder of the Canada Research Chair in Environmental Change
Randy Christensen, Ecojustice Canada, Staff Lawyer
Abrahim Khan, Ph.D., Advanced Degree Director, Faculty of Divinity; Chair, Dept. of Theology, Trinity College, University of Toronto
Hugh Whiteley, P.Eng. Professor of Water Resources Engineering, University of Guelph
Norman Brandson, former Deputy Minister of the Manitoba Departments of Environment, Conservation, and Water Stewardship
Merrell Ann Phare, Executive Director, Centre for Indigenous Environmental Resources
Sonya Meek, National President, Canadian Water Resources Association; Manager Watershed Planning Group, Toronto and Region Conservation Authority, Ecology Division
Ron Dembo, Ph.D., CEO, Zerofootprint Inc.
Aharon Zohar, Ph.D., Integrated Regional and Environment Planning, Inter-Disciplinary Centre, Herzelia, Carmei Yosef, Israel; consultant, water problems Middle East and North Africa
LE COMITÉ DE LA TABLE RONDE ET AUTRES PARTICIPANTS SOUTENANT LA DÉCLARATION:
PRÉSIDENTS
Adele Buckley, Ph.D., D.Sc., Canadian Pugwash Group, Treasurer; former V.P. Technology & Research, OCETA
Derek Paul, Ph.D., physics professor emeritus; Science for Peace, Treasurer
MEMBRES
Claus Brandes, banker (ret.)
Phyllis Creighton, M.A. (His), Faculty of Divinity, Trinity College; Board of Directors, Science for Peace
David Harries, Ph.D., Foresight Canada; Royal Military College, Kingston; Board of Directors, Canadian Pugwash
Julia Morton-Marr, DStG, B.Ed., Dip. T., founder of International Holistic Tourism Education Centre (IHTEC); Board of Directors, Science for Peace
AUTRES PARTICIPANTS:
Linda Mortsch, Ph.D., Adaptation and Impacts Research Division, Environment Canada; Co-author, Part Two, 4th IPCC Report
Tony Maas, Senior Policy Adviser for Water, World Wildlife Fund Canada
Smita Kothari, Ph.D. candidate, Department and Centre for the Study of Religion, University of Toronto
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