Caricature de Garnotte. Le Devoir.

Caricature de Garnotte. Le Devoir.

Le chat vient de sortir du sac ! Après avoir dit regarder d’un « œil positif » la reconstruction de Gentilly-2, mais vouloir attendre les chiffres, voilà que François Legault fait une véritable profession de foi envers le nucléaire ce matin dans le Nouvelliste de Trois-Rivières. Il aurait même affirmé que ne pas procéder avec la réfection de Gentilly-2 serait « irresponsable ».

Lettre d’opinion, vendredi 31 août 2012

Gentilly-2 : C’est François Legault qui est irresponsable

Par un groupe de citoyens responsables

Comment se fait-il que Monsieur Legault, qui dit vouloir rendre Hydro-Québec plus rentable en coupant 4000 postes, souhaite maintenant lancer la société d’État dans une aventure financière risquée qui coûtera au bas mot plus de trois milliards de dollars et qui pèsera lourdement sur sa rentabilité ? Comment peut-il concilier le projet de limogeage de milliers d’employés chez H-Q et le maintien de huit cents d’entre eux à Gentilly-2 ? Ignore- t-il que ces huit cents employés produisent 675 MW, alors que dans l’hydroélectricité quelques dizaines d’employés à peine arrivent à produire autant, sinon plus d’énergie ?

Cela sent l’improvisation ou l’incompétence.

Où était M. Legault lorsque Fukushima a explosé à la face du monde entier… et quand Thierry Vandal a décidé, suite à cette catastrophe, de remettre entre les mains du gouvernement la décision de procéder ou non à la réfection de Gentilly-2 parce que les normes de sécurité qu’impose cette catastrophe ont fait exploser les coûts de la filière nucléaire ?

Comment peut-il ignorer les dépassements de coûts de plus de 100% à la centrale nucléaire de Pointe Lepreau au Nouveau-Brunswick ? Même Madame Normandeau reconnaissait que la réputation de la technologie nucléaire CANDU dans le monde n’était plus ce qu’elle était…

Où était François Legault lorsque les coûts prévus à la réfection de Gentilly-2 sont passés de $ 850 millions à un minimum de 3 milliards en à peine cinq ans ? Comment peut-il ignorer le fait que 70% de ces 3 milliards de dollars seront dépensés à l’extérieur du Québec ?

Il y a plus.

Où était M. Legault lorsque le gouvernement fédéral a procédé à la privatisation d’ÉACL en affirmant que l’histoire du nucléaire au Canada aura été la cause du plus important « sink hole » de toute l’histoire du gouvernement canadien où « good money has been thrown after bad money »? Est-ce être bon gestionnaire que de continuer d’engloutir des fonds publics dans cette aventure ?

Où était-il lorsque SNC Lavalin a acheté ÉACL pour une bouchée de pain du gouvernement fédéral, au moment même où l’entreprise était mise sur la sellette en raison de sa collaboration avec un régime dictatorial et sanguinaire en Libye et d’allégations de malversations dans sa gestion ? La CAQ souhaite-t-elle utiliser des fonds publics pour soutenir SNC Lavalin dans ses ambitions nucléaires ? Madame Normandeau elle-même reconnaissait l’importance d’intégrer les conclusions de la privatisation d’ÉACL dans sa décision sur le futur de Gentilly-2…

Où était Monsieur Legault lorsque l’Assemblée Nationale du Québec a adopté à l’unanimité (ADQ compris) un moratoire contre toute gestion de déchets nucléaires en territoire québécois ? Serait-il logique de refuser d’assumer la gestion permanente des déchets radioactifs tout en acceptant de continuer d’en produire à Gentilly-2 ? Y aurait-il des ententes cachées de la CAQ avec le lobby nucléaire pour renverser cette décision de moratoire ?

Où était-il lorsque l’autorisation d’utiliser la voie maritime du St-Laurent pour transporter les déchets radioactifs de la compagnie ontarienne Bruce Power a été octroyée par la Commission canadienne de sûreté nucléaire, sans que le gouvernement du Québec n’ait été consulté ? Sait-il que plus d’une centaine de municipalités du Québec s’opposent à un tel transport? Sait-il que les routes du Québec serviront au retour vers l’Ontario des déchets radioactifs plus contaminés ?

En « bon gestionnaire », François Legault serait-il incapable d’assimiler et intégrer les impacts sur les coûts et la sécurité de la filière nucléaire des événements récents de la géopolitique internationale, interprovinciale canadienne et québécoise ? Son pouvoir d’analyse semble neutralisé par des impératifs politiques « électoraux » à très court terme. Parmi ces impératifs peut-on s’empêcher de supputer des appels de la part de SNC-Lavalin, de la FTQ ou même d’instances fédérales ? Quels intérêts sert-il ?

Les candidats caquistes auraient-ils perdu tout sens critique par calcul électoraliste ? En Mauricie et au Centre du Québec, tous les candidats caquistes applaudissent la réfection de G 2. L’opportunisme et le clientélisme régional seraient-ils le changement que nous propose Francois Legault ?

Le vrai changement sera de mettre un terme à l’éléphant blanc que constitue l’énergie nucléaire. Il serait irresponsable de poursuivre cette aventure.

Dominic Champagne (Auteur et metteur en scène),

Michel Duguay (Mouvement Sortons le Québec du Nucléaire),

Michel Fugère (Mouvement Vert Mauricie),

Isabelle Gingras (Médecin de Sept-Îles),

Philippe Giroul (Mouvement Sortons le Québec du Nucléaire),

Pierre Jasmin (Les Artistes pour la Paix),

Karel Mayrand (Fondation Suzuki),

Christian Simard (Nature Québec)

Jean-Luc Dion (ingénieur retraité – électromagnétisme, physique nucléaire

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Après avoir contribué à la rédaction de ce communiqué vendredi matin, je suis allé dans ma belle-famille à St-Fabien de Rimouski et n’en suis revenu que tard hier soir. Trop tard pour ajouter au communiqué les trois mises en garde antérieures faites par les Artistes pour la Paix :

– la première sur les risques sismiques dans la région de Bécancour révélés par la professeure sismologue ontarienne qui les a analysés à la demande d’Hydro-Québec (cf le rapport UHS 2011 préparé par Dr Gail Marie Atkinson, professeure à l’University of Western Ontario, disponible à la Commission canadienne de sûreté nucléaire);

-la deuxième par le spécialiste mondial du tritium, le Docteur londonien Ian Fairlie, que nous avions tous rencontré en 2010 grâce au docteur Éric Notebaert : il était très critique sur la technique CANDU et sur certains types de réacteurs, avec risques semblables de radiation. Révélés par la scientifiquement rigoureuse méta-analyse allemande Kinderkrebs in der Umgebung von Kernkraften qui documenta en 2008 une incidence accrue de cancers chez les enfants habitant à proximité des centrales, ces risques expliquent la raison pour laquelle le gouvernement conservateur allemand (Angela Merkel) a pris la décision révolutionnaire de supprimer les centrales d’ici 2021, alors que l’Allemagne est dépendante du nucléaire à plus de 20% de son énergie (et nous à 2% quand elle fonctionne, ce qui n’est pas le cas présentement);

– la troisième mise en garde contre la réfection de Gentilly 2 est très importante. Je l’avais fait ajouter à la dernière lettre de juin de Michel Duguay à la Commission canadienne de sûreté nucléaire, à savoir que le béton de la centrale est hélas semblable à celui de nos infrastructures routières et de nos ponts et viaducs, c’est à dire soumis à une nocive réaction dite « silicat » qui l’amène à s’effriter! Un rapport l’a constaté dans le bassin de Gentilly2 où sont entreposées deux mille tonnes de déchets radioactifs (qui le resteront pour des milliers d’années). Et tout cela pas loin du fleuve et d’un entrepôt de produits chimiques et explosifs, le tout dans une zone à activité sismique non négligeable…

J’ajoute à ces mises en garde le raisonnement économique suivant de Jacques Dagenais, intervenant privé à Gentilly depuis 1999.

« À Gentilly 2 tous les emplois permanents sont protégés

Le rapport commandé par Hydro-Québec sur les impacts de la fermeture de la centrale atomique Gentilly 2 est clair à ce sujet…

’Évaluation des impacts économiques et sociaux générés par une fermeture hypothétique de la centrale de Gentilly-2’’ piloté par Alliance Environnement et Antoine Moreau et plusieurs intervenants incluant  Roche.

La réalité:

1- en 2004 il y avait 684 employés permanents et 106 temporaires. 300 des employés permanents seront excédentaires en 2014 en cas de fermeture et ils sont tous protégés et assurés de leur emploi à l’intérieur d’Hydro-Québec.

2- L’essentiel des retombés économiques directes  étant les salaires, les pertes régionales seront négligeables surtout si des projets de remplacement sont mis en place.

3- Les retombées économiques indirectes sur les entreprises locales sont négligeables soit 13 millions.

4- Seulement 300 millions du milliard 200 millions d’investissement prévu en 2004 devaient être investis au Québec soit 25%, le reste allant à l’exportation, principalement en Ontario et aux USA.

Comme l’estimé dépasse maintenant les 3 milliards, le même ratio veut dire que la fermeture de Gentilly2 va permettre d’investir ici 2 milliards 225 millions pour créer de bons emplois nécessaires et utiles.

C’est beaucoup plus structurant que de refaire ce vieux rafiot nucléaire inutile qui risque de ruiner le Québec avec des centaines de milliards de pertes comme à Fukushima, et probablement plus car le Candu est à bien des égards plus dangereux , surtout à cause de l’utilisation de l’eau lourde qui génère une pollution au tritium des centaines de fois plus grande.

Arrêtons donc de répandre des faussetés économiques pour tenter de plaire à un électorat local et fermons définitivement cette centrale atomique dont les frais de fermeture augmenteront plus rapidement avec l’usage prolongé. »

Que conclure ?

Sur la centrale nucléaire de Gentilly, le Parti québécois est le seul des partis susceptibles de prendre le pouvoir aujourd’hui à s’opposer avec nous à sa réfection.

Hélas, Pauline Marois est intervenue en fin de semaine pour approuver la prospection uranifère à Matoush, contre notre position et celle de la nation Crie.

On se souviendra qu’elle avait changé d’avis sur Gentilly 2 après notre pétition sur le site de l’Assemblée Nationale (rédigée par Amir Khadir et moi) et surtout dix jours après les événements de Fukushima, grâce à notre conférence de presse du 21 mars 2011 commune à divers regroupements écologiques (Françoise David en était).

On peut donc souhaiter aujourd’hui l’élection d’un gouvernement du Parti Québécois, avec une balance de pouvoir détenue par Québec Solidaire et par Option Nationale, au su des positions de Jean-Martin Aussant, député de Bécancour.  

Pierre Jasmin

4 septembre, 4h du matin

PS Et si votre concept de sécurité s’accompagne chez vous de l’option fédéraliste pure et dure? Il ne vous reste que le Parti Vert, quoique les groupes écologistes les plus importants lui aient accordé une note de moins de 50% pour la présente campagne électorale, à peine en avance sur la CAQ et  le parti Libéral…