par Les Artistes pour la paix

De nouvelles preuves que les États-Unis avaient bloqué un accord de paix entre l’Ukraine et la Russie au printemps 2022 sortent des nuages peu à peu, en même temps qu’une nouvelle excuse de Zelensky pour s’en être retiré. Des témoignages d’initiés et des documents récemment divulgués montrent que l’Ukraine et la Russie étaient proches d’un accord de paix en avril 2022, jusqu’à ce que des responsables américains « alarmés » interviennent.

De cet échec, révélé par un article documenté de Pierre Dubuc dans l’Aut’Journal (i) qui déplore aussi une complicité britannique dans l’échec de ces négociations qui auraient pu empêcher la mort d’une centaine de milliers de belligérants, l’administration Biden et les médias américains ont maintenu un silence quasi total.

Au président russe Vladimir Poutine ayant directement accusé les États-Unis et le Royaume-Uni d’avoir saboté les négociations à Istanbul, le président Biden et les principaux dirigeants de l’OTAN n’ont jamais proposé de réfutation, et aucun média américain majeur n’a pris la peine d’en chercher une. Un haut responsable anonyme de l’administration avait même déclaré au journaliste d’origine ukrainienne Yaroslav Trofimov du Wall Street Journal qui en avait parlé que les plaintes russes étaient de « pures conneries… », ajoutant : « Je sais pertinemment que les États-Unis n’ont pas mis fin à cela. Nous l’observions attentivement ». Hum !

Un nouvel article du 15 juin 2024 par le New York Times, An elusive peace deal, assemblé par les journalistes Anton TroianovskiAdam Entous and Michael Schwirtz, met fin au silence que s’étaient imposé les journalistes américains en publiant un long compte-rendu des négociations d’Istanbul basé sur des sources internes, notamment celles de diplomates turcs anonymes et de trois négociateurs ukrainiens, ainsi que sur des copies divulguées de projets de traités qu’ils rendent publics pour la première fois. Les articles du Times soulignent que les négociateurs ukrainiens et russes avaient réalisé des progrès significatifs.

Pour Aaron Matté, cela constitue de nouvelles preuves que l’administration Biden – malgré un seul démenti anonyme – a fait obstacle à un traité possible. Pourtant, plutôt que de reconnaître le rôle de l’Occident dans le blocage d’un accord de paix, le NYTimes propose une nouvelle excuse douteuse de la part de la partie ukrainienne pour se retirer.

Quant à Pierre Dubuc, c’est sur des articles fouillés qu’il base sa dénonciation qu’il adresse aussi aux médias québécois et canadiens silencieux sur le sujet :

dans la page frontispice de l’édition du mois de juin du Monde diplomatique, l’éditorialiste Benoît Bréville vilipende avec raison les médias français pour avoir gardé sous le boisseau un « texte d’importance » concernant la guerre en Ukraine. Bréville se demande ironiquement ce « que font donc les journalistes et commentateurs français, d’ordinaire si friands de ‘‘documents secrets’’ sur la Russie! Eux qui traquent tout ‘‘plan caché’’ de Moscou visant à dissoudre la cohésion des sociétés démocratiques, toute ‘‘taupe’’ russe tapie dans l’appareil d’État, ils omettent une information cruciale sur un cessez-le-feu, pourtant réclamé par le BRICS, le pape François et le Secrétaire général des Nations-Unies, ajoutons-nous !

– Pierre Dubuc fait aussi référence à un document publié le 28 avril dans le quotidien conservateur allemand Die Welt.

Quant au New York Times, il conclut de façon navrante sa révélation des tractations d’une paix possible par une conclusion bâclée qui croit que son échec démontre combien les parties en sont éloignées, plutôt que de blâmer les volontés bellicistes des États-Unis, de la Grande-Bretagne et de l’OTAN. La coalition militaire a travaillé au détriment des vies de plus d’une centaine de milliers d’Ukrainiens sacrifiés à l’affaiblissement de la puissance russe, premier objectif de Biden, hélas appuyé par tous les partis de la Chambre des Communes du Canada, sauf Elizabeth May du Parti Vert.

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